Disclaimer : Comme d'habitude, tout appartient à JKR sauf l'idée (et encore, peut être l'avait-elle un jour envisagée !!), et la chanson "corps à corps" qui appartient à Riké.

Titre : "Corps contre corps", avec toute l'ambiguïté que cela implique.

Rating : M, tout du moins pour le premier chapitre.

En espérant que celà vous plaise...


Le soleil s'était couché depuis quelques heures déjà, et plus rien ne semblait vouloir troubler le silence des couloirs de l'école. Ils avaient terminé leur ronde commune une dizaine de minutes plus tôt, et elle n'aspirait plus qu'à une chose : ouvrir son manuel de métamorphose afin de s'échapper pendant un temps à sa présence.

« Et voilà, il remet ça », pensa la jeune femme, assise dans un fauteuil devant la cheminée, le livre calé sur les genoux tandis que l'autre préfet en chef avec qui elle partageait la salle commune commençait une fois de plus à l'interrompre de ses intolérables commentaires.

De petit pic en petit pic
Plein de sous-entendus
Dans notre bonheur tu glisses un hic
Qui se doit d'être entendu

Leur cohabitation aurait pourtant pu bien se passer, si seulement il avait songé un instant à l'ignorer. Mais non, il fallait qu'en permanence, et ce depuis que McGonagall leur avait signifié qu'ils devrait partager le même espace cette année, qu'il lui montre clairement ce qu'il pensait d'elle. Sang-de-bourbe, Miss-je-sais-tout, et autres surnoms misogynes et dégradants, tout y était passé. Et force est de constater qu'il arrivait malgré tout à renouveler son stock régulièrement. Au début, elle s'était laissée emporter dans ces joutes verbales, répondant aux insultes par d'autres mieux senties, mais au final, personne n'avait gagné. Tout ce qui en ressortait était une gène indicible le lendemain matin, face à la tournure des évènements. Une fois, deux fois, trois fois…. Depuis elle préférait se murer derrière un écran de mutisme, ne répondant plus, ne le regardant plus.

J'tente un silence diplomatique
Bien que cela soit peine perdue
Quand tu choisis cette gymnastique
J'en connais déjà l'issue

- Eh, Granger, tu pourrais au moins faire semblant de m'écouter quand je te parle !!

- Parce que tu me parlais, là ?? J'aurai pourtant pensé que tu m'insultais. On ne doit pas avoir la même définition de certains mots je pense….

- C'est ça, vas-y, fais ta Miss-je-sais-tout, ça me changera !! Depuis quand n'avais-tu pas ouvert un livre d'ailleurs ? Une heure, deux ?? Tu sais quoi, la prochaine fois que t'en croises-un, embrasse-le. Avec un peu de chance, il se transformera en prince charmant !!

- Qu'est-ce que ça peut te faire, Malfoy ?? Et pour ton info, je n'attends pas le prince charmant, déclara t-elle en se levant du fauteuil pour venir se poster face à lui.

- Ah oui ?? Alors, c'est qui que tu attends ?

Et voilà, une fois de plus, elle n'avait pu résister et avait répondu à la provocation. Elle savait pourtant qu'il ne cherchait que ça, la faire réagir, l'entraîner sur ce terrain glissant où elle ne maîtrisait plus rien. Il avait compris comment elle fonctionnait et depuis, en usait et en abusait pour la conduire à sa perte. Malgré tout, à son plus grand désespoir, elle aimait se perdre ainsi.

Tout ça se règle au corps à corps
Que l'on conclut d'un bouche à bouche
Et l'on débouche sur un accord
Je vais encore trouver ça louche

Il l'avait vu se lever et se rapprocher. Dangereusement. Trop dangereusement pour elle qui essayait désespérément de résister à la tentation depuis qu'ils étaient revenus de leur ronde nocturne. Ca avait été simple cette fois, elle s'était laissée aller. La fatigue peut être. Tout ce qui comptait c'est qu'elle était à présent face à lui, à moins d'un mètre de distance. Lorsqu'elle réalisa enfin la situation dans laquelle ils se trouvaient, son nez se plissa imperceptiblement et elle laissa échapper un léger soupir, qui attira un sourire sur les lèvres du jeune homme. Il la connaissait si bien à présent. Pendant six ans, ils n'avaient eu de cesse de s'insulter mutuellement, au mieux, ils s'ignoraient et s'évitaient, mais pas une fois, ils n'avaient essayé de comprendre l'autre. Mais depuis qu'ils partageaient cette salle commune, il avait appris à la connaître, à comprendre les émotions qui la troublaient. Il savait avec précision les jours où elle était heureuse, ceux où elle s'était immanquablement disputé avec ce crétin de Weasley, ceux encore où elle doutait de tout, d'elle, de ses notes, de son pouvoir de séduction. Et dans cette situation, à chaque fois, la même réaction : une légère grimace, lorsqu'elle comprenait qu'il avait une fois de plus réussi à la piéger, un soupir, et enfin elle levait les yeux vers lui, toute animosité ayant disparue de son regard.

Cette moue que je te connais bien
La litanie de tes soupirs
Tout ça résonne comme un refrain
D'une chanson que tu n'cesses d'écrire

- Qu'est-ce que tu attends de moi Malfoy ? Demanda t-elle enfin, son regard chocolat plongé dans le gris clair des yeux de son vis-à-vis.

- Que penses-tu que je veuilles de toi, Granger ?

- Rien de plus que d'habitude, malheureusement….Fiche-moi la paix, Drago.

Elle se tourna pour repartir vers son fauteuil mais, d'une main sur son avant-bras, il stoppa son mouvement et l'attira contre lui.

- Non, Mione.

Les premières notes jouées sans entrain
M'inciteraient parfois à fuir
Mais puisque j'en connais la fin
J'attends mon heure avec plaisir

Surprise, elle s'écarta légèrement de lui, plongeant de nouveau son regard dans le sien. Jamais encore, même dans leurs instants les plus intimes, il ne l'avait appelée par le surnom que lui donnait Ron et Harry. Avant qu'elle ne puisse répliquer quoique ce soit, il entrava ses lèvres des siennes. Le baiser était puissant et tendre, et il l'enveloppa toute entière, tandis qu'elle glissait ses bras derrière la nuque fine du Serpentard, ses doigts se perdant dans la chevelure soyeuse.

Tout ça se règle au corps à corps
Que l'on conclut d'un bouche à bouche
Et l'on débouche sur un accord
Je vais encore trouver ça louche

Pas le temps de penser, pas le temps de réfléchir. Elle s'abandonnait complètement à l'étreinte du jeune homme. Ne pas réfléchir, surtout ne pas réfléchir. Ne pas penser à ce qu'elle ressentait, à ce qu'elle voulait, à ce qu'elle faisait. Elle savait qu'elle n'avait rien à espérer de lui, c'était un Serpentard, un Malfoy qui plus est. Elle abandonnait tout aux sensations et au désir, elle qui ne vivait habituellement que pour le rationnel et l'intellect. Tout ça depuis qu'ils « vivaient » ensemble.

Lentement, leurs lèvres se détachèrent et il parsema son visage de légers baisers, effleurant de ses mains les courbes de ses hanches et de son dos. Voluptueusement, elle descendit ses propres mains jusque sous le tee-shirt du jeune homme, sentant sous ses doigts glacés la peau chaude de son amant. D'un geste impatient, il la souleva de terre et l'allongea sur le tapis épais qui recouvrait le sol devant la cheminée. Elle réprima un soupir, de bien-être cette fois, et les yeux clos, enfouis la tête dans son cou, humant son odeur épicée. Il la déshabilla lentement, précautionneusement. Elle était belle, il le savait depuis longtemps, il avait pu le constater lors de leurs dernières entrevues intimes. Elle rouvrit un instant les yeux, brillants de désir.

- Qu'est-ce que tu fous Malfoy ? Demanda t-elle sarcastiquement, voyant qu'il la détaillait intensément.

J'sais pas où tout ça nous mènera
Tu souffles le chaud tu souffles le froid
Et si j'oublie tout dans tes bras
Je me dis parfois que ça ne durera pas

Pourquoi avait-il fallut qu'elle lui sorte cette phrase stupide ? Qu'est-ce qu'il faisait à son avis ? Et pourquoi fallait-il qu'elle le déstabilise de la sorte ? Jusqu'à présent, elle n'avait été qu'une Sang-de-bourbe, qui ne méritait pas un regard de sa part, si ce n'est de dédain. Mais, à présent….Il ne la comprenait plus. Elle éprouvait du désir, mais était-ce tout ? Ne pouvait-elle faire abstraction de ce qu'ils avaient été, de ce qu'il avait été, pour leur laisser une chance de se découvrir différemment ? Et bien, soit, il lui donnerait ce qu'elle lui demandait, ne pouvant lui offrir plus. Violemment, il se saisit de son sein et le suçota avidement, lui faisant pousser un petit cri de surprise. De douleur peut-être. Un baiser plus tard, il se déshabilla à son tour et se positionna au-dessus d'elle, la pénétrant avec force.

Pour moi l'amour se vit pas comme ça
Je comprends pas le sens de tes combats
Mais même si ça d'vient dur pour moi
Je repousse mes doutes encore une fois

Elle le laissa faire, malgré la frustration et la tristesse qui s'emparait d'elle. C'était à chaque fois pareil. Un début tendre et prometteur, qui lui laissait entrapercevoir quelque chose de plus entre eux. Et d'un coup, son regard se voilait et il changeait du tout au tout, devenant plus violent, plus mystérieux. Il la blessait, physiquement et moralement, mais elle ne parvenait cependant pas à se sentir souillée. Elle le désirait plus que sa propre volonté ne pouvait le dire. S'avouer autre chose aurait été se perdre, et elle ne pouvait se le permettre, pas après tant d'années de haine. Elle chercha à capter son regard, lui faire réaliser ce qu'il faisait, mais il ne la regardait plus. Tout ce qu'elle pouvait voir dans ses yeux était un vide immense, une douleur sourde. Peut-être juste du dégoût pour ce qu'il était en train de faire. Elle n'aurait su le dire.

Tout ça se règle au corps à corps
Que l'on conclut d'un bouche à bouche
Et l'on débouche sur un accord
Je vais encore trouver ça louche

Ils aimaient ces instants qui n'appartenaient qu'à eux, ces moments où ils se confondaient et ne faisaient plus qu'un, oubliant les rivalités entre maisons, leurs propres rivalités depuis tant d'années. Ils s'abandonnaient l'un à l'autre, l'un en l'autre. Chacun perdu dans ses propres pensées, ses propres réflexions. Trop d'années à se battre, à se disputer, à s'éviter. Ils ne pouvaient oublier ça, ils ne pouvaient imaginer que l'autre avait réussi à faire fi de tout ça.

Il l'abandonna sur le tapis, la couvrant d'un plaid qui se trouvait sur le sofa, sans un regard, sans un sourire. Ce n'est qu'à ce moment là qu'elle se sentie seule, souillée et une tristesse immense l'envahit. Lorsqu'il eut refermé la porte, elle tourna son visage vers l'âtre et laissa ses larmes couler librement, n'imaginant pas un instant qu'assis derrière la porte qu'il venait de claquer, un jeune homme recueillait au coin de sa lèvre supérieure l'unique perle salée qu'il s'autoriserait à verser.

A suivre...

Une petite review pour m'aider à m'améliorer?...Merci d'avance.