Titre: Tout ce que je veux pour Noël, c'est toi.

Auteur: Bormegne.

Pairing: Haruhi x Tamaki pour commencer, après peut-être d'autres… ??

Disclamer: L'intégralité des personnages de cette fic (même Mori ! Snif ; ;) sont la stricte propriété intellectuelle de Bisco Hatori.

Commentaire:Et au pied du sapin, ce Noël-là, qu'aurez-vous le plaisir de trouver ? La fanfic d'une débutante, encore toute maladroite, toute timide, trop heureuse de prendre place derrière le théâtre et de jouer les marionnettistes…

Enfin, question « plaisir », vous êtes les seuls à pouvoirs en juger : n'hésitez pas à reviewer !

Chapitre 1 : Jeux de regards

Un homme peut parler d'amour à une femme avec inspiration,
mais son regard, lui, est toujours bien concret.
Helen Rowland

Voir son paysage quotidien sublimé par la neige est un spectacle que chacun sait apprécier. Cette année, une large couche d'un blanc étincelant avait recouvert toits et rues dès la mi-décembre. Tout, sous les flocons, devenait d'une beauté virginale, à la fois pure et simple. Mais il existait bien une exception à l'émerveillement populaire devant ce phénomène naturel : en effet, chez les ultra-riches du Lycée Cerisiers et Orchidées, où la fortune ne se compte plus mais se laisse docilement dépenser, les premières chutes de neige ne sont que le coup de départ de la grande parade déployée au cours des fêtes. A l'instant même où le premier flocon de la saison avait touché le gazon impeccable du parc de l'école, une véritable armée de décorateurs avait pris l'établissement d'assaut, transportant des sapins pour chacune des salles, recouvrant chaque parcelle de terrain d'une profusion de boules, guirlandes, et tout autre accessoire de Noël aussi étincelant et coloré que possible, s'affairant dans les couloirs.

Toute cette agitation était amplifiée par l'excitation des élèves même, impatients à l'idée de partir en vacances pour deux longues semaines. Ainsi, on peut facilement imaginer quelle était l'ambiance au cercle d'hôtes lorsqu'il ouvrit ses portes après les cours, le tout dernier jour de classe. D'un côté, les clientes, toujours soignées dans leurs uniformes couleur citron, étaient éplorées à l'idée de quitter leur favori pour la période des vacances ; de l'autre, cela constituait un bon prétexte pour envahir ce chouchou sous les cadeaux et les cartes de vœux ! Chaque hôte était débordé, devant gérer à la fois la réception de ces encombrants présents, la discussion de rigueur et le service du thé.

Haruhi tout particulièrement avait du mal à tenir le rythme : en dépit de sa grippe carabinée, Kyoya l'avait instamment prié –ou plutôt avait usé de l'habituel chantage au doublement de sa dette- de les rejoindre. Elle courait à travers la salle à tout instant, effectuant à la place des autres la plupart des transferts de cadeaux dans une salle annexe. Ce n'était pas sans difficultés, car la salle de musique n°3, plus encore que tout autre salle de l'établissement, regorgeait de décorations aussi volumineuses qu'étincelantes. Elle songeait à un complot pour la rendre aveugle, il n'était pas humain de supporter autant de lumière, avant de se rendre compte qu'elle avait le même genre de réactions que Nekozawa, le maître à penser du cercle de magie noire. Mais ce n'était pas ce qu'elle avait à supporter de plus pénible.

« Haruhiiiiii ! » Résonnant à l'unisson, cet appel provenait des jumeaux qui croulaient toujours sous les cadeaux. Leurs clientes avaient pour habitude de leur offrir tout en double, des pulls tricotés mains au lecteur mp3, ce qui ne faisait que doubler la masse de bazar à transborder. Mais ce n'était pas tant l'inconfort qui les poussaient à solliciter la jeune fille au moins toutes les dix secondes, mais plutôt le plaisir sadique. Dès qu'Haruhi se présentait devant eux, les jumeaux étaient pris d'une crise de fou rire incontrôlée, et pour la énième fois de la soirée, elle entendit Hikaru lui murmurer à l'oreille : « Bah alors, la Mère Noël, il serait temps de te bouger les fesses, non ? » Elle serra les dents et fourra plusieurs paquets sous son bras gauche. Le voilà, son véritable calvaire : les autres l'avaient forcé à se déguiser en Père Noël, un costume de velours rouge rembourré par des coussins, une hôte en osier sur le dos et de gros godillos noirs. Elle entendit Tamaki qui priaient les deux diablotins d' « arrêter de martyriser leur pauvre sœur », mais cela ne fit qu'empirer les choses. Leurs rires se faisaient de plus en plus sonores, et Haruhi, pour les ignorer, s'efforça d'accélérer la cadence et partit au pas de course vers la salle annexe.

Elle eût à peine le temps de comprendre ce qui lui arrivait pour sentir qu'elle s'écrasait de tout son poids sur le plancher, lâchant du même coup les présents qu'elle tenait. Elle maudit intérieurement le décorateur qui avait eu la bonne idée de laisser traîner des guirlandes par terre, ainsi que Kyoya qui n'avait pu s'empêcher de surenchérir : « Je savais que j'aurais dû installer un tapis roulant… » Cette fois, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Elle se releva précipitamment, l'air furibond, et ouvrit la bouche pour lancer une réplique cinglante digne de sa future sortie de scène, quand le sol se mit à trembler. Paraissant sortir des entrailles de l'enfer, couvrant les grondements de la terre, un autre rire, haut perché cette fois, se fit entendre. Comme à son habitude, Renge Hoshakuji régalait son public d'une entrée particulièrement spectaculaire. Sortie de Dieu sait où, la jeune fille était perchée sur un haut podium, quelques projecteurs mettant en valeur sa tenue, une robe de bal couleur rubis très bouffante et chargée de rubans noirs. Le silence se fit aussitôt dans la salle de musique, et un air d'orchestre emplit alors l'atmosphère d'une douceur infinie. Fixant Kyoya sans ciller, l'énergique jeune fille prit un air pénétré très théâtral et se lança :

« I don't want a lot for Christmas
There's just one thing I need
I don't care about the presents
Underneath the Christmas tree... »

Le jeune homme soutenait son regard, avec cet air impassible qui cachait en réalité une profonde indifférence. Pendant ce temps, Haruhi songea que l'apparition de Renge présentait l'avantage de détourner l'attention de tous et de toutes, il ne lui restait qu'à quitter ce stupide costume et filer à l'anglaise…

« I just want you for my own
More than you could ever know... »

Elle cherchait ses affaires des yeux, impatiente de quitter ce capharnaüm pour, qui sait, se glisser dans le supermarché juste avant la fermeture et profiter des promotions de la semaine sur le riz... Un sourire béat se dessina sur son visage à cette idée. Mais celui dont elle croisa le regard à cet instant précis la détourna de toutes pensées « de prolétaire ». Elle se croyait écartée enfin de l'attention générale, aussi cet infime échange, instant d'éternité au milieu du tumulte, avait sa saveur toute particulière, comme un baiser volé. Ce n'était pas un regard anodin que Tamaki posait sur elle, elle le lisait sur son visage.

« Make my wish come true
All I want for Christmas is...
Yooooou...»

Haruhi sentit un frisson la parcourir, et troublée, se pressa d'attraper son sac et de prendre la fuite tandis que Renge terminait sa petite interprétation sous un tonnerre d'applaudissements. Alors qu'elle courait comme si elle avait le diable aux trousses à travers les couloirs, le souffle court et toussant parfois, les pensées d'Haruhi se pressaient dans son esprit. Tamaki s'était toujours montré très affectueux avec elle, tentant maladroitement d'être le substitut de son père. Mais jamais jusqu'alors elle n'avait lu un sentiment aussi fort, aussi plein dans les yeux d'une personne du sexe opposé - ou peut-être son père lorsqu'il parlait de sa défunte femme, mais pouvait-on vraiment parler de "sexe opposé" dans son cas ? En un sens, elle avait un peu peur. Travailler sous les ordres de six garçons n'était pas le job rêvé, aussi elle n'avait aucune envie que l'amour s'en mêle et trouble tous ces jeux de faux-semblants qui constituaient le métier d'hôte, et pourtant... D'autre part, elle avait l'impression étrange que ce regard lui faisait plaisir, comme si au fond d'elle elle voulait qu'on la voie ainsi, malgré le fait que les frontières entre le monde des filles et celui des garçons étaient encore très floues. C'était comme esquisser...ce que pouvait être l'amour ? Non pas qu'elle ressentait quoi que ce soit pour ce grand blond qu'elle voyait toujours comme un beau parleur et un idiot complet mais ce sentiment, ce frisson qui l'avait pris l'espace d'un instant en était l'exquise trace, si légère mais pour elle complètement inconnue.

A suivre...

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j'adore le titre de ce chapitre : parce que c'est précisément ici qu'entre Haruhi et Tamaki le jeu s'arrête, et que l'amour commence…