Me voici avec un nouveau projet, suite à une idée nourrie avec mon cher équipier.
Ayant renoué récemment avec l'univers de Fate, après de nombreuses hésitations, j'ai décidé de me lancer la première. Á la manière des grands arcs de cette belle saga, nous esquissons notre propre arc issu de cet univers, Fate/Archetype.
Tout comme dans le jeu, l'intrigue principale est fortement influencée par les différentes routes qui peuvent être empruntées par le joueur ou la joueuse. Á l'heure actuelle, notre projet comporte 3 routes, incluant celle-ci. Chaque route se focalise sur un binôme ou trinôme d'équipe Master-Servant en particulier. Cette route, 3ème dans notre chronologie, se focalise sur les personnages d'Adélaïde (OC), de Dorian (OC) et de Waver, ainsi que sur leur Servant respectif (qui peut changer selon la route choisie).
Pour rappel, l'univers de Fate ne m'appartient pas, étant la propriété de Type Moon. En dehors des copyrights ci-dessus, cette histoire m'appartient dans sa totalité, en vertu de la législation sur la propriété intellectuelle et celle sur les droits d'auteur. Interdiction formelle de reproduire, d'utiliser et/ou de diffuser cette histoire sans l'autorisation explicite de son auteur.
Bonne lecture, n'hésitez pas à me faire part de vos retours par MP et/ou commentaires, et à très bientôt !
Lenia41
Chapitre 1 – Un pied dans la tombe
Warka, sud de l'Irak – 2014
Le soleil embrasait le ciel d'azur, dardant ses rayons incendiaires sur les simples mortels qui s'aventuraient dans ces ruines. L'Irak était une terre ô combien dangereuse ces dernières années mais riche en histoire, quoique puissent en penser certains hommes politiques. La luminosité et la chaleur infernales des lieux étaient d'autant plus sublimées par le sable et la rocaille qui envahissaient les lieux, et les recouvraient partiellement suite aux tempêtes de sable.
Warka, ou de son ancien nom Uruk, avait été une ville très significative tant sur la religion que la politique au cours de plusieurs millénaires. Grand site archéologique de l'ancienne Mésopotamie, il fut reconnu par certains comme le berceau de l'écriture. Elle était aussi connue pour ses deux dieux titulaires, Anu le dieu du ciel et la déesse Ishtar, vénérés dans le grand temple de l'Eanna. Une mythologie aussi fascinante que n'avait été, selon les écrits, tragique la fin mythique d'Uruk. Enfin, ces ruines étaient réputées pour les rois mythiques, aussi prestigieux que le roi Arthur, qu'on lui prêtait. L'un des plus anciens héros du patrimoine culturel mondial en était la figure de proue.
De nombreux trésors inestimables avaient pu être exhumés par les archéologues qui l'avaient parcourue : manuscrits religieux et astronomiques, tablettes d'argiles de lois en écriture cunéiforme, qui rappelaient son éclat passé de joyau économique, social, religieux et intellectuel.
Uruk n'en était pas à sa première fouille archéologique, et, elle l'espérait, pas à sa dernière.
Une large expédition archéologique d'envergure internationale se hâtait autour des antiques ruines, communiquant à grands renforts de cris pour se faire entendre dans le tumulte approchant de leur position. Les archéologues, techniciens et experts déambulaient comme une vaste fourmilière pour exhumer et sécuriser aussi vite que possible les derniers artefacts d'importance, le temps pressait.
Le temps était en effet contre eux. La guerre, comme toujours, allait réduire en cendres non seulement d'innombrables vies mais aussi l'inestimable patrimoine de l'humanité.
- Professeure Fleury, avez-vous terminé en bas ?
- Presque ! Les gars ont réussi à remonter les artefacts les plus précieux, j'inspecte une dernière pièce et j'arrive. Je n'en ai pas pour longtemps !
- Dépêchez-vous ! Je sais que vous êtes familière avec le danger mais nous ne pouvons pas compromettre davantage la sécurité de nos équipes. Nous devons évacuer les lieux immédiatement !
L'éminente archéologue de Grande Bretagne replongea une fois de plus dans la pénombre de plus en plus épaisse de la pièce. Les tombeaux et les salles de trésor avaient été vidés en priorité, ainsi que les restes de bibliothèques et d'archives. Ses mains gantées frôlèrent avec délicatesse les murs gravés alors que ses yeux bleus et ses pieds restaient à l'affût du moindre piège sur son chemin. Ce n'était heureusement pas aussi périlleux que les pyramides d'Égypte, truffées de pièges en tout genre, mais elle ne devait pas baisser sa garde pour autant ! Les architectes pouvaient se montrer très retors avec les intrus et indésirables, même bien des millénaires plus tard.
Adélaïde Fleury n'était pas pressée de rejoindre l'extérieur, et regrettait de ne pas pouvoir s'attarder plus longtemps dans ce palais des plus fascinants. L'architecture exacte d'Uruk n'avait pu être estimée de manière totalement fiable, si bien que ses plans théoriques ne cessaient d'être mis à jour par les intellectuels mages et civils qui se penchaient sur son cas. Elle avait découvert un peu par hasard ces ruines d'un ancien palais qui ne payait pas de mine au premier coup d'œil, mais il avait titillé sa curiosité d'historienne du Moyen-Orient. Dommage que Dorian n'ait pu l'accompagner ! Son post-doctorant irlandais et apprenti mage aurait certainement adoré l'expédition… et pesté sur son dos pour son imprudence, ou « son caractère impossible » comme dirait une vieille connaissance. Ses élèves s'amusaient souvent à la comparer à Indiana Jones !
Si elle était amusée de pouvoir les intéresser à sa matière par ce biais, elle regrettait cependant que l'image des archéologues soit souvent mélangée à celle des pilleurs de tombes. Ils n'en gagnaient guère de profit eux, au vu de leur salaire, sinon le plaisir intellectuel de faire avancer les connaissances et de protéger des items et artefacts autrement plus menacés par des incultes incapables d'apprécier le caractère inestimable de leur patrimoine, de leur propre passé.
Que ce soit par son tempérament aventurier et intrépide, par sa franchise percutante ou par la rousseur flamboyante de sa chevelure, la professeure de magie tellurique de l'Académie de magie de Londres passait rarement inaperçue auprès de ses collègues. Respectée pour ses connaissances, son dévouement à sa profession, elle était souvent perçue comme une heureuse excentrique.
Au moins elle, elle faisait le plein d'élèves à ses travaux dirigés et à ses conférences !
Sous l'ombrage rassurant des murs du palais en ruines, sa peau claire de celte ne craignait pas pour l'instant la morsure du soleil, bien qu'elle eût pris des couleurs ces derniers jours.
Elle vit une ombre se détacher d'une pièce annexe, et reconnu sans difficulté son estimé collègue et correspondant, le professeur Karim Salar, avec un léger sourire aux lèvres :
- Tout est bon de ton côté Karim ?
- On ne va pas pouvoir tout ramener, mais le plus urgent est fait. Il faudra faire avec.
- Je suis d'accord avec toi, c'est regrettable. Tu peux retourner à l'entrée, j'aimerais juste vérifier un truc avant de remonter.
- Je comprends mais grouille-toi. Promets-moi que si je te demande de filer, tu le feras tout de suite et sans poser de question. On est d'accord ?
- Allons, tu me connais ! Je ne compte pas passer l'arme gauche de sitôt, j'ai encore des tas de copies à corriger sur mon bureau et un homme impatient à contenter !
- Fais de ton mieux Adélaïde, je sais qu'on ne peut pas te demander plus que cela.
Avec bonhomie elle signifia son accord d'un hochement de tête enthousiaste avant de repartir d'un pas énergique vers la grande salle qu'elle avait repérée un peu plus loin.
Bien que l'effondrement des pierres en avait recouvert une partie, à vue d'œil elle devait être immense de son temps. La circonférence de la salle et la disposition des quelques vestiges de mobilier l'amenaient à penser qu'il puisse s'agir d'une ancienne salle de réception voire d'audience. Hélas, elle ne pourrait s'attarder sur les lieux pour creuser davantage son hypothèse et élucider le mystère de l'identité de ce petit palais encore inconnu… maudits terroristes !
Cependant, elle pouvait tenter de résoudre une dernière énigme, plus modestement.
La professeure revint vers le mur de droite, dont une aspérité avait retenu son attention lors de son premier passage. Sa localisation était notamment intéressante, si elle retenait l'une de ses hypothèses. S'il s'agissait d'une salle de réception ou d'audience, il n'aurait guère été étonnant que le trône fût placé vers le fond, posé sur l'estrade que l'on pouvait deviner sur le sol malmené. Un petit effort d'imagination permettait de retranscrire ce qu'elle connaissait sur le mobilier et l'architecture de l'époque dans ces lieux dépouillés, avec une finesse proche de cette technologie innovante de la réalité virtuelle, qui révolutionnerait probablement leurs futures recherches.
Elle laissa de nouveau sa main frôler le mur, l'inspectant tout en percevant les secousses et le tumulte à distance qui provenait de l'extérieur, lui rappelant le temps qu'elle n'avait pas. Après quelques minutes qui lui parurent fort longues, Adélaïde ne put retenir un sourire satisfait lorsque ses doigts distinguèrent enfin un mécanisme très habilement dissimulé. Son cœur palpitait tant de l'excitation d'une découverte proche que de l'adrénaline du danger qui les environnait.
- Je savais que tu avais encore un tour dans ta manche, toi ! Voyons voir cela…
Qui que fut l'architecte de cet édifice, il avait rudement mis les nerfs de son équipe et ses propres neurones à l'épreuve ! Cela ne déplaisait cependant pas à la franco-britannique, qui partageait avec son cher et tendre ce goût pour les petits défis intellectuels. Elle lui raconterait tout, à son retour ! Tout en demeurant sur ses gardes et alerte au moindre bruit ou mouvement, la mage enclencha le mécanisme et attendit, partagée entre une grande curiosité et une méfiance aguerrie.
Après quelques instants d'un silence oppressant, elle sentit la pierre se dérober sous ses doigts dans un léger grincement, juste assez pour révéler un « trou au chat » où elle pourrait se faufiler.
De forme rectangulaire, cette pièce dérobée ne se distinguait pas par sa grandeur. Sa taille évoquait plutôt celle des boudoirs de l'absolutisme du Roi Soleil et de son infortunée descendance, même si sa disposition n'était pas la même. Elle devinait les traces sur l'un des murs où les étagères d'une ancienne bibliothèque où avaient dû reposer des parchemins et des tablettes. Des débris présents au sol évoquaient la potentielle présence d'une table de travail, même s'il ne restait aucun outil. Tout le reste avait dû être volé par des pilleurs de tombes, saccagé par des intrus ou dispersé par le temps.
Adélaïde s'avança prudemment et respectueusement dans la petite salle en direction d'une plaque de bronze qui scintillait d'une légère lueur orangée sur la blancheur de la roche calcaire. S'accroupissant, la trentenaire dégagea avec méticulosité certains débris pour inspecter la plaque. Ses yeux alertes, aidés par la lumière frontale ornant son casque, remarquèrent la présence d'une feuille de parchemin usée, coincée sous une roche. Ses traits se plissèrent en une légère grimace : l'objet allait être difficile à récupérer, le gros équipement était déjà remonté à la surface et elle n'avait plus le temps de le réquisitionner.
Avec l'extrême délicatesse d'une main experte Adélaïde tenta de libérer le parchemin mais à peine ses mains gantées touchèrent la feuille que celle-ci tomba en poussière, s'écoulant entre ses doigts comme le sable du désert. Un soupir las mais guère surpris échappa à ses lèvres charnues.
- Je m'en doutais. Ça aurait été trop beau vu son état, mais on pouvait toujours essayer.
Un léger tintement métallique la sortit de sa contemplation. Se tournant vers la provenance du son, un faible éclat doré se détacha non loin de l'obscurité, noyé par la crasse de la poussière résidente.
Sa curiosité ravivée, la jeune femme se contorsionna pour que son bras gauche se fraye un chemin dans le tas de débris vers l'item encore inconnu, avec la même excitation qu'un enfant déballant un cadeau de Noël. Sa main tâtonna quelques instants dans le vide, marmonnant à Karim impatient via son talkie-walkie qu'elle avait quelque chose et d'attendre quelques secondes.
Une exclamation de joie lui échappa quand ses doigts parvinrent enfin à saisir l'item, puis à s'extraire le plus habilement possible des décombres empoussiérés.
Sans plus attendre, elle attrapa un pan de la plaque de bronze et saisit un chiffon en microfibres pour dépoussiérer l'artefact… enfin, même si le grand public n'appellerait pas cela un artefact.
Entre ses paumes gantées reposait un stylet d'or, gravé de caractères cunéiformes.
Des secousses vinrent cependant calmer son enthousiasme, comme si un tremblement de terre était en train de s'abattre sur Warka. S'abritant de son mieux sous les restes du bureau, les vibrations qui émanaient de la roche ne lui disaient rien de bon.
L'expertise attendrait. L'heure de se carapater au plus vite était venue !
Enveloppant de son mieux le stylet dans les chiffons microfibres dont elle disposait avant de le ranger avec délicatesse dans la poche la plus protégée de son sac à dos, l'archéologue se releva et pressa le bouton de son talkie-walkie, se mettant en route une fois les parasites dissipés :
- Karim, ici Adélaïde. Tu me reçois ?
- Bzz… Bzz… je te reçois ! Par contre ça devient de plus en plus chaud ici, rapplique au plus vite !
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Je t'entends mal… tu peux répéter ? J'arrive… Karim ? Karim !
Les grésillements empirèrent, lui vrillant les tympans avant que la communication ne soit rompue brutalement. Par tous les dieux, ce n'était pas le moment pour que son équipement la lâche ! Contrariée, elle inspecta et tapota le talkie-walkie avant de presser le bouton d'activation. Les grésillements revinrent quelques secondes, mais ce ne fut pas Karim qui lui répondit. Son inquiétude s'accrut lorsqu'elle entendit des pétarades, des coups de feu, des hurlements déchirants, des supplications en arabe, puis des appels radicaux au meurtre des traîtres et des infidèles.
Le sang se figea dans ses veines, tandis que la terreur la recouvrait d'une chape glaciale. Elle maîtrisait suffisamment la langue arabe pour comprendre la teneur des appels qu'elle avait perçu.
L'archéologue franco-britannique n'eut cependant pas le temps de sortir de sa tétanie avant qu'un sifflement de plus en plus fort ne vienne vriller ses tympans. L'instinct la fit bondir loin de l'entrée tandis que le sifflement devenait insupportable, se précipiter vers la petite salle isolée et se jeter sous l'épais bureau de bronze. Roulée en position fœtale, protégeant sa nuque de ses mains et recouvrant ses oreilles de ses coudes, elle ferma les yeux et essaya de ne pas perdre son calme.
Tout n'était plus que confusion, comme si l'apocalypse frappait juste au-dessus de sa tête.
Tout devint noir.
Avant que sa lampe ne s'éteigne, elle éclaira brièvement une main posée sur le sol. Á travers le gant déchiré, la lueur révéla un tatouage rouge sang.
