Side-story à ma fic « Une famille » (s/5135726/1/ ) - cette partie-ci sera centrée sur l'aspect technique des « bébés éprouvette » façon Gundam Wing, que je préfère épargner aux gens qui voudraient juste de la romance ou du développement de personnages ou du fluff familial.
Car bourrer jusqu'à la gueule un OC de pseudo-science, ça me fait marrer, mais soyons réaliste : ça ne fait sans doute marrer que moi... du coup, soyez prévenus, je vais en profiter pour me défouler ! donc si vous êtes allergiques à la débauche de science et de pseudo-science, passez votre chemin, cette histoire ne sera pas pour vous.
Le jour où je laisserai tomber la masturbation cérébrale sur les détails techniques pour revenir centrer mon attention sur Trowa et Quatre, j'irai updater l'autre histoire, celle qui ressemble déjà plus à une fic potable.
(Et, à propos d'update : j'essaierai de publier un deuxième chapitre ici avant la fin du mois, sinon ça sera pour septembre.)
Titre : Une famille en kit (1/?)
Chapitre : nouveau précis d'horticulture – les roses et les choux mécaniques
Fandom : Gundam Wing (Episode Zero)
Personnage/Couple : un docteur anonyme, Trowa/Quatre en toile de fond
Rating : PG-13 / T
Disclaimer : Tokita pour le manga et je ne sais plus qui pour l'anime – et Aldous Huxley pour certains détails sur l'ectogenèse.
Thèmes : "nombril" et "nativité" pour 31 jours (17 décembre 08)
Warnings : concepts scientifiques autour des « bébés éprouvette », pour la vraie vie et pour la version GW. M-preg avec un M pour Mechanical plus que pour Male, bwahaha ! Et de l'éthique douteuse de la part de mon perso.
Ce chapitre est dédié aux gens qui n'ont jamais ouvert un simple livre de vulgarisation sur "comment on fait les bébés" et s'imaginent entre autres qu'un clone de mammifère pourrait naître sans nombril.
oOo
Les enfants ne poussent pas dans les roses ou dans les choux. Ni les pêches. Mais sur nos étagères, maintenant : dans de jolis bocaux étroitement surveillés. Nous faisons pousser les foetus comme d'autres cultivent des melons. Jusqu'à ce qu'ils soient mûrs à point.
Le Docteur N. est Maître en ectogenèse : l'utopie à portée de main. Sous sa direction, des foetus qui poussent en bouteilles, hors du corps humain. Oh, oui, il faut bien sûr des corps vivants pour fournir les produits génitaux mais ensuite la technique prend le pas. Fécondation, développement de la morula, implantation, et beaucoup de patience... et des réglages jour après jour.
C'est pourtant bien plus facile d'utiliser le corps d'une femme qui règle tout lui-même ! Mais dans l'espace, soumises à de nouvelles contraintes environnementales, il arrive que leur physiologie n'est parfois plus capable de supporter ces changements et à la naissance, le traumatisme les tue – si tant est qu'elles parviennent là, sans avorter et/ou mourir avant même d'arriver à terme.
(C'est ce qui est arrivé à quasiment toutes les femmes de la première génération après colonisation, c'est ce qui arrive encore aux nouvelles immigrantes, c'est ce qui arrive aujourd'hui encore sporadiquement ici ou là, par des circonstances encore mal expliquées, aux femmes de quelques lignées, génération après génération. Les hasards de la génétique des populations, fixant des allèles délétères au lieu de les éliminer...
De telles anomalies, autrefois, auraient été éliminées sans faire un pli. Une femme stérile ? He bien, elle ne se reproduisait pas et le problème ne se transmettait pas. Avec l'avènement des techniques de procréation médicalement assistée, parachevées par l'ectogenèse, la sélection se voit contournée. Pour le meilleur ou pour le pire ? Il s'en soucie peu : foin d'éthique, il a son usine à naissances à faire tourner.)
Son travail, c'est faire pousser ses foetus. L'aspect technique. Mitonner artificiellement ses embryons, jusqu'à ce qu'ils soient aptes à mener leur vie de nourrisson aux bons soins de leurs parents « naturels » (naturels parce qu'à l'origine génétique de leur conception. Il faudrait revoir cette terminologie, tout de même, se dit-il parfois) et qu'on puisse les sortir de leur machinerie d'incubation.
(La plupart des parents, d'ailleurs, préfèrent ne pas voir la décantation : un enfant né d'un bocal, pensez donc ! et n'aiment pas beaucoup non plus suivre le développement derrière le verre. Même si c'est leur seul recours pour avoir un enfant porteur de leurs gênes, ils préfèrent ne pas en voir la réalité.)
L'aspect relationnel, à côté, devoir rencontrer ces fichus parents en devenir avant, parfois pendant, et après, l'exaspère plus qu'autre chose.
Surtout avant. Devoir expliquer en quoi consiste l'ectogenèse ? Il est intarissable sur ce sujet. Il aime parler de son métier. Seulement, les détails techniques intéressent fort peu les clients. Même, ça les effraie plus qu'autre chose.
Si ça ne tenait qu'à lui, il se dispenserait de ces formalités. Malheureusement, il lui faut expliquer le processus et s'assurer qu'ils ont bien compris, avant de s'embarquer dans une telle aventure. On a connu des dérives, autrefois, qu'il serait préférable d'éviter de reproduire...
Le problème avec les clients c'est qu'ils ne se posent pas les bonnes questions. Comment réalise-t-on la FIV ? Comment dose-t-on hormones de croissance et apports nutritifs lors de l'ectogestation ? De quelle manière procède-t-on à la décantation, à terme, comment décide-t-on du moment idéal pour cela ? Quels sont vraiment les risques sur le développement, à quoi sont dus les échecs ?
Mais non, ça ne leur vient que très rarement à l'esprit. La plupart ne cherchent surtout pas à savoir. Ils veulent surtout connaître la date de livraison du nouveau-né, et ce à quoi ils devront se soumettre avant. Et en général, c'est tout.
Dans leur silence parfois intéressé, la plupart du temps plus inquiet qu'autre chose, puisqu'il le faut bien il passe quoi qu'il en soit par les grandes lignes : blablabla, pour la énième fois, recueil des gamètes (ah oui, la procédure pour Madame est plus compliquée que pour Monsieur que voulez-vous la Nature a prévu des plans différents), fécondation (in vitro, cela va de soi), implantation (comme dans le cas d'une FIVETE mais vous voyez, avec une matrice artificielle au lieu d'une mère porteuse), gestation, décantation. Naissance, si vous voulez. Le terme décantation est emprunté à Mr Aldous Huxley, écrivain de l'ère pré-colonisation. C'était de la science-fiction, pour lui, mais son œuvre est restée.
À noter, quel que soit le degré d'éducation et de sagacité des clients, il y en a toujours un sur le couple (et dans le cas d'un parent célibataire, ça ne rate pas non plus) pour poser la question.
« Et, il aura un nombril ? »
Ça ne rate jamais et ça lui donne envie de les cogner avec un précis d'embryologie. Non, oubliez ça, pas un précis : une belle encyclopédie. (Soyons raisonnable, se dit-il encore et encore : mais non ça n'est pas de la bêtise, c'est juste un manque d'information. Mais quand même, ajoute-t-il néanmoins mentalement, confit dans son savoir, ça devrait être une question de bon sens.)
Enfn, voilà la preuve s'il en est que l'ectogenèse reste encore méconnue et comme telle, porteuse de bien des fantasmes. (Rien que la dénomination « bébé éprouvette » porte encore à confusion.) Et que ses explications restent encore et toujours nécessaires.
Cas rare : pour une fois, le deuxième client lui-même reprend son conjoint, mi-amusé mi-exaspéré :
« Évidemment, Trowa. Allons, tu es bien placé pour savoir que j'en ai un. »
(Oh, bien sûr. Contrairement à nombre de ses clients, ce jeune monsieur Winner qu'il reçoit aujourd'hui doit s'y connaître déjà un tantinet en matière d'ectogenèse. C'est familial, chez lui. Pourtant, Monsieur Quatre lui-même ne figure pas dans ses dossiers. Ses vingt-neuf sœurs sont la fabrication du prédécesseur pour les plus âgées et du docteur ci-présent lui-même, à son début de carrière, pour les cadettes. Mais Quatre ? Non. Il a été conçu et porté à terme ailleurs que dans cette usine.
Mais peu importe : le Dr N. s'octroie quelques secondes pour rêver : quand les petits enfants demandent, « Dis Papa, comment on fait les bébés ? » dans cette famille, que répondent les parents ?)
Bref. Comme à chaque fois, il doit retenir un soupir et expliquer pa-ti-em-ment :
« Oui, il aura un nombril. Voyez-vous, l'œuf de mammifère en général et à plus forte raison d'humain est programmé de manière à se séparer en embryon et en annexes extra-embryonnaires pour le nourrir et le protéger. Quel que soit le milieu dans lequel il se développe, il produit un chorion, un placenta, une poche amniotique et un cordon ombilical. Et nous nous employons à créer un milieu de culture le plus propice qui soit et le plus proche du corps maternel possible. »
(Les premiers systèmes impliquaient des animaux mais cela posait des problèmes de compatibilité menant trop souvent à des rejets, des inadéquations hormonales, et ne parlons même pas d'éthique. Au fil du perfectionnement, les chercheurs ont réduit au minimum la partie animale – la matrice soutenue par des systèmes d'alimentation, d'oxygénation et d'épuration artificiels, puis juste la muqueuse d'implantation – pour ne garder que la machinerie annexe. Ils en sont à utiliser enfin du tout artificiel.
Oubliez le péritoine de truie et le sérum de poulain de ce bon vieux Huxley, mais il n'était pourtant pas loin !)
« Au moment de la décantation – la naissance, la sortie du bocal de gestation – vers le monde extérieur, nous coupons ce cordon et dans les délais tout à fait normaux, le reste tombe, laissant un beau nombril tout neuf. Oui, ne vous inquiétez pas : éprouvettes ou non, nous produisons des enfants en bonne santé et parfaitement normaux. »
Oh que cette répétition obligée lui tape sur le système, à force ! Mais ces deux-là, il ne peut pas se permettre de les envoyer promener, encore moins que tous les autres. Leur projet ambitieux apportera la gloire à sa clinique s'il aboutit – et des fonds de recherche conséquents dans tous les cas.
Comme il s'écarte de son petit laïus habituel pour partir dans des dimensions peu explorées en temps normal, il oublie bien vite son ressentiment envers la question du nombril. Les problèmes posés par non plus la récolte des ovocytes chez la patiente mais d'abord la manière de trouver une donneuse puis seulement les détails du traitement qu'elle aura à subir,
le recours à une donneuse au point de vue matériel génétique, la possibilité d'énucléation et les risques liés à la polyspermie en temps normale ou les artifices à déployer ici,
les différentes stratégies de sélection des spermatozoïdes...
La vie serait belle s'il n'avait à discuter qu'avec des gens aussi passionnés que lui par les limites du vivant et ses techniques – insistons bien sur le "techniques' – pour les contourner !
