-Diarmuid, Diarmuid !
Le rire frétillant d'une jeune femme s'éclatait contre les parois rocheuses des montagnes irlandaises. La silhouette élancée d'une brunette courrait parmi les herbes frivoles jusqu'au noiraud qui semblait l'attendre depuis peu. Elle sautait alors sur ce dernier, qui l'accueilli avec hospitalité au creux de ses bras. Les cheveux bruns de la femme venaient s'égarer sur le visage noyé dans le bonheur du jeune homme qui, à présent, soulevait par la taille celle qui semblait être sa dulcinée. Ils tournoyèrent ensemble le temps de quelques secondes, mélangeant les éclats de leur rire entre les bourrasques du vent frais qui se levait peu à peu. Avant que ses pieds ne regagnent la terre ferme, la jeune brune vola un baiser digne des plus belles romances au lancier.
- Enfin tu es revenu ! Je suis si heureuse !
- Gràinne, tu m'as tellement manqué ! s'exclama le chevalier des Fianna tout en resserrant l'étreinte de ses bras autour de sa bien-aimée.
- J'espère que le temps ne fut pas trop long en mon absence, continua le noiraud.
- Hmhm, ne t'en fait pas pour ça. Maintenant que tu es là, je ne vais plus te quitter ! déclarait-elle d'une voix rieuse.
Le lancier sourit, avant de déposer une nouvelle fois ses lèvres sur celles de Gráinne. Il avait attendu ce moment depuis si longtemps que cela lui paraissait presque irréel, mais malgré tout l'amour qu'il éprouvait pour la belle brune, quelque chose affectait ses sentiments. Diarmuid avait l'étrange impression que cette chose, aussi insignifiante qu'elle ne puisse paraître, avait changé certains détails entre Gráinne et lui. Cependant, il en ignorait la cause et cela vint rapidement tourmenter son esprit.
- Diarmuid ? Quelque chose ne va pas ?
- Oh, tout va bien Gràinne, ne t'en fait pas ! Cela doit être l'émotion après toutes ces années de séparation.
La jeune femme affichait un large sourire qui chassa les pensées préoccupantes du lancier. Ce dernier ne voulait en aucun cas être dérangé par ce genre de songe lors de ses retrouvailles avec sa promise.
- Viens, suis-moi ! lança cette dernière avec enjouement tout en tirant Diarmuid par la main. Alors qu'ils se hâtaient en direction du rebord de la falaise sur laquelle ils se trouvaient, le chevalier des Fianna senti une mystérieuse chaleur embrumer son dos. Sa stupéfaction augmenta davantage lorsqu'il devina l'emprise semblable à des bras autour de son torse, qui l'empêcha d'avancer. La brunette se retournait alors face à lui, le regard intrigué et paré d'une certaine quiétude.
- Diarmuid.. Tu es sûr que tout va bien ?
- Je...Gráinne..Je ne peux plus bouger, je ne comprend pas...
- Comment ça ? rétorqua celle-ci avec effarement.
- C'est...C'est comme si l'on me retenait..Impossible de faire un pas de plus..
La jeune femme observait avec sidération l'élu de son cœur impuissant. Son visage devenait morose et se traçait d'incompréhension. Bien sûr, elle ne doutait pas une seconde des paroles de Diarmuid, mais elle avait tant attendu ce moment depuis son départ que cette situation ouvrait en elle un gouffre remplit de tristesse. Le lancier ne pouvait supporter de voir sa chère et tendre se morfondre comme tel, et même si sa volonté de la prendre sans les bras dépassait l'entendement, il ne pouvait toujours pas se mouvoir.
C'est alors que sa vision se flouta soudainement. Les contours de Gráinne s'effaçaient parmi le vaste paysage qui, à son tour, s'évaporait en un rien de temps, plongeant alors le jeune chevalier dans le noir le plus complet.
Diarmuid ouvrit ses yeux. Il cligna plusieurs fois des paupières avant de recouvrer ses esprits. Déposant sa main sur ce qui entourait précédemment son torse à présent nu, le chevalier des Fianna reconnu la chaire douce de celle qui étreignait son corps.
- Arturia ?
La blondinette, qui encerclait donc l'homme partageant le même lit qu'elle, se colla davantage contre l'échine de son dos, y appuyant également son crâne.
- Tu as encore rêvé de Gráinne...
- Arturia...
La désolation du lancier se faisait sentir au travers de son intonation. Ce n'était pas la première fois que la brunette venait habiter son sommeil. A vrai dire, l'héritière des Pendragon avait pris l'habitude d'assister à ses nuits mouvementées comme celle-ci.
- Je me trompe ? Poursuivi-t-elle, nulle agressivité dans sa voix.
Diarmuid soupira en guise d'approbation.
- Non, tu as raison...Mais cesse de te tracasser pour cela, mon amour.
Le silence régna le temps d'un instant dans la chambre nuptiale tapissée des premiers rayons du soleil. Arturia souriait alors, bien que son homme lui tournait toujours le dos auquel elle était toujours accrochée.
- Tu n'aurais pas dû rester avec moi Diarmuid. En faisant cela, c'est comme si tu la trahissait, continua cette dernière d'une voix mielleuse.
L'irlandais se retourna enfin face à la blonde, prenant garde de rester dans le nid que lui offrait ses petits bras. Il entoura de ses larges paumes son visage couleur perlite.
- Ne dit pas de pareil sottises. Celle que j'aime à présent se trouve juste en face de moi. Gráinne ne se sentira en aucun cas trahie. Bien qu'autre fois nous avions partagé nos vies ensemble, tout cela ne serait arrivé sans son sort de Geis. Elle en était bien consciente et je ne pense pas qu'elle m'en voudrait d'avoir trouvé quelqu'un que j'aime de moi même.
- Mais...N'as-tu pas de regret ?
- Je ne crois pas. Même si les souvenirs du temps passé avec elle ne pourront jamais s'effacer de ma mémoire. Et puis, n'es-tu pas mal placée pour parler de regret ? plaisanta le noiraud, le rire au coin de la bouche.
- ...Idiot ! répondit la jeune blonde en riant avec amertume.
Elle embrassa avec tendresses les lèvres du chevalier avant de se redresser.
- Et ! où crois-tu aller comme ça ? Je n'ai pas fini, lâcha Diarmuid d'un air amusé tout en faisant basculer Arturia contre le matelas où se couchait à nouveau sa personne.
Il prenait place au dessus de son corps vêtu d'une simple chemise de nuit blanche à bretelles, dont l'une d'entre elles venait de glisser le long de son l'épaule.
- Et que vas-tu faire pour me retenir, chevalier des Fianna ? questionna la blonde, la malice se dévoilant au travers de son sourire. Le noiraud lâcha un petit rire enjôlé. Il ne pouvait qu'apprécier le comportement de sa dulcinée et cela le rendait encore plus fou d'elle.
- Hmm...Il serait prétentieux de ma part de ne pas commencer par cela, clama Diarmuid avec impatience avant de convoiter les fines lèvres sucrées d'Arturia.
Il aurait pu dévorer cet amour et cette chaleur que lui transmettait la jeune héritière au travers de leur écume buccal. Ses yeux noisette fixant le regard passionné de la demoiselle Pendragon percevaient la flamme de désir qui résidait au sein de ses iris vert d'eau. Leurs pommettes se teintaient d'un rouge pastel, tandis que leurs poumons réclamaient toujours plus d'oxygène. Au bout de quelques minutes, le lancier se vit saisir les joues échauffées de la blondinette, redressant alors son visage comme si il s'arrachait de force à sa bouche avide de baisers.
- Est-ce là tous ce dont tu es capable, Diarmuid ? demanda Arturia avec amusement, une certaine provocation se logeant au centre de ses mots.
- Ne me sous-estime pas, ma chère. Sache que je te réserve un châtiment tout particulier, répondit alors le noiraud, accompagnant ses paroles d'une luxure des plus débordantes, ce qui provoqua le rire chez son interlocutrice.
- Fais donc, susurra-t-elle à l'oreille du chevalier des Fianna d'une voix aguicheuse, avant que celui-ci n'abaisse son visage à la hauteur de ses reins qu'il entoura de ses mains de velours. Diarmuid releva l'habit de l'héritière jusqu'à la hauteur de sa poitrine, laissant alors paraître son ventre plat à l'air libre afin d'embrasser sa peau de pêche. Il remontait avec lenteur les courbes de son abdomen, ancrant avec sensualité ses lèvres au creux de la chaire rosée de la jeune blonde qui se voyait subjuguée par la ferveur de son bien-aimé. Rapidement, son souffle s'accentua et son corps fut envoûté d'une chaleur qui traduisait son exaltation. Enfonçant ses doigts parmi sa chevelure d'ébène, elle stoppa le noiraud qui atteignait dès lors le sommet de son diaphragme.
- Ton envie viendrait-elle se s'envoler dans l'effluve de ta respiration, Arturia ? Interrogeait le lancier avec étonnement.
La britannique dessina un sourire sournois le long de ses commissures tout en s'asseyant sur le lit. Elle descendit de ce dernier, trottinant vers la salle d'eau sous l'œil intrigué de son homme.
- Qui a dit que mon envie n'était plus ? Rétorqua-t-elle enfin, le vice habitant le ton mélodieux de sa voix. Elle invitait au travers de son regard le noiraud à la suivre, avant de passer l'encadrement de la porte, rejoignant la pièce s'y reliant.
- Décidément, tu me surprendras toujours, ma chère Arturia, pensa Diarmuid tout haut d'un air risible, bien qu'il était à présent seul dans la chambre.
