J'ai eu cette idée de fic à trois heures du matin en parcourant le net à la recherche d'un peu de distraction. Force est de constater que j'en ai trouvé.

Comme pour toutes mes fics sur les descendants de Durin, cela n'a pas été écrit en Durincest MAIS vous pouvez y voir ce que vous voulez, pre-slash, je m'en fiche, vous vous faites votre interprétation.

Cette fic sera en trois parties, toutes les trois bien définies dans ma tête. Donc ça devrait aller assez vite. Et j'ai pas de bêta pour cette fic. Désolée.

Voilà, voilà, c'est à peu près tout.

Enjoy.


Chapitre 1

La journée avait été longue pour la compagnie de Thorin, tout comme la précédente. Longue et épuisante, et Bilbo craignait que chaque jour qu'il passerait en présence des nains ressembleraient à ces deux là. Le hobbit était assis près du feu, observant les flammes d'un air vide, comme hypnotisé par celles-ci. A quelques pas de là, Fili l'observait d'un air amusé, tout en bourrant sa pipe de tabac. Son frère le rejoignit alors qu'il l'allumait, et s'assit à ses côtés:

- Qu'est-ce qui te fait sourire, mon frère?

- Le hobbit, dit-il en le désignant d'un signe de tête. Il semble épuisé alors que nous n'en sommes qu'au début de notre voyage. Il ne tiendra pas jusqu'à Erebor.

Kili haussa les sourcils puis sourit à son tour:

- Les semi-hommes ne sont pas vraiment habitués aux voyages, il semblerait. Te souviens-tu de ce hobbit qui était une fois arrivé à Ered Luin?

- Oui, j'ai bien cru que plus jamais il n'allait se réveiller.

Fili tendit sa pipe vers Kili pour lui en proposer une bouffée, mais celui-ci refusa d'un geste de la main avant de dire, plus gravement:

- Crois-tu que nous parviendrons jusqu'à Erebor? Nous tous, je veux dire...

- Bien sûr! Non seulement nous y parviendrons, mais nous tuerons ce dragon et récupéreront ce qui appartient de droit à notre lignée. En doutes-tu?

Kili haussa les épaules puis soupira:

- Je ne sais pas... C'est un voyage dangereux. La distance à parcourir me semble immense, et le dragon...

Fili lui jeta un regard moqueur et dit en soufflant la fumée de sa pipe:

- Il semblerait que tu sois aussi inadapté aux aventures que notre ami le hobbit...

Son jeune frère lui donna un coup de coude, faussement outré, et ricana:

- L'aventure coule dans notre sang. Seule la bière et l'insouciance coule dans celui de Bilbo Bessac.

Les pas de Thorin, qui s'avançait vers eux, leur firent tourner les yeux. Leur oncle leur sourit affectueusement et leur tendit les bols de ragoût qu'il tenait:

- Prenez des forces. Vous prendrez le premier tour de garde, cette nuit.

Les frères hochèrent la tête et Fili se redressa pour attraper les plats. Thorin les salua silencieusement et retourna près du feu. Kili récupéra sa portion et saisit un petit sac qu'il tenait à sa ceinture. Fili, qui avait éteint sa pipe et saisi sa cuillère d'un air affamé, arrêta son geste et l'observa faire. Le jeune nain défit les liens de la petite bourse et l'ouvrit, dévoilant une poignée de petits champignons longs et blancs, au chapeau bien rond et légèrement orangé. Fili haussa un sourcil:

- Je peux savoir ce que c'est?

- J'ai trouvé ces champignons sur notre route, dit-il en en émiettant six dans son ragoût avant de mélanger le tout de bon coeur. J'en ai goûté un morceau en chemin. Non seulement ils ne sont pas dangereux, mais ils sont assez forts pour couvrir la cuisine de Bofur.

Fili grimaça:

- Bofur n'est pas si mauvais cuisinier que cela. Et je ne fais guère confiance aux champignons... Certains sont très dangereux, Kili.

- Je ne risque rien. Et je ne t'en propose pas, de toute façon.

L'aîné fronça les sourcils en le regardant goûter son plat et faire la moue avant de rajouter deux champignons de plus. Il le regarda fixement manger ses premières bouchées puis, quand il fut certain que celui-ci n'allait pas mourir empoisonné, il tourna les yeux sur son propre ragoût.

Le repas fut ingéré en peu de temps et, une fois que cela fut fait, Fili quitta la compagnie de son frère pour rejoindre Balin, avec qui il entama une discussion joyeusement animée, alors que Kili avait sorti couteau et pipe afin d'ajouter quelques gravures au bois de celle-ci. Après quelques minutes, le jeune nain sentit une bouffée de chaleur monter de ses reins jusqu'à la base de son crâne. Il fronça les sourcils et releva la tête pour jeter un oeil au feu autour duquel ils étaient réunis. Celui ci brûlait doucement, le bois craquant de temps à autre. Son frère, assis près de Balin, capta son regard par-dessus les flammes et lui jeta un sourire complice, que Kili lui rendit, avant de reprendre sa conversation.

Kili secoua la tête doucement puis posa sa pipe pour retirer son lourd manteau de cuir et ne garder que sa tunique. Il soupira d'aise en sentant l'air frais de la nuit glisser sous le tissu léger couvrant son dos et reprit sa pipe pour continuer son ouvrage. Mais, bien vite, il ne parvint pas à se concentrer davantage, ses questions et ses inquiétudes sur leur quête reprenant bien vite leur droit. Il s'imagina le Dragon, ce qui lui glaça le sang. Comment des nains, aussi courageux soient-ils, pouvaient-ils tuer une créature de cette envergure. Sans compter que Smaug n'abandonnerait pas son or, leur or, sans combattre. Ils avaient trop peu de chances de s'en sortir tous vivants.

Un violent étourdissement lui fit reposer sa pipe dans l'herbe et une sueur froide lui dévala l'échine alors que la panique se glissait dans ses veines. Il se passa une main tremblante sur le visage et jeta un regard à ses compagnons. Tous discutaient joyeusement, sauf Bilbo qui somnolait, assis dans l'herbe, son dos contre un arbre. Aucun ne semblait plus inquiet que ça. Kili baissa les yeux sur ses genoux et essuya ses paumes humides sur ses cuisses. Son coeur battait trop fort, et trop vite. Il tenta de faire descendre la boule d'angoisse coincée dans sa gorge, mais celle-ci était bien trop nouée pour que cela fonctionne.

Un sourd bourdonnement résonna à ses oreilles, comme si un essaim d'abeilles entier voletait autour de sa tête. Il leva les yeux et retint un hoquet de surprise. Le feu avait triplé de volume, ses flammes s'étendant rageusement hors du foyer qu'ils avaient créé grâce à de grosses pierres. Il s'étendait vers ses camarades, mais aucun ne fit un geste ni pour l'arrêter, ni pour l'éteindre complètement. Kili posa les yeux sur son frère, et c'est alors qu'il le vit. Il lui sembla sentir son coeur s'arrêter alors qu'il suivait des yeux l'orc blanc, Azog, celui dont Thorin leur avait conté les terribles méfaits, qui sortait des bois pour s'approcher de Fili. Il voulu hurler, leur dire de fuir ou de combattre, mais la terreur l'immobilisait, et aucun des autres ne fit un geste.

L'orc le regarda et lui envoya un sourire narquois avant de baisser les yeux sur Fili. Il posa une main sur l'épaule du jeune nain et, une seconde après, il lui saisit la tête et la tourna violemment sur la droite, lui brisant les vertèbres et le tuant sur le coup. La terreur emplit le coeur de Kili alors que le corps de son frère s'effondrait au sol. Il se leva, sans faire attention à ses étourdissements, sans même songer à saisir son épée. Il courut vers l'orc en hurlant, traversa les flammes sans même sentir leur chaleur lui lécher les jambes et il se jeta sur le montre. Celui ci cria de surprise et tous les deux tombèrent à la renverse. Le jeune nain ne lui laissa pas le temps de réagir et enroula ses doigts autour de la gorge du monstre.

Ce n'est qu'à cet instant que les autres nains réagirent. Mais pas comme il l'aurait espéré. Il sentit les mains de Dwalin lui saisir les épaules et le tirer en arrière, sans parvenir à l'éloigner d'Azog. La voix de Balin se fit pressante à ses oreilles, couvrant à peine le bourdonnement omniprésent:

- Kili! Kili, laisse le partir!

Mais il était hors de question qu'il le laisse partir. Ce monstre venait de tuer son frère. Il le vit tenter de se défendre vainement, ses mains agrippant les avant-bras du jeune nain, tentant de les éloigner de sa gorge, jusqu'à se qu'il cesse de lutter, ses yeux commençant à rouler dans leur orbites. Kili serra un peu plus fort, l'espace d'une seconde, jusqu'à ce qu'il fut violemment tiré vers l'arrière. Il lâcha la gorge d'Azog et regarda Balin, Bofur et Bilbo se ruer vers le monstre, vérifier qu'il allait bien et l'aider à se relever, alors que Dwalin, Bofur et Gloín le retenait loin de l'orc. Le jeune nain rugit, luttant contre ses compagnons:

- Tuez le! Tuez le! Il a tué Fili!

Azog porta une main à sa gorge, s'appuyant sur Bofur pour garder son équilibre et dit d'une voix sifflante:

- Je n'ai pas tué Fili!

Kili se redressa, poussant violemment ses compagnons et se tourna vers le corps de son frère. Celui-ci avait disparu. Le jeune nain s'agita et tourna en rond:

- Il était là! Je l'ai vu! Il lui a brisé le cou et il l'a laissé là!

Azog amorça un pas vers lui, les mains légèrement levées:

- Kili...

Le nain fit un bond en arrière, vers son épée, mais Dori anticipa ses mouvements et saisit la lame pour la maintenir hors de sa portée. Kili lui jeta un regard noir:

- Pourquoi le protégez vous?! Il a tué mon frère!

Il esquiva Dwalin, qui tentait de l'immobiliser, et courut de l'autre côté du feu, qui brûlait avec plus d'ardeur que jamais, pour attraper arc et carquois mais, là encore, on les lui prit avant qu'il ne les atteigne. Il leva les yeux, la haine guidant ses pensées et ses actions, et son regard croisa celui inquiet de Fili. Kili s'immobilisa et secoua la tête.

- Kili...

- Non... NON! Azog t'a tué! Il t'a tué, tu n'es pas réel! Tu es mort!

- Kili, je ne suis pas mort... Azog n'est pas...

- TAIS-TOI!

Il poussa violemment son hallucination contre l'arbre, et celle-ci grogna de surprise et de douleur. Kili en profita pour récupérer ses armes et, d'une main tremblante, armer son arc. Il se tourna vers Azog, qui s'était approché de lui sournoisement, et le menaça de sa flèche. Rien ne l'empêchait de tirer, l'orc n'avait plus rien à négocier, maintenant qu'il avait tué Fili. Ou plutôt, rien ne l'aurait empêcher de tirer si la moitié de la compagnie ne s'était pas interposée entre lui et le monstre. Kili fronça les sourcils, baissant très légèrement la pointe de sa flèche pour croiser le regard de Dwalin:

- Pourquoi le protégez vous?! Il a tué Fili!

- Kili, dit une voix derrière lui, ressemblant à celle de son frère. Thorin ne m'a rien fait. Kili, baisse ton arme.

Le jeune nain l'ignora, après tout, il n'était pas réel, et continua, sans rompre le contact visuel avec Dwalin:

- Vous êtes de son côté, c'est ça?!

- On voudrait juste éviter que quelqu'un soit blessé, gamin, dit Dwalin d'une voix grave.

- Vous allez me trahir et me donner à ce monstre, c'est ça?! Pour qu'il me tue comme il a tué Fili?! Pour qu'il m'achève comme un chien?!

Sa voix partait dans les aigus, et il avait parfaitement conscience que ses cris sonnaient hystériques. Mais il ne s'en préoccupa pas davantage, parce que ses amis défendaient Azog, parce que Fili était mort, parce que le feu s'étendait et parce que, par Durin, les arbres commençaient à bouger. Kili sentit sa panique s'accroître un peu plus et il lâcha son arc, qui tomba silencieusement sur l'herbe. Ori se précipita pour récupérer l'arme et l'éloigner le plus possible de Kili. Mais celui-ci n'en avait plus rien à faire. Les arbres se rapprochaient du jeune nain, comme si eux aussi en avaient après lui.

Kili s'accroupit au sol et se cacha la tête de ses bras, pour se protéger du bois qui avait subitement prit vie, et du feu qui craquait de plus en plus fort, couvrant presque le bourdonnement de ses oreilles. Il sentit deux mains se poser sur lui, une sur son épaule et l'autre sur son genou, et la voix de Fili lui parvint une nouvelle fois:

- Kili... Ça va aller, tu ne risque rien...

Il posa ses mains contre ses oreilles et ferma étroitement les yeux. Il ne voulait pas voir ce frère, invention de son esprit, ni entendre sa voix. Il voulait que Fili revienne, que tout aille bien, que tout cela ne soit qu'un rêve. Mais Fili était mort, il avait vu de ses yeux Azog lui briser le cou. Le corps de Kili fut secoué de tremblements et de sanglots alors qu'il ne retenait plus ses larmes, gémissant le nom de son frère et se balançant légèrement d'avant en arrière.

Quand deux autres mains saisirent ses épaules, Kili se risqua à ouvrir les yeux et il croisa le regard inquiet de Thorin. Celui-ci ne semblait pas savoir s'il devait gifler son neveu, le serrer contre lui ou se contenter de le regarder. Aussi, Kili, manquant cruellement de compassion de la part de ses amis, souffla entre deux sanglots:

- Mon oncle...

Un éclair de soulagement traversa les yeux gris de Thorin et il se tourna sur sa droite pour hocher la tête, signe muet pour celui qui se trouvait là qu'il pouvait les laisser seuls. Les mains posées sur son épaule et son genou disparurent, ne le laissant qu'avec son oncle. Thorin baissa la voix, ne laissant passer qu'un murmure entre ses lèvres, et se rapprocha de son neveu:

- Tout va bien, Kili...

- Il a tué Fili, mon oncle.

- Fili va bien. Il va bien.

Kili secoua la tête avec véhémence:

- Non, je l'ai vu... Il... Il a... Oh, Thorin, Fili est...

- Calme toi, Kili. Calme toi... Ça va aller...

Il avait conscience que le reste de la compagnie, ainsi que le hobbit, les observaient de loin, de l'autre côté du feu qui s'étendait toujours. Kili laissa échapper un gémissement avant de souffler:

- Les arbres se rapprochent de moi, Thorin.

Le Roi sous la Montagne fronça les sourcils et jeta un oeil autour d'eux, avant de se rapprocher de son neveu, l'empêchant de voir quoi que ce soit d'autre que le bleu nuit de sa tunique, légèrement éclairé par les flammes, et ses mèches noires qui tombaient sur son torse. Ses bras glissèrent autour des épaules tremblantes de Kili alors que celui-ci se laissait aller à poser son front contre son épaule.

- Ils veulent me tuer, mon oncle.

- Personne ne te veut de mal... Tu es épuisé, tu as besoin de dormir.

- Je ne peux pas...

- Je suis là, Kili. Je ne les laisserais pas te faire de mal. Que ce soit l'orc blanc, nos amis, Fili ou même... les arbres. Je te protégerais.

Kili hocha doucement la tête et ferma les yeux. Il sentit la gorge de Thorin vibrer légèrement sous sa tempe alors que celui-ci commençait à fredonner un air rassurant, celui que Dís avait l'habitude de chanter à ses fils avant qu'ils ne s'endorment, alors qu'ils n'étaient que des enfants. Le jeune nain laissa échapper un soupir lourd et tremblant, et son oncle le berça doucement, comme il l'avait fait après la mort de son père, jusqu'à ce que le sommeil ne l'emporte enfin en un lieu plus reposant.


Ouuuuh pour une fois, je suis à peu près contente de moi.

A bientôt pour la seconde partie :)