Disclaimer : je n'ai pas inventé « Death Note » et je ne tire aucun profit de cette fanfiction.
Misa, mon amour
Rem est ma seule amie. Les autres dieux de la mort trouvent que je suis trop sensible pour me mêler à eux. Je n'y peux rien, j'ai toujours été comme ça. Cela me fait toujours très mal de noter un nom dans mon Death Note et de supprimer une vie. Je me demande quelle vie cette personne aurait vécue, si elle aurait été heureuse, si je n'ai pas commis une grave erreur… Je suis triste et je les envie.
Rem me comprend même si elle n'est pas comme moi. Des fois, on observe les humains ensemble. Je regarde surtout les enfants et les adolescents. Certains sont tellement innocents, tellement adorables que j'en ai le cœur serré.
Un jour, Rem me désigne trois adolescentes qui rentrent du lycée et me propose d'imaginer comment elles vont mourir. Je réfléchis très fort. Yamane Taka mourra à 73 ans, dans son lit, d'une rupture d'anévrisme, Kobayashi Misato partira à 67 ans dans un accident de la route et pour Misa Amane, ce sera à 20 ans...
Je m'interromps car j'ai le cœur serré. Ce n'est pas juste que cette créature innocente parte aussi tôt. Elle a l'air si heureuse et si pleine de vie ! En constatant mon trouble, Rem s'éloigne sans un mot. Même nous, nous ne pouvons rien contre la mort.
Plus tard, je me remets à observer Misa. Je sais que ce n'est pas bien mais je ne peux pas m'en empêcher. Elle a quatorze ans, elle va au collège, elle a des parents qu'elle adore et qui la gâtent, elle a déjà embrassé des garçons mais n'est jamais sortie avec le même plus d'une ou deux fois, elle adore la musique et le shopping. Et c'est un rayon de soleil. Elle a ce don extraordinaire d'illuminer la vie des gens rien qu'en leur parlant, en leur souriant, en les emmenant faire des bêtises. Plus ça va et plus j'ai besoin d'observer sa vie.
Je suis là quand elle signe son premier contrat avec une agence de mannequin. Ses parents sont très fiers d'elle. Elle emmène ses copines dans un parc d'attraction pour fêter son contrat. Elle a seize ans, elle rayonne de joie, elle s'imagine qu'elle a la vie devant elle… Il m'arrive de pleurer en la regardant rire, et puis Rem vient me voir et me dit d'arrêter de la regarder.
Ma Misa vient d'avoir 18 ans. Elle est célèbre dans tout le Japon, maintenant. Elle est toujours célibataire et je trouve cela dommage. Parfois, je m'imagine que je suis un humain comme elle. J'emménage dans la même rue et on fait connaissance tout naturellement. Et puis on tombe amoureux, elle et moi. Je lui offre des fleurs, je lui écris des poèmes, on dîne ensemble aux chandelles et on se promène sur la plage main dans la main, au clair de lune. Il n'y a pas de mots pour décrire mon bonheur. Et puis, je me rappelle que je suis un dieu de la mort et que si j'apparaissais devant elle, elle aurait peur et me repousserait ! Cela me rend triste et je ne peux pas m'empêcher de me sentir jaloux dès qu'un garçon de son âge s'approche d'elle. Plus le garçon est beau, plus mon cœur se noue. Et puis je me dis qu'aimer quelqu'un, c'est vouloir son bonheur, c'est tout. J'aimerais qu'elle rencontre l'amour de sa vie maintenant et qu'il ou elle la rende très heureuse, comme ça les deux dernières années de sa vie seront absolument parfaites.
Rem me dit qu'elle ne me comprend plus mais je sais qu'elle me comprend. Elle est ma seule amie. Les autres dieux de la mort ne me voient même plus alors qu'elle vient toujours passer du temps avec moi. Un jour, j'ai sangloté en lui tenant la main. Je sais que Misa vient d'avoir dix-neuf ans, qu'il ne lui reste plus qu'un an à vivre. C'est tellement injuste.
Misa vient de rentrer chez ses parents. La porte est grande ouverte et tout est sens-dessus-dessous. Une autre personne appellerait la police tout de suite mais Misa est bien plus courageuse que ça. Elle fouille toutes les pièces et trouve ses parents étendus, morts…
Je crois que c'est ma faute. J'aurais dû les surveiller, eux aussi. Si j'avais gardé l'œil sur eux, j'aurais pu tuer le scélérat qui a fait ça. Ça ne m'aurait pas tué étant donné que je ne ressens rien pour les parents de Misa, et elle n'aurait pas le cœur brisé en ce moment même. Ça me noue la gorge de la voir sangloter encore et encore. Et si c'était ça, la cause de sa mort future ? Si elle se suicidait ? Si elle noyait son chagrin dans l'alcool avant de prendre le volant ?
Je veux aller lui rendre visite mais Rem m'en empêche. Elle me dit qu'on n'a pas à intervenir, que j'aurais des ennuis si j'allais lui parler. Je sais qu'elle a raison mais cela ne m'empêche pas d'avoir mal. J'ai tellement de larmes qui me coulent de l'œil que je ne vois plus rien. Rem me tend la main et la tient un instant, puis s'en va.
C'est aujourd'hui. Elle doit mourir dans moins d'une heure. Elle a vécu les mois précédents avec un courage et une énergie phénoménales. Elle a organisé elle-même les funérailles, n'a annulé aucun de ses rendez-vous et souri comme si de rien n'était au cours de ses nombreuses séances de photos. Elle rentre chez elle à pieds avec son chapeau rouge. Il ne reste plus que deux minutes…
Un type surgit devant elle, armé d'un couteau. Il lui crie qu'il l'aime plus que tout au monde et qu'il préfère qu'elle soit morte plutôt qu'avec un autre. Je sens la rage envahir mon cœur. Ce n'est pas ça, aimer quelqu'un ! Aimer, c'est vouloir le bonheur de l'être cher, c'est désirer plus que tout au monde qu'il ou elle vive longtemps et ressente de la joie à chaque instant ! On ne peut pas vouloir tuer quelqu'un qu'on aime !
Je sors mon stylo. Mes mains tremblent tellement que j'ai du mal à écrire le nom de ce type. Je pleure mais ce sont des larmes de joie. Ma Misa va pouvoir vivre encore de longues années, elle pourra rencontrer l'amour de sa vie, quelqu'un qui lui offrira des fleurs et dînera aux chandelles avec elle. Son bonheur est mon bonheur. Je regrette simplement de ne pas avoir le temps de dire au revoir à Rem, mon amie.
Je disparais. Adieu, Misa.
