Les marguerites faneront.
Une fois.
Deux fois.
Trois fois.
Le carillon résonnait allègrement dans toute la maison.
Un temps.
Deux temps.
Trois temps.
Le silence virevolte avec l'odeur de l'humidité, qui elle danse la salsa avec le renfermé. Dans la mélodie du temps, il n'y a plus de vie. Seulement le « tic-tac » incessant de la vieille horloge du couloir. Ainsi que le « tap - tap » d'un pied sur le perron. Le guitariste est agacé. Pourquoi Maëlle n'ouvre donc pas cette porte ? Tom sait bien que cela fait un mois qu'il l'a quitté et qu'elle doit lui en vouloir mais on n'ignore pas Tom Surtout quand l'un des plus beaux jeunes hommes d'Allemagne lui a accordé du temps.
Il patiente encore un peu. Trente secondes. C'est largement suffisant. Il tourne les talons.
Un pas.
Deux pas.
Trois pas.
Et demi - tour. Des regrets pleins la tête et pleins le cœur pour la première fois. Puisque à la porte il n'y a pas de réponse il va essayer à la fenêtre. Les rideaux sont tirés mais il peut voir un vase. Trois marguerites. Trois fleurs complètement fanées. Les trois fleurs qu'il a cueillies dans un pré avant de lui offrir. Première et dernière fois qu'il avait fait ça.
FLASH BACK :
Maëlle avec son jean qui a connu les pires choses. Avec sa tunique bleu passée pleine de javel. Et ses cheveux frisés qui vole. Elle est magnifique et semble tellement fragile. Lui, il la suit, la guitare sur le dos - pour lui faire plaisir. Il sifflote pour casser le silence installé.
« Dis, c'est quoi tes fleurs préférées ? »
Petite phrase qui sonne comme une ritournelle dans ce champ. Prairie pleine de coquelicots et de marguerites
Maëlle arrache un coquelicot pour le mettre dans ses cheveux et lui répond de sa voix fluette.
« Les marguerites. »
Alors Tom en cueille trois, lui donne et conclue ce geste romantique d'un baiser et d'une promesse.
« Je reviens avant qu'elles ne se fanent. Je te le promets. »
FIN DU FLASH BACK
Maëlle elle le savait qu'il ne serait pas de retour. Les marguerites se sont fanées et elle a quand même attendu. Trois semaines. Et puis c'est tout. Un matin, elle s'est levée et c'est tiré une balle.
Ca Tom il ne le voit pas. Il ne voit pas derrière le canapé son corps étendu dans une mare de sang. Non, Tom il ne voit que les trois marguerites fanées dans le vase devant la fenêtre dans l'entrebâillement des rideaux.
Et il s'en va. Pour ne plus revenir. Tom n'est pas dieu. Les marguerites se faneront toujours et rien ni changera.
