J'avais cette histoire qui me trottait depuis un moment dans la tête...

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!

Et sorry pour les fautes d'orthographes ( qui s'obstinent à rester malgré mes orthoticides)


Mon existence sur terre était devenue inutile.

Assisse à demi-nue devant un peintre qui ne devait sa notoriété qu'à mon absence de pudeur, je me demandais comment j'en étais arrivé à faire ça. Oh ! Je n'avais pas à chercher bien loin, sans diplômes et sans argent je n'avais pas vraiment eut le choix. J'avais eu la chance d'avoir un beau corps et la malchance de ne posséder que peu de cervelle même si depuis quelques années ce côté-ci semblait avoir connu une amélioration tandis que mon physique se détériorait petit à petit.

Cela faisait maintenant 10 ans. 10 ans depuis que des ailes avaient fait éclater ma vie et mon corps pour n'en laisser que des morceaux éparpillés au vent.

J'étais alors en première L et ma vie était la plus merveilleuse au monde, pensais-je. Des centaines d'amis, des petits amis plus fantastiques les uns que les autres et une carrière prometteuse comme traductrice m'attendait. Mais voilà, mes gènes avaient décidés que tout cela était trop beau pour une fille perfide et hypocrite comme moi et un matin ils me l'on fait savoir.

Il a fallu des mois entiers de souffrance prostrée sur mon lit pour que des bouts rose et gluants sortent enfin de mon dos, des mois d'incompréhension face à mon sort. Ce genre de choses n'arrivait qu'aux autres, pas à moi, pas à la star du lycée.

Personne ne sembla remarquer mon absence et ce fut ce qui me fit le plus souffrir, je crois. Mes parents politiciens me laissèrent seule comme d'habitude et l'école, habituée à mes nombreuses escapades ne prévint personne.

Mes amis vinrent les premiers jours mais comme je refusais de les voir, ils n'insistèrent plus et je restai seule, chose qui ne m'était plus arrivé depuis le primaire, je devais me réhabituer à la solitude, présentais-je que je n'aurais plus l'occasion de me mêler aux autres ?

La maison devint rapidement une vraie poubelle puisque je refusais que les femmes de ménage viennent faire leur travail. Je me gavais de pizza et de chinois, mon régime complètement oublié. J'avais cassé tous les miroirs et je refusais de me laver de peur de me retrouver face à l'inévitable. Le fait est que je me retrouvais dans le déni, je me disais que j'étais en vacances et que si je ne sortais pas de chez moi, c'était parce que c'était mauvais pour mon teint. Un reste de la fille que j'avais été persistait à vouloir diriger mes pensées mais plus les jours passaient plus la star du lycée s'effaçaient pour laisser place à une autre, une inconnue désespérée et terriblement faible.

Pourtant un jour il fallut bien que je prenne conscience du monstre que j'étais. J'aurais pu me prendre pour un ange, mais mes ailes n'étaient pas comme sur les peintures ou les gravures de l'antiquité au contraire elles étaient déplumés, rose et ridés. Des simulacres d'ailes.

Petit à petit la souffrance diminua tandis que mes excroissances arrêtaient leurs croissances mais elles restaient désespérément inertes dans mon dos. Les livres racontaient que ce n'était qu'un prolongement du corps mais elles étaient plutôt comme des boulets incontrôlables. La douche ne pouvait me contenir toute entière alors il fallait laver une « aile » après l'autre puis essayer tant bien que mal de terminer par le corps. Prendre un bain était bien évidemment impossible, tout comme de dormir autrement que sur le ventre. De plus j'avais la très nette impression de devenir exhibitionniste, en effet je me promenais torse nu puisque je ne supportais aucun contact avec mon dos.

Au bout d'une semaine sans rien faire d'autre que tourner en rond et sans plus de douleur pour me distraire je décidais de sortir, du moins dans le jardin.

D'abord la brise fit douloureusement frissonner mes ailes mais rapidement, je retrouvais toute mon énergie en me baignant dans les rayons du soleil de midi. Dès lors, je recherchai le moindre rai de lumière et la nuit j'allumais le plus de lampes, dépensant des milliers de KW pour mon confort personnel.

Mes ailes devinrent plus vigoureuses et se couvrirent de plumes douces comme le duvet de bébés phoques. Mais elles devinrent encore plus sensibles, si c'est possible : je pouvais ressentir le moindre courant d'air ou une différence de température minime provoquait des réactions thermiques incontrôlables.

Pour la première fois peut-être je pensais à mon avenir : avec ces nouveaux appendices je ne pourrais plus retourner au lycée et encore moins trouver du travail. Je ne pouvais même pas porter de vêtements ! Allais-je passer ma vie enfermée dans le manoir, à attendre qu'il se produise un changement, n'importe lequel mais qui me libèrerait des ténèbres dans lesquelles je sombrais de plus en plus ?

La décision de reprendre ma vie en main coïncida bizarrement avec mon anniversaire, évènement que j'avais complétement oublié, moi qui avait prévu de faire une fête immense pour célébrer mes 18 ans. Au lieu de ça, je sortis seule et dénudée et marchai jusqu'à la plage privée de mes parents.

Je pris un chemin qui me mena jusqu'au sommet de la falaise. La nuit m'empêchait de voir la mer sous mes pieds mais je pouvais clairement entendre les vagues qui se fracassaient contre les rochers. Le vent faisait fouetter mes cheveux et mes plumes comme pour me les arracher. Comme j'aurais voulu qu'il y arrive ! J'étais prête à sacrifier ma chevelure d'or pour pouvoir retourner à mon ancienne vie et sortir enfin de ce cauchemar.

J'avais vu suffisamment de film pour savoir qu'il me suffirait de « déballer » mes ailes pour voler telle une hirondelle. Je n'avais pas spécialement envie de survoler notre planète, les sacrifices que j'avais dû faire pour cela emportaient toute joie au loin, c'était plutôt comme un défi que je me devais de relever : je possédais des ailes donc j'étais faite pour voler.

Je me rappelle avoir pris de l'élan et avoir laisser le sol derrière moi. Il y eut quelques secondes ou je crus contrôler parfaitement tous mes membres et pouvoir m'envoler mais au lieu de m'emporter dans les airs, mes ailes partirent en tous sens, me causant une douleur fulgurante qui assombrit ma vision, déjà peu nette. Le vent me ballottait dans tous les sens et je dans ce noir d'encre je ne savais plus différencier le haut du bas. Malgré tous mes efforts, je tombai comme une masse près des rochers et me retrouver projeter contre eux à toute vitesse.

Aujourd'hui encore je ne sais comment je pus m'en sortir : était-ce grâce aux heures passés à la piscine à regarder les garçons ou plutôt grâce à la chance qui m'avait depuis si longtemps délaissée?

Allongé contre des rochers et subissant la claque des vagues qui faisaient tout pour m'avaler je me demandai pourquoi je continuais à me battre. La vie ne m'avait-elle pas montrée qu'elle ne voulait pas de moi en son sein ?

Chassant ces pensées suicidaires, je réussis à remonter la falaise et ce fut presque un soulagement de retrouver ma maison-poubelle surtout à moitié nue, frigorifiée et blessée.

Je passais ensuite les journées suivantes à surfer sur le net pour apprendre le plus de choses sur l'aérodynamique des avions ou des oiseaux. Je remarquais bien vite que je ne pourrais jamais voler à moins de peser seulement 30 kilos, impossible pour un adulte normalement constitué.

N'ayant rien à perdre, Je décidais néanmoins de faire un petit tour sur la balance qui prenait la poussière dans un coin de la salle de bain : je me refusais à penser que je pouvais posséder des ailes uniquement « décoratives ».

Quelle fut ma stupeur lorsque je remarquais que mon poids était totalement en adéquation avec les pronostics alors que je me gavais avec la nourriture la plus grasse possible, j'avais perdu autant de poids que si j'avais été une participante de koh lanta .

Mon corps s'était entièrement transformé pour rendre mes os creux comme un site sur les oiseaux me l'appris. Le fait que ma mutation se soit propagée ailleurs que dans mon dos me fit l'effet d'un coup de poignard. Ainsi j'étais réellement devenue un monstre et me couper les ailes n'y changerait rien.

Les mois suivant se partagèrent entre mes moments de désespoirs et mes séances d'entrainement au vol que je faisais dans le jardin, sous l'œil vigilant du vieux chêne. Je devins plus vigoureuse et mes ailes commencèrent à répondre lorsque je les solliciter.

La rentrée arriva sans que je fisse mon apparition parmi les redoublants de première et sans que quiconque demande des nouvelles de la fille « chérie » des célèbres politiciens. J'aurais pu être morte et personne ne s'en serait aperçu !

Plus j'approchais de mon baptême de l'air, plus je me mettais à réorganiser ma vie.

Tout d'abord je changeai de nom pour prendre celui d'Angelica, je ressentais le besoin de me rappeler ce que je n'étais pas et ne serais jamais même en portant le nom de la dite créature.

Je déménageai ensuite pour un appartement dans la capitale, souhaitant a tout pris laisser mon ancienne vie avec ma ville natale.

Je commençai à prendre des cours à distance d'informatique avancée pensant que si je trouvais un métier je pourrais au moins rester chez moi sans avoir à me cacher.

Et surtout j'appris à me « museler» :

En fouillant dans le grenier du manoir, j'avais découvert une grosse ceinture servant à fermer des coffres ou autres objets imposants. Mise sur mes ailes et refermée au niveau de mon ventre, elle me permettait de sortir avec un gros blouson sans que personne ne remarque mon anormalité.

Cela me faisait souffrir le martyr et enlever cette satanée ceinture était toujours un véritable soulagement mais je ne pouvais faire sans alors je me taisais et souffrait en silence. De toute façon à qui aurais-je pu me confier ?

Je m'habituais doucement à cette nouvelle vie quand vint un moment où mes économies initialement prévue pour partir en vacances avec mes « amis » ne suffirent plus et mes maigres travaux en informatique ne suffisaient pas encore pour me faire subsister.

Lors d'une de mes rares sorties nécessaire chez la superette du coin, je vis un journal de peinture et cela me donna une idée. Sitôt chez moi, je naviguai sur internet jusqu'à trouver un peintre relativement inconnu et que je savais prêt à payer pour avoir un modèle de qualité et être enfin reconnu.

Il eut droit à un ange descendu des cieux pour se faire immortaliser.

Il ne parla à personne de nos séances et puis qui l'aurait cru de toute façon ? Il devait croire que c'était des fausses ailes et s'il pensa que je possédais vraiment ces appendices, il n'en parla jamais.

Quand j'eu suffisamment d'argent, j'arrêtais de le voir mais le mal était fait. Il devint célèbre et mon visage avec lui. Heureusement que personne ne me connaissait plus. De plus, mes parents ou anciens amis ne m'auraient jamais reconnu dans l'ange aux yeux si plein de détresse et de désespoir.

Les années passèrent sans que je ne retourne voir ce petit bout de peintre.

Et je restais désespérément seule.

Il est drôle de ce dire que moi, la peste du village aux milles et un petits amis soit encore vierge à 28 ans ! Au lycée je pensais que mes copains ne me méritaient pas mais si c'était à refaire je ravalerais ma fierté juste pour savoir ce que cela faisait. Maintenant plus personne ne voudrait de moi dans mon état ou alors j'aurais droit aux zoophiles.

Habiter en ville ne m'empêchait pas de voler, je devais juste prendre plus de précaution et utiliser mes appendices la nuit venue. Comme je l'aie déjà dit, voler ne me procurait aucun plaisir et pourtant je m'obstinais à continuer : il fallait que je sois un monstre avec un but réel sans quoi mon existence n'aurait plus aucun sens, voler me tenait en vie. Alors chaque soir je remplissais ma corvée de la même façon que j'aurais jeté mes poubelles.

La nuit du 23 septembre, je parcourais les cieux comme à mon habitude quand je vis une petite fille sur un toit, elle pleurait en silence et ses larmes brillaient sous la lumière de la pleine lune. Ses cheveux roux giflaient son visage tout rond et potelé. Elle me rappela celle que j'étais avant même de devenir une peste. Effrayée par le monde trop grand pour elle.

Elle devait avoir 4 ans tout au plus. Que faisait-elle donc dans un endroit si peu recommandé pour un enfant ?

Je me rapprochais en faisant attention de rester là où elle ne pourrait me voir.

Et puis je vis ce que la distance et la nuit m'avait cachée : une ceinture de dynamite qui paraissait gigantesque pour un si petit corps.

J'aurais pu partir à tire d'aile et oublier cet évènement mais j'avais l'impression qu'en savant cette fille je me sauverais moi aussi. De quoi ? Je n'en savais rien et aujourd'hui encore je n'en ait aucune idée.

Alors j'attrapai la petite fille et arrachais la bombe qui par chance n'était pas faite pour résister à la poigne d'un adulte, surtout un adulte mutant.

J'eus seulement le temps de détacher la dynamite et de la jeter le plus loin possible de avant qu'elle n'explose dans un bruit assourdissant. La douleur explosa à son tour dans mon aile droite mais je continuai pourtant à entourer la petite victime de mes ailes, seule protection que je pouvais lui fournir.

Je ne me réveillais que lorsque la police arriva et avec elle une multitude de sons et de couleurs désagréables. La petite fille pleurait doucement à mes côtés tandis que je revenais à moi, affalée contre le rebord du toit.

J'entendis des pas précipités dans la cage d'escalier alors avec une lenteur non désiré, je me relevais et regardais celle que j'avais sauvée : elle se balançait d'avant un arrière et semblait voir des choses qui n'existaient que dans sa tête. Je ne pouvais plus rien pour elle, elle était en vie, non ?

Me moquant des gens qui penseraient avoir tout imaginé le lendemain, je me jetais dans le vide pour entamer mon dernier vol, le plus long et douloureux de tous. Qu'il est facile d'oublier les vieilles douleurs ! Pourtant elles ne nous quittent jamais, elles s'endorment juste pour un temps avant de revenir en force pour se rappeler à nous au plus mauvais moment.

Une fois chez moi, je ne pus que me demander encore une fois pour quelle raison la chance m'avait permis de rester en vie alors que toutes les conditions étaient réunis pour me faire quitter le monde une bonne fois pour toute.

La chance ou la malchance ?


« J'ai finis, tu veux voir ? »

Le peintre me tira de mes pensées et tourna son œuvre pour me la montrer. On y voyait un ange blond de profil perdu dans ses pensées. Son aile gauche resplendissait de beauté et illuminait toute une partie du tableau tandis que la partie de droite était remplie par un lambeau de chair bordé de croutasses marrons et rouges laissant paraitre la chair à nu a quelques endroits. Les plumes restantes étaient tellement mal en point qu'elles semblaient sur le point de s'effriter pour ne laisser que des cendres rougeoyantes.

Au milieu se tenait le corps de l'ange, brulé sur sa partie gauche et presque intact sur la droite. L'ange ne pourrait plus jamais voler et pourtant son visage n'exprimait aucune souffrance, en fait son visage ne montrait aucune expression, même ses yeux semblaient vides de toute émotion.

Il n'y avait pas d'humanité dans cet être là : mais après tout n'était-ce pas un ange ?