Bienvenue à vous, lecteurs.

Je sais que pour la plupart d'entre vous, vous vous centrerez sur l'histoire et non sur les notes de l'auteur en début de chapitre. Si toutefois je parviens à écrire plus de quatre chapitre, évidemment.

En tous cas, Bretonne que je suis, l'histoire de notre hermine m'a toujours plut. Et j'ai décidé de m'en servir un peu, celle-ci m'inspirant une histoire sur laquelle je pourrais bien me lancer aujourd'hui-même. En utilisant cela, j'ai décidé de mettre par écrit un de mes nombreux rêves éveillés. Lorsque je suis avec des gens qui me voient comme une fragile, je me souviens que je fais de la boxe, et je m'imagine soudain en héroïne meurtrie et se cachant derrière une image.

Voilà mon rêve. Cette fille, c'est moi.

Sur ce, je vous laisse à ce chapitre, en espérant qu'il vous plaira.


L'Hermine, ou le commencement.


L'Hermine (An ermin) est le symbole de la Bretagne et son histoire a donné naissance à la devise nationale bretonne « Plutôt mourir qu'être souillé. ». Lors d'une partie de chasse, la duchesse Anne de Bretagne, qui fut la seule femme de France à se marier à deux rois, tomba sur une hermine. Celle-ci fuyait devant les chiens pour sauver sa peau, jusqu'au moment ou sa seule échappatoire était de passer par une mare boueuse. L'animal se retourna, et fit face aux chiens ainsi qu'aux chasseurs. Elle préférait mourir que de souiller son blanc pelage. Anne de Bretagne laissa la vie sauve à l'hermine, et en fit le symbole de la bretagne, se servant de la façon dont on assemblait leur fourrures. La queue —dont la pointe restait noire— était rattachée au pelage par deux barrettes disposées en croix. L'hermine bretonne d'aujourd'hui.

Les symboles d'autrefois m'ont toujours paru avoir plus de sens que ce qu'on pourrait inventer aujourd'hui. L'hermine est le symbole du courage et de l'honneur. Deux vertus qui me semblent bien loin aujourd'hui.

Je coupais mon ordinateur et attrapais mon sac, le jetant négligemment sur mon épaule. Machinalement, j'attrapais sur mon étagère mon carnet et mon stylo. Mes passions s'exprimaient dans cela. J'observais les gens et notais dans mon carnet leurs changements et ce que je pouvais lire dans leur regard. J'écrivais beaucoup dedans, aussi. Et chaque midi, je quittais le lycée pour rejoindre la salle de sport à deux rues de là.

Je n'avais pas d'amis fidèles. Que des personnes avec qui je discutais, rigolais, passais un peu de temps. Je les connaissais par coeur et chaque variation d'humeur en eux, je les devinais sans effort. Il m'était tellement facile de leur remonter le moral… Avant de quitter mon studio, je lançais un regard à mon skate, me promettant d'essayer à nouveau ce que je n'avais pas réussi. Emportant au passage un pomme, je la croquais en tournant la clé dans la serrure et en la récupérant. Je saluais Sakura, ma voisine, et lui proposais de faire le chemin avec moi. Elle refusa, sa mère l'emmenait. Je lui adressais un sourire, ravie pour elle.

C'était une jeune femme élancée, aux longs cheveux roses soyeux et ancienne ronde. Elle n'avait pas toujours eu une vie facile, son père étant parti sans laisser de trace lorsqu'elle avait six ans. Et comme ses parents ne s'étaient jamais mariés, sa mère ne pouvait recevoir aucune pension alimentaire. Pourtant, Sakura était une jeune fille pleine de vie, toujours en train de sourire malgré le déménagement de son double, Sasuke, lorsqu'elle avait douze ans. Depuis, il était revenu, différent et blessant. La rose n'en avait que plus souffert encore.

Elle me proposa de m'emmener, mais je prétendis préférer marcher. Ce n'était pas souvent qu'elle pouvait passer ne serait-ce que dix minutes avec sa mère infirmière et je ne comptais pas gâcher tout ça. Descendant quatre à quatre les marches, je traversais la route en enfilant mes écouteurs et lançais à fond du Manowar. J'enfilais mes lunettes et attachais machinalement mes cheveux en une queue de cheval. Pour tous, avec mes vêtements dans la norme et bien mis, mes lunettes, mes bonnes notes et ma carrure de jeune fille à protéger, j'étais une fille sage. Car nous savons tous que partout où nous allons, nous sommes catégorisés. Seulement… Ils ignorent qui je suis.

En passant les grilles du portail, je croisais Hinata. Une jeune fille aux belles formes et aux yeux clairs envoûtants. Une fille magnifique, timide et pure. Très intelligente, aussi. Elle pourrait faire partie du peu de gens à qui j'accorde sincèrement de l'importance. Mais… seulement si j'accordais une quelconque considération aux gens d'ici. Parfois, je regrettais le passé et tout ce que j'avais vécu avec lui. Mais maintenant, c'était fini, j'avais déménagé, tout était fini entre nous et je… me cachais. Tant pis. Je saluais Hinata en lui faisant la bise, et continuais ma route. Directement, je passais devant ma salle de classe du Lundi matin, et saluait mes "camarades" de classe en leur tapant dans la main. Ici, tout le monde se connaissait et personne n'humiliait les autres. Nous étions un petit lycée, c'était bien trop dangereux de risquer qu'on nous lâche. Le soutien n'était pas partout, et même les catégories entre elles se côtoyaient et se parlaient sans se détester. Nous restions simplement dans nos groupes d'amis en ayant d'autres amis dans les autres groupes. Juste que nous ne les forcions pas à venir nous rejoindre.

Moi… J'étais juste un peu différente. J'étais capable de parler programmation et mathématiques avec les geeks, de ce que j'écrivais avec les membres de l'atelier théâtre, qui faisaient aussi partie pour la plupart de l'atelier philo. Je discutais sport avec les athlètes, ce qui les avait étonné au début, parce que je m'y connaissais du curling au surf, en passant par le snow, le foot, le basket, le tennis et bien d'autres encore. Je pouvais parler de League Of Legends, The Legend Of Zelda et bon nombre de jeux ou de mangas avec les gamers. Je parlais de Van Gogh avec les membres de l'atelier d'arts plastiques, parce que c'était mon peintre préféré.

Et pourtant, je me forçais souvent à écouter certain(e)s. Comme ces filles avec qui j'étais amie mais qui ne me parlaient que de leurs ongles et de qu'elles avaient acheté le week end passé, comme Ino. Mais c'était une fille très jolie et malgré ce qu'elle laissait croire, très intelligente. Tout comme Karin et Tayuya, d'ailleurs, même si en plus de cette intelligence cachée, chez elles, je sentais et voyais très bien un côté garçon manqué.

Les dépassant tous, je montais les escaliers en direction de la bibliothèque. Le premier endroit où il fallait me chercher avec la cafétéria. Non que je mange beaucoup, au contraire, mais en dehors de l'heure de midi, heure à laquelle je sors, cette grande pièce vide et silencieuse a un certain côté rassurant et apaisant. Il n'était pas rare d'ailleurs qu'on me cherche pour diverses raisons, la plus courante étant que bon nombre des gens avaient besoin d'une oreille attentive et certaine à qui parler. Depuis mon arrivée, deux ans plus tôt, le psychologue scolaire avait vu le nombre de ses patients diminuer. Nul autre que moi ne pouvait se douter du nombre de personnes au passé ou au présent difficilement surmontable. Mais contrairement aux apparences, j'étais sûrement la personne la plus dangereuse du lycée et pour quelques personnes de l'extérieur. J'étais l'oreille à qui se confier. L'absolu.

Sortant les clés de ma poche, j'ouvris la porte de la bibliothèque et la laissait grande ouverte. Signe que la pièce était disponible. Je suis responsable de cette salle lorsque la bibliothécaire est absente. C'est une preuve de confiance de la part du proviseur et un cadeau, puisque j'y passe la majorité de mon temps à lire, écrire ou écouter les autres.

Parfois, pourtant, je me demande s'ils savent que j'ai moi aussi eu des problèmes. Combien de fois ai-je entendu « Mais je suppose que tu ne peux pas comprendre la douleur de… ». Savent-ils seulement que la plupart de leurs problèmes sont une question de perception et de sens des priorités ? J'en doute fortement.

Déposant mon sac, je vais m'asseoir au bureau de la documentaliste, et allume l'ordinateur. On m'a demandé de recevoir une commande pour eux. J'ai une dérogation pour arriver en retard en cours, puisque les livreurs arriveront sûrement une quinzaine de minutes après le début de mon heure de français du lundi matin. Je repoussais une mèche brune, et sorti une feuille ainsi qu'un stylo noir. Le noir… C'est secrètement ma couleur préférée, avec le bordeaux. Même si ma garde robe est exclusivement composée de bleu marine. Après deux ou trois clics, je notais sur ma feuille le nom de ceux à qui je dois récupérer ou prolonger l'emprunt de livres divers.

Je soupirais, et machinalement, mon regard alla se perdre dehors. La neige menaçait de tomber, encore une fois. Je déteste l'hiver. C'est humide et froid. Je préfère le printemps; c'est une saison habitée d'orages et de nuages noirs, sans être accompagnés de cet air glacial de l'hiver.

Alors que j'allais quitter la bibliothèque après avoir signé les papiers certifiants que j'avais bien eu la commande en main propre, un livre sur le sol attira mon attention. Machinalement, j'enlevais la bandoulière de mon sac, et le posais sur la table près de la porte. J'allais ramasser le livre pour le ranger. Le titre attira mon attention et me fit lâcher le bouquin.

Union dans l'Éternel, de Winry Black.

Un coup au coeur. Littéralement. Ce livre ne venait pas de cette bibliothèque, mais resurgissait bien de mon passé troublé et troublant. Les jambes coupées, je me laissais glisser contre le mur, les dents serrées. La main tremblante, j'ouvris le livre. Un post-it était collé derrière la première de couverture.

Salut, Princesse.

Tu n'imagines même pas à quel point tu m'as manquée.

Je sais que tu ne viendras jamais à nous. Alors nous viendrons à toi.

Non, attends.

Nous sommes déjà là.

H du GS

Impossible… Je n'avais laissé aucune traces. Mon nom avait changé. Je retins avec peine un hurlement, et le durcissement de mon regard. Jamais je ne redeviendrais celle que j'étais. J'avais changée, et l'époque du GP, du GA et du GS était révolue.

Une personne entra dans la pièce, et je chiffonnais le papier, le rangeant dans ma poche. Je sortis précipitamment, glissant le livre dans mon sac, que j'avais récupéré au passage. Dans le couloir, je percutais une personne. Neji. Il scruta impassiblement mon visage fermé, dénué de cette expression joyeuse qui ne me quittait habituellement jamais.

« - Iyallis, est-ce que ça va, me questionna-t-il.

- Oui, répondis-je aussi impassible que lui. Je vais très bien. »

Je le contournais, la tête pleine de tourments. Il était là. Et eux aussi. Mon regard se refroidit. Si ils étaient là, j'allais appeler mes alliés. Le masque devrait bientôt tomber.

Mon sourire devint narquois. Sadique. J'allais leur montrer, à tous. Tous les minables d'ici. Je suis loin d'être sage et faible. Ils ignorent tout.