Bonsoir bonsoir !

Ce recueil s'est ouvert suite à ma participation à la cent-unième Nuit du Fof, où il faut écrire une texte en une heure à partir d'un thème (envoyez-moi donc un mp si vous souhaitez plus d'informations, je ne mords pas X)

Il est un peu spéciale, dans le cas où mon personnage OC est un peu... Un psy, un collecteur d'histoire, tout ce que vous voudrez... Mais ça me permet de m'éclater sur quelque chose de différent de d'habitude. Sans doute me lasserais-je à un moment, mais bon. Le rating peut être changeant, dinc penser bien à vérifier !

Thème : Papillon

Rating : K

Disclaimer : A part le Conteur, tout est à Oda.

Avertissements particuliers : évocation d'une relation HxH ; Marco x Ace


Première nuit : Marco

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L'heure du papillon

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Il n'avait pas de nom. S'il en avait eu un jour, il ne s'en souvenait plus. Mais cela n'avait que peu d'importance. Il était un simple marchand d'histoire et d'Histoire. On l'appelait le Conteur. Nul ne savait où le porteraient ses pas. Comme le grain qui tombe dans l'eau et se laisse porter pour fleurir d'autres terres, lui abandonnait sa destination aux aléas de la mer.

Il récoltait les histoires de chacun, les écoutant autour d'un verre raconter leur détresse, leur déprime, leurs ennuis. Il les redistribuait ensuite, comme des leçons de sagesse ou de vie.

Mais ce soir, attablé dans le petit bar d'un aussi petit village d'une île du Nouveau Monde, ce fut un drôle de bonhomme qui posa son verre en face de lui. Le Conteur leva la tête et haussa un sourcil en voyant un médecin, reconnaissable par sa blouse blanche, qui ne se trouvait être autre que le Phénix, l'un des plus grands pirates de l'époque.

- La Marine vous croit disparu corps et âme, le salua-t-il nonchalamment.

Le blond lui adressa un sourire fatigué, le sourire de ceux qui en ont trop vu. Le Conteur remplit leurs deux verres, avant de croiser les jambes, intrigué.

- Que me vaut votre présence à ma table ?

L'ancien pirate souffla, avant de boire une gorgée de l'ale du village. Il reposa doucement sa chope, avant de murmurer :

- J'ai entendu parler de vous, il y a longtemps. Et…

Le blond hésita quelques instants, voire même bien une minute, avant d'ajouter qu'il avait besoin d'une oreille attentive. Le Conteur acquiesça sans hésiter et s'installa plus confortablement, avant que Marco ne commence :

- Avez-vous déjà ressenti l'impression d'être un papillon sans pourtant jouir de sa liberté ? Je… J'ai une ce sentiment là, une nuit, et il ne me quitte plus jamais vraiment…. La première fois, c'était avant l'exécution d'Ace, lâcha-t-il dans un souffle.

Puis il commença à raconter. Ce jour-là, il fixait la lune avec tristesse, allongé sur le sol d'une des vigies. Le lendemain, ils partaient en guerre pour récupérer Ace, prisonnier de la Marine. À l'époque, il s'était juré que l'exécution n'aurait pas lieu.

Il avait fermé les yeux, perdant l'image de l'astre de la nuit qui éclairait les flots calmes et silencieux, pour reconstruire sous ses paupières le profil d'Ace.

Ses cheveux noirs mi-longs, dans lesquels il aimait perdre ses doigts. Son visage buriné par le soleil et abîmé par les éléments. Ses lèvres craquelées, ses délicieuses mais rares taches de rousseur, ses joues encore un peu rondes de l'enfance. Puis ses yeux, deux prunelles sombres qui avaient pris son âme sans prévenir, sans avertissement.

Le Conteur remarqua que le portrait se dessinait à nouveau sous les yeux de Marco alors qu'il le décrivait. Les orbes bleus contenaient assez d'amour et de douleur pour toucher n'importe qui.

Marco avoua avoir tendu la main dans le vide, espérant toucher la peau brûlante. Un nœud s'était créé dans son ventre alors que son bras retombait le long de son corps. Il avait serré sa main sur sa poitrine. Le manque était presque physique à ce moment, depuis le temps qu'Ace avait quitté le navire. Depuis le temps où Ace avait choisi la vengeance à leur famille. Pourtant, Marco aurait dû s'en douter, il aurait dû s'y attendre.

Personne ne retenait le feu. Même pas lui, qui ne le craignait pas. Il avait beau être maudit jusqu'à la moelle, le Destin avait décidé d'être encore plus cruel en lui faisant miroiter un bonheur qu'il aurait dû savoir inatteignable. Pensait-il qu'être le Phénix lui permettrait de retenir le feu brûlant de colère et de passion qu'était Ace ? Oui, à l'époque, sûrement, aveuglé par ses sentiments qui lui chauffaient le cœur.

Marco se consumait, il en avait conscience. Depuis le jour où son regard avait croisé celui rempli de fureur d'Ace, depuis le jour où son cœur avait rendu les armes devant son sourire, depuis le jour où son amant avait avoué ressentir… quelque chose, il se consumait d'un amour destructeur qui le laisserait sur le carreau.

Il se trouvait être encore une fois le jouet du Destin. Cette fois, il était le papillon attiré par la flamme dansante, chaleureuse et lumineuse d'une bougie et condamné à brûler de sa passion.

Fragile, naïf et fasciné face au feu libre, sauvage et sans attache. Comment avait-il pu espérer ?

Au final, même dans le cas où ils auraient réussi à sauver Ace, il sentait qu'il aurait continué à mourir de l'intérieur, consumé par sa passion dévorante pour le feu.

Lui, si épris de liberté, se retrouvait incapable aujourd'hui encore de ne plus être le papillon destiné à brûler, alors même que la flamme qui le retenait prisonnier s'était éteinte.