Il avait toujours été, du moins aussi loin que l'on puisse s'en souvenir, un homme aigri avec toujours les mêmes vêtements sombres et ce sadisme qui lui valait au mieux l'indifférence au pire le mépris et le dégoût d'autrui. De son côté, il n'avait jamais vraiment cherché à aimer. Il n'aimait personne de toute façon mis à part Miss Teigne, sa chatte adorée. Il n'aimait surtout pas les enfants, ces braillards sans le moindre savoir-vivre qui saccageaient et salissaient tout. Il n'aimait pas non plus les adultes de château, bien trop permissifs, bien trop laxistes.

Mais en cette année 1995, il avait vu apparaître cette femme comme un cadeau du ciel. Cette femme absolument magnifique à ces yeux, cette femme qui aimait l'ordre et dont la démarche ne laissaient guère place au doute : elle était une femme forte, une femme de caractère. C'est alors que son cœur ne fut plus empreint uniquement d'amertume et d'aigreur mais aussi un peu d'amour. D'amour envers cette femme exceptionnelle qui semblait également merveilleusement bien s'entendre avec lui. Ils se comprenaient sans même se parler, elle était celle qui ramenait l'ordre au château.

En cette nuit d'avril, il l'avait invité dans la tour d'astronomie afin de lui déclarer sa flamme. Il en était sûr, il l'aimait. Il avait même acheté un costume pour l'occasion. Un costume noir avec un pantalon noir et des chaussures noires cirées. Il s'était aussi mis du parfum et lui avait acheté des chocolats. Il savait qu'elle aimait le rose alors il avait choisi une boîte rose pour les chocolats. Une boîte en forme de cœur.

Il était plus que nerveux, il avait les mains moites, il craignait de subir un refus qui lui briserait le cœur. Il espérait de toute son âme qu'elle dirait oui.

Elle le rejoignit à minuit, qui était l'heure convenue. Elle était habillée de son habituel cardigan rose qui le faisait craquer. Il la trouvait si belle, un ange tombée du ciel, une incarnation de la beauté.

« -Alors Rusard, qu'avez vous à me dire ? » l'interrogea t-elle.

Il sortit fébrilement la boîte de chocolat de son dos. Il avait vraiment le trac.

« -Tenez...Tenez Dolores. » bafouilla t-il.

Elle eut une expression de surprise avant d'avoir un air attendri puis un grand sourire.

« -Je...Je vous aime...Je vous aime Dolores Ombrage. » lui déclara t-il. « Je vous aime depuis le début, vous incarnez l'ordre, la rigueur, la discipline aussi. Je...Je... »

Elle le fit taire en pressant ses lèvres contre les siennes, passant ses bras autour de cou du concierge. Leurs langues entamèrent un ballet endiablé, plein de passion, d'amertume qui se consumait au profit d'un amour naissant et encore fragile, deux âmes en peine qui se trouvaient, deux incompris qui se comprenaient. Argus Rusard embrassait Dolores Ombrage avec passion. Il avait posé ses mains sur la taille de l'élue de son cœur, elle lui passait maintenant les mains dans les cheveux. Il la souleva et elle passa ses jambes autour de sa taille.

« Emmenez-moi jusqu'à mon bureau. » réussit-elle à dire entre deux baisers.

Leurs langues ne se déliaient que pour leur permettre de reprendre leur respiration, il étaient tous les deux rouges. Mais ce n'était pas le rouge de colère comme ils l'étaient habituellement envers les autres. Non, il s'agissait d'un rouge d'amour er de étaient tellement passionnés par leur acte qu'ils ne remarquèrent pas l'ondulation d'une cape d'invisibilité sur le trajet qui les menait au bureau de l'enseignante.

Alors qu'ils rentraient tous deux dans le bureau de Dolores Ombrage et que celle-ci en ferma la porte manuellement et magiquement, dans la tour de Gryffondor, un jeune homme aux cheveux de jais était en position foetale sur son lit.