Prologue:

Il faisait froid ce matin là. Quoi de plus normal pour un hiver sibérien. Le vent gémissait et hurlait jusqu'entre les murs de pierre du château qui se dressait là sombre et menaçant au sommet d'une montagne de neige et de glace.

Pourtant l'Ange qui s'avançait sur le chemin de garde, seulement vêtu d'une tunique à manche courte et d'un pantalon de toile fine, n'en semblait nullement incommodé. Il marchait ses ailes magnifiques, uniques, repliées dans son dos et pas une seule plume ne frémissait pas plus qu'un seul de ses cheveux.

Il passa devant les deux gardes frigorifiés quant à eux, sans leur prêter la moindre intention, pénétrant dans une tourelle sans porte de bois se contentant d'une arcade ouverte. Il emprunta l'escalier âpre et pentu en colimaçon, menant dans les profondeurs de la tourelle, nullement gêné par la faible luminosité provenant de quelques torches agonisantes, rescapées pour quelques temps encore du vent infernal.

L'Ange descendit ainsi de longues minutes l'escalier jusqu'à arriver à son terme, se trouvant à présent dans les bas-fonds de la forteresse. Là il marcha dans le couloir glacial où de part et autres des cellules de pierres ruisselantes de l'eau des stalactites de glace, aux portes d'acier rouillé. Ne prêtant aucune attention aux formes prostrées dans ces mêmes cellules. Certaines respirant à peine et d'autres depuis bien longtemps sans souffle.

Il finit par s'arrêter devant la dernière cellule tout au fond du couloir. Là d'un simple geste négligeant de la main, il fit s'ouvrir et pivoter la porte. Et il entra à l'intérieur, le métal se refermant derrière lui. Il n'en avait cure. Ses yeux d'un vert acide si particulier, fixés sur une forme attachés au fond de la cellule par des chaines d'acier la maintenant solidement.

Tête baissée, ce qui restait de ces cheveux couleur saleté désormais, cachant son visage. Elle était comme repliée en avant. Comme morte. Mais l'Ange ne s'y fiait pas et savait le danger que cet être pouvait représenter pour bien d'autres êtres. Mais pas pour lui. Lui qui était d'une toute autre étoffe que les autres êtres inférieurs.

Durant de longues secondes, il resta là à regarder l'être qui ne bougeait pas d'un cil comme inerte. Comme on regarde un animal intéressant et fascinant au zoo pour tromper l'ennui.

Soudain le vent sembla s'arrêter de souffler.

Et une voix oh combien douce et froide qui résonna dans la cellule de pierre humide:

-" Dis-moi Aldis. As-tu peur de la mort?"

Deux yeux sombre s'ouvrir brusquement au fond de la cellule et se fixèrent dans ceux de l'Ange. Et l'on entendit peu après de l'extérieur des cellules, un rire fou et dangereux s'élevait dans les airs, alors qu'à l'intérieur c'est un sang presque ébène qui ruisselait paresseusement sur les dalles de pierre.