Rating : T

Genre : Général.

Disclaimer : La série de l'Empire Brisé appartient à Mark Lawrence.

Note : Ce texte a été écrit sur le thème « Question », à l'occasion de la 91ème Nuit du Fof, le 3 Novembre 2017. Le principe est d'écrire un OS en une heure. C'est le cas pour ce texte, bien qu'il ait été corrigé et légèrement retravaillé le lendemain.

N'hésitez pas à me contacter par MP pour plus de détails.


La Bonne Question

Les gens ne se posent jamais les bonnes questions.

Tenez, quand une horde de brigands puants et braillards se précipitent vers vous, armés de fourches, de pieux, de gourdins de fortune et de balais, la plupart des gens se demandent ce que des types comme ça foutent en pleine campagne respectable de Renar. Quelques uns, plus lucides que les autres, s'interrogeront sur la meilleure manière d'éviter l'affrontement. Ceux-là sont des idiots. La fuite n'est pas une solution. Ni une option.

Face à un taureau enragé, chargez !

Le taureau est un animal stupide. Il voit un bout de chiffon rouge qui flotte dans le vent et le voilà incapable de réfléchir. Incapable de penser. Il se transforme en montagne de muscles, sourde et aveugle. Ivre de puissance, il se croira le plus fort du monde. Ivre de sa propre folie, il se pensera invincible, inéluctable - et tout un tas d'autres choses qui commencent par 'in', mais vous avez saisi l'idée. Pour faire simple, le taureau sera persuadé pour vous allez fuir, la queue entre les jambes en hurlant comme une pucelle effrayée.

Telles sont les règles que le taureau édicte lorsqu'il vous charge.

Je n'aime pas les règles.

Je n'aime pas qu'on me dise ce que je dois faire.

Plus on me pousse dans une direction, plus je me débats pour aller à l'opposé. Quitte à me frotter aux aiguillons qui me pressent dans l'autre sens. Les pointes empoisonnées déchirent ma chair et un rictus sardonique déchire mes lèvres. On ne me dirigera pas.

Moi, Jorg d'Ancrath, Roi de Renar, chef d'une Fraternité presque éteinte, ancien prince en fugue, frère écorché, ne laisserai personne me dicter ma conduite. Personne.

Pas même un taureau enragé.

Encore moins un groupe de brigands stupides qui a pour seul avantage de gueuler fort. Et alors que mes Frères de Route s'éparpillent en glapissant pour certains, ou en filant plus bas que terre pour d'autres, je m'avance d'un pas lent mais assuré vers la horde qui nous charge. Les aiguillons effleurent ma peau marquée par les stigmates de la bruyère, et mes lèvres se tordent. Venez, pauvres fous, je vous attends.

Fou, je le suis bien plus que vous ne le serez jamais...

Quand un ennemi plus nombreux et mieux armé fonce sur vous avec l'assurance enragée de vous détruire du premier coup, la plupart des gens ne se posent pas la bonne question. Ils pensent à la fuite, à ce qu'ils risquent de perdre, à la fragile épée qui tremble dans leurs mains, aux êtres chers qu'ils ne reverront plus. Certains même, ne pensent pas, tétanisés par la peur. Et franchement, mieux vaut encore ça que de penser comme un perdant. Cela ne fait que précipiter votre propre défaite.

Comment renverser la situation et prendre l'avantage ?

Voilà ce qu'il faut se dire. Voilà la bonne question.

Les autres vous détermineront toujours comme le perdant. Ennemis acharnés, témoins curieux, spectateurs morbides et même amis les plus proches, vous verrons toujours, un jour ou l'autre, comme celui qui mordra la poussière. Alors il faut bien qu'au milieu de tous ces défaitistes, il y en ait un qui croit en la victoire. Ne comptez pas sur les autres pour jouer ce rôle. On n'est jamais mieux servi que par soi-même comme dirait l'autre.

La meilleure façon de gagner, c'est d'être persuadé de vaincre. Peu importe le nombre d'ennemis qui se tient à vos portes, la qualité de son armement, la force de sa volonté ou la justice de sa cause. Persuadez-vous de la victoire. Sans laisser place à l'ombre d'un doute.

Comment je m'en suis tiré face aux brigands ? Je m'en suis tiré. Comment prendre l'avantage dans une situation aussi désavantageuse ? Pas la moindre idée. Démerdez-vous. Je vous ai indiqué la bonne question à se poser, vous n'attendez tout de même pas que je vous donne également la réponse ? Les choses ne sont jamais aussi faciles dans la vie. Vous croyez quoi ? Quand cet indécrottable Prince de Flèche s'est pointé avec la plus grosse armée jamais vu dans tous les Cents pour assiéger mon minuscule château, j'avais pas la moindre idée, pas le plus petit début de solution. Et j'en aurais eu que les sorcières des rêves me les auraient aussitôt volées.

J'avais pas de réponse, mais je connaissais la bonne question.

C'est aussi simple que cela.