Voilà un premier essai de nouvelles en plusieurs chapitres. N'hésitez pas à donner vos commentaires, quel qu'ils soient, j'ai avant tout besoin d'apprendre ! Je ne vais pas m'étendre dans un monologue, c'est pas trop mon truc, du coup je n'ai plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture, et je l'espère, un agréable moment
Note de l'auteur : sans grosse surprise, les personnages et l'univers appartiennent à JK Rowling, quant à l'histoire … il semblerait bien que ce soit la mienne !
Jouer, c'est avant tout miser tout en acceptant la menace de tout perdre. Et à ce jeu, je t'assure que tu ne gagneras pas. Alors Granger, prête à prendre ce risque ?
« Ce n'est qu'un jeu Hermione, un jeu dont les règles sont simples. Tout chez toi m'appartiendra, ton cœur, ton âme, tes passions, tes désirs, jusqu'à tes espoirs les plus secrets et tes angoisses les plus sombres. Je ne te laisserais que ton mépris de toi-même et ton dégout profond, te rappelant jour après jour avec quelle lâcheté tu t'es abandonnée, avec quelle faiblesse tu t'es offerte à ton ancien ennemi.
Oh tu es surprise ? Si nous ne sommes plus ennemis, peut être sommes-nous ami, ou bien même amant, non ? Ne me fais pas rire, nous ne sommes simplement plus rien. Deux âmes perdues au fin fond de l'Erèbe, deux êtres condamnés dans les flammes de l'enfer. Et sur ma toile érigée par les Parques, tu ne seras rien de plus qu'une ombre que l'on oublie dès l'instant où on la quitte des yeux.
Quand je te dirais viens, tu seras là, mais quand je ne souffrirai ta présence alors tu t'en iras. Maîtresse de ton esprit, je n'en contrôlerai pas moins ton corps.
Prête à jouer ? »
C'est à peu près par ces mots que tout avait commencé. Ce nouveau départ, ce jeu, ces règles. Un cercle destructeur qu'aucune volonté ne pourrait arrêter, un de ces jeux que l'on ne peut oublier.
Pour être totalement honnête, l'histoire commençait quelques jours auparavant. Remontons donc à ces derniers instants d'innocence, ces dernières heures qui scellèrent dans l'enfer les âmes de deux égarés.
Avec un cri de rage son poing alla s'écraser contre le mur. Aussitôt l'action exécutée, elle regretta son mouvement d'humeur tant la douleur dans son poignet droit fut fulgurante et douloureusement pénible. Elle avait sottement rêvé d'exécuter ce geste qu'elle avait vu faire dans le monde cinématographique, mais elle fut atrocement déçue. En plus de faire mal, cet accès d'humeur ne lui apportait aucune satisfaction. Elle renifla disgracieusement avant d'essuyer furtivement une traîtresse larme qui dévalait sa joue.
Comment avait-il osé ? Jamais encore elle ne s'était sentie aussi humiliée. Elle se repassa la scène une énième fois dans son esprit, dans un but qu'elle aurait qualifié de purement masochiste.
* Elle donna rapidement le mot de passe, avant de s'affaler dans le fauteuil le plus proche de la salle commune et posa sans délicatesse la tonne de livre qu'elle transportait depuis la bibliothèque sur une des tables, avant de fermer les yeux, savourant la douceur d'un feu de cheminée, le rire de ses condisciples, et la chaleureuse atmosphère de cette soirée. Heureuse, tout simplement, de se sentir chez elle.
Ron et Harry revinrent rapidement, après avoir joué elle ne savait quel mauvais tour. A vrai dire, elle s'en fichait. Ils se posèrent a coté d'elle sans prononcer le moindre mot. Elle installa alors sa tête sur les genoux d'Harry, se laissant bercer par sa respiration et appréciant le contact réconfortant de sa main posé sur ses cheveux. Et ils restèrent là, tous les trois, Ron grattant sur un parchemin qu'il finirait inévitablement par déchirer dans un mouvement de colère, Harry fredonnant les yeux clos, et elle, un livre posé sur la poitrine, somnolant à moitié. Une ambiance confortable somme toute.
Elle ne savait plus bien comment la dispute avait commencé. Mais celle-ci était différente. Ni violente, ni brutale. Elle s'était insinuée perfidement dans leur conversation, comme le serpent qui rampant s'approche silencieusement de sa victime, causant plus de dégât qu'on ne l'aurait prévu. Elle était de celles qui vous font mal au cœur malgré que vous ne laissiez rien paraître.
Elle ne pouvait plus se sortir de la tête les mots que cette saleté de belette avait osé lui dire. En réalité ce n'était même pas des paroles dues à une colère soudaine ou autre, juste l'énonciation de la stricte vérité, dénuée de tous artifices amortissant le choc d'une pensée brutale.
- Enfin, tu ne peux pas nier que toutes les filles sont comme ça ! Au lieu de faire simple, elles sont toujours à la recherche de stratagèmes stupides pour arriver à leurs fins ! Tout est toujours un jeu !
- Uh ! Sérieusement, Ronald il serait vraiment temps de grandir et de ne pas généraliser de manière aussi sexiste la population féminine. A ce que je sache, je ne me sens pas du tout viser par ta description.
- Oui, mais enfin Hermione, on a vu plus fille que toi quand même.
… *
Sans voix. Non complètement abasourdie serait plus exact pour décrire son état lorsqu'elle eut assimilé le sens de cette phrase. Comment de si simples paroles, treize mots pour être exact, pouvaient avoir autant d'impact ! Elle se maudit un instant de ne pas être de ces filles fortes que les paroles, comme le vent, ralentissent tout au plus, mais jamais n'arrêtent. Mais ce n'était pas elle. Elle était la fille qui se moque de ce que pense les autres mais qui au final ne peut envisager d'être dépréciée pour ce qu'elle est, et en particulier par ses amis.
La signification de cette juxtaposition de syllabes l'avait transpercée. Une flèche. En plein cœur. Et cette
douleur qui grandit en sa poitrine sans sembler vouloir s'arrêter. Le silence dans la salle commune s'était fait pesant, la tension semblait presque être palpable. Elle s'était simplement levée et avait tourné les talons, sans un mot supplémentaire. Tout avait été dit.
Et elle se retrouvait maintenant seule dans ce couloir. Le soleil se couchant au loin sur les montagnes écossaises semblait la narguer, lui dévoilant l'ironie de sa solitude en une si belle soirée. Le besoin d'air pur se fit alors ressentir et elle se mit à courir. Une fuite vers le parc, un abandon qui laisse derrière lui le respect de soi-même. Elle n'oublia pas cependant pas de passer par la salle sur demande renfermant leur réserve d'alcool en cas de fête. Ce soir, sa seule envie était d'oublier un instant ces terribles mots, oublier jusqu'à sa misérable existence car elle ne pouvait pas nier la véracité de ces propos. Elle n'était pas une femme a proprement parler. Jamais elle n'avait fait le moindre effort, persuadée et naïve qu'elle était, qu'une personne parmi la foule serait capable de l'aimer pour elle et non pour son paraître, que dans la vraie vie la beauté intérieure est source de richesse. Chimères enfantines.
L'air froid de novembre lui fouetta le visage lorsqu'elle pénétra dans la fraiche atmosphère du parc. Elle porta le goulot de la bouteille de whisky Pur Feu à ses lèvres, avalant ainsi les dernières gouttes restantes. Apres tout comme l'avait si bien signalé Ron, elle n'avait rien d'autre à porter à sa bouche. Elle contempla un instant son reflet dans le lac, s'attardant sur sa poitrine menue, ses jambes certes fines mais courtes, son pull difforme et ses cheveux broussailleux. Elle se détourna sombrement, oubliant de regarder ses grands yeux brillant de vivacité, ses traits fins, sa bouche possédant le charme de l'ingénue, son cou gracieux ainsi que sa gorge pleine des beautés candides offertes à la pureté. Le miroir ne renvoie toujours que ce que l'on s'attend à voir, et peut être un esprit moins embrouillé l'aurait su.
Elle trébucha, incapable de tenir droit, l'esprit embrumé dans un brouillard dont elle ne trouvait pas la sortie, mais dont elle n'avait à vrai dire aucune envie de s'échapper.
Tête baissée, joues rougies, elle cadençait ses pas au son irrégulier de ses pleurs.
Si quelqu'un s'était intéressé de plus près à cette jeune femme, seule dans son océan de solitude, il aurait noté ses yeux humides, ses joues baignées de larmes et ses poings serrés dans sa détresse. Mais personne ne la remarquerait. Car c'est bien connu, quoi de plus simple que de feindre l'ignorance… Et elle tentait en s'éloignant de ce château, de fuir pour quelques instants au moins, toute cette indifférence.
L'air froid lui enserra la gorge, la faisant frissonner. Elle contempla pendants un moment les paysages lointains s'offrant à elle, cherchant à voir la neige qui s'annonçait, s'imaginant voler, loin par-dessus les forêts et les mers, sans attaches, vers un monde où l'on pouvait être soi, sans artifice, ni masques trop lourds pour une comédienne qui effectue ses premiers pas dans un théâtre aussi intransigeant qu'est la vie.
Ce soir, elle n'avait qu'un besoin: se sentir femme. Désirable. Se sentir vivre tout simplement.
ooOoo
Sa main se crispa sur le papier froissé à force de lecture répétées. Son regard métallique se posa sur ces lignes qu'il connaissait déjà par cœur. Il tenta de percer ces satanées phrases de ses beaux yeux, ayant l'espoir fou que si jamais elles s'effaçaient, alors elles ne seraient plus qu'un mauvais rêve, lointain et sans conséquence. Une litanie de mot, inutilement nombreux pour un message si bref.
Il se mit à marcher plus vite, tentant d'atteindre le parc avant que cet étau qui l'étouffait, se resserrant à chaque pas, ne finisse par le tuer complètement.
Ça y est, tout avait été planifié. Son avis ? Non, on ne le lui avait pas demandé. Mais à quoi bon ... Qu'aurait il pu répondre à part accepter sans rechigner ? Et maintenant il se retrouvait enchainé, sans force, trainant sa volonté brisée, à ce futur qu'il n'était pas sûr d'avoir voulu. À la fin de cette année, il serait marqué. À jamais. Tel un animal. Un tatouage morbide aux conséquences sinistres, l'empreinte éternelle d'une servitude forcée. Hommage honni à un bourreau abhorré.
Mais quel autre destin avait-il ? Se rebeller ? A quoi bon, il ne finirait toujours que par être un pion de plus, d'un côté ou de l'autre de la balance qu'est cette guerre. Ne pas participer n'étant pas une option, il ne lui restait plus qu'à ce plier aux ordres de ces personnes persuadées, toutes autant qu'elles étaient de se battre pour la bonne cause. Le bien ou le mal. Le juste ou l'injuste. Il était presque sûr que Aristote aurait rit devant le monde qu'il avait sous les yeux.
Au final, tout se résumait à ça, blanc ou noir, comme on choisit un habit. Mais était-ce vraiment aussi simple… Quel bien ? Quel mal ? La réponse variait selon le parleur. Et si on lui avait demandé se qu'il en pensait, il aurait répondu tout simplement "bien: ce pour quoi on est prêt à se battre". Dans ce cas tous avaient choisi leur camp. Sauf lui. Pourquoi se battait-il ? Aucune idée. Il abominait les petits gens, les faibles et la médiocrité. Mais tant qu'ils se tenaient loin, alors il n'était pas sûr de vouloir les exterminer. Oh bien sûr il lui arrivait d'en rêver mais ces motifs n'étaient pas toujours valables. A vrai dire, il n'était pas fan des combats.
Enfin bref, ils avaient choisi pour lui de toute façon a quoi bon se torturer l'esprit.
Il tira une longue bouffée de sa cigarette, s'amusant à la voir se consumer entre ses doigts et observa la fumée se perdre dans le noir. Il écrasa soudain ce qu'il en resta sur un insecte qui se trouvait sur le muret. Insignifiante perte. Destruction malsaine. Il sentit une joie morbide s'insinuait dans ses veines, lorsqu'il prit conscience de son pouvoir sur cette dérisoire bestiole, savourant l'odeur âcre qui s'en échappa fuyant ce corps inerte, tristement déchu des chemins de la vie.
Son estomac se retourna soudainement, et son repas rejoignit bien vite le sol. Il se dégoutait, ils le dégoutaient. Il inspira profondément pour se reprendre. Dans un grognement de frustration, il se mit à faire les cent pas, tout en rallumant une énième cigarette.
Depuis sa tendre enfance, il aimait la nuit. L'instant où l'obscurité se faisait si dense, qu'il pouvait se permettre de laisser tomber tous ses masques formant son quotidien. Exister. Ce n'était pas plus compliqué, c'est tout se qu'il demandait. Alors ce soir, il avait décidé qu'il s'échapperait, que ce fut pour quelques heures, lui suffisait, juste un instant où il pourrait faire ses propres choix et avoir l'illusion d'être celui qu'il avait envie d'être.
Le parc était calme, le couvre feu étant passé depuis plus d'une heure déjà. Et seul dans cet immense terrain, il se sentit incroyablement solitaire, abandonné. Ici, dans cette école, cette bulle éphémère où le vrai monde peine à les effleurer, on le respectait, c'était un dieu. Normal. Mais pourtant il savait que toute cette belle fierté s'effacerait pour laisser place à la soumission la plus complète. Il se rechignait à ne plus penser, à n'être plus qu'une marionnette de plus dans les plans d'un déséquilibré à tendance sadiques, et un léger côté psychopathe.
Et subitement, perdu dans ses pensées, il se sentit comme étouffé, l'angoisse lui enserrant les muscles et le rendant incapable du moindre mouvement, le destinant à ne pas fuir.
Il hurla. Un cri, un vrai, de ceux qui sortent du cœur. Et lorsque ses poumons se furent délestaient de tout leur air, il se laissa tomber dans l'herbe fraiche, vidé de toutes émotions.
Les pas qui se rapprochaient l'avait surprise et incapable de la moindre pensée rationnelle, elle se jeta derrière un buisson, avant de se pardonner mentalement sa conduite peu digne par l'excès de boisson dans son organisme. Malfoy, mais qu'est ce qu'il foutait là lui ? Angoissée, à l'idée d'être découverte ainsi, accroupie derrière un bosquet, après le couvre feu qui plus est, elle tenta de s'éclipser par l'arrière sans faire de bruit lorsque soudain un cri retentit. Elle le regarda, figée de stupeur, elle le regarda hurler pendant un instant. Okay, il était définitivement temps de fuir. Pardon, de partir avec dignité, ou du moins ce qu'il en restait. Elle était certes désespérée mais pas assez pour venir déranger un Malfoy contrarié, ayant besoin d'intimité. Malheureusement pour elle, il se trouva que sortir d'un arbuste sauvage n'est pas aussi simple que ce que l'on peut penser. Entre racines, branches, ronces, et autres, la probabilité d'en sortir indemne est faible. Alors si en plus, il s'agit de le faire discrètement …
ooOoo
Sans qu'elle ne comprit exactement comment, elle se retrouva par terre sur le ventre, avec au niveau de ses yeux, une paire de chaussure. Après avoir inspiré un grand coup, elle leva les yeux. Pour les redescendre aussitôt. Pas bon du tout. Après une analyse rapide de la situation prenant en compte sa position et le visage particulièrement furieux de Malfoy. Elle réalisa que ses chances de s'esquiver, étaient bien maigres. Dépitée, et inconsciemment aussi, fatiguée de résister et désireuse de grandes émotions, elle se redressa le plus calmement que son cœur lui permis. Il ne lui restait plus qu'à attendre.
ooOoo
Fou de rage, il se jeta sur elle, enserrant trop fort pour ne pas lui faire mal ses deux bras dans sa poigne. Il n'arrivait plus à réfléchir correctement. La voir là, devant lui dans un de ses plus grands moments de faiblesse, était intolérable. Ses tempes pulsaient, ses poings nerveusement contractés et son corps entier parcouru de spasmes. Il ouvrit la bouche, prêt à déverser sur elle ce poison qui coulait dans ses veines, quand elle fit quelque chose à laquelle il ne s'attendait pas du tout. Elle se mit à fixer ses lèvres. Une seconde, peut être deux, mais quand elle releva le regard, les joues rouges, il sut. Oh, il connaissait ce regard.
Ce n'est qu'à cet instant qu'il prit conscience de la proximité de leur deux corps, de la chaleur qu'elle dégageait. Il referma la bouche et la regarda, peut être pour la première fois depuis toujours. Ce n'était pas un modèle, mais elle n'était pas non plus laide. Ses lèvres rouges à force d'être mordillées semblaient attendre qu'on vienne les chercher, elle tenait son nez en peu trop vers le haut comme tous ceux que la détermination conseille et qui ne se résigne pas. Et enfin ses yeux. C'est en effet son regard qui le convainquit de faire ce geste si petit, si simple mais qui signerait le commencement de tout. Ses yeux brillaient d'une telle flamme, d'une telle violence en cet instant. Un tel tournoiement de sentiments qu'il se sentit un instant se perdre dedans, laissant ses propres tourments se diluer dans ces pupilles trop fortes. Alors il l'embrassa.
Il n'y avait pas besoin de mot. Il avait besoin d'elle, elle n'attendait que lui. Qu'importait dans leur misère, le nom que prendrait leur compagnon d'infortune. Ce soir elle ne serait rien qu'une échappatoire, il ne serait qu'un refouloir. Il la plaqua violemment contre le tronc le plus proche. Elle le laissa capturer ses lèvres sans aucune douceur, leurs deux bouches signant ainsi un pacte dont ils n'avaient pas encore conscience. Aucune tendresse, aucun sentiment, juste ce besoin charnel étouffant.
Elle voulait jouer ? Ils allaient jouer.
