Note : Les personnages et lieux appartiennent au jeu Dragon Age Inquisition (hormis mon OC). Bonne lecture!


Chapitre 1 : C'est à vous de décider

Fort Céleste

« Cela ne vous prendra qu'un instant ». C'est ce qu'il m'avait dit, furtivement, au détour d'un couloir. J'étais à présent devant la porte de sa chambre et remuais un tas d'idée dans mon esprit. Solas m'avait toujours étonnée, par ses mots, sa façon de voir le monde et ses rêves baignés d'images saisissantes, mais cette demande m'avait surprise encore plus : « Pourrions-nous nous entretenir en privé? Rejoignez-moi devant ma chambre, cela ne vous prendra qu'un instant ». J'avais déjà recoiffé une dizaine de fois les mèches de mes cheveux derrière mes oreilles et j'aurais continué s'il n'était pas arrivé :

- Merci d'être venu.

- C'est tout naturel…

- Ne perdons pas de temps. Ce que j'ai à vous dire est d'une grande importance pour votre enseignement.

- Je vous écoute.

- Et bien… cela ne vous dérangerait-il pas d'entrer? Il serait plus sage d'avoir cette conversation en privé.

Voilà que mes joues s'enflamment. Ce n'était qu'une chambre mais cette part d'intimité dont il me proposait l'accès faisait battre mon cœur de plus belle. Il me fut presque impossible de trouver cette pièce tant on ignorait son existence. Il me semble qu'un murmure, une voix, m'avait guidée jusqu'ici. Cole sans doute. Solas ouvrit la porte et me laissa le précéder, ce que je fis les yeux baissés. Quand je les relevai je vis une chambre, sobre mais élégante, disposant d'un lit, d'une table couverte de manuscrits et d'autres meubles comme on peut en trouver à Fort Céleste. La surprise me gagna à nouveau lorsqu'il me désigna sa couche comme siège. Debout, il s'appuya contre ce qui lui servait de bureau et entreprit son explication. Je n'étais plus là, j'étais déjà loin dans mes pensées. Solas, cet elfe svelte et délicat à la voix puissante et déterminée. Mon regard n'avait jamais vraiment été porté sur les elfes et son physique m'avait, à notre première rencontre, peu intéressé. Maintenant je me surprenais à détailler son corps dans les moindres détails, de mémoire surtout, car sa vue commençait à m'intimider. Il était grand, avait une peau claire et lisse et des yeux pénétrants qui lisent davantage en nous qu'ils ne révèlent eux-même d'informations. C'est ce dont je me suis souvenue quand j'ai remarqué que ses lèvres ne bougeaient plus et qu'il m'observait avec attention. Malgré toute la volonté de mon âme, je rougis intensément.

-Vous ne m'écoutez pas.

- Excusez-moi Solas... l'étude des failles est tellement vaste que j'ai du mal à y prêter toute mon attention…

- Ou alors vous ne m'écoutez pas.

Il n'avait pas l'air contrarié, juste intrigué. Son regard devenait pesant et je sentais que je n'allais pas pouvoir maintenir le mien très longtemps. Il fallait pourtant qu'il ne se doute de rien sinon ce serait la fin d'une relation et de tout ce qu'elle avait engendré pour l'Inquisition. Je me levai et m'approchai des différents manuscrits et parchemins déroulés sur la table. Il se redressa tout en me suivant du regard. Après quelques minutes je me décidai à parler :

-Vous menez beaucoup de recherches.

- En effet, on ne pourrait faire autrement avec les forces qui nous menacent. Elles demandent des examens précis et une connaissance sans faille de l'ennemi.

- Je suis de votre avis.

J'avais beau chercher dans mon esprit, je ne savais quoi ajouter de plus.

- Inquisitrice…

Un frisson parcouru mon corps au son de sa voix.

- Je ne suis pas des plus attentive aujourd'hui, je ferais mieux de repasser.

Après avoir repris possession de mes membres, qui s'étaient raidi, je me dirigeai promptement vers la sortie.

-S'il vous plaît, attendez !

De nouveau un frisson, mais cette fois-ci accompagné d'une grande émotion : sa voix, habituellement calme, avait raisonné avec une énergie prodigieuse. Je n'osais me retourner de peur que mes yeux humides l'alertent. Il fallait que je réagisse et vite. Alors, de dos, je lui fis un signe vague de la main et dis comme je pu :

- Nous reprendrons cette conversation plus tard, je ne me sens pas très bien.

- Est-ce parce que vous m'aimez?

Le temps s'était suspendu. Ses mots résonnaient dans ma tête sans pouvoir trouver de sens et, quand ce fut le cas, j'étais face à lui avec les joues couvertes de larmes.

- Mes suppositions étaient donc vraies.

- A l'instant… qu'avez-vous dit?

- Il me semble que vos sentiments aient pris pour moi une tournure plutôt... inattendue.

Je le regardais avec effarement, les mots avaient du mal à sortir de ma bouche. Comme il voyait que je ne trouvais rien à lui répondre, il poursuivit :

-J'ai senti bien assez tôt que j'étais devenu, je me permets de le dire ainsi, l'objet de votre désir.

A ces mots, mon corps réagit comme animé par une formule prononcée et je pressai mes lèvres sur les siennes. Mon visage était tellement chaud que je ne sentis quasiment pas ce contact. Après quelques instants, il posa ses deux mains sur mes épaules et y exerça une légère pression afin de me repousser.

-Vos lèvres sont brûlantes.

Les yeux brumeux et les lèvres tremblantes, j'avais perdu l'usage de la parole. J'avais en tête de m'élancer une nouvelle fois mais il intervint de nouveau :

- Qu'allez-vous faire à présent? Qu'allons-nous faire?

Je ne comprenais pas sa question.

- Comment pouvez-vous m'aimer, moi un elfe, dans une époque si sombre? Il est vrai que j'ai pris soin de votre marque mais ce serait trop peu pour expliquer vos sentiments. J'ai vécu seul pendant longtemps, j'ai voyagé dans l'Immatériel et tout cela ne m'aidera pas à comprendre ce que vous ressentez pour moi… ce que je devrais ressentir pour vous…

Ma langue se délia enfin. J'entrouvris les lèvres une première fois mais ma respiration, trop agitée, ne me permit pas de répondre. J'allais essayer une seconde fois mais il me coupa :

- Pour n'importe qui d'autre ce serait facile, mais moi…

-Vous êtes resté Solas, depuis que ça a commencé et malgré tout, vous êtes resté.

- Les autres ont fait de même. Je ne pense pas être meilleur qu'eux.

- Vous vous êtes battu à mes côtés et vous m'avez aidée. Grace à l'Inquisition je crois être meilleure, mais avec vous, je le suis véritablement…

Il sourit.

- Je reconnais bien là votre confiance et votre sincérité Inquisitrice, mais vous m'accordez un éloge que je ne mérite pas. Toutefois, je dois avouer à mon tour que je ressens à votre égard le plus grand des respects et une sincère admiration.

Quand il eut finit il se pencha et, avec une infinie douceur, posa un baiser sur mon front. Je fermai les yeux, rassurée par ce geste, et ma bouche se mit à parler d'elle-même :

- Embrassez-moi.

Mes yeux étaient toujours clos et j'attendais avec angoisse la sentence qui devait tomber.

- Pourquoi ne pas s'asseoir au bord du lit?

Sa réponse me les fit ouvrir immédiatement. Il me désignait effectivement son lit d'un signe de la main. Je m'y dirigeai lentement, le corps tout engourdi par les nombreuses émotions qui l'avaient traversé. Une fois assis côte à côté, nous nous regardâmes mutuellement. Ses yeux n'étaient plus plongés dans les miens, ils se déplaçaient doucement le long de mon visage et semblaient en détailler chaque trait. Je suivais attentivement leurs mouvements et eus un léger hoquet de surprise lorsqu'ils vinrent de nouveau se fixer sur mes pupilles, ou au-delà d'elles, sur mon âme. Ensuite, il prit mes mains et pencha son visage pour coller son front sur leur paume. Cela ressemblait presque à un rituel.

Tandis qu'il restait immobile, je dégageai mes doigts et les avançai pour caresser ses joues. Il souleva lentement les yeux et je remarquai pour la première fois qu'il rougissait.

Mon cœur s'emballa de plus belle et je répétai à nouveau cette phrase :

- Embrassez-moi.

Alors comme d'un signe d'approbation, il se redressa, toujours dans un calme immuable, et pressa d'abord lentement puis plus fermement ses lèvres contre les miennes. Cette fois-ci, je goûtais pleinement le baiser. De nouvelles larmes coulèrent sur mes joues. Je pris entre mes mains son visage et du bout de mes doigts je me mis à caresser ses oreilles, ce qui lui provoqua un bref gémissement.

- Je suis désolée!

- Non...continuez.

Il avait penché la tête sur le côté de manière à ce que l'une d'elles soit mise en évidence. Avec soin, j'étudiais cette oreille : je glissais mon index le long de la longueur, je touchais délicatement la pointe, je serrais le lobe... Je remarquais qu'à chacun de mes mouvements les pommettes de Solas s'empourpraient et qu'un souffle irrégulier s'échappait de ses lèvres entrouvertes. Ses yeux étaient fermés et ses sourcils froncés. Je craignais de lui imposer une sensation désagréable.

- Solas, dois-je arrêter?

- C'est à vous de décider.

- Cela vous plaît?

- Oui.

Alors je poursuivis pendant un certain temps ces caresses, de plus en plus langoureuses. C'était la première fois que je le voyais ainsi : tendu, agité. Il avait pour habitude de garder une expression impassible, ce qui allait de paire avec son caractère que j'imaginais sage et désintéressé. De mon côté, mon corps restait immobile mais mes mains tremblaient. J'avais l'impression de manipuler entre mes doigts une chose précieuse qui envoûtait tout mon esprit et me faisait craindre l'erreur, le faux mouvement. Si je brisais le verre de sa peau, mon cœur s'arrêterait. Soudain, il se dégagea de mon emprise et vint poser plusieurs baisers sur mes lèvres. Son empressement me troubla mais je lui rendis autant qu'il me donnait. Nous finîmes par nous regarder en reprenant notre souffle. Sur sa peau claire quelques rougeurs apparaissaient, notamment au niveau des joues, des oreilles et des lèvres. Je me répétais intérieurement de rester prudente mais dans un tel moment, le désir était plus fort que la raison. Alors, je m'approchai de lui et vins caresser avec le bout de mes lèvres le lobe de son oreille. Il se raidit, souffla, puis se détendit. Au même moment une voix féminine traversa la porte :

- Solas vous êtes là?

Il s'agissait de dame Cassandra et bientôt la voix de Varric se fit entendre :

- Je l'ai vu entrer avec l'inquisitrice. Nous devrions peut-être repasser.

Cassandra lâcha un râle et insista :

- Il pourrait répondre !

Alors d'un geste vif, Solas élança sa main vers la porte et fit apparaître, d'un jet, des cristaux de glaces qui en condamnèrent la poignet et la serrure. On entendit la stupeur de Cassandra et le rire gras de Varric.

- Vous voyez chercheuse? Ce n'est pas le moment de les déranger.

Quand leurs pas s'éloignèrent je regardai Solas : il avait l'air décontenancé.

- Vous allez bien?

- ...oui.

Il prit aussitôt mes mains et les baisa. Puis il leva son regard vers moi :

- Continuez.

Je repris lentement ma tâche et posai des baisers sur ses oreilles. Je découvrais, cette fois-ci par mes lèvres, cette physionomie différente de la mienne. Cette découverte se fit par l'intermédiaire d'un jeu dans lequel ma langue ainsi que mes dents, effleuraient, caressaient la peau. Je me surprenais à lécher la longueur de l'oreille et au bout d'un moment, je refermai délicatement mes dents sur la pointe. Il trembla si vigoureusement que je lâchai prise, et il se laissa aller pendant quelques minutes à une série de légers spasmes, le corps penché. Confuse, j'avais peur d'avoir déclenché quelque chose de trop fort.

- Solas !

Au moment où je posai une main sur son dos courbé, la sienne m'attrapa et me poussa sur le lit d'un mouvement. En un rien de temps, il était au-dessus de moi et m'entourait de ses bras. Je l'étreignis à mon tour en enfouissant mon visage dans son cou.

- Je vous aime.

Il tourna son visage en face du mien et me répondit :

- Je le sens.

En effet, mon cœur battait la chamade et résonnait jusqu'à mes tempes. Des larmes étaient toujours présentes au coin de mes yeux et brouillaient ma vision. Je fermai les paupières pour les laisser couler et, quand j'ouvris les yeux, le visage de Solas s'était rapproché. Il m'embrassa une nouvelle fois. Mes lèvres étaient devenu avide de toucher. Lorsqu'il se redressa j'entrepris de défaire le laçage de sa tunique. Il me regarda avec étonnement et le trajet de ses yeux allaient de mon visage à mes doigts. Pourtant à aucun moment il n'interrompît le cours des choses. Je supposais qu'il n'avait pas vécu ce genre d'expérience et m'en réjouissais secrètement. Dans le passé, j'avais vécu plusieurs relations, toutes différentes et souvent problématiques. Avec Solas, j'étais face à quelque chose de beaucoup plus doux et de beaucoup plus signifiant pour moi. Il me semblait qu'il m'ouvrait au véritablement amour, celui qui nous lie irrémédiablement à une personne. En exposant la peau de son torse, c'était à une nouvelle part de lui que j'accédais. Je me mis à caresser sa peau avec de légers va-et-vient ; elle était imberbe, douce et fine. Je pouvais distinguer les veines qu'elle couvrait et en traçais la progression avec le bout de mon index. Par rythme irrégulier, sa bouche expirait de l'air chaud tout près de mon oreille et son corps frissonnait à certains moments. J'approchai mes lèvres et les posai délicatement sur sa peau en en couvrant chaque parcelle. En posant un baiser sur le bort de son téton, une secousse plus vives que les autres parcouru son corps et mon désir carnassier me poussa à lécher puis à enfermer sous mes dents cette partie rose et tendre. Il cria soudainement :

- Arrêtez !

J'obéis. Il se tenait difficilement au-dessus de moi, appuyé sur ses deux avant-bras qui entouraient mon visage, et reprit son souffle pour continuer :

- Vos lèvres sont expertes, je n'arrive pas à suivre.

Je ne savais pas comment le prendre.

- Excusez-moi…

- Non, ne vous excusez pas. Vos mouvements sont si accordés. J'aurais du mal à vous procurer de telles sensations…

- Essayez donc.

Je le regardais droit dans les yeux. Il dû sentir mon empressement car il déclara simplement :

- Très bien.

[Fin du chapitre 1]