Bonjour à tous !
C'est avec un grand plaisir que je vous livre ici la suite de la fic Destination ailleurs ! Et oui, je vous l'avais bien dit que le dernier chapitre de cette fic ne marquait pas la fin de l'histoire de nos héros… juste le début d'autre chose. Et bien, voilà cette « autre chose », que beaucoup d'entre vous espérait voir, sans y croire… (c'était d'ailleurs dur de ne pas vous le dire, alors que j'avais décidé d'une suite depuis au moins le chapitre 25 de Destination ailleurs ! Mais je voulais garder la surprise…).
Pour celles et ceux qui n'ont pas lu Destination ailleurs, je vous recommande de parcourir cette fic, même rapidement, afin de mieux saisir les relations entre les personnages. Malgré tout, je pense qu'il n'est pas indispensable de l'avoir lue pour comprendre cette suite.
Pour la petite anecdote, c'est la chanson Welcome home de Radical face, qui m'a inspirée pour le titre et l'état d'esprit de cette suite… Prenez une minute à l'occasion pour écouter cette chanson, le la trouve touchante à sa façon (et elle m'amène bêtement les larmes aux yeux sur la pub Nikon -celle avec Robbie Williams-, chaque fois que je l'entends…). Fin de la parenthèse musicale, désolée pour ceux que ça ennuie.
J'espère en tout cas que Welcome home vous plaira tout autant que Destination ailleurs, et que vous aurez le même plaisir que j'ai eu à retrouver nos héros…
Disclaimer : la plupart des personnages et lieux cités sont à J.K. Rowling.
Rating : K
Bonne lecture…
Welcome home
Chapitre 1 : Homme sweet homme
Draco n'avait jamais été aussi stressé de toute sa vie. Et pourtant, Merlin sait qu'il avait traversé des moments durs, des instants angoissants, et vécu des situations objectivement plus stressantes que celle dans laquelle il se trouvait en ce jour.
Il n'empêche : la sueur qui coulait régulièrement de son front, et qu'il essuyait chaque fois d'un geste fébrile, les légers tremblements de ses mains, et la salive qu'il n'arrivait pas véritablement à avaler montraient bien à quel point il se sentait anxieux.
Aujourd'hui était le grand jour.
Il ne devait pas flancher. Il devait se montrer fort. Et courageux. Même si ce n'était pas quelque chose de familier pour lui.
Il inspira un grand coup, desserra de quelques centimètres sa cravate, lissa les pans de sa veste, et se recoiffa rapidement. Jeta un œil sur le présent qu'il tenait à la main, et pesta une fois de plus en se disant que non, définitivement, il n'aurait jamais dû écouter les conseils de ce crétin de nabot vert ! Il releva alors la tête, jeta un coup d'œil rapide à la grande horloge qui trônait au milieu de la place, baignée par le soleil qui disparaissait déjà en partie derrière les immeubles, et constata qu'il avait encore quelques minutes avant l'heure donnée. Il balaya alors du regard les vitrines des magasins alentours -non sans maudire encore un peu au passage l'elfe et ses conseils stupides- et repéra enfin une boutique qui pourrait éventuellement faire l'affaire.
Il s'y précipita, ignorant les quelques regards curieux qui se posèrent sur lui quand il traversa le carrefour en courant. Le jeune homme n'avait à vrai dire qu'une chose en tête : trouver rapidement un présent à peu près convenable, et être à l'heure pour son rendez-vous.
Quand il revint en courant à l'endroit prévu, encore plus en sueur et débraillé (même si un Malefoy gardait toujours une certaine classe, quelle que soit la situation), Draco leva de nouveau les yeux vers la grande horloge, et constata, avec un mélange d'effarement et de soulagement, que son achat lui avait pris exactement une minute et demi ! Pas de quoi se faire un sang de dragon…
Il n'empêche, même s'il était arrivé en avance, rien ne lui garantissait que l'autre ne le soit pas aussi…
« Draco ? C'est toi ? »
Le blond tressaillit à l'appel de son prénom, et déglutit péniblement avant de se tourner vers celui qui, comme lui, avait bien finalement eu cette même idée de venir plus tôt que prévu. Les yeux verts, si doux et rieurs, le cueillirent comme une bourrasque, sensation violente et enivrante, mais si rafraîchissante.
« Oui… » ne put que répondre, un peu bêtement, un peu gauchement, le blond, avant de se reprendre, de réajuster de nouveau sa cravate, et de rejoindre en quelques pas le trottoir d'en face, où l'attendait son rendez-vous.
Posant au sol son sac de voyage pour pouvoir enlacer Draco de sa seule main valide, Harry offrit à son compagnon un immense sourire, en lâchant, le nez au creux de la nuque de l'autre :
« Merlin, que c'est bon de te voir ! Je ne m'y attendais pas… »
A ces mots, Draco recula d'un pas, et afficha un air profondément outré :
« Mais enfin ! Comment as-tu pu t'imaginer que je ne viendrai pas te chercher ? »
Le brun haussa un sourcil sarcastique et répliqua :
« Peut-être parce que je t'avais demandé de ne pas le faire… »
Malefoy haussa les épaules comme s'il chassait au loin cette idée plus que saugrenue, et marmonna :
« Comme si j'écoutais ce que tu me disais, de toute façon… Mais ! » s'écria-t-il, sans laisser à l'autre le temps de répondre -et d'entrer avec délice dans une de ces petites joutes verbales qui lui avaient tant manquées : « Pourquoi ton bras droit est-il encore dans le plâtre ! Ils n'ont pas pu te le ressouder, à Ste Mangouste ? » s'exclama-t-il, un air accusateur imprégné au fond du regard qu'il darda sur le grand bâtiment dont venait de sortir Potter.
Ledit Potter lâcha un petit soupir, et se retint de lever les yeux au ciel quand il expliqua :
« Arrête, on en a déjà parlé… Certaines blessures causées par la magie noire ne guérissent pas si facilement, et tu le sais. Le médicomage a dit de laisser faire le temps, que ce serait le plus efficace des remèdes. »
« Mouais… » bougonna le blond, tout en détournant un peu la tête, pour ne pas trop constater que Harry avait également maigri et pâli pendant son séjour qui n'avait que trop duré à l'hôpital. « Je n'ai pas tellement confiance dans la médecine moldue, mais bon… s'il n'y a rien d'autre à faire. »
Harry, qui n'avait écouté que d'une oreille ce que racontait l'autre tant il s'était perdu avec un plaisir plein de soulagement dans la contemplation du visage du blond, se secoua, et fit, pour détourner Draco de ses sombres ruminations -ce n'était pas comme si la question de ses (trop nombreuses) blessures n'avait pas été abordée maintes fois entre eux :
« Draco, dis-moi… Je rêve ou tu reviens du marché ? »
« Pas du tout, voyons ! J'ai passé la journée à me préparer pour venir te cherch… Enfin, hem… Bref. Non, je ne reviens pas des courses. D'où te vient cette idée ? »
Harry indiqua du menton un des présents que tenait le jeune homme, et répondit, un peu sceptique :
« Et bien, je me trompe peut-être, mais on dirait un bouquet de carottes, radis et… artichauts, que tu tiens à la main. Non ? »
Les épaules du blond s'affaissèrent, et c'est avec une certaine rancune dans la voix qu'il expliqua :
« C'est la faute de cet abruti de Dobby ! Il a dit qu'un bouquet de légumes était à la fois plus original et plus utile que des fleurs pour un convalescent… Note bien que je ne sais toujours pas comment j'ai pu me laisser convaincre. En plus d'être ridicule avec ça à la main, je me sens minable de t'avoir amené ça. » Faisant une grimace en constatant qu'une des carottes, un peu flétrie, venait de s'échouer au sol tandis qu'il parlait, il ajouta : « Mais pourquoi je lui ai cédé, franchement ? »
Harry ne put retenir un éclat de rire -et ce son fit soudainement oublier, l'espace d'un instant, à Malefoy tous ses soucis- et ajouta dans un clin d'œil :
« Tu as cédé parce que c'est bien plus facile que d'argumenter des heures durant face à un Dobby plus têtu qu'un troupeau de centaures. »
« Peut-être oui… » murmura l'autre en s'attendrissant de retrouver son compagnon en meilleure forme qu'il ne le pensait. Il se rappela tout à coup qu'il avait un autre cadeau pour Harry, et tendit au brun une petite boîte, emballée à la va vite : « Tiens, du coup, je t'ai acheté ça… C'est… c'est pas bien empaqueté, parce que bon, j'ai dit à la vendeuse de faire vite, et puis… et puis bon, c'est pas grand-chose, j'ai pas eu le temps de… »
Tandis que le jeune homme se perdait dans ses explications qui mêlaient excuses et honte, le brun déballa tranquillement le paquet que tenait Draco, et ne put retenir un autre sourire, sincère et touché, quand il découvrit une boîte de chocogrenouilles (avec « une carte dorée collector d'un des dix plus grands joueurs de Quidditch du moment à découvrir dedans ! »). S'avançant d'un pas pour n'être entendu que de son interlocuteur -car bien qu'il ait quitté Ste Mangouste par une des portes de service pour éviter une éventuelle foule de curieux, quelques passants circulaient quand même dans la petite ruelle et pouvaient les écouter-, Harry glissa à Draco d'un ton redevenu sérieux :
« Je crois qu'il va être grand temps de rentrer, Draco… »
« Ah bon ? » s'inquiéta immédiatement le blond. « Tu… tu es sans doute fatigué, bien sûr ! Oui, on… on va y aller ! Je… pardon, je n'ai pas pensé que tu étais encore convalescent, et… »
« Non, ce n'est pas ça. » le détrompa Potter. Avec un haussement d'épaules, il ajouta : « A vrai dire, je me sens même plutôt bien. » Ignorant le regard sceptique que lui lançait l'autre, il argua : « Plusieurs mois que je suis enfermé là, je commençais à n'en plus pouvoir ! Non, mais… si je veux qu'on rentre, c'est surtout parce que là, maintenant, je n'ai qu'une envie : t'embrasser à n'en plus finir pour te remercier, et comme ni toi ni moi ne tenons particulièrement à nous afficher en pleine rue… »
Les joues pâles de Draco se colorèrent légèrement, mais son sourire taquin démentit la gêne qu'il aurait pu laisser supposer :
« Tu as raison… Ce programme me tente plus que tout. Mais… en revanche, je ne vois pas bien de quoi tu veux me remercier… » fit-il d'un ton plus sombre, en jetant un regard désabusé sur la botte de légumes qui flétrissait à vue d'œil.
« Et bien, pour le paquet de chocogrenouilles -dont je ne vais faire qu'une bouchée, surtout après des dizaines et des dizaines de repas insipides donnés à l'hôpital… »
« Attends d'avoir regoûté à un plat de l'elfe avant de dire ça… »
« … pour être venu me chercher, ensuite -et ce, même si je t'avais demandé de ne pas le faire… » poursuivit Harry sans relever les paroles de l'autre.
« … et c'est d'ailleurs pour ça que tu m'avais donné la date et l'heure exactes de ta sortie de Ste Mangouste… »
« … et pour être là, tout simplement. Merci. D'être encore là. »
Cette fois, Draco Malefoy ne trouva rien à ajouter. Alors, après un petit silence, il se contenta de se baisser pour prendre le sac de son compagnon, puis l'invita d'un geste de la tête à lui prendre le bras, avant de lui murmurer doucement, d'un ton un peu hésitant mais qu'il s'efforça de rendre ferme :
« Prêt à rentrer, alors ? »
Les yeux brillants d'une lueur presque avide, et animés d'un désir quasiment désespéré, Harry hocha la tête, agrippant avec encore plus de force le bras de Draco de sa main valide :
« Oh oui ! Plus que jamais… »
Il ressentit la sensation si caractéristique du transplanage, alors qu'il prononçait ces derniers mots, qui se perdirent dans le tourbillon qui les emporta tous deux :
« …je veux rentrer chez moi. »
C'est un peu déboussolé mais moins secoué qu'il ne l'aurait pensé -en grande partie grâce à Draco qui l'avait fermement maintenu pour que l'atterrissage se passe bien- que Harry arriva. En ouvrant les yeux, il découvrit un paysage de campagne baigné par un soleil couchant d'automne. Les arbres qui dominaient les collines se paraient déjà de rouge et d'or, évoquant pour le jeune homme brun l'impression indicible d'une agréable familiarité. Comme si, effectivement, il était de retour chez lui. Pourtant, en parcourant des yeux les alentours, il ne reconnut pas l'endroit, assez vide de toute présence. Les seules habitations présentes étaient un peu plus bas : il les devinait plus loin dans la vallée aux faisceaux de fumée qui s'échappaient des cheminées pour monter vers le ciel en volutes dansantes.
« Où sommes-nous ? » demanda-t-il en se tournant vers Draco. Mais l'air un peu pâle de son interlocuteur lui fit alors demander, inquiet : « Tout va bien ? »
Le blond, qui n'avait pas lâché Harry des yeux depuis leur arrivée, déglutit, et tenta d'esquisser un sourire rassurant :
« Oui, oui… ça va. C'est… nous y sommes. » lâcha-t-il finalement dans un souffle, incapable de garder la belle assurance qu'il aurait pourtant rêvé d'avoir en emmenant Harry ici.
Mais le fait était là : Draco était stressé. A vrai dire, il n'avait jamais été aussi stressé de toute sa vie. Parce que si dans les faits, assurer à son compagnon, plusieurs mois auparavant, que leur trouver un endroit où vivre serait chose facile, cela ne l'avait pas été.
Draco voulait ce qu'il y avait de mieux, dans sa vie. Ca, ça n'avait pas changé. Et il en allait de même pour le lieu où il devait vivre.
Il voulait ce qu'il y avait de mieux, parce qu'il était un Malefoy.
Et aujourd'hui, surtout, parce qu'il était un Malefoy qui allait vivre avec un Potter. Harry.
Et que pour lui, pour eux, il voulait ce qu'il y avait de mieux.
Il avait cherché. Longuement.
Il avait trouvé. Enfin.
Mais aujourd'hui, Draco craignait plus que tout au monde une chose : que Harry n'aime pas le foyer qu'il leur avait choisi.
En voyant le regard insistant du brun, qui se taisait pour ne pas le presser mais qui attendait impatiemment d'en savoir plus, l'ancien Serpentard sut qu'il ne pouvait plus reculer. Il inspira alors un grand coup, et mettant sur son épaule le sac de voyage de son compagnon, il lui reprit la main, et murmura, tout en s'avançant sur le petit chemin de terre au milieu duquel ils avaient atterri :
« Viens… rentrons chez nous. »
Et là, tout en emboîtant le pas du blond, en suivant des yeux le sentier, Harry comprit alors que, contrairement à ce qu'il avait d'abord cru, l'endroit n'était pas exempt de toute habitation : derrière l'immense saule pleureur qui trônait à leur gauche, une maison se dissimulait. Quand ils dépassèrent les premières branches de l'arbre, il put en effet apercevoir un bâtiment de deux étages, dont la façade de devant était presque entièrement recouverte de lierre, et qui était bien le but du chemin.
Une maison, grande sans être imposante, à l'aspect accueillant. Une maison… la leur. Leur foyer.
Enfin. Un lieu qui n'attendait qu'eux.
S'arrêtant à une dizaine de mètres de l'entrée, Draco se pencha vers le brun et l'embrassa doucement sur la tempe, avant d'ajouter, en faisant mine de ne pas voir les larmes qui brillaient au bord des cils bruns, derrière les lunettes :
« Bienvenue à la maison, Harry. »
