Disclaimer : Je ne possède pas Buffy et co, ceci n'a aucun but commercial et blablabla...

Cette histoire est le 14eme épisode d'une série se déroulant après la saison 7 de Buffy (et qui ignore donc les saisons 8 et 9 en comics) et centrée sur les personnages de Faith et Tara. Je recommande la lecture des 13 premiers pour comprendre quelque chose :-) Vous pourrez les trouver sur mon site (voir url sur mon profil). Je poste l'épi ici en attendant de réparer un petit problème sur le site en question...

Bonne lecture, toute review est la bienvenue!


Le manoir était niché au bout d'une courte allée fermée par un portail en fer forgé qui avait du être majestueux par le passé. Aujourd'hui, il faisait encore son office mais il aurait bien eu besoin d'une sérieuse rénovation. Il restait encore un peu de neige sur son sommet, derniers vestiges de l'hiver qui commençait enfin à se retirer, et de longues gouttes d'eau coulaient le long de ses gonds.

Derrière la vieille bâtisse en forme de L que l'on pouvait apercevoir depuis le portail, s'étendait un immense parc clairsemé lui aussi de restes enneigés, et entouré de hautes haies qui le dissimulaient à toute paire d'yeux trop curieux. Le parc semblait bénéficier d'un entretien sommaire et l'herbe détrempé avait clairement été foulée par plusieurs personnes de façon répétée récemment. Mais de toutes évidences, l'endroit avait perdu de sa superbe au fil des années. Il avait autrefois été un pensionnat de jeunes filles de bonnes familles qui venaient apprendre dans ce lieu retiré tout ce que l'on estimait qu'une jeune fille devait savoir. Lorsque l'école avait fini par fermer, faute de candidates à l'entrée, le manoir était resté longuement à l'abandon et le bâtiment portait encore les stigmates de cette période silencieuse et sans entretien. Plus tard, il avait fini par trouver preneur en la personne d'un couple de richissimes Britanniques qui y venaient régulièrement passer leurs vacances et qui y avaient vécu la fin de leur vie. Depuis le décès des propriétaires une dizaine d'années plus tôt, la propriété était restée dans l'indivision et avait connu une nouvelle fois une longue période d'inoccupation. Jusqu'à récemment.

Cela faisait maintenant quelques mois que le manoir résonnait de nouveau de cris, d'appels, de bruit, de vie.

Les propriétaires avaient tous travaillé pour le Conseil des Observateurs d'une façon ou d'une autre, à un moment ou un autre de leur vie. Aussi, quand les survivants et nouveaux membres qui rassemblaient un nouveau conseil destiné à encadrer la nouvelle ère des Tueuses qui venait de s'ouvrir les avaient contactés, les propriétaires n'avaient pas longtemps hésité avant d'accéder à la requête de Rupert Giles et de faire don au conseil de cette propriété de famille perdue dans l'Oregon et où personne n'avait mis les pieds depuis des années. Le manoir avait retrouvé sa vocation première. Il était de nouveau habité par des dizaines de jeunes filles venues y chercher un apprentissage singulier.

Les dortoirs se trouvaient toujours aux deuxième et troisième étages du bâtiment. Ils avaient été quelque peu réaménagés de façon à autoriser une plus grande intimité qu'à l'époque du pensionnat mais une ancienne pensionnaire y aurait surement retrouvé ses marques. Le réfectoire quant à lui était redevenu fonctionnel et avait été largement modernisé. Il avait retrouvé son rôle central de pièce de rassemblement de tous les locataires des lieux. Les salles de classes par contre n'avaient plus grand chose à voir avec celles de l'époque. Seules quelques unes avaient été conservées dans l'aile principale, et entièrement réaménagées et équipées. Des cloisons avaient été abattues, les murs repeints, le mobilier entièrement remplacé. Dans l'aile latérale, il ne restait plus aucune salle de cours. Tout le rez-de-chaussée avait été remanié en un vaste gymnase qui ne désemplissait guère. De nombreuses baies vitrées donnaient sur le parc, et restaient ouvertes tout l'été lorsque le beau temps permettait aux jeunes filles de déserter le gymnase pour l'air de dehors. L'encadrement avait pour sa part ses quartiers au premier étage de l'aile latérale où il tentait de profiter des rares instants de répit que leur laissait leur vie trépidante pour se reposer.

Ce soir-là, le diner avait été pris à l'heure habituelle et s'était terminé deux heures auparavant. Les jeunes filles qu'abritaient le centre avaient pu user de l'heure qui suivait le repas pour flâner et vaquer à leurs occupations comme le prévoyait l'emploi du temps du centre. Une heure exactement après la fin du diner, l'ancienne cloche du pensionnat que le Conseil avait conservé avec une certaine nostalgie, avait retenti, invitant toutes les pensionnaires à se rassembler dans le gymnase pour la dernière séance d'entrainement collective avant le coucher. Depuis une heure, par groupes de deux ou trois, les jeunes filles répétaient inlassablement les mêmes gestes de boxe pieds-poings, les mêmes esquives, les mêmes petits sauts, les mêmes feintes. La plupart ne devait pas avoir plus de treize ou quatorze ans et les quelques-unes à avoisiner les seize ans, passaient au milieu des groupes pour corriger un geste, donner un conseil ou un encouragement.

Appuyée dans l'embrasure de la porte principale, une jeune femme rousse un peu plus âgée observait la scène d'un air lointain et soucieux. A première vue, il aurait été difficile de dire si Violet Stanford, Tueuse dite de « seconde génération », déesse vivante pour ses protégées pour avoir survécu à la désormais célèbre bataille de Sunnydale, regardait vraiment son groupe de jeunes Tueuses, ou si elle fixait la pluie battante qui ruisselait sur les baies vitrées de l'autre côté de la salle.

Elle baissa un instant les yeux sur la montre accrochée à son poignet droit, puis sur le téléphone portable qu'elle tenait dans sa main gauche. Puis elle releva la tête, et son regard se fixa sur un petit groupe de filles particulièrement appliquées en face d'elle. Elle les observa quelques instants encore, et soupira. Finalement, elle composa un numéro sur son portable et tourna les talons pour passer son coup de téléphone dans le couloir.


Faith marchait bien au milieu du trottoir, les mains profondément enfoncées dans les poches. La pluie fine qui tombait sur ses cheveux et ses épaules et se glissait dans son cou ne semblait pas la déranger. Là où les passants se hâtaient sous des parapluies ou sous les paravents des magasins qui bordaient la rue, la Tueuse marchait tranquillement sous le ciel livide, indifférente aux gouttes d'eau qui s'écrasaient sur ses vêtements déjà mouillés. Ses chaussures étaient également trempées à force de traverser des flaques plus ou moins profondes, et Faith sentait ses pieds baigner dans l'humidité. Mais cela n'avait pas d'importance. Encore quelques pas et la Tueuse serait de retour au motel qu'elle occupait désormais seule depuis la veille.

Machinalement, elle hâta finalement le pas en arrivant en vue du néon violet qui indiquait l'emplacement de l'établissement. Elle franchit le porche qui marquait l'entrée et s'arrêta devant la porte vitrée de la réception. Elle jeta un coup d'œil à l'horloge suspendue au dessus du bureau et vit qu'elle indiquait vingt-deux heures quinze. Faith hésita à ouvrir la porte et entrer pour parler à la réceptionniste. Mais celle-ci était occupée avec un couple d'arrivants tardifs et Faith haussa les épaules avant de reprendre sa marche solitaire. Elle traversa la petite cour, monta lestement les marches qui menaient à la coursive du premier étage et se figea devant la porte de sa chambre. Les rideaux étaient tirés et aucune lumière ne filtrait de la pièce, mais Faith retarda encore de quelques secondes le moment d'ouvrir la porte. Finalement, elle passa la clé magnétique dans la serrure et poussa le battant. Il faisait sombre et la brunette alluma la lumière en refermant derrière elle. Elle resta un instant devant la porte close, embrassant la pièce du regard, comme à la recherche de quelque chose, cherchant un détail qui aurait changé en son absence. Quand elle dut admettre que rien n'avait bougé d'un iota depuis son départ, elle jeta la clé de la chambre avec désinvolte sur le petit bureau en soupirant. Puis elle entreprit de se dévêtir, jeta ses vêtements mouillés sur le dos de la chaise ou par terre, et se dirigea vers la salle de bains pour prendre une douche chaude.