Anime : Kaitou Joker
Personnages : Joker, Spade.
Rating : M pour le premier chapitre, MA pour le second dû à un lemon explicite.
Disclaimer : L'univers et les personnages du manga Kaitou Joker appartiennent à leur auteur, Takayashi Hideasu. Je ne fais que les emprunter pour le besoin de cette fanfic. L'illustration provient de la dangereuse et géniale inspiratrice de ce two-sho : A-key.
Note de l'auteur : Récemment converti à Kaitou Joker, je suis tombé sous le charisme de Spade, violemment. Cette même amie dessina un soir Spade sur une piste de danse. Quelques jours plus tard, l'image d'un Spade dansant d'une manière bien plus suggestive frappa mon cerveau et le premier chapitre fut écrit en une semaine de géniale torture. En allant plus loin, je me suis dit que je pouvais de manière parfaitement logique continuer ce récit sur un lemon qui devint le deuxième chapitre au terme de deux semaines de cris, de honte, de fièvre et de longues heures à respirer dans un sac en papier.
Ceci est mon premier lemon sérieux, travaillé et assumé. Il est déconseillé aux lecteurs de moins de 18 ans de continuer leur lecture. Pour les autres...j'espère que ma subite inspiration sera à votre goût. Bonne lecture.
Shining dance
Tokyo, un soir d'hiver où la lumière des rues, toujours aussi vive, éclairait le chemin d'un jeune homme aux curieuses mèches blanches visibles sous un chapeau. Il s'était mêlé à la foule, parcourant les avenues depuis un moment avant de tourner d'un seul coup vers une rue plus petite, presque invisible de par son manque de clarté. Certain de ce qu'il faisait, il poussa la porte du bar qui se présentait à lui, prit le luxe de s'habituer à l'obscurité après avoir traversé les rues éclairées de Tokyo et trouva très vite un tabouret libre en face du comptoir. Le tenancier vint immédiatement le saluer.
-Joker ! Comment ça va ? Félicitations pour ton dernier coup, on ne parle que de ça dans les bas-fonds.
-Ça va, Franz, merci. Le vieux Kaneari n'a pas changé, c'est toujours un plaisir de lui rendre une visite de courtoisie.
-Et de le décharger de ses babioles au passage, hein ? Qu'est-ce que je te sers ce soir ?
-Rien, merci. Je commanderai au club. Tu peux m'ouvrir ?
-La nuit étincelante te sera toujours ouverte. Si tu veux bien me suivre...
Le barman se dirigea vers la réserve, suivi du voleur miraculeux. Il poussa quelques caisses, inséra une clé dans une serrure et ouvrit la porte camouflée par le papier peint. Un étroit escalier se trouvait devant eux.
-Merci, Franz. Désolé de ne pas rester plus longtemps.
-T'en fais pas pour moi et amuse-toi bien.
Joker pénétra dans l'ouverture et le barman referma aussitôt la porte derrière lui. En bon cambrioleur qui se respectait, il se déplaça dans l'obscurité avec tranquillité jusqu'à un réseau de tunnels et trouva une piste éclairée par des tubes fluorescents qu'il suivit. Une rumeur mêlant musique et brouhaha parvint à ses oreilles bien avant qu'il n'atteigne une autre porte qu'il franchit, un sourire léger aux lèvres, avant de pénétrer dans l'un des plus fameux repaires de voleurs au monde, le Kaitou Club.
La grande salle au plafond bas faisait immédiatement penser aux anciens cabarets. De petites tables rondes autour desquelles se tenaient les professionnels de la cambriole étaient aménagés sur presque toute sa surface. Aux deux extrémités se trouvaient un bar métallique et une scène pour ceux qui désiraient faire profiter le public de leurs multiples talents. Elle était actuellement occupée par un petit groupe de musiciens diffusant un jazz idéal pour se détendre, discuter entre collègues ou monter des alliances pour les gros coups.
Joker s'installa à une table libre à l'arrière de la salle. Même en l'absence de son déguisement, signe de reconnaissance entre cambrioleurs non-violents, il n'en restait pas moins reconnaissable par un membre de son fan-club débutant dans le métier. Même si il ne s'était jamais soucié d'être le numéro un dans sa catégorie, son talent lui avais vite permis d'être reconnu en tant qu'étoile montante du monde souterrain, avec toute la célébrité qui en découlait. Il fit un signe de la main amical en direction du bar et un serveur s'approcha de lui.
-Comme d'habitude ?
-Non, je prendrais quelque chose de différent. Mais ça, tu le sais déjà, Psy.
-En effet.
Le dénommé Psy sortit de nulle part un verre à pied et une bouteille de vin qu'il déboucha avant d'en verser le contenu.
-Il faudra que tu me dises un jour comment tu fais pour deviner à l'avance ce que tes clients désirent. C'est assez miraculeux.
-Tout est dans le regard. Certains fréquentent le club depuis tellement de temps que je lis en eux comme dans un livre ouvert.
-Tâche de garder ce que tu lis pour toi, dans ce cas.
Pour toute réponse, Psy lui adressa une courbette moqueuse avant de se diriger vers une autre table. Le voleur miraculeux s'installa plus confortablement sur son siège, ferma les yeux et laissa la musique le détendre. Le casse d'aujourd'hui avait été d'une facilité déconcertante sans qu'il ne sache si c'était à cause de progrès de sa part ou de Kaneari qui se faisait vieux. Qu'importe, cela lui avait laissé davantage de temps pour contempler la toute nouvelle pièce de sa collection.
La musique le rappela soudain à la réalité Ce n'était plus un jazz joué par un groupe mais quelque chose de bien plus suave et sensuel, quelque chose qui n'était pas souvent diffusé au club, ce qui interpella Joker. Il jeta un coup d'œil à la scène et constata qu'elle était désormais utilisée par quelqu'un qu'il n'avait jamais vu. Une femme, sous-entendaient ses longs cheveux bleus et les mouvements fluides qu'elle pratiquait autour d'une barre de pole-dance installée pour l'occasion. Il regarda les autres spectateurs. Certains étaient attentifs tandis que d'autres continuaient de discuter en regardant distraitement la scène de temps en temps.
Si tu viens, gentleman, pour dérober mon coeur
Ne sois pas surpris si tu n'y vois pas de peur.
Avoir de la souplesse était nécessaire pour se prétendre un as du vol, mais Joker n'avait pensé à une telle utilisation de cet aspect. La belle inconnue serpentait lentement au rythme de la chanson sans que le long manteau blanc qui la recouvrait ne mette sa chair à nu. Elle s'éleva en un bond fluide et se mit à pirouette autour de la barre, ses jambes fines se déployant comme un éventail doué de multiples articulations au gré de sa lente, fluide et lascive chorégraphie. L'albinos mentirait si il disait ne pas apprécier le spectacle.
Nul verrou ou barrière pour te barrer la route.
Mais prend garde à toi ou ce sera la déroute.
La strip-teaseuse d'un soir retomba au sol comme si elle était une plume, tourna le dos au public et joua des épaules afin de faire glisser son manteau pour dévoiler ses épaules. Elle adressa ensuite un clin d'œil à la salle avant de rajuster son vêtement et jouer des hanches contre la barre, les deux mains l'agrippant par dessus sa tête dans une pose plus que suggestive. Joker avait presque honte d'être à ce point charmé.
N'oublie pas, gentleman, que si tu va trop loin
Tu pourrais repartir avec un poids en moins
Son visage, en revanche, semblait assez commun si l'on parvenait à effacer le maquillage fushia qui s'étalait au-dessus de ses yeux et l'expression langoureuse de circonstance. De tels gestes venant d'un corps aux membres si fins détournaient cependant l'attention avec brio. Nul doute que cette voleuse avait un don pour la dissimulation et la distraction, en plus de celui de la danse. Peut-être même d'autres encore qu'elle réservait à certaines occasions bien particulières. Joker s'imagina un instant à la place de la barre, ses reins prisonniers des jambes expertes de la bleutée.
Pas une de mes proies n'a pu me l'arracher...
Ce coeur qui désormais voit le tien dérobé.
Le numéro un du cambriolage ferma les yeux et chassa immédiatement les images qui lui venaient en tête. Vouloir faire ça avec une collègue ne le dérangeait pas, mais il était hors de question de faire du rentre-dedans en se basant sur une démonstration de danse certes envoûtante mais venant d'une parfaite inconnue. La provocation n'avait d'effet sur lui que si était exprimée à travers un objet rare protégé par un soi-disant système de sécurité inviolable, gardes compris.
La danse prit fin dans un dernier mouvement de buste suffisamment puissant pour faire flotter les longs cheveux de la cambrioleuse une dernière fois, les yeux clos, un bras derrière sa nuque et l'autre reposant sur la barre à la manière d'un chat finissant tout juste de s'étirer. Quelques applaudissements nourris entrecoupés de sifflements vinrent la féliciter. Elle rouvrit les yeux et, après avoir examiné le bar de ses longs cils, croisa le regard de Joker qui s'empourpra immédiatement et fit mine d'examiner le fond de son verre. La cambrioleuse tira alors une rose de sous son manteau et la lança à la table de l'albinos qui tenta de se réfugier pour de bon dans son verre à pied. Sa discrétion était partie presque en même temps que sa mauvaise foi.
-Sacré numéro, hein ?
Joker sursauta et se retourna immédiatement vers Psy, apparu sans un bruit à ses côtés.
-Tu risques d'avoir besoin de ça, dit-il en posant une bouteille et deux verres à flûte. Bonne chance.
-Du champagne...Mais je n'en ai jamais demandé !
-Toi, non, mais la prochaine personne à s'asseoir à cette table, oui. Quoique, pas encore, mais ça ne saurait tarder. Et parce que je sais qu'elle va venir ici...
-Mais qui te dit qu'elle va vouloir squatter ma table ? le coupa-t-il.
-Joker, Joker, Joker...Certains considèrent que l'amour, c'est comme le vol. Cette rose, dit-il en montrant la fleur sur la nappe immaculée, est une carte de visite. Alors prépare-toi, parce que quelqu'un est en chemin pour te voler.
Psy s'éloigna d'un pas rapide, ne voulant apparemment pas être mêlé à ce qui allait suivre, et laissa le numéro un du cambriolage pantois. Il ne comprenait pas le point de vue du serveur, ni la raison pour laquelle il semblait inquiet pour lui. Quand bien même aurait-il affaire à une nymphomane, Joker ne voyait pas de raison de paniquer, même si il n'avait franchement pas l'habitude des avances aussi directes. Il prit la fleur entre ses doigts, l'examina et la reposa d'un air légèrement ennuyé. L'idée de tirer un coup ne l'enthousiasmait pas beaucoup ce soir, lui qui était venu uniquement pour se détendre. Cela dit, rien ne coûtait de faire connaissance.
-Coucou, toi, susurra quelqu'un à son oreille.
Joker sursauta pour la deuxième en une soirée et failli tomber de sa chaise quand son visage fit face à celui de la voleuse, dangereusement proche. Cette dernière sourit, recula et s'assit en face de l'albinos. Elle avait gardé son maquillage et les mêmes vêtements que tout à l'heure. Sûrement son "uniforme" de cambrioleuse, moins provoquant que ce que Joker n'avait pu voir ailleurs. Si il ne l'avait pas vu sur scène, jamais il ne se serait douté de ses talents.
-Si un jour on m'avait dit que je serais assis à la même table que le célèbre Joker...Mais j'en oublie mes bonnes manières. Appelle-moi Spade.
-Je crois avoir déjà entendu ton nom...C'est bien toi qui est parvenu à voler la couronne de Gengis Kahn à New York, non ?
-En effet. Ravi de voir que mes exploits soient parvenus à tes oreilles. Mais ce casse date d'il y a un moment, j'ai fait bien mieux depuis.
Cet artefact était l'un des mieux gardé au monde et bien qu'il figurait sur sa liste, Joker lui-même n'était pas certain de pouvoir s'en emparer. Ce trésor avait été pendant un moment l'objet de toutes les rumeurs dans le monde souterrain : qui allait tenter de le voler en premier ? Allait-il réussir ? Avant même que les plus grands voleurs n'envoient leur carte de visite, le monde souterrain avait appris qu'un parfait inconnu avait réussi à s'en emparer dans les règles de l'art et le nom de Spade se répandit comme une traînée de poudre.
-C'est un véritable honneur que de rencontrer la cambrioleuse qui a réussi à voler la couronne. Moi-même, j'aurais eu du mal à le faire.
-Merci, mais tu commets une légère erreur d'interprétation. Je suis un homme.
Joker recracha un peu de champagne dans son verre et fixa Spade des yeux. Il était vrai que son manteau pouvait ne pas révéler la forme de sa poitrine, mais sa taille fine, son visage et ses longs cheveux étaient suffisants pour faire croire qu'elle était une femme.
-Tu n'as pas l'air convaincu...Si tu veux avoir une preuve, je te la fournirai volontiers mais dans un endroit plus intime...
-Non ! Enfin, je veux dire...Pas besoin, je te crois ! C'est juste que...tu trompes souvent les gens comme ça ?
-Je ne t'ai pas menti, c'est toi qui a tiré des conclusions hâtives. C'est étonnant, venant du numéro un du monde souterrain...Je te fais tant d'effet que ça ?
Les joues de l'albinos s'empourprèrent et il détourna les yeux, gêné. La dernière fois qu'il avait eu ce genre discussion avec un homme, il avait fallu beaucoup d'alcool pour lui faire perdre ses moyens et lui ôter tout souvenir de cette nuit. Pas que cela l'avait choqué à l'époque, mais ce coup d'un soir n'était pas un androgyne diablement sexy.
-C'est bizarre, tu semblais tellement captivé par ma danse...
-Et tu es dans le milieu depuis combien de temps ?
-Celui de la pole-dance ou du vol ? demanda Spade d'un air taquin.
-Le vol !
Spade s'adossa plus confortablement au dossier de sa chaise, sa coupe de champagne entre les doigts, et Joker comprit le sens des paroles des Psy. Le voleur en face de lui avait ce quelque chose de prédateur encore plus dangereux de par sa confiance et son charme. Bien que conscient, l'albinos ne pouvait refréner la curiosité qu'il éprouvait à l'égard de Spade. C'était comme déclencher un piège pour s'assurer qu'il fonctionnait réellement, sans savoir si l'on serait assez rapide pour l'esquiver au dernier moment.
-Ça doit faire huit ans depuis que j'ai décidé que je serai un voleur. La pole, en revanche, c'est juste un hobby. Et toi ?
-Une quinzaine d'années. C'est tellement important pour moi que je ne pratique rien à côté.
-D'où ta venue ici. Je te comprend, c'est un bel endroit pour se détendre.
Ils ne dirent plus rien, laissant la musique et le bruit des conversation entre eux. Spade fixait distraitement la scène toujours vide tandis que Joker tentait désespérément d'évaluer la quantité précise d'alcool au fond de son verre.
-Tu sais, la façon dont tu me regardais quand je dansais était plutôt...inhabituelle.
-Ah..ah bon ?
-D'habitude, quand je danse comme ça, les gens me fixent comme des morues. J'aime provoquer, mais ils me font l'effet d'un code à un chiffre. Toi, en revanche...tu as des étincelles dans les yeux et l'instant d'après, tu fais tout pour le cacher.
Enfin des paroles qu'il pouvait comprendre. Joker saisit la perche qui lui était tendue et décida d'entrer dans le jeu.
-Et le voleur vient dérober ce qui lui a tapé dans l'œil.
-Les plus beaux trésors sont bien souvent les mieux gardés.
Spade leva sa coupe de champagne et inclina la tête vers Joker qui répondit à l'appel;
-Aux plus beaux trésors de ce monde.
-Aux plus beaux trésors de ce monde, répéta l'albinos.
Ils trinquèrent, voleurs avant tout, et l'alcool délia bientôt leur langue. C'est ainsi que Joker apprit que Spade avait gardé un pied dans le monde visible et donnait des cours de danse, ses propres parents ayant autrefois été des champions en la matière. Il s'était contenté d'y ajouter la fibre du vol. La discussion tourna ensuite vers leurs meilleurs coups et c'est à ce moment que Spade prit les devants.
-Ça te dirait de venir voir ma collection un de ces jours ? Tu semblais tellement intéressé par la couronne. J'habite pas loin d'ici, tu n'auras qu'à passer quand tu veux.
-Ce soir ? J'ai toute la nuit devant moi.
Spade eût un petit sourire mais cela ne fit pas reculer le cambrioleur miraculeux. Bien au contraire. C'était désormais à qui irait le plus loin dans les avances et aucun des deux ne voulait décevoir l'autre. Ils se levèrent dans un raclement de chaise et sortirent ensemble du bar. La nuit risquait d'être plus longue que ce à quoi Joker s'attendait.
