Bonjour tout le monde,

Je me lance dans une nouvelle fic, je sais pas ce que cela va donner, mais donnez moi votre avis !

A LA RECHERCHE DES ELFES…

- On ne sait rien de soi -

Cette phrase résonne dans ma tête comme le triomphe de la vérité. La vieille femme que je suis devenue commence à comprendre le sens de ces termes. Longtemps, j'ai cru tout savoir de moi, de la vie, du monde, mais hélas, en me remémorant ma longue vie, je me rends compte que j'en étais bien loin...

Une grande partie de mon existence, j'ai été jardinière d'une riche famille de Minas Tirith, non pas par obligation mais par choix : c'était le seul métier, pour moi, qui ait une relation privilégiée avec la nature. Mon père, qui était riche, eut du mal à accepter mon orientation, et ce jusqu'à sa mort.

Quant à ma mère, elle fut mon alliée, ma confidente. Je crois que c'était la seule personne qui me comprenait et me connaissait un peu. Elle a senti combien cette vocation était cruciale pour moi. Dès ma naissance, elle a vu mon besoin de simplicité, de calme et surtout de nature.

Mais cet attribut inhabituel me sépara des autres enfants, ainsi, à cette époque, que certains nommeront l'enfance, bien que je préfère la désigner par « ma communion avec la nature », ce n'était pas un besoin, mais une drogue. Elle était si forte que je fuyais mon maître d'apprentissage pour retrouver mon arbre, mon ami. La nature, les forêts, les champs sont vraiment les seuls endroits où mon cœur trouve le repos, où toute l'humanité est inhibée. Heureusement pour moi nous habitions dans un petit hameau perdu au milieu du Gondor.

Même maintenant, je continue à admirer le spectacle des saisons, de la pluie, du soleil. Cela occupe les dernières heures que je passe avant ma mort.

Mais, paradoxalement, c'est là aussi que je passais les plus sombres moments de ma vie...

Mon père me cherchait inlassablement, enragé comme un Orc, à cause de mon délaissement des études. Quand il me trouvait, il laissait échapper sa fureur. Avec le recul, je ne peux pas lui en vouloir, imaginez la souffrance d'un père qui voit sa fille se séparer du monde civil...

Jamais personne ne sut ce qui se passa quand ses nerfs lâchaient. Pendant beaucoup d'années j'en ai souffert, mais avec l'âge il est connu que les passions s'effacent.

C'est à cet instant que ma mère joua un rôle important dans ma vie. En plus d'être la seule personne que j'admirais, elle était mon guide, mon avocate, c'est elle qui m'éduqua, m'appris les connaissances essentielles de la vie.

Elle était loin d'être sotte et possédait une beauté rare. Je dirais qu'elle fait partie de ces rares gens qui dégagent des choses positives, et bien sûr, malgré mes silences, elle devinait ce qui se passait entre mon père et moi. Elle prenait sur elle les grosses colères, mais cela je ne l'ai su que bien plus tard, je crois qu'elle me l'a avoué quand elle tomba malade.

Cependant, je ne pense pas que mon père soit fou, il était malade ; la nuance est vitale. Sa famille l'avait tant étouffé qu'il devait craquer sur quelqu'un d'autre. Faisant partie de l'aristocratie Gondorienne, il lui fallait un semblable, une victime comme lui. Je lui étais évidemment prédestinée.

C'était la seule chose que ma mère ne comprenait pas ; moi, une petite fille si frêle, si candide, se faisant attaquer par un homme fort et puissant. C'est par cela qu'elle m'a justifié son sacrifice.

Ce quotidien continua quelque temps, restant dans cet étrange équilibre. Mais un jour il fut rompu et ma mémoire d'enfant avait très bien enregistré ce moment.

Sous mon arbre fétiche, j'ai distingué très nettement un cavalier se diriger vers mon hameau. Son cheval était élégant et droit, de même que pour son destrier. Il parla promptement avec mon père, et après lui avoir donné des parchemins, il repartit.

Mais sa monture m'intrigua, car bien que nous ne manquions pas d'argent, nous n'avions pas de chevaux. Si, juste un vieux percheron ayant déjà passé depuis longtemps l'âge de la retraite...

Je l'aimais bien, je me sentais proche de lui, non, je crois que m'identifiais à lui...

Donc, quand j'aperçu cet animal majestueux, je ne pus qu'être en extase, figée sur le coup de cette apparition.

Depuis, tout mon corps voulait savoir pourquoi cette créature s'était hasardée ici, dans cet endroit reculé de tout.

Je sus la réponse le soir même, lors du dîner familial. Mon père trônait au bout de la table, il nous regardait comme toujours, avec un air supérieur. Personne n'osait ébranler cette harmonie, et un silence lourd s'installa. Seul mon père pouvait parler, pour lui il était le seul à avoir raison.

« Demain nous partons. »

Il avait annoncé cela sans aucune émotion, avec son habituelle froideur. Il continua son discours dans cette atmosphère joyeuse. Moi, je ne réalisais pas encore le choc que j'allais avoir.

« Nous partons demain, à Minas Tirith. »

Mon souffle se coupa, ma vue se troubla, j'agonisais.

« Ordre du roi, plus aucune personne hors de la cité. »

Toute la famille se regardait, ahurie, ils savaient que le monde allait mal, que la guerre était sur le point d'éclater, mais c'est toujours difficile d'admettre les premières conséquences d'un conflit.

Moi, je mourrais, je n'existais plus.

Durant toute la nuit, l'excitation mélangée à la peur avait atteint notre demeure. On se regardait de travers, chacun essayait de prendre ce qui lui était cher. Il est vrai que dans ces moments là, on n'agit presque jamais pour la communauté, mais uniquement pour soi, comme si l'instinct de survie avait subitement refait surface.

Je les laissais entre eux défouler leur passion, et je me rendis sur mon arbre, pour une ultime visite. Je restais devant lui comme paralysée, et bien que soit un végétal, je pense vraiment qu'il avait senti mon chagrin et qu'il connaissait mon malheur. Le futur me donnera raison...

Mais, en l'étreignant de toutes mes forces, je ne pus que prononcer ces mots :

« On se reverra…

On se reverra…

On se reverra… »

Puis, ma mère prit mon spectre dans ses bras, et nous partîmes pour Minas Tirith, mon tombeau.