Chapitre un :
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« Je ne réalise plus véritablement ce qui m'avait poussé à me remettre à l'écriture. A cette époque, ma raison avait sans doute semblé légitime et je m'y étais attelé, derechef. Au plaisir, je me rappelle plus particulièrement de ce soir-là qui avait semblé être comme le déclic. D'une façon extraordinaire et complètement grotesque, j'avais atterri dans une cave à vin, en ayant vidé en un rien de temps tout mon saoul - Un chardonnais délicieux qui devait avoir quelques décennies d'âges. Et le plaisir de cette ivresse lorsque mes doigts se sont logés sur ma machine à écrire. Souvenir d'entent et de prouesse, j'avais comme un soif de recourir et relater ce que j'étais. Ces évènements succédés et saccadés, qui s'entremêlaient entre eux. Une succession de visages, de lieux, de promesses et de trahisons qui d'une certaine façon m'avait forgé. »
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12 janvier 1974, Hogsmeade
Les fêtes de Noël avaient laissées derrière elles une étrange atmosphère à Pré au lard. Alors que les sapins et les illuminations demeuraient toujours sur la place, un vide avait remplacé les chants de Noel et la foule venue faire les achats de dernières minutes. La boutique de Farce et Attrape et Honeyduke semblaient étrangement ternes.
Parmi l'allée principale, on pouvait remarquer un jeune homme emmitouflé sous une écharpe rouge et or remonter précipitamment la rue. En tentant vainement de boucler la fermeture de sa veste, il se pressait à l'intérieur du Chaudron Baveur. A cet instant, il ne pouvait rêver mieux que de se réchauffer derrière une Bièraubeurre. Secouant sa veste pour faire tomber les derniers flocons de ses épaules, il souffla sur ses mains pour tenter de les réchauffer. - Même s'il n'était pas véritablement certain que ce geste soit efficace.
- Bonjour, souhaitez-vous prendre une chambre pour la nuit ? Vint saluer l'hôte du Chaudron, machinalement.
Elle fronça alors les sourcils en remarquant sa silhouette.
- Un instant. Vous n'êtes pas un élève de Poudlard ?
- Oh euh. Non. Enfin, si ! Je veux juste une Bièraubeurre, bredouilla-t-il, avant de se laisser tomber sur une table non loin.
- Souhaitez-vous autre chose ? Je débarrasse votre table.
La voix était redevenue mécanique, d'un son haut perché qui s'entendait comme une voix commerciale. Ses doigts ridés passèrent sur tablier chiffonné. Si on écoutait bien, on pouvait entendre la porcelaine s'entre choquer quand elle vint ranger le tasse de café vide sur sa tablette en bois. Et puis, ce fut un mélange de ticket froissé et du tintement de mornilles.
- Non, non merci.
Cette fois-ci, il s'agissait de la voix enrouée du jeune homme. Un peu trop à la vite, encore éprit par de simples réflexions. Sa voix s'entendit mal dans le brouhaha du café. Puis, il jeta un regard timide vers le dos de l'hôte, comme tenté d'excuser sa maladresse.
Il jeta distraitement un regard autour de lui. Véritablement, il n'avait jamais vraiment compris pourquoi Lavon Hayes avait choisis le Chaudron Baveur. L'endroit relevait davantage d'un hôtel pour tous passages que d'un bar. Et c'est en remarquant quelques coups d'œil intrigués sur sa personne qu'il regretta les Trois Balais. Il sortit alors de son sac plusieurs parchemins et quelques mornilles pour régler la commande qui venait d'arriver. Il but une gorgée tout en jetant un regard nerveux vers les parchemins entre ses doigts jusqu'à ce qu'il entende des voix beaucoup plus jeunes.
- Aah, Remus ! Parfait. Je ne t'ai pas fait attendre, j'espère ? Il fait un de ces froids dehors ! Lança négligemment Lavon avec plusieurs personnes derrière lui. A sa suite, Frank Longbottom le salua à son tour, posant ses affaires près de lui.
- Oh Lavon, Frank, bonjour ! Non, non, ne vous inquiétez pas, répondit-il en souriant.
Quatre personnes vint s'asseoir aux tables jointes à la leur alors que Lavon venait s'asseoir nonchalamment face à lui.
- Alors ! Tu as passé de bonne vacance ? Tu n'aurais pas un peu bossé pour moi ? Demanda-t-il.
- Hmhm, si, bien sûr. J'ai trois-quatre articles, regarde, dit Remus en lui tendant les parchemins.
- En voilà qui bosse, chef ! Remarqua Frank, en arquant un sourcil.
Lavon ne releva pas sa remarque, parcourant attentivement les différents articles du regard, les yeux suspendu sur les titres et les sous-titres. Il n'était pas de notoriété publique de voir Lavon Hayes la mine si sérieuse. La plupart du temps, on l'apparentait comme l'un des meilleurs attrapeurs des Serdaigles et d'une réputation sans précédent lorsqu'il s'agissait de faire la fête et de l'humour. Il avait une fâcheuse habitude de parler de lui à la troisième personnes et de parler de Quidditch à longueur de journées. Mais depuis peu, il était également le rédacteur en chef du « New Daily Prophet » et il n'était plus rare de le voir froncer les sourcils de façon si sérieuses. Il s'agissait d'un journal relevant les dernières informations de Poudlard et peu populaire, le concept avait été abandonné depuis une dizaine d'années. D'une détermination et d'une créativité sans borne, Lavon avait tenté de le remettre sur pied. Pour l'instant, le journal était assez en vogue en vue de sa réputation et des articles plutôt innovateurs qui paraissaient. Il lui avait fallu beaucoup de courage, mais Remus avait osé y chercher sa place. Et depuis le début de l'année, il couvrait un article par semaine.
- Hmh. Remus. Tu as un instant ? Il faut que je te parle de quelques choses, lança-t-il en reposant ses articles sur la table. Le jeune Gryfondor leva les yeux des articles de Frank qui cherchait conseil.
Il fronça les sourcils, jetant un regard sur ses articles.
- Il y a quelques choses qui ne va pas ? Mes articles ne…sont pas assez bon ? Risqua-t-il, la mine soudainement alarmée.
Jusqu'alors, Remus ne s'était jamais encombré d'envisager ce détail. Sans véritable modestie, Remus s'était toujours vu en lui beaucoup plus de défauts et d'imperfections qu'à l'inverse. Mais s'il devait miser sur une part en lui : C'était en son sens de l'analyse et de sa plume qui le différenciait des autres. A défaut de tout autres choses, Remus avait toujours vu dans le New Daily Prophet l'unique moyen de s'épanouir dans un élément.
- Hmhmhm…Ce n'est pas ça. Tes articles sont véritablement intéressant et c'est toujours une joie de te le lire. Ce sont…les sujets de tes articles qui posent problèmes.
Le jeune Gryfondor l'observa sans comprendre, la mine déconfite.
- Je ne comprends pas. Ils sont..intéressant non ? Lança-t-il en fronçant les sourcils. Enfin… pourquoi ne m'avoir rien dit avant ? Pourquoi, maintenant ? Chercha-t-il à comprendre.
Lavon soupira, mal à l'aise.
- Parce que…Hm. C'est à cause des conditions de Mcgonagald. Tu sais…Puisque c'est la première année que le journal reprend, les postes sont maximum aux nombres des sept, expliqua-t-il.
- Tu as sept personnes, Lavon, trancha Remus.
- Ouai, je sais. Mais le truc, c'est qu'il y a ce gars qui m'a montré deux-trois articles…Il est dans la même année que toi. Et de votre année, il y a déjà Lily Evans. Donc…
- Donc, ce type me vole ma place, j'ai compris, marmonna-t-il.
Il lui lança un regard sévère.
- Ne le prends pas comme ça. Lavon Hayes veut que le New Daily Prophet marche et pour qu'il marche, il a besoin d'articles vendeurs, lança le rédacteur en chef.
Remus leva les yeux au ciel, alors que Frank lui lançait un regard amusé. Remus soupira.
- Très bien. Et de qui il s'agit ? Demanda-t-il.
- Il s'agit de…Ecoute. N'en parle pas encore aux autres, je préfère leur parler en premier. Il s'agit de Severus Rogue, un élève de S…
- Rogue ?! S'écria-t-il, atterré.
- Remus ! Lança Lavon, les yeux écarquillés. Parle moins fort ! Chuchota-t-il, en lançant un regard vers les tables voisines.
- Lavon ! Rogue ? Sérieusement, Rogue ? C'est ce type qui prend ma place ? Chuchota-t-il offusqué. Mais en quoi ce sale type peut-il être meilleur que moi ? S'écria-t-il.
Le jeune Serdaigle lui rendit à nouveau un regard sévère.
- Je sais de quoi ça en à l'air…Mais, il fait vraiment de bon articles. Il à beaucoup de connaissances et…c'est une mine à informations sur tout le monde. Si tu savais les articles qu'il m'a fait sur certains élè…expliqua-t-il pour se défendre.
Remus l'observa alors froidement.
- Alors c'est donc ça. Les potins primes sur la connaissance ? Le coupa-t-il, en arquant un sourcil.
- Ne me juge pas Lupin. Le journal ne tient qu'à un fil pour retomber dans l'oubli. Je sais que ce n'est pas honnête et que c'est loin de la direction que je désirais prendre. Mais c'est un fait, Remus. Les potins font vendre. Alors si j'emploie plus de personnes qui sachent m'en raconter et que ça suffit pour garder le journal, je ne cracherais pas dessus.
Remus serra les dents, écœuré.
- Je vois, dit-il en détournant les yeux.
- Ecoute, soupira-t-il. On va faire un marché okay ? Je te laisse un essai pour le mois prochain. Tente de faire..quelques choses de différents. Et si ton article est meilleur que celui de Severus, je te garde. Tu feras moitié moitié à partir de ce moment là. Moitié informations, moitié potins. Qu'Est-ce que tu en dis ? Proposa-t-il.
Remus passa une main nerveuse derrière sa nuque.
- Je vais y réfléchir, répondit-il, peu motivé par l'idée.
Le rédacteur acquiesça.
- On se voit plus tard, alors. Lavon Hayes à encore du boulot ! Lança-t-il en se dirigeant vers les autres tables en souriant.
Vraisemblablement, il n'aurait dû venir au Chaudron Baveur. Remus passa à nouveau une main nerveuse derrière sa nuque, perdu. Il ne savait véritablement pas quoi en penser. Il était hors de question qu'ils écrivent sur l'intimité des élèves, en jouant avec leurs secrets et leurs réputations. L'idée le rebutait considérablement. Il voulait être remarqué pour son sens de l'écriture et de sa façon de décortiquer le monde, non pas en étant vu comme l'écrivain du comptoir qui à descendu la plupart du château.
A coté de ça, il ne s'imaginait pas quitter le journal. Jusqu'alors le New Daily Prophet avait semblé être son seul exécutoire, son seul compromis. Et d'une certaine façon, perdre son droit d'écrire au New Daily Prophet le renvoyait à toute les injustices qui l'entouraient. Tout ce qu'il ne pouvait se permettre. Elle renvoyait à la promesse qu'il avait fait à ses parents, lors de ses 11 ans. Il n'avait pas oublié cette discutions qu'il avait entretenues. Les risques, les dangers de sa présence à l'école. Une opportunité inespérée et de l'espoir.
Il avait tant désirer découvrir le monde, y connaitre sa magie et y apprendre. A l'encontre des réprimandes de ses parents, Albus Dumbledore lui avait promis 7 années à Poudlard et il s'y était accroché. Même avec toute les concessions qu'elle engageait envers ses parents : Rester prudent, ne pas se lier envers les autres élèves, cacher son secret, se montrer discret.
Jusqu'alors, il avait respecté ses engagements sans aucune protestations. Il n'était lié à aucune personnes particulières, il se montrait plutôt discret et effacé et poursuivait sa scolarité. Le New Daily Prophet était la seul concession qu'il s'était permis pour garder le large. Pour chasser cette idée qui s'était insurgée dans son esprit : Pourquoi avoir quitter la maison des Lupin si ce n'était pour vivre pleinement ? Au final, il se sentait comme à l'écart du monde. Cette idée l'obsédait.
Remus secoua la tête pour chasser cette idée qu'il ruminait sans cesse. Il ne fallait pas qu'il perde sa place au New Daily Prophet. Ce journal était sa seul emprise sur le monde.
- Alors ? Qu'est-ce que tu comptes faire ? Demanda Frank, l'air intrigué.
Remus haussa les épaules.
- Tu as bien entendu le chef. Je vais écrire un potin sordide le mois prochain, déclara-t-il, résigné.
- C'est décidé alors ? Au moins, tu as une idée du sujet ? Demanda-t-il.
Remus tapota ses doigts sur la table, pensif.
- C'est bien ça le problème. Tu sais bien, je suis plutôt…seul. Je ne vois pas comment je pourrais savoir quoique ce soit, lâcha-t-il, embêté.
Frank l'observa pensivement quelques minutes.
- Et les élèves de ton dortoir ?
Remus arqua un sourcil.
- Sirius Black et James Potter ? Non. Ce sont deux abrutis, répondit-il en secouant la tête.
- Eh bien…Ils font parties de l'équipe de Quiddich de Gryfondor, ils excellent en cours et ils sont assez populaires. Pas mal personnes parlent d'eux pour leurs exploits auprès des filles et des coups qu'ils jouent aux Serpentard. Apparemment, leur quotidien à l'air assez mouvementé. Vraiment, je trouve qu'ils feraient un bon article, expliqua Frank, l'air abasourdi par la répartie de Remus.
Remus l'observa, d'abord la mine sceptique.
- Tu crois ? Hmhmh.
Il tapota à nouveau ses doigts sur la table. Après un instant, il se leva.
- Tu sais quoi Frank ? Je crois que tu as raison. J'y vais de ce pas.
Il prit un parchemin et nota au début de page « Les mésaventures d'un écrivain partageant le quotidien de Sirius Black et de James Potter ».
