Harry se retourna dans son lit et passa son bras autour de Ginny. Il aimait la sentir tout près de lui. Dehors, l'orage tonnait et parfois un éclair illuminait furtivement la chambre. A moitié plongé dans le sommeil, Harry écoutait la pluie qui cognait aux carreaux des fenêtres.
TOC TOC TOC
Ce devait être de la grêle qui tombait à présent car les bruits semblaient de plus en plus forts…
TOC TOC TOC
Harry ouvrit les yeux. Cette grêle paraissait un peu trop insistante ! Il se leva lentement pour ne pas réveiller Ginny et se dirigea jusqu'à la porte d'entrée de son appartement en baillant. Il ouvrit et se réveilla complètement lorsqu'il aperçut un Ron furieux et dégoulinant de pluie qui se tenait sur le pas de la porte.
- Qu'est-ce que tu fichais ? Lui demanda le rouquin en s'engouffrant dans le couloir de l'entrée, j'ai cru que tu ne m'ouvrirais jamais !
Harry referma la porte d'un geste las.
- Non, non, tu ne me déranges pas, je ne dormais pas !…Et tu as tout à fait raison, j'aurais quand même pu me douter que tu me rendrais visite en pleine nuit !
Ron soupira.
- Excuse moi…Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire…Mais bon sens, il y a un sacré orage dehors et je suis tellement énervé que j'ai oublié la formule d'imperméabilité !
- Hermione la connaît pourtant…
- Ah parlons-en d'Hermione ! Hurla Ron.
Harry plaqua la main contre la bouche de son ami :
- Chut ! Ginny dort!
Ron hocha la tête pour montrer qu'il avait compris et Harry baissa sa main puis fit signe au rouquin de s'asseoir dans le living tandis qu'il attrapait deux bierraubeurres. Il s'assit près de lui :
-Bon alors, vous vous êtes disputés ?
Ron baissa la tête.
- Elle m'a fichue dehors…Murmura-t-il.
Harry ne put s'empêcher de réprimer un sourire.
- Ouh la ! C'est du sérieux…
- Ne te moque pas Harry ! Je pense que demain, tout sera arrangé mais sur le coup, elle était tellement en colère qu'elle m'a jeté un sort pour que je passe par dessus la fenêtre ! Heureusement qu'on habite au rez-de-chaussée !
Cette fois, Harry fit de gros efforts pour ne pas rire et garder une expression compatissante sur le visage.
- Bon très bien, tu vas dormir ici cette nuit et demain tu iras lui présenter tes excuses…
- Pas question ! C'est à elle de s'excuser! Tu as vu cet orage? Elle ose me jeter dehors par ce temps alors que dès que les premières gouttes il faut absolument rentrer le chat pour qu'il ne prenne pas froid ! Et arrête de te retenir de rire, ça m'énerve !
Harry tapota l'épaule de Ron dans un geste fraternel, et incapable de garder son calme plus longtemps, éclata de rire.
Les deux amis terminèrent leur bierraubeurre en silence puis Harry fit apparaître des draps pour Ron qui termina la nuit sur le canapé du living. Avant de fermer les yeux, il pensa à Hermione et se promis d'arranger les choses avec elle dès le lendemain. Après tout, il était un peu fautif. Sans vraiment se souvenir comment la dispute avait pu prendre une tournure aussi violente, il se rappelait que c'était lui qui l'avait amorcée en se plaignant du repas qu'Hermione avait préparé : il trouvait son ragout beaucoup trop salé…
Le lendemain, Ron se leva de bonne heure. Il voulait discuter avec Hermione avant que celle-ci ne parte travailler.
- Avec un peu de chance, je serais de retour à la maison pour le dîner. Pensa-t-il, optimiste.
Il marcha d'un bon pas jusqu'à l'appartement qu'il partageait avec Hermione depuis quelques mois à présent. Il se trouvait tout près de celui de Harry et Ginny, à peine à quelques rues. Arrivé devant la porte, Ron rajusta le col de sa chemise, toussota pour s'éclaircir la voix et s'apprêta à frapper. A cet instant, il entendit un éclat de rire. Hermione riait. Le rouquin se sentit un peu vexé. Il avait passé la nuit dehors, elle aurait dû être folle d'inquiétude ! Il l'imaginait faisant les cent pas dans la cuisine, se rongeant les ongles, les larmes coulant sur son visage. Il aurait frapper à la porte, elle aurait ouvert et se serait jeté dans ses bras, implorant son pardon… Mais non. Hermione riait !
Le rouquin fit la grimace : elle ne devait donc pas être seule.
-De la visite à cette heure-ci ? Se demanda-t-il.
Il fronça les sourcils et colla son oreille contre la porte. Il perçut le son de deux voix : celle claire et aigue d'Hermione et une autre, beaucoup plus grave. Ron sentit la colère remuer ses entrailles.
Soudain, la porte s'ouvrit et Ron, qui était appuyé contre, manqua de peu de s'affaler sur le sol. Hermione le regarda d'un air soupçonneux :
- Ron ? Qu'est-ce que tu fais-là ?
La jeune femme qui n'était pas encore habillée ne portait qu'une petite liquette de satin à peine dissimulée sous une robe de chambre. Juste derrière elle se trouvait Viktor Krum. A sa vue, Ron se releva, furieux.
- Je viens chercher le reste de mes affaires. S'écria-t-il en fonçant dans la chambre. Il ouvrit le placard, sortit une grosse valise de sous le lit et marmonna :
- faislamalle.
Aussitôt ses vêtements quittèrent l'armoire pour atterrir dans la valise. Hermione qui l'avait suivit, le regardait, un peu déboussolée.
- Mais enfin…Tu pars comme ça ? On ne pourrait pas discuter un peu avant ?
- C'est bien ce que tu voulais hier au soir non ? Et bien pour une fois, je suis d'accord avec toi, je n'ai plus rien à faire ici !
- Ron ! Appela Hermione d'une toute petite voix, les larmes aux yeux.
Le rouquin ne fit pas attention à elle. Il était terriblement en colère. Qu'est-ce qu'elle croyait ? Qu'il allait lui permettre de le traiter comme un malpropre ? Qu'il accepterait qu'elle reçoive un homme chez eux la nuit même où elle le chassait ? Et tout cela sans rien dire ? Viktor Krum ! Encore lui !
Ron attrapa ses bagages et quitta l'appartement en trombe sans même un regard derrière lui. Si il s'était retourné, peut-être aurait-il vu Hermione s'effondrer dans les bras de Viktor en disant qu'elle n'avait pas voulu que les choses se terminent ainsi…
