Elle savait qu'il ne l'aimait pas.

Elle avait bien remarqué les regards que lui et son assistante se lançaient lorsqu'ils croyaient que l'autre ne regardait pas.

Ils étaient faits l'un pour l'autre, et seuls eux ne s'en rendaient pas compte. Pas encore…

Et ensuite, c'est elle qui serait oubliée, mise au placard, au rebut, hop.

Oh, elle le savait, il n'y avait jamais vraiment rien eu entre celui qu'elle aimait et elle-même.

Mais c'était de sa faute.

Combien de fois avait-elle voulu lui dire « Je t'aime » ? Et combien de fois s'était-elle dit « Non, il ne t'aime pas, et tu ne seras qu'un coup de plus » ?

Mais finalement, elle avait peut-être eu tort. Peut-être qu'elle n'aurait pas fait partie des dizaines de femmes qui étaient passé dans son lit et qui en étaient tombé follement amoureuses sans espoir que ces doux sentiments leur soient un jour retournés.

Doux sentiments, peut-être, mais lorsqu'ils sont partagés.

Or, si il y avait eu une quelconque chance qu'ils lui soient retournés un jour suite à son aveu, maintenant, avec cette jeune femme un peu garçon manqué et au caractère bien trempé, celle-ci s'était définitivement évanoui, au revoir, pas de regret, hein ?

Oh si, elle en avait des regrets. Ceux-là la hantaient, lui faisaient entrevoir que tout aurait pu être différent sans sa lâcheté.

De l'extérieur, elle se complaisait à lui faire faire toutes les tâches ingrates et lui promettait en échange quelque chose qui n'arrivait jamais. Les femmes l'auraient trouvé manipulatrice et les hommes se seraient indignés. Mais elle voulait que personne ne sache, que ça reste son petit jardin secret à elle seule.

Elle faisait tout ça pour partager quelques moments privilégiés avec lui, quelques minutes où il n'appartenait qu'à elle.

Elle aurait pu céder à ses avances, enfin lui donner ce qu'elle lui promettait, ce qu'il voulait tant obtenir d'elle…

Mais elle ne voulait pas coucher avec lui sans qu'il ne l'aime.

Et elle savait fort bien qu'il ne l'aimait pas.

Ceci dit, maintenant…

Maintenant qu'elle était sûre qu'elle n'avait aucune chance…

Peut-être aurait-elle dû accepter, partager au moins une fois la chaleur de son lit, celle de ses bras et de leurs deux corps enlacés, en rêvant que, peut-être, il l'aimait ?

Ce n'aurait pas déjà été ça ?

Mais sa fierté reprenait le dessus à chaque fois.

Maudite soit-elle.

En silence, la jeune policière, bien que promue à un grand avenir, passait ses soirées à rêver du nettoyeur de Tokyo, de l'étalon de Shinjuku, l'homme inaccessible, le seul homme qu'elle n'aurait jamais et le seul qu'elle désirait.

Assise à côté de la fenêtre, elle suppliait les étoiles du regard et rêvait de Ryo Saeba.