Attention : spoilers.
Fiction basée sur les informations données au chapitre 866, pendant l'arc Whole Cake (en cours de publication). Je comble les trous d'un flashback, depuis l'abandon de Linlin par ses parents (je l'appelle comme ça, elle n'est pas encore devenu Big Momzilla !) et sa rencontre avec Mother Carmel. Quelques pages dans un manga valent bien quelques chapitres de fanfic, non?
Disclaimer : Tout appartient à Eiichiro Oda (the Master). Les dialogues annotés d'un * sont directement issus du chapitre 866.
Sur ce, bonne lecture !
Chapitre I – Crabes, gâteaux et sucreries
Grandline était calme ce jour là, et la mer n'était agitée que par une agréable brise d'été. La longue silhouette du trois-mâts se reflétait sur l'eau claire. Les marins avaient réduit les voiles, et le bateau approchait lentement une île arborant d'immenses montagnes. Trouver une plage sur laquelle accoster n'était pas chose aisée de ce côté de l'île. Mais ils ne pouvaient pas tout simplement se rendre au port : ce qu'ils venaient faire à Erbaf devait se produire le plus loin possible de potentiels témoins. Pour leur propre sécurité. « Ce n'est pas tous les jours qu'on abandonne son enfant » pensa Mme Charlotte en regardant la côte se rapprocher et avec elle, le moment fatidique. Elle espérait que tout se passe… bien ? Un long frisson lui parcouru le dos. Oui, tout irait pour le mieux.
Le navire longeait l'île depuis environ une demi heure quand finalement le capitaine, Mr Charlotte, décida qu'il était tant d'accoster. Il donna l'ordre de mouiller le navire dans une petite baie isolée, et fit descendre trois canots pour pouvoir atteindre la rive. Ou plus exactement une barque de taille normale, et une sorte de large double-barque rafistolée. Les marins déposèrent ensuite un grand sac dans l'embarcation normale. Après quoi Mr Charlotte y prit place avec sa femme et appela sa fille.
« Linlin ! Ne nous fait pas attendre, s'il te plaît. »
« J'arrive papa ! » répondit joyeusement une voix enfantine. Enfin, une voix enfantine qui résonnait comme la voix d'un ogre depuis les tréfonds du bateau. Puis ce fut un effroyable bruit de course qui retentit, et les matelots s'accrochèrent où ils le pouvaient pour éviter de tomber, tant les planches du pont tremblaient. Ils avaient l'habitude, mais avaient aussi hâte de ne plus devoir vivre ça constamment. De ne plus devoir vivre dans la peur d'une enfant.
Soudain une main énorme émergea par la porte qui menait aux quartiers du capitaine et de sa famille. Cette main fut très vite suivie d'un bras tout aussi grand, puis par un corps gigantesque. Corps qui se bloqua dans l'embrasure de ladite porte. Certes Linlin n'avait que cinq ans, mais elle avait déjà bien grandie depuis que son père avait fait aménager son bateau à sa taille pour la huitième fois.
La gamine géante finit par se décoincer de sa prison, et sans prêter plus que ça attention aux bouts de bois brisés qui se détachèrent de la porte, elle rejoignit ses parents en trottinant. Comprenant qu'ils étaient déjà à bord des barques, elle entreprit de passer par dessus la rambarde et de descendre pour les rejoindre. Sa mère l'arrêta net.
« Met d'abord ton harnais ! On te l'a déjà dit, si tu tombes à l'eau nous ne pourrons pas t'aider. »
Linlin se ravisa, et grommela un « Oui maman… » pas très convaincu. Elle resta donc sur le pont, et attendit que les marins l'attachent. Faire descendre Linlin, tout comme la faire monter à bord, requérait toute une logistique. Malgré sa taille hors-normes, elle n'était qu'une petite fille et n'avait pas pleinement conscience de son corps, ni des dégâts qu'elle provoquait en se déplaçant. Ses parents avaient fini par engager un inventeur pour résoudre le problème, et celui-ci leur avait fourni une sorte de grue avec un système de contrepoids. Il suffisait d'attacher Linlin à un harnais, et de la soulever ou de la faire descendre à l'aide d'un levier qui enclenchait le mécanisme. C'était plus simple que de faire réparer le bateau à chaque fois que Linlin voulait y grimper seule. Les matelots négocièrent la descente de l'enfant géante, et elle atterri directement dans la double barque. Malgré une plus large surface pour une meilleure répartition du poids de l'enfant, la large barque s'affaissa nettement.
Mais Linlin n'en avait cure, et ne voyait pas tous les soucis qu'elle causait autour d'elle. Sa taille était un souci, ça elle commençait à le comprendre. Mais c'était aussi un atout merveilleux, de son point de vue : elle n'avait aucun problème à attraper les bonbons en haut des étagères. Elle empoigna une rame avec le sourire, et se demanda pourquoi ses parents l'avaient emmenée ici. D'habitude, ils évitaient de la laisser sortir avec eux. Remarquant l'énorme sac que sa mère avait pris, elle se dit qu'ils partaient sûrement pique-niquer. Elle passa le reste du trajet vers la plage à imaginer ce qui se trouvait dans le sac. Des myrtilles ? De la crème anglaise ? Un gâteau ? Linlin essayait de se rappeler si aujourd'hui était une occasion spéciale. Son anniversaire, peut-être ? Pour savoir, encore fallait-il atteindre la plage. La fillette redoubla d'efforts pour ramer plus vite.
Leurs barques venaient à peine d'atteindre le rivage que Linlin se rua hors de la sienne et commença à observer la plage dans ses moindres recoins. Des rochers à perte de vue… Peut-être étaient-ils venu chasser le crabe en famille ? « On pourrait en faire un ragoût après… » pensa-t-elle. Rien que cette idée la faisait saliver. Elle adorait les sucreries, mais toute nourriture était bonne à prendre. Même les crabes. Après avoir laissé son jeune esprit vagabonder, elle se retourna vers ses parents. Sa mère arpentait la plage elle aussi, un peu plus loin.
« Mais où sommes-nous ?* » leur demanda t-elle. Voyant que ses parents faisaient mine de ne pas l'avoir entendu, elle hésita. Mais Linlin avait trop envie de savoir, et était décidée à satisfaire sa soif de curiosité. Elle allait leur reposer la question, mais à ce moment là sa mère se rapprocha d'elle et lui désigna le grand sac à dos qu'elle avait amené. La fillette comprit par ce geste qu'elle devait le prendre, et le mit sur ses épaules. Il était bien lourd, ce sac. Puis voyant que cela ne sonnait pas le signal du départ, elle s'assit et jaugea la situation. Elle qui pensait partir en promenade et faire un repas familial, voire même une fête. Et voilà que son père rattachait les barques ensemble, et regardait le sol caillouteux de la plage comme pour vérifier qu'il n'y avait rien oublié.
Sentant qu'elle n'obtiendrait pas de réponse à sa première question, Linlin reprit « Maman, Papa, vous allez où ?* » Ils ne lui avaient rien dit, rien laissé voir, mais elle avait soudain le terrible pressentiment qu'ils allaient partir sans elle.
Son père se rapprocha à son tour, et regarda sa fille dans les yeux, sans rien dire. Comme souvent, d'ailleurs. Il ne lui parlait pas beaucoup, et Linlin ne comprenait pas encore ce que son père éprouvait à son égard. Elle ne lisait pas dans son regard ni le dégoût, ni la honte, et encore moins la peur qu'il éprouvait. Sa mère prit un air distant, l'espace d'une seconde. Puis elle lui répondit, tout sourire : « Papa a une mission à effectuer, par loin d'ici.* »
Linlin tourna les yeux vers son père, qui fixait désormais l'océan, toujours en silence. Mme Charlotte poussa un soupir discret. Son mari lui avait assuré qu'il n'y avait pas d'autre solution que celle-ci, et si elle avait faiblement protesté, elle avait fini par accepter. Mais entre en parler, et faire ce qu'elle s'apprêtait à faire… Mme Charlotte avait voulu être une bonne mère. Elle avait désiré avoir des enfants. Si seulement elle avait pu en avoir un normal. C'est en se raccrochant à l'idée qu'elle avait fait tout ce qu'il fallait que la mère de Linlin recomposa son sourire de façade.
« Tu vas nous attendre sagement ici, d'accord ?* » continua-t-elle, en essayant d'avoir l'air ferme. Mais elle ne pu s'empêcher de voir le visage de sa fille s'attrister. Linlin était déçue, et plus elle comprenait ce que cela impliquait d'attendre ici seule (pas de pèche aux crabes, pas de balades et de pique-nique, pas de gâteau), plus elle sentait comme une boule désagréable se former dans petit corps. Une boule de tristesse et de colère.
« Aw… mais je veux venir avec vous….* » murmura l'enfant, au bord des larmes.
« C'était à prévoir » lança mentalement Mr Charlotte à sa femme, alors qu'elle lui renvoyait un regard désespéré. Il l'avait prévenu : il ne souhaitait pas intervenir. Ce petit monstre, enfin, sa fille était incontrôlable. S'il n'avait pas entendu parler de la sainte femme qui vivait sur cette île, il aurait du trouver une autre solution pour Linlin quelque chose d'encore plus définitif qu'un abandon. Sans que sa femme le sache, bien entendu. Mais il avait réussi à lui faire accepter de déposer Linlin là où quelqu'un pourrait l'aider. Peut-être avait-il omis d'informer sa femme que la « Sainte d'Erbaf » n'était que le produit d'une rumeur qu'il avait entendu au bar. Tant pis, rumeur ou pas, Linlin allait enfin sortir de leurs vies et ils seraient à nouveau heureux.
Voyant qu'aucun soutien ne viendrait de la part de son mari, Mme Charlotte décida de jouer sur la corde sensible. Il lui fallait absolument calmer sa fille avant leur départ, pour leur laisser le temps de fuir. Non. Voilà qu'elle commençait à penser comme son mari. Mais voir leur fille dans cet état, presque en larmes, c'était vraiment effrayant. Elle savait comme lui tout ce qui pouvait arriver si Linlin craquait encore. Pour désamorcer la bombe, il lui fallait faire très attention, et choisir ses mots. Mme Charlotte se souvenait encore de leur dernière escale à Sabaody, alors que leur fille n'avait que trois ans. La petite Linlin venait d'apprendre à marcher, et cette aptitude avait décuplé les dégâts qu'elle causait bébé. Ce jour là, elle avait détruit tout un pâté de maisons parce que ses parents lui avaient promis une glace, et parce que le marchand de glaces en question était fermé. Ils avaient mis plusieurs jours à la calmer. Mme Charlotte chassa ses souvenirs. Il était temps d'en finir avec tout ça.
« Mais non Linlin, tu sais bien que tu ne peux pas venir.* » commença sa mère d'un ton autoritaire qui tranchait avec ses mains tremblantes. Elle déglutit, et tenta de capter l'attention de sa fille en lui tendant une nouvelle perche. Si c'était la dernière fois, autant être une bonne mère jusqu'au bout. Montrer qu'elle était une gentille maman.
« Tiens, j'ai remplis ton sac de bonbons. Ils sont pour toi ! Enfin, si tu nous attends bien gentiment, tu pourras en manger autant que tu veux !* » Mme Charlotte n'eut presque pas le temps de finir sa phrase. La gamine avait instantanément arrêté de pleurer à l'annonce du mot « bonbons » et la regardait maintenant les yeux pleins d'espoirs.
« Eeeh ! Je peux tout manger ?* » C'était trop beau pour être vrai, ce devait être un rêve. Mieux que les crabes, mieux que les sandwichs, mieux que les gâteaux. Enfin peut-être pas mieux que les gâteaux. Mais quand même !
« Exactement ma chérie » lui répliqua sa mère, qui affichait un sourire étrange. Un sourire de façade, qui sonnait atrocement faux. Mais Linlin était aux anges. Elle ne regardait plus sa mère, et s'acharnait déjà à ouvrir le sac. Une fois les sangles déliées, l'enfant contempla son trésor. Elle semblait ne rien remarquer d'autre que les bonbons de toutes les couleurs qui n'attendaient que de rencontrer ses molaires. Son amour du sucre compensait le départ de ses parents.
« D'accord… Je vais vous attendre ici sagement. Vous verrez, je n'aurais jamais été aussi sage !* » affirma-t-elle, la bave aux lèvres. Elle leur souriait de toutes ses dents. Mr Charlotte frissonna. Mais leur enfant semblait calmée, tout s'était bien passé jusque là. Les sucreries l'occuperaient pour un temps, et après… Peu lui importait en fait. Parce que d'ici là, ils seraient déjà loin.
Soulagés d'avoir endigué le début de crise, ses parents remontèrent à bord des barques, laissant leur fille sur la plage. La petite-grande fille, qui avait pris sa mère au mot et avait déjà enfourné une poignée de sucreries dans sa bouche, agita sa main dans leur direction. Elle espérait qu'ils reviendraient bientôt. C'est à ce moment là qu'elle remarqua tout de même un détail.
Son père ne se retourna pas. Et les épaules de sa mère tressautaient bizarrement.
Une fois sur le pont, Mme Charlotte s'effondra dans les bras de son mari. Elle ne pouvait pas retenir ses larmes plus longtemps. Il tentait comme il pouvait de la réconforter, mais ce n'était pas son fort.
« Ne pleures pas ma chérie. Avec tous les dégâts qu'elle a déjà causé, nous n'avons pas d'autre choix que de... » Mr Charlotte hésita une seconde. Il n'allait pas employer le terme d'abandonner, sa femme ne le supporterait pas. Il reprit : « … que de l'exiler. Cette enfant est incontrôlable. Et puis je te l'ai déjà expliqué, il paraît qu'une sainte vit ici, et que… * »
Mais sa femme avait cessé de l'écouter. Si seulement ils avaient eu une autre option… Mais ils avaient déjà tout essayé pour elle, et ils étaient finalement arrivés à court d'idées. Seule cette femme, la fameuse « sainte » ou peu importe dont son mari avait parlé oui cette femme étrange pouvait aider sa fille, et Mme Charlotte espérait de tout cœur qu'elle le ferait. Une fois ses larmes calmées, elle se détacha de son mari et voulut apercevoir sa fille une dernière fois. En vain.
Le navire s'éloignait déjà vers l'horizon, toutes voiles au vent. Linlin n'avait pas bougé, mais regardait les poissons énormes qui nageaient au bord de la plage et dans le sillage du bateau. Elle aurait tant voulu goûter tout ces poissons aux multiples couleurs : ils lui faisaient penser à des bonbons. Mais elle ne savait pas nager. Finalement elle avait repris une poignée de bonbons, et commença à les manger un par un, au fil des couleurs des poissons. Un rouge, bonbon rouge. Un jaune, bonbon jaune. Absorbée par son nouveau jeu, ses parents lui étaient sortis de la tête. Et de toute façon ils allaient bientôt revenir la chercher, n'est-ce pas ?
Alors, qu'est-ce que vous en avez pensé ? Petite review please ? Juste pour m'assurer que je vais dans la bonne direction (ou que je foire tout, on ne sait jamais !).
Pour les parents de Big Mom, peu d'infos sont données sur eux dans le manga, c'est pourquoi je les ai plutôt librement interprétés. Vous avez probablement remarqué que la majorité des dialogues sont issus du chapitre dont je m'inspire, et ces dialogues m'ont donné les indices sur Mr et Mme Charlotte. Le père avait l'air beaucoup plus distant que la mère, et je ne pense pas qu'abandonner son enfant soit une partie de plaisir, même si l'enfant en question est flippante ! Du coup j'ai eu l'image d'une mère plutôt affectueuse, mais dépassée (littéralement!) par les événements.
Voilà pour le chapitre 1, la suite arrive bientôt. Même si pour l'instant c'est plutôt de la réécriture avec le POV des parents, c'était nécessaire pour la suite. Pour le prochain chapitre, je m'éloignerai un peu du manga pour faire vivre quelques aventures à Linlin (avant qu'elle ne soit prise en charge par l'orphelinat).
A bientôt j'espère, cher lecteur :)
