Bonjour, bonsoir et bienvenue ! Je vous présente fièrement la suite de Une semaine pour bouleverser des vies. Merci à tous ceux et celles qui vont continuer de me suivre et bienvenue aux petits nouveaux.

Bonne lecture et laissez un commentaire !


Les vies entremêlées 1

En deux mois, il pouvait se passer beaucoup de choses, des imprévus et même des événements plus qu'espérés.

Sam avait tout plaqué pour s'installer avec Gabriel dans cette petite ville où ils s'étaient rencontrés. Il avait dit adieu à Jessica pour la dernière fois, enfermant son souvenir, son passé et tout ce qui le rattachait encore à elle dans un coin de son esprit où il pourrait toujours venir se recueillir. Il avait donné ses affaires qu'il n'avait pas rendu à ses parents. Après l'incendie, il ne restait qu'un minuscule sac de voyage qu'ils avaient oublié chez l'oncle de Jessica. Ils y étaient parti une semaine entière il y avait quelque jours de ça. Une seule photo d'elle prise dans un photomaton était conservée dans son porte-feuille, juste à côté de celle de Gabriel.

Puis le déménagement avait été long.

A la fois pour le voyage aller (« C'est encore loin ? -On vient de partir depuis à peine une heure. Je t'avais dit de rester. -Te laisser tout seul ? Non merci !)...

… le démontage de tous les meubles (« Gabe ? Tu l'as mis où le tourne-vis ? -Justement, j'allais te poser la même question.)...

… et le voyage retour (« Tu crois que le bus va pouvoir tout prendre ? -Y a intérêt. -On aurait du prendre la voiture de ton frère. -Impossible. Sauf si tu veux mourir pour avoir rayé son coffre.)

Après avoir remplis tous les papiers pour couper l'électricité, l'eau, rompre son contrat de location et tout le tralala avec son employeur, Sam pouvait enfin penser à l'avenir dans cette petite ville où il avait trouvé le bonheur. Dans le bus du retour, les meubles et objets précieux empilés dans les soutes à bagages, le cadet regardait son petit ami, la tête appuyée sur son épaule et complètement épuisé par l'effort et le ronronnement du véhicule. Il lui embrassa les cheveux et s'imprégna de sa présence à ses côtés.

Gabriel était très câlin à ses heures. Ils pouvaient tout simplement être en train de manger et il lui suffisait d'une seconde fugace dans son esprit tordu pour lui sauter sur les genoux et continuer de manger comme ça. Sam se faisait toujours surprendre et râlait à chaque fois. Mais Gabriel ne bougeait pas et Sam se fatiguait pour rien. Au final, il rendait toujours les armes et le plus petit lui donnait un bisou pour qu'il ne soit pas trop fâché contre son manque absolu d'autorité.

Ses affaires avait été remontées en un après-midi, remplissant peu à peu la maison à peine décorée. La première chose que fit le cadet fut de remplir la chambre à coucher pour la rendre plus vivante. Il avait déjà posé la question à Gabriel pour savoir pourquoi elle était si triste comparée à la cuisine toute équipée. Tout ce qu'il lui avait répondu, c'était qu'il n'y avait tout simplement personne pour l'admirer à part lui. Et puis, il ne savait pas quoi mettre.

Alors Sam s'en était occupé. Il avait commencé par ajouter une commode rouge, une petite télévision, une nouvelle table de chevet avec une lampe et un réveil, un bureau, des posters et enfin un secrétaire pour y ranger tous les papiers importants que Gabriel rangeait simplement dans des chemises indiquées au marqueur.

A la vue de tout l'attirail apporté, Gabe avait bien sûr protesté. C'était de l'incruste après tout et il fallait bien qu'il s'amuse entre deux modes d'emploi. D'ailleurs, en parlant de ça...

-Sam ? Il est en français ton mode d'emploi. Je veux bien croire que t'es doué pour les langues étrangères mais on n'a pas tous fait Stanford.

-T'as regardé au dos.

-... J'ai rien dit.

Mais il n'allait pas s'arrêter en si bon chemin.

-Sam ? Je trouve pas la vis.

-Dans la boite à chaussure, là. Il y a le dessin du meuble dessus.

-Mais elle est vide la boite.

-Alors elle est encore sur le meuble. On en avait laissé quelques unes je crois.

-... J'ai rien dit.

Mais il n'allait toujours pas s'arrêter en si bon chemin.

-Sam ? J'arrive pas et j'ai mal aux mains.

-Tu n'as qu'à suivre la notice. Et pour tes mains, on a des gants.

-Mais je comprends pas comment ça se monte. Je comprends pas la notice. C'est quoi une vis A810 ? Et il est où le trou B ? C'est lui ? Ou lui ?

Au final, Sam l'avait aidé et à deux, ils réussirent à monter la commode. Enfin, les commodes car il y en avait deux, au grand malheur du pauvre Gabe à deux doigts de pleurer pour s'attirer la pitié de Sam et être exempté de continuer.

Après la commode, la télévision avait été posée dessus et les branchements furent vite faits par un Sam qui avait plus que hâte de terminer cette partie de l'emménagement. Pas que ce soit physiquement épuisant mais mentalement, sans compter le gamin de trois ans et demi qui piaillait à chaque fois qu'il lui annonçait une nouvelle tache à accomplir.

-Tu as de la chance que j'avais pensé à faire une prise dans la chambre.

-Mais tu n'avais même pas de poste dans ta chambre.

-Ben j'avais personne avec qui regarder un porno, alors... Mais maintenant tu es là.

-GABRIEL !

Il put apprécier la jolie teinte rosée sur les joues de son amant et Gabriel lui-même se sentit gêné parce ses propos un peu trop facile et qui dévoilait au grand jour son programme, même si Sam ne prit tout ça que comme une grosse blague issue d'un cerveau épuisé. Gabriel ne dit rien sur la table de chevet ni sur le bureau, même si ça le démangeait, ou sur le secrétaire qui faisait bien trop strict à son goût. Mais les posters...

-Sérieusement ? Tu veux mettre ça dans notre chambre ?

-C'est zen. C'est fait pour pouvoir se concentrer.

Les posters en question, déjà prêts à s'écrouler sur le sol pour être refixé au mur, affichaient des cailloux empilés les uns sur les autres ou une cascade qui lui donnerait envie d'aller aux toilettes toutes les trente secondes. Aucune de ces images sensées respirer la zen attitude ne lui donnait envie de se concentrer. Et puis, pourquoi ça devait être dans leur chambre ? Dans les toilettes, si tu voulais, mais dans la chambre...

-J'ai pas besoin de me concentrer pour savoir dans quel trou ça va.

-GABRIEL ! Non, t'es trop vulgaire cette fois-ci.

-C'est pas ma faute. Je suis pas très inspiré ces derniers temps. En même temps, quel jeu de mot tu veux que je trouve aujourd'hui à part mon envie de te démonter ?

Sam abandonna la partie et Gabriel lui donna un baiser pour qu'il ne se décourage pas parce qu'il y avait encore tous les cartons à déballer. Il lui laissa aussi ses posters. Ça lui donnerait sûrement une occasion de se venger plus tard. Qui sait ?

Commençant une nouvelle vie, il devait trouver un emploi. Gabriel avait repris son travail en tant que caissier dans l'un des seuls supermarchés de la ville où il y avait plus que trois paquets de bonbons perdus sur une étagère. Il l'aidait dans ses recherches, bien évidement. Et ils étaient à deux doigts de trouver ce qu'il fallait. Une grande chaîne de livres et multimédia allait ouvrir en plein cœur de la ville dans deux ou trois mois et le CV de Sam avait été retenu. Dans peu de temps, il allait passer ses journées dans tout ce qu'il aimait.

Et Gabriel le câlinait encore plus, de peur d'être détrôné de son piédestal par des milliers de bouquins aux pages ensorceleuses.

Mais au final, ils vivaient une belle vie, même si elle n'avait commencé que deux mois plus tôt. Ils pourraient presque vivre uniquement d'amour et d'eau fraîche si Gabriel n'avait pas cette dépendance au sucre, au grand malheur de Sam qui l'espionnait le soir lorsque Gabe s'organisait une soirée nounours en gélatine devant un film sur son ordinateur portable. Et quand il ne le regardait pas par le trou de la serrure, il lui suffisait de faire un tour sur son historique.

Sam aussi avait peur de disparaître, enseveli sous une montagne de sucreries colorées. Il avait tous les droits de faire attention, non ?

xxxxx

xxxxx

D'un autre côté, un autre couple totalement à l'opposé du leur essayait tant bien que mal de comprendre le sens des mots « cohabitation » et « apprivoisement ».

Si l'un était plus que prêt à profiter de ce rapprochement, l'autre, en revanche était encore réticent face aux petites allusions qui dirigeaient maintenant sa vie.

Après avoir réglé bien trop facilement au goût de Dean leur problème d'emploi (« Dean, depuis quand tu as travaillé en tant que garagiste à Hollywood avant de partir en Allemagne pour rencontrer la chancelière et lui faire signer un contrat de 12 milliards de dollars pour des voitures ? -Tu rigoles ? Je parle pas un mot d'allemand. J'avais choisi l'espagnol pour le plaisir de la langue. Tu te souviens comment il fallait la faire rouler pour... -Qui a fait ton CV ? -Ben c'est toi. Tu m'as envoyé un sms pour me dire que tu t'en chargeais. -J'ai jamais... GABRIEL ! »), tous les deux jouissaient d'un salaire honnête, l'un dans un garage, le seul dans les trente kilomètres alentours, et l'autre dans un centre commercial un peu plus loin en tant que vendeur (« Dis, maintenant que tu connais tout le monde ici, tu pourrais lui demander un petit service ? -Je t'ai déjà dit non, Gabriel. J'ai l'impression que tout tourne autour de toi en ce moment. -Ce n'est qu'une impression. Tu travailles bien trop. Permet-moi de t'offrir une soirée détente en échange d'un petit service de rien du tout. -Non. Je ne demanderais pas à Kate des tickets de réduction sur ses produits tout ça parce qu'elle travaille dans une confiserie !).

Au moins, ils avaient de nouveau de quoi vivre paisiblement mais, côté cœur, il restait encore tout à bâtir.

Castiel avait le cœur qui lui sortait par tous les pores de la peau comme un truc visqueux et prêt à vous engloutir, selon Gabriel. Et toujours selon lui, il souriait bien plus souvent. Castiel n'y avait même pas fait attention mais la remarque était vrai.

Ses lèvres s'étiraient bien plus souvent et sûrement grâce à Dean qui lui avait donné une chance de capturer son cœur. Il n'avait plus besoin de se cacher derrière l'ombre d'une femme pour complimenter l'homme qui le faisait fantasmer tous les jours. Aujourd'hui, il pouvait se balader avec Dean sans plus retenir ses pulsions de lui tenir la main ou au moins se rapprocher assez pour se coller épaule contre épaule. Il n'avait plus besoin d'excuse pour expliquer un geste un peu trop près de l'espace personnel de Dean.

Il avait Dean pour lui tout seul qui l'accueillait à bras ouvert dans son nid...

Enfin, à bras ouvert...

Disons plutôt à bras à moitié ouvert...

Ou même avec un seul bras ouvert...

Ou, pour être plus juste, avec une seule main tendue sortant miraculeusement de ses bras croisés.

Car oui, Dean avait donné sa chance à Castiel mais cela ne signifiait pas qu'il allait tout accepter en bloc. Il avait ses limites.

D'ailleurs, il s'était fixé plusieurs étapes, tout un plan d'action dont ils avaient longuement discuté, afin de comprendre les sentiments de Cas à son égard.

Première étape : Castiel n'était plus un ami mais un petit-ami potentiel. Il fallait bien commencer par là. Dean avait fait des efforts, lorsqu'il s'était expliqué avec Castiel pour sortir quelques mots de sa bouche et réussir à lui faire comprendre qu'il voulait bien essayer de construire des sentiments durables à son égard. Du coup, Castiel n'était plus un simple ami, comme celui que l'on appelait le soir pour aller boire une bière ou pour demander un service de dernière minute.

Castiel était devenu un petit-ami potentiel qui ferait tout pour gagner sa place.

Deuxième étape : Dean ne serait plus hétéro mais homo, même si tout cela ne concernait qu'un seul homme. Il ne comptait pas recommencer l'expérience avec quelqu'un d'autre mais c'était un grand changement dans la vie du jeune homme qui ne jurait que par des seins et des strings. Sur ce coup-là, Gabriel lui avait donné un conseil bien imagé que peu de personne pourrait prendre au sérieux :

-Les hommes et les femmes, c'est pareil. Les belles poitrines sont justes un peu plus basses. Et tu gagne un morceau en prime. Ne sommes-nous pas bien fait ?

Dean eut tellement honte que malgré les menaces de Sam pour le faire parler et savoir ce qui l'avait mis dans cet état, il ne fit que désigner Gabe du regard avant que ce dernier ne s'enfuit loin de son Gigantor dont il redoutait le courroux encore une fois pour avoir désobéi à la règle « ne pas se mêler des affaires de Cas et Dean ».

A présent, Dean ne devait plus penser comme un homme à femme mais un homme à homme et le changement avait été difficile.

Comme exemple, il avait choisi d'imiter Castiel, déjà assumé, pour connaître tous les trucs qui pouvaient se faire ou non de ce côté de la barrière pour ne pas faire un geste déplacer à l'encontre de celui-ci.

D'abord, dans les fast-food où les femmes étaient en grand nombre, Castiel n'y jetait même pas un coup d'œil, ne serait-ce que pour observer la marchandise. Par contre, il suivait les moindres faits et gestes de Dean à propos de ces belles serveuses en uniforme. Quand ils étaient assis l'un en face de l'autre, toujours donc, Castiel se donnait la permission de glisser délicatement mais aussi de force son pied entre ceux de Dean, n'hésitant pas à le frotter contre ses pairs lorsque l'homme s'égarait trop dans un décolleté démesuré.

Les serveuses n'avaient jamais eu connaissance de la véritable cause du rouge pivoine qui apparaissait sur le visage de Dean quand elles lui tournaient le dos.

Et puis, il n'y avait pas que dans les restaurants que Dean ne savait plus où se mettre. Même chez lui, il avait envie de s'enfouir sous terre. Il avait observé que Castiel était bien plus câlin, à la limite de se transformer en chat ronronneur.

Castiel respectait le fait que Dean avait besoin de temps pour se faire à l'idée qu'il se faisait courtiser par un homme mais il y avait des moments où cette limite invisible n'était pas respectée. Le jeune homme avait besoin de se rassurer que tout cela était bien réel, que ce n'était pas une mauvaise blague qui le détruirait en mille morceaux. Pour être sûr que Dean était sincère sur son envie de se rapprocher de lui.

Dans ces moments-là, il rejoignait tout doucement Dean, en général trop occupé à regarder un programme télé ou à faire la cuisine ou d'autres trucs dans ce genre. Quand il était assez près, il lançait sa main vers sa partenaire et cela déclenchait des étincelles chez Dean. Et pendant cette seconde trouble, Castiel lui prenait la main et la serrait pour qu'elle ne s'enfuit pas en lui laissant un goût amer dans la bouche.

Dean ne contrôla pas vraiment son geste lorsque ses doigts s'enroulèrent autour de ceux de Cas et lorsque son avant-bars vint se coller au sien.

Le plus souvent, Dean ne bougeait pas, analysant ce que son ami venait de faire et goûtant timidement à cette sensation. Cependant, son corps en décida autrement, interprétant déjà cette tentative de rapprochement comme naturelle au vu des nombreuses fois où elle avait eu lieu.

Et troisième étape : Accepter que Castiel était en tout point pareil que lui, physiquement parlant, avec tout ce qu'il y avait entre les jambes et que leur relation pouvait aller plus loin que leur main l'une contre l'autre.

Comment Dean aurait-il pu prévoir que Castiel pouvait copuler ? C'était comme imaginer ses parents en plein acte... Impossible à moins de faire pénitence pendant un bon moment pour être sûr de ne plus jamais y penser.

Si il devait franchir le pas avec Castiel, il devrait penser aussi à cet aspect de la chose. Bien qu'il n'était pas honteux de son corps, devoir le dévoiler à son meilleur ami semblait totalement insensé. De même que voir Castiel nu en face de lui, sans rien qui pourrait l'empêcher de s'approcher de lui...

Bref, trois étapes à franchir et la première avait déjà bien été entamée...

En effet, il arrivait de plus en plus souvent que l'un passe plus de temps chez l'autre et inversement. Ce qui n'était que des visites de courtoisie au départ s'étaient transformées avec le temps en un début de colocation.

Dean passait plus de temps chez Castiel quand celui-ci l'invitait pour parler de leur nouveau travail, de son frère ou juste pour regarder un film qui passait à la télé le soir avec quelques boissons.

Quant à Castiel, il passait bien plus de temps chez Dean que chez lui-même. Avec leur rapprochement, il arrivait que Cas dorme chez Dean, juste pour profiter un moment d'être au même endroit. Ça avait commencé sur le canapé. Il s'était assoupi sur le matelas confortable et le coussin un peu rêche pendant un film trop ennuyeux à son goût – mais il ne le dirait certainement pas à Dean, prétextant plutôt la fatigue – et ne s'était réveillé qu'au matin, sentant l'odeur du café embaumer la pièce.

Le rouge aux joues, il s'était excusé auprès de son hôte.

-C'est pas grave. J'avais même pas remarqué que tu dormais.

Voyant ça comme une invitation, Castiel réitéra l'expérience, se demandant à quel point Dean voulait bien de lui sous son toit. Il fallut cinq semaines pour que Dean atteigne ses limites, bien au-delà de ses espérances. Et le résultat dépassa tellement tout ce qu'il avait pu imaginer à ce stade de leur relation qu'il faillit se jeter littéralement sur Dean pour l'embrasser à pleine bouche.

-Si tu veux tellement rester, tu peux venir dans mon lit... Ça t'évitera de te casser le dos.

Bizarrement, il n'avait pas proposé la chambre de Sam, libre depuis son emménagement avec Gabriel.

Castiel rougit fortement à la proposition et afficha son plus beau sourire étincelant à Dean qui rougit aussi fortement et sûrement plus que lui.

Un pas de plus était franchi, même si rien n'était encore gagné mais la perspective de dormir côte à côte était une bonne motivation.

-Mais chacun sur son côté du lit. Chacun son oreiller et pas d'invasion sur l'autre territoire.

Rien n'était encore gagné...