Disclaimer: les personnages de MFB ne m'appartiennent pas.
Salut! Je reviens avec une nouvelle fic de 5 chapitres qui est déjà totalement écrite. Je posterai les chapitres toutes les deux semaines. J'espère qu'elle vous plaira.
Chapitre 1:
Quatre personnes étaient réunies au cœur d'un terrain vague alors que la nuit tombait. L'obscurité rendait oppressantes les silhouettes des immeubles qui les entouraient. Malgré leur détresse flagrante, personne ne venait à leur aide. Un adolescent était étendu à terre. Ses cheveux roux semblaient être la seule étincelle de couleur dans ce monde terne. Une plaie s'ouvrait sur son ventre. Une jeune fille aux cheveux bruns appuyait un tissu contre sa blessure pour empêcher l'hémorragie. Le tissu et ses mains étaient rouges. Des larmes troublaient ses grands yeux bleus et coulaient sur son visage. Les deux autres se tenaient debout, angoissés, sans savoir que faire. L'un avait des cheveux violets et était plutôt imposant. L'autre, des cheveux verts clairs, semblait minuscule en comparaison.
-Ginga!
Le cri déchira l'air avec la force de la rage et du désespoir.
Un adolescent entra dans le terrain vague et courut vers eux. Il était couvert d'égratignures et de poussière, comme s'il sortait d'un combat particulièrement harassant. Quand il vit le blessé, il ralentit. Son pas se fit de plus en plus hésitant tandis que l'état de son ami se précisait dans son esprit. Son regard dériva sur le terrain vague mais ils étaient seuls. Il se laissa tomber à genoux près de lui. Ses pupilles s'étrécirent. Elles brillèrent d'un étrange éclat argenté qui mit les deux garçons mal à l'aise, rappelant à leur mémoire des souvenirs désagréables. Ces souvenirs n'altéraient en rien leur inquiétude mais l'augmentèrent d'un cran. Ils jetèrent un coup d'œil à l'adolescent même si la majorité de leur attention restait focalisée sur le blessé.
La jeune fille se concentrait entièrement sur sa tâche, occultant le reste du monde.
Un autre adolescent les rejoignit. Sa longue chevelure argentée battait ses pas. Il s'arrêta auprès d'eux, dardant des yeux tristes sur le blessé.
-J'ai appelé une ambulance. Elle devrait bientôt arriver.
En effet, des sirènes déchirèrent le silence. Aucun d'eux ne bougea pourtant. Ils ne semblaient même pas un petit peu soulagés en entendant l'aide promise et tant espérée s'approcher.
XXX
Tsubasa marchait dans les couloirs aseptisés de l'hôpital, un gobelet de chocolat chaud dans chaque main. Des cernes soulignaient ses yeux d'ordinaire si vifs. Ça faisait des heures que ses amis et lui attendaient. Depuis que les ambulances étaient venues chercher Ginga en fait. On les avait longuement interrogé sur la manière dont il avait été blessé – des adorateurs de Némésis, avaient décidé de les attaquer alors qu'ils étaient sur leurs traces. Leurs ennemis étaient parvenus à les séparer et ils n'avaient compris leur plan qu'en voyant l'état de Ginga après les avoir battu. Puis on les avait abandonné. Ils avaient dû chercher eux-même où Ginga était hospitalisé puis s'y rendre par leurs propres moyens. Et maintenant, ils attendaient, sans réussir à obtenir de ses nouvelles. Parce qu'ils ne faisaient pas partis de sa famille. Parce que des enfants n'avaient pas à s'informer de ce genre de choses. L'inquiétude les dévorait de l'intérieur mais tout le monde s'en moquait. On avait même voulu les jeter dehors. Apparemment, rester amorphes dans le coin d'un couloir causait une agitation intolérable. Kyoya avait essayé de frapper l'infirmière qui leur avait annoncé ça. Tsubasa, Benkei et Hyoma l'avaient retenu de justesse. Il s'était débattu avec plus de force qu'il n'en avait jamais montré auparavant. Ils avaient eu du mal à le maîtriser. Il frappait, cognait, se démenait. Puis, il s'était calmé. Subitement. Sans raison apparente. Ce calme – tellement contraire à sa nature – avait été plus effrayante que la crise elle-même.
Tsubasa atteignit le couloir où ses amis étaient rassemblés. Hyoma se tenait près de la porte, les traits tirés, à côté de Madoka dont les yeux étaient rouges et bouffis d'avoir trop pleuré. Benkei, à quelques pas d'eux, fixait la porte, comme si sa volonté seule pourrait l'ouvrir. Kyoya, assis à même le sol, avait le dos appuyé contre le mur. La tête baissée, ses cheveux cachaient son visage. Kenta et Yû étaient blottis sur la même chaise, à la recherche d'un peu de réconfort. Tsubasa leur donna les boissons. Ils les prirent sans lui adresser un regard. Il ne savait pas quoi leur dire. Aucun mot ne pourrait atténuer leur douleur tant qu'ils ne connaîtraient pas l'état de Ginga. Le fait qu'on ne partageait aucune information avec eux leur laissait présager le pire. Après tout, pourquoi leur cacherait-on si son état s'améliorait?
Tsubasa s'approcha de Madoka et de Hyoma. L'atmosphère lourde l'oppressait même s'il n'en laissait rien paraître.
-Il n'y a rien de nouveau? demanda-t-il même s'il connaissait déjà la réponse.
Madoka secoua la tête, confirmant ce qu'il savait déjà.
-Rien qu'on ne nous dise en tout cas, soupira-t-elle.
Le silence revint, tout aussi pesant et chargé d'angoisse. Leurs amis restaient prostrés, comme incapables de réagir. Tsubasa savait que Ginga était le noyau de leur groupe – comme chacun d'eux – mais il n'imaginait pas que son état les influençait tant.
-C'était quoi le problème tout à l'heure? demanda Hyoma.
Son intervention surprenait Tsubasa, surtout qu'il n'avait pas prononcé une seule parole depuis qu'il les avait rejoint devant l'hôpital.
-Avec Kyoya, précisa-t-il en regardant Madoka. Benkei, Kenta et toi aviez l'air... secoués.
C'était un euphémisme. Ils avaient semblé terrifiés par l'attitude du vert. Ça intriguait Tsubasa aussi mais ils avaient un sujet d'inquiétude autrement plus important dans l'immédiat.
L'expression de Madoka s'assombrit.
-Son regard... Il était presque... Ça nous a rappelé de mauvais souvenirs.
Elle s'interrompit sans ajouter de précision. Cette discussion la mettait clairement mal à l'aise et elle ne semblait pas prête à s'expliquer. La situation était suffisamment désagréable sans qu'en plus ils s'offensent les uns les autres. Ce n'était clairement pas le moment de se pousser à faire des confidences.
Hyoma avait dû suivre le même raisonnement car il n'ajouta rien. Le couloir redevint silencieux. L'heure des visites n'avait pas encore commencé et le personnel médical s'affairait ailleurs. Ils étaient seuls. Aucun d'entre eux n'avait le cœur à essayer de parler ou de remonter le moral aux autres. Alors ils se contentèrent d'attendre, comme les dernières heures. Le jour s'approchait de plus en plus.
Une porte s'ouvrit. Le grincement caractéristique les ranima: les têtes se relevèrent, les yeux s'illuminèrent, les corps se redressèrent. Un médecin sortait de la salle où Ginga était enfermé. Ils l'entourèrent pendant qu'il refermait la porte derrière lui. Ils l'assaillirent de questions, se moquant que les voix se mêlent et ne forment qu'un brouhaha incompréhensible. Ils voulaient avoir des réponses. Ils méritaient d'avoir des réponses. Sauf que le médecin ne semblait pas disposé à leur en donner. Ils les toisaient avec ennui, avec mépris même. Comme s'ils n'étaient qu'une vulgaire perte de temps. Peu à peu, leur agitation cessa, refroidie par son comportement. Ils voulaient juste savoir comment Ginga se portait.
-Où est son tuteur? se contenta de demander le médecin, insensible à leur inquiétude.
-À l'autre bout du monde, répondit sèchement Tsubasa.
Il en avait assez qu'on fasse si peu attention à eux.
-Il est en route mais ça va lui prendre du temps. Vous pouvez nous dire comment il va?
-Ces informations sont confidentielles. Seule sa famille – et plus exactement son tuteur – a le droit de les demander.
-On ne veut pas de détails, juste savoir s'il se remet.
Le médecin se contenta de secouer la tête.
-Nous sommes déjà très tolérants de vous laisser attendre ici. Cet établissement...
-La ferme.
Kyoya s'était silencieusement approché de l'attroupement, ses yeux fixés sur le médecin. Il ne voyait que lui. Le médecin ne semblait plus si fier, si arrogant. Il semblait même avoir perdu quelques centimètres. Kyoya se tenait comme s'il comptait se jeter sur lui. Tsubasa se prépara à intervenir. Le médecin mériterait amplement une correction mais ils ne pourraient pas convaincre le personnel médical de les laisser rester s'ils blessaient l'un d'entre eux. Il fallait user de diplomatie, de temps en temps, pour obtenir ce que l'on voulait – chose que Kyoya refusait de concevoir.
-Dis-nous comment il va?
-Ce...
-Ce n'était pas une question, grogna-t-il.
Des lueurs argentées dansaient au fond de ses prunelles.
Yû se faufila entre les adolescents pour se placer face au médecin.
-Gingy est notre ami. On a le droit de savoir comment il va!
-Dark Bubull! Il a raison.
Il les dévisagea les uns après les autres.
-Il est stabilisé.
Une vague de soulagement déferla sur eux. Le stress qui les maintenait éveillé et alertes jusque-là s'envola. Elle accentua soudainement leur fatigue. Kenta s'appuya contre Yû, incapable de tenir debout seul.
-Suffisamment pour être transféré dans un autre hôpital en tout cas.
-Quoi? fit Madoka sans comprendre.
-Pourquoi devrait-il être transféré? demanda froidement Hyoma.
Le médecin les toisa, en évitant soigneusement de regarder Kyoya, de nouveau méprisant.
-Cet établissement est renommé. Nous l'avons accueilli parce qu'il se trouvait dans notre secteur mais il est clair qu'aucun d'entre vous n'a les moyens de séjourner ici.
-Vous le jetteriez dehors juste pour ça? s'attrista Yû.
-C'est ignoble! s'emporta Madoka.
-Il a sauvé le monde! s'énerva Kenta. Plusieurs fois! Ça devrait compter.
Tsubasa partageait leur ressentiment. Après tout ce que Ginga avait fait, c'était réellement injuste qu'il soit délaissé de cette façon. Du coin de l'œil, il vit Kyoya bondir vers le médecin. Il le rattrapa avant qu'il ne le frappe, à contrecœur. Kyoya le considéra comme une nouvelle cible et essaya de le frapper. Benkei et Hyoma vinrent l'aider à le maîtriser. Il se débattit.
-Lâchez-moi!
-Kyoya, calme-toi.
-Je t'interdis de me donner des ordres! Lâchez-moi! Je vais le massacrer!
Le médecin s'écarta d'eux, l'air dégoûté. Il arrangea sa blouse d'un geste machinal. Il les toisait avec encore plus de mépris qu'auparavant si possible.
-Exactement ce que je disais.
-LÂCHEZ-MOI! grogna une fois de plus Kyoya.
Il ne se calmait pas. Au contraire. Sa rage augmentait. Sauf qu'il ne se laissait plus aveugler par elle. Il se débattait plus intelligemment, parvenant à plusieurs reprises à leur porter des coups. Même s'ils étaient trois à tenter de la maintenir, ils ne tiendraient plus longtemps. Tsubasa se pencha à son oreille.
-Tu n'aides pas Ginga là, souffla-t-il.
Kyoya cessa immédiatement de se débattre. Tsubasa ne s'attendait pas à une réaction aussi rapide. Ni aussi absolue d'ailleurs. Ils hésitèrent un instant avant de le lâcher. S'il ne faisait plus mine de se jeter sur le médecin, son regard, toujours fixé sur lui, n'avait pas changé. Sa férocité donnait l'impression qu'il allait se jeter sur lui pour l'égorger.
-Un téléphone, ordonna-t-il sèchement.
Tout d'abord, Tsubasa ne fut pas sûr d'avoir bien compris.
-Je veux un téléphone, répéta-t-il.
Tsubasa fouilla dans sa poche et lui donna le sien. Il ne savait pas avec qui il voulait parler. Il n'en avait aucune idée même mais il s'en moquait. Si ça lui permettait de se calmer, c'était le plus important.
Kyoya s'empara vivement du téléphone. Il s'éloigna d'eux, faisant quelques pas dans le couloir. Quand il se considéra assez loin, il s'arrêta et composa un numéro. Il plaqua le téléphone contre son oreille. Même s'ils l'avaient suivi des yeux, ils ne pouvaient voir son expression car il leur tournait le dos.
-De la racaille dans un tel établissement, marmonna le médecin en secouant la tête.
Il voulut partir mais Madoka lui barra le chemin. Son expression oscillait entre l'inquiétude et l'indignation.
-Dites-nous en plus sur l'état de Ginga, insista-t-elle.
-Vous n'êtes pas de sa famille: vous en savez bien assez comme ça!
-Ce n'est pas suffisant!
La seule chose qui empêcha le médecin de répliquer fut le retour de Kyoya. Il semblait agacé mais tout à fait calme – enfin, autant qu'il en avait l'air d'habitude. Cette normalité contrastait tellement avec le reste de la situation qu'elle les choqua.
-C'est réglé.
-De quoi parles-tu? demanda Tsubasa en récupérant son téléphone.
-Du transfert de Ginga. On quittera cet hôpital miteux dans une heure. Il y en a plein d'autres qui le soigneront mieux et plus vite.
-Comment...?
Kyoya fit un geste évasif de la main pour signifier que cela n'avait pas la moindre importance. Il retourna s'asseoir près de son mur, se replongeant dans le silence, sans plus faire attention à eux. Leur curiosité était piquée au vif. Le médecin profita de leur inattention pour s'en aller. Ils attendirent, apaisés par la promesse d'une amélioration. Tsubasa se demandait comment Kyoya avait pu résoudre aussi rapidement le problème du transfert. Il n'obtiendrait sûrement jamais de réponse: le vert n'était pas du genre à se laisser interroger ou entraîner dans une conversation quelconque.
Une heure passa et, comme il l'avait promis, Ginga fut emmené dans un autre hôpital. En hélicoptère. Il y avait même assez de place pour eux. Le vol dura peu de temps. Tsubasa était incapable de dire combien de temps exactement. Il n'y avait pas fait attention. Ils étaient avec Ginga. Enfin. Si leur ami ne semblait pas aller bien, son état était meilleur que l'imprécision du médecin leur avait laissé penser.
Dès qu'ils atteignirent l'autre hôpital, on les sépara de Ginga. Le personnel soignant les installa dans une salle d'attente plutôt confortable.
-Il va guérir? demanda Madoka dans un sanglot.
Une infirmière, venue s'enquérir de leur état, lui offrit un sourire réconfortant.
-Oui. Ça va prendre du temps, mais il guérira. Il faudra juste qu'il se repose pendant sa convalescence.
-Nous y veillerons, assura Hyoma.
Madoka baissa la tête.
-Ce ne sera pas simple, souffla-t-elle.
XXX
Ginga n'ouvrit les yeux que quelques jours plus tard. Tout d'abord, il ne se souvint pas de ce qui était arrivé ni de la façon dont il s'était retrouvé dans une chambre d'hôpital. Puis le combat s'imposa à son esprit. Il espéra que ses amis avaient eu plus de chance que lui. Il voulut se lever et quitter la chambre pour s'en assurer mais il entendit la porte s'ouvrir. Il se figea. Les médecins ne manqueraient pas de l'obliger à rester dans son lit.
L'idée seule le fit frissonner.
Contre toute attente, ce fut Yû qui apparut dans la pièce. Ses yeux verts s'écarquillèrent. Il fit volte-face.
-Il est réveillé! s'exclama-t-il avant de se précipiter vers lui.
Il s'arrêta juste à côté de son lit. Kenta, Madoka, Benkei, Tsubasa et Hyoma coururent à sa suite. Kyoya arriva plus lentement, l'air peu concerné. Ils semblaient tous aller bien. Cela suffit à le soulager.
-Tu vas bien? lui demanda Madoka.
-Oui. Mais ça ira mieux dès qu'on partira d'ici.
Il fit mine de se lever mais la technicienne se planta devant lui, poings sur les hanches.
-Un problème?
-Qu'est-ce que tu fais, là?
-Euh... Je me lève pour qu'on aille discuter ailleurs?
Madoka se pencha vers lui. Il recula, recula, jusqu'à se trouver complètement allongé sur son lit. Elle le fusillait tant du regard qu'il n'osait rien dire.
-Tu crois vraiment que tu peux quitter l'hôpital maintenant? Tu es loin d'être guéri. Si tu fais n'importe quoi, tu aggraveras tes blessures alors tu vas me faire le plaisir de rester tranquille!
Ginga opina lentement. Il ne voulait pas rester à l'hôpital mais Madoka ne lui laissait pas le choix. L'adolescente laissa échapper un soupir puis elle se redressa, tout sourire. Rien ne montrait l'éclat de colère qu'elle avait eu plus tôt.
-Bien.
Quelqu'un tapota sur son bras pour attirer son attention. Un éclair de douleur le traversa. Il ne put s'empêcher de grimacer.
-Désolé! s'exclama Kenta.
-Ce n'est rien, prétendit-il.
La douleur pulsait dans son bras. Même si l'effet de surprise passé, il parvenait à le cacher, c'était trop tard: l'enthousiasme et la joie de ses amis étaient complètement retombés. L'atmosphère s'assombrit et se tendit. Ginga s'en voulait d'avoir causé un tel malaise. Il ne comprenait pas pourquoi ses amis se montraient aussi gênés. Ses blessures n'étaient pas irréversibles. Son état s'améliorerait bientôt. Il ne voulait pas qu'ils s'inquiètent pour lui, surtout que c'était inutile. Il devait les rassurer, sauf qu'il ne trouvait pas les mots. Il ne savait pas comment amener le sujet sans les embarrasser davantage.
-Est-ce qu'ils t'ont affronté dans un match beyblade?
Ginga releva la tête.
-Kyoya! s'offusqua Madoka.
Son rival ignora la brune, se contentant de le regarder. Il ne semblait pas mal à l'aise lui. Juste énervé. Cette attitude si habituelle contrastait tant avec le comportement des autres que Ginga dut réprimer un sourire. La situation ne s'y prêtait pas.
-Non. Ils m'ont tendu un piège. Je n'ai pas eu le temps d'envoyer Pegasus au combat.
Ginga regarda tout autour de lui, cherchant sa fidèle toupie.
-Il est où? Je l'avais avec moi, est-ce que...?
Il n'osa pas formuler la fin de sa phrase. Il ne voulait pas imaginer ce que ces malades pourraient faire à son cher Pegasus s'ils l'avaient en leur possession.
-Je l'ai pris avec moi, annonça Madoka. Il a besoin de quelques réparations.
Une vague de soulagement balaya l'inquiétude de Ginga. Il préférait ça.
-Tu les as vu? continua son rival, comme s'il n'avait pas été interrompu.
-Ils portaient des capes et des masques recouvraient leurs visages.
-Comment on va les trouver si on sait même pas à quoi ils ressemblent?! s'énerva Kyoya.
Ginga voulut lui apporter une parole d'encouragement – après tout, ils avaient traversé des épreuves bien plus difficiles – mais Tsubasa le devança.
-C'est à l'AMBB de s'occuper de ça.
-Qu'est-ce que tu veux dire? grogna le vert.
-Cette fois, l'AMBB veut qu'on reste à l'écart.
-Et qui réglera le problème? Eux? Ils n'ont rien fait pour nous aider jusqu'à présent. Ils se sont toujours cachés derrière Ginga au lieu de se battre eux-mêmes. C'est à nous d'aller chercher ces minables pour leur régler leur compte.
Tsubasa darda ses yeux dorés sur Kyoya.
-Tu n'as pas l'air de te rendre compte de la situation. Ils ont attaqué Ginga directement. Ils ont essayé de le tuer. Ce n'est pas dans notre compétence.
Kyoya montra les crocs. Ça allait dégénérer.
-L'AMBB ne peut pas nous empêcher de nous en mêler, intervint Ginga, espérant désamorcer la situation.
Il ne pouvait pas approuver la décision de l'association. Pas quand celle-ci essayait de les mettre à l'écart.
La surprise marqua les visages de ses amis. L'esquisse d'un sourire étira les lèvres de Kyoya tandis qu'il lançait un regard fier à Tsubasa.
-Tu n'es pas sérieux, murmura l'argenté.
Ginga serra le poing et leur adressa un clin d'œil.
-On réglera le problème dès que je serai guéri.
Si l'expression de Kyoya ne changea pas, il sembla étinceler. Comme si le fait que Ginga partage son avis lui suffisait.
-C'est trop dangereux, ajouta Madoka.
Avant que quiconque n'ait pu commenter, elle ajouta:
-Je vais prévenir ton père que tu es réveillé. Il s'est beaucoup inquiété pour toi.
Elle s'éloigna. Avant de franchir le seuil, elle se retourna.
-Vous venez?
-Et pourquoi? se hérissa Kyoya.
Elle lui lança un regard noir qui n'eut aucun effet sur le vert.
-On doit le laisser se reposer.
Les autres acquiescèrent. Ginga les dévisagea les uns après les autres. À part Kyoya et Yû, ils semblaient tous d'accord. Ils n'allaient pas déjà l'abandonner quand même? Ça ne faisait même pas une dizaine de minutes qu'ils étaient avec lui. C'était décevant. Il ne tenta pas de les retenir quand il les vit sortir les uns après les autres. Kyoya hésita un instant puis sortit en traînant des pieds. Il voulait certainement éviter de croiser les adultes et d'avoir à s'expliquer devant eux. Seul Yû ne fuit pas la chambre.
-Yû? demanda Madoka.
-Je vais tenir compagnie à Gingy, dit Yû. Je partirai dès que M. Hagane sera là.
Madoka n'eut pas l'air ravi de sa décision.
-Ça me va, s'empressa de dire Ginga. Tu me racontes ce qui s'est passé pendant que j'étais inconscient?
Les yeux verts scintillèrent.
-Je vous laisse alors.
Madoka quitta la pièce. Yû escalada le lit et s'assit en face de lui. Un immense sourire traversait son visage. Apparemment, il y avait tout de même eu quelques moments joyeux. Il avait hâte que Yû lui raconte tout ça.
-On est tous installés dans le même hôtel, à quelques rues d'ici. On est plusieurs par chambre. Ça, ça a agacé Yoyo tout de suite. Mais tu le connais: il est toujours en train de se plaindre pour un rien. Il était encore pire que d'habitude. Sûrement parce que tu étais blessé. Attend... ça veut dire qu'il va être un tout petit peu plus sympa alors!
Des éclats de voix retentirent dans le couloir. Ils dévisagèrent. Yû pinça ses lèvres et tendit l'oreille. Malheureusement, la porte étouffait les paroles et les voix leur parvenaient trop déformées pour qu'ils les comprennent. Yû fit signe à Ginga de se taire et descendit du lit d'un bond. Il s'approcha à pas de loup de la porte. Il s'appuya et plaqua son oreille contre le battant. Il avait les sourcils légèrement froncés par la concentration.
Ginga attendit. Il n'était pas d'une nature spécialement curieuse mais ça l'intriguait. Combien de chances y avait-il pour qu'on discute devant sa chambre sans que cela le concerne?
Le visage de Yû se décomposa. Il s'écarta de la porte, les yeux écarquillés.
-Yû? s'inquiéta Ginga. Quelque chose ne va pas?
L'enfant se tourna vers lui, tiré de sa contemplation. Son expression perdue disparut tandis que ses sourcils se froncèrent.
-Je vais chercher les autres, déclara-t-il. Je vous expliquerai tout, d'accord?
Ginga n'eut pas le temps d'acquiescer que Yû se précipitait hors de la salle. Il ouvrit la porte et sortit sans prendre la peine de la refermer.
-Bonjour M. Hagane! cria-t-il.
Le père de Ginga entra dans la chambre en jetant un regard surpris derrière lui. Yû faisait souvent cet effet aux gens. Ginga se demandait ce qu'il avait pu dire pour l'inquiéter autant et s'il le lui expliquerait. Il se renfrogna. Bien sûr qu'il ne lui dirait rien: l'AMBB les mettait à l'écart et il la dirigeait. Ginga s'efforça de paraître moins déçu. Yû et ses amis reviendraient bientôt pour éclaircir la situation. S'il alarmait son père avec son attitude, il ne pourrait pas leur parler et serait forcé au repos.
Il écouta distraitement son père, attendant avec impatience la venue de ses amis. Quand Ryo lui annonça qu'il avait beaucoup de travail et qu'il devait prendre congé de lui, Ginga lui souhaita sincèrement bonne chance. Lorsqu'il se retrouva seul, il résista à l'envie de marcher dans la pièce pour se dégourdir les jambes. Il devait limiter ses mouvements au maximum pour guérir au plus vite.
Heureusement, ses amis arrivèrent vite. Yû fut le premier à entrer, une expression incroyablement sérieuse sur le visage. Kenta et Benkei le suivaient de près, les sourcils froncés par la curiosité. Hyoma se faufila dans la chambre, son éternel sourire sur les lèvres, et s'assit près de son ami d'enfance. Madoka, Tsubasa et Kyoya entrèrent ensuite en traînant des pieds, sûrement pour des raisons différentes. Ginga les observa un peu plus attentivement. Madoka devait être contrariée de revenir aussi vite alors que ce n'était pas prévu. Elle avait dû se lancer dans un projet interrompu par Yû. Elle détestait ne pas pouvoir finir son travail. Tsubasa, lui, avait sûrement une mission confiée par l'AMBB en préparation. Il disparaîtrait d'ici quelques jours pour réapparaître l'air de rien. Et Kyoya... ben, c'était Kyoya, tout simplement.
Il ne put s'empêcher de sourire à cette idée.
Yû s'installa au centre de la pièce. Il attendit de capter toute l'attention avant de se lancer:
-J'ai entendu le père de Ginga parler...
Tsubasa haussa un sourcil.
-Tu veux dire que tu nous as fait venir parce que tu as écouté une conversation?
Les yeux de Yû s'écarquillèrent.
-Oh, écouter est un bien grand mot. Je dirais plutôt "entendu par hasard". Et puis on n'est pas là pour parler de ça mais de Gingy qui est en danger!
-Comment ça?
-M. Hagane a demandé à l'infirmière quand Gingy serait guéri. Il ne veut pas qu'il reste à l'hôpital parce qu'il a peur qu'il se fasse encore attrapé. L'AMBB n'a pas retrouvé ses agresseurs.
Ginga ne put cacher sa surprise. Il n'imaginait pas que l'AMBB avait si peu avancé dans les recherches pendant son inconscience. Il n'espérait pas que l'association ait réglé tous les problèmes, mais une partie au moins.
À part Tsubasa qui gardait un air neutre – il le savait sûrement déjà – ses amis furent aussi étonnés que lui. Kyoya crispa sa mâchoire.
-Ça n'a rien d'étonnant, s'ils étaient capables d'agir, ils ne se cacheraient pas derrière des gamins dès qu'il y a un problème.
-Tu exagères Kyoya, souffla Madoka.
Seulement, elle ne semblait pas réellement convaincue par ses propres paroles.
-Qu'est-ce qu'on peut faire pour aider Ginga? demanda Kenta.
Sa question, si pertinente, focalisa de nouveau leur attention sur le véritable problème. Le danger que Ginga encourrait. Ils se plongèrent dans un silence songeur. Ginga s'inquiétait, lui aussi. Il ne savait pas pourquoi on l'avait attaqué ni s'il était la seule cible. Il ne voulait pas que ses amis soient en danger. S'il devait être protégé, il fallait que ses amis le soient aussi. Ou mieux, ils devaient convaincre l'AMBB de les laisser intervenir comme ça ils arrangeraient la situation avant qu'elle n'empire encore.
-On pourrait retourner à Koma, proposa Hyoma. Peu de personnes savent où c'est et c'est difficile d'y accéder.
-Quoi? s'étonna Ginga.
Tsubasa hocha pensivement la tête.
-C'est la meilleure idée qu'on ait.
Ginga regarda ses amis les uns après les autres. Ils partageaient son avis. Eux aussi voulaient le mettre à l'écart maintenant.
-Non! Je ne veux pas retourner à Koma!
Ils se tournèrent tous vers lui et le dévisagèrent avec des yeux ronds.
-Je ne veux pas être mis à l'écart, rectifia-t-il. Et je n'ai aucune envie de me cacher. Dès que je serai guéri, j'irai les retrouver et les affronter.
Kyoya esquissa un sourire. Évidemment que ce plan avait son approbation. Par contre, il n'avait pas réussi à convaincre tous ses amis. La plupart le regardait avec un air réprobateur ou inquiet. Voire un mélange des deux. Pourtant, c'était une excellente idée. Un peu simple et manquant de détails, certes, mais efficace. Ils auraient tout le temps de la peaufiner pendant sa convalescence de toute façon. Il espérait juste que celle-ci ne durerait pas trop longtemps. Il ne pensait pas pouvoir supporter des semaines sans jouer au beyblade. Déjà que quelques jours c'était l'horreur...
-Tu n'es pas raisonnable, soupira Madoka.
-Il faudrait quand même qu'on trouve un endroit sûr où tu puisses te rétablir.
Madoka se tourna vers lui.
-Tu es d'accord avec lui?
Tsubasa haussa les épaules.
-Tu crois qu'on peut le faire changer d'avis?
-Pas vraiment, soupira-t-elle.
Ginga ne se vexa pas de la manière dont ils parlaient de lui: il était trop heureux que ses amis acceptent son idée. Quand ils étaient réunis, rien ne pouvait les arrêter.
Yû afficha un immense sourire.
-Super! Il nous reste plus qu'à trouver un endroit maintenant qu'on est tous d'accord. Quelqu'un a une idée?
-Pas vraiment, intervint Benkei.
-Nous n'avons qu'à retourner à l'hôtel pour y réfléchir, proposa Hyoma. Après tout, on doit laisser Ginga se reposer.
Ginga ne protesta pas. Il aurait préféré qu'ils restent avec lui, bien entendu – surtout qu'il ne se sentait pas fatigué – mais il leur causait déjà suffisamment de soucis sans, en plus, les culpabiliser.
Ils le saluèrent les uns après les autres puis le quittèrent pour la deuxième fois de la journée. Pourtant, Kyoya s'attarda. Comme s'il avait quelque chose à ajouter mais qu'il préférait ne pas le faire devant les autres. Ça inquiéta Ginga. Il n'était pas du genre à s'inquiéter de ce que les autres pensaient de lui.
-Quelque chose ne va pas? demanda-t-il.
-Je connais un endroit sûr, où on pourrait aller sans être embêtés par l'AMBB.
-C'est vrai? Pourquoi tu n'en as pas parlé tout à l'heure?
Kyoya riva ses yeux aux siens.
-Parce que je veux ton avis, pas celui de tes amis.
Il se détourna pour partir mais Ginga l'en empêcha.
-On y serait tous en sécurité?
Kyoya haussa les épaules.
-Autant qu'on puisse l'être.
-Et... est-ce que tu viendras?
Même si Ginga connaissait Kyoya et se doutait de la réponse, il ne pouvait s'empêcher d'espérer. Il adorait passer du temps en sa compagnie.
-Je ne te quitterai pas tant que tu ne seras pas guéri.
Sa réponse le surprit agréablement. Il lui offrit un sourire lumineux. Kyoya dut trouver qu'il s'était montré trop aimable car il ajouta:
-De quoi aurais-je l'air s'il arrivait quelque chose à mon rival?
-Alors c'est d'accord. On ira quand?
-Dès que possible.
Ginga serra les poings.
-J'ai trop hâte! Tu me diras demain à quel point ce projet avance.
La main de Kyoya se crispa sur la porte.
-Je n'ai jamais dit que je viendrai te voir demain.
Il partit sans rien ajouter de plus. Il ne laissa même pas à Ginga le temps de lui dire au revoir. Il cligna des yeux plusieurs fois, un peu déstabilisé. Kyoya se comportait vraiment bizarrement des fois. Il avait du mal à le suivre quand il ne s'agissait pas de beyblade.
Un sourire étira ses lèvres. Ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas autant parlé tous les deux. En plus, Kyoya s'était montré aussi amical qu'il en était capable.
Ginga se rallongea, son sourire continuant de flotter sur ses lèvres. Il attendait avec impatience leur transfert dans l'endroit promis par Kyoya. Ce serait beaucoup mieux que cet hôpital: il serait entouré par ses amis et ils pourraient préparer la suite.
Il s'endormit sur ces agréables pensées.
Fin du chapitre 1
