Bonjour à tous! Ça fait longtemps hein? J'écris cette nouvelle histoire pour le bonheur du plaisir et pas vraiment grand-chose d'autre. Je l'ai commencée avec plaisir et je suis super motivée pour la continuer, remerciez ma chère camarade qui m'a motivé à l'écrire Kuro no Kage.
C'est donc un self(OC)-insert dans l'univers de Naruto qui me trottait dans l'esprit depuis un moment. N'hésitez pas à me donner votre avis ou vos critiques.
Disclaimer et Warnings
-L'oeuvre et les personnages de Naruto appartiennent à Kishimoto, je ne reçois aucune compensation pour l'écriture cette histoire (mis à part mon propre amusement).
-Le rating est T, il y aura de la violence physique ou morale avec des injures. D'autres violences plus spécifique seront précisés à chaque début de chapitre.
-J'écris cette histoire essentiellement au présent pour mon propre confort et parce que cette histoire s'écrit au fur et à mesure que j'écris. Des événements et théories du personnage principal peuvent et vont changer au fur et à mesure.
Chapitre réécrit: 29/04/2019
Cette histoire est en cours de réécriture mais normalement même si vous arrivez à un chapitre non-édité la continuité se poursuit, si ce n'est plus le cas je le signalerais.
Bonne lecture!
Chapitre 1: Perte
Le temps est lent, il s'étire et se contracte à un rythme plaisant, berçant.
C'est lourd, tout est lourd, c'est vide et c'est lourd.
Je ne sais pas ce qui s'est passé, mon dernier souvenir est… Je ne sais pas, je rentrais chez moi et…
Un long sifflement lointain me parvient encore, un choc douloureux puis plus rien.
Je n'arrive pas à penser, ma conscience filante est incapable de se concentrer sur…
Mon esprit est une cage, je n'ai pas l'impression d'avoir de corps ou d'exister. Je suis sourde et muette dans un monde noir, je suis terrifiée.
Le monde est noir, il est rouge, il est confortable. Je ne vois rien mais je me sens bien, je reste ainsi longtemps.
Des battements successifs me hantent. Une mélodie familière mais pas désagréable.
Suis-je morte? Dans un coma? Comment savoir? Mon nom est…
Mes élans de conscience sont autant une bénédiction que la pire des choses, le vide est toujours le bienvenu.
La pulsation est mon seul repère fiable mais bientôt ce n'est plus le seul… Je peux bientôt discerner des sons étouffés, des mouvements, des voix, je m'y accroche, je ne suis enfin plus seule, si seulement je pouvais comprendre...
Les voix me font peur, des cris et des grondements, il n'y a rien d'autre, je veux sortir.
Une longue brûlure se répand dans mon corps un jour, sans prévenir. J'essaie de résister, de bouger, d'arracher la sensation, ce n'est pas moi, ce n'est pas à moi c'est…
C'est doux, c'est chaud, je me sens en sécurité, j'oublie la sensation, j'oublie tout à nouveau.
Le temps passe, mon confort est perturbé. Mes moments de vide s'espacent et je me retrouve à subir ma situation de plus en plus souvent. L'ennui me dévorant mais je résiste, il se passe quelque chose. Mon corps est de plus en plus resserré, les petits mouvements que j'étais capable de faire sont maintenant impossibles. Cette sensation ne fait qu'empirer, j'ai l'impression d'être enveloppée d'une bulle, une cage qui se referme autour de moi, autour de mon cou mais je ne respire toujours pas.
Je ne veux plus subir ça, c'est insoutenable je veux que ça cesse, comment arrêter comment comment comment...
Les pulsations s'affolent, boum-boum c'est rapide, frénétique, je bouge et la bulle explose. Je suis terrifiée et un sentiment de claustrophobie d'étreint. Les parois qui me protégeaient se resserrent sur mon corps, se collent à moi. Mon malheur ne dure heureusement pas car je me sens tirée. Des sensations, du bruit, de la lumière, je suis obnubilée par tout ça et j'entends un nourrisson crier. Le son est insupportable. Que se passe-t-il? Où suis-je? Où est la chaleur, où est le vide?
Je suis toujours incapable de voir ou de bouger, je me sens déplacée et quelque chose de mou est pressé contre mon visage. Des instincts qui m'étaient inconnus jusque là prennent le relais et je me laisse mener.
Je dors, je dors et mon esprit s'éteint encore et encore et encore.
L'odeur est familière, agréable et c'est comme dans le rêve sombre je me sens rassurée.
Le sommeil est constant, je ne contrôle rien c'est intenable.
Le temps passe lentement et il me faut la relative stabilisation de ma vision pour avoir enfin une idée de ce qui se passe. Les géants ne sont pas des monstres, je ne vais probablement pas me faire écraser. Je suis devenue un bébé, les cris de nouveau né c'était moi et je suis enfin capable de les faire taire.
Il était temps c'était tellement bruyant et douloureux.
Qu'est ce qu'il a bien pu se passer? J'avais... j'étais…
J'avais une famille, un avenir, où sont-ils? Où est passé mon univers? C'est un rêve, ça doit juste être un horrible rêve sans fin.
Je m'accroche à cette pensée, le cauchemar continue. Je suis fatiguée, j'ai faim, j'ai froid, j'ai besoin de plus de chaleur je crie, je crie sans fin. Je ne peux pas accepter la réalité.
Lorsque je me réveille pour la énième fois devant le même plafond blanc avec les mêmes décorations rouges je dois me rendre à l'évidence.
Oh non oh non, ça ne peut pas être ça, pas ça, pas ça.
Tout est… trop réel, le visage de ma mère, le langage inconnu dans lequel elle parle, le goût de… lait dans ma bouche, c'est trop vif.
Sortez-moi de ce cauchemar, je ne peux pas, je veux me rendormir, je ne veux plus me réveiller.
C'est pire que tout ce que je pouvais imaginer, je pleure, je supplie, je lamente. Je ne veux pas de cette situation je veux qu'on me sorte de là!
Je décide que ça ne me concerne plus, que je ne peux plus le supporter. C'est la fin.
Des mains douces et une voix paisible parviennent à me calmer, parfois pas toujours. Quand elle chante je me tais parce que c'est nouveau, c'est plaisant. Elle chante bien.
L'être humain est vraiment incroyable, même face aux pires situations, aux pires possibilités il pourra toujours se remettre, se redresser dans son équilibre. Il pourra toujours s'adapter et accepter son nouvel environnement. Ça prend du temps, ce n'est pas facile mais je finis juste par… me résigner.
Je ne cesse pas mes cris cela dit, je fais encore le deuil de ma vie passée, c'est une expérience difficile, douloureuse. Tout ce que j'ai perdu, tout ceux qui ont eu besoin de moi, ceux dont j'ai eu si désespérément besoin. L'idée que mes proches fassent également mon deuil est… inimaginable. La clarté de cette image, celle de mes parents annoncer à mes petites sœurs, précieuses petites sœurs, que leurs grande sœur est partie. Qu'elle les a abandonnées... Il me faut du temps pour pouvoir l'envisager comme réel.
Je dois être un bébé insupportable, pleurant énormément pour un rien, jour et nuit, je m'en sentirais coupable si la douleur ne m'obnubilait pas autant. Je suis toujours incapable de me faire à l'idée. Elles me manquent énormément et le manque de distraction est le pire dans cette situation. Le chagrin me garde éveillée jour et nuit, moi et mes nouveaux parents.
~ 0 ~
Je reconnais ma nouvelle mère en premier, son visage est rond, mais déjà un peu ridé, un nez aquilin, des lèvres fines et des yeux étonnamment oranges, ses cheveux noirs sont souvent attachés en une couette lâche dans son dos et elle aime bien fredonner quelques chansons dont les paroles m'échappent encore, ça fonctionne pour me calmer et je trouve le sommeil plus facilement.
Le second visage familier est celui de mon frère, trop petit et trop court pour être un parent, il passe beaucoup de temps dans ma chambre et parfois m'observe entre les barreaux de mon lit. Il ressemble pas tellement à ma mère, ses cheveux noirs sont en bataille et son nez pointu, ses yeux sont cependant de la même couleur mystérieuse qu'elle.
Je ne vois pas mon père très souvent, il a des cheveux très courts et grisonnants, un joli début de calvitie et des yeux assez sombres. Il doit travailler parce que le peu de fois qu'il me rend visite c'est toujours en étant pressé, il me jette à peine un œil. Je ne lis que peu d'affection mais je ne m'en formalise pas plus que ça.
Le plus lourd dans cette renaissance ce n'est pas tant l'ennui dans lequel je suis enfermée mais c'est surtout la solitude, le peu de repères que j'ai sont incertains, je ne peux pas me fier à ma nouvelle famille, je ne peux pas leurs parler, leurs expliquer ce qui ne va pas, pourquoi je pleure autant. Je garde espoir de pouvoir peut-être rendre visite à mes sœurs et à mon ancienne famille lorsque je serais plus âgée, tout me porte à croire que j'ai atterri quelque part en Asie, peut-être au Japon si j'en crois leurs accent. Alors j'attends et je garde ça à l'esprit, ça me permet de ne pas abandonner.
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Un matin j'ouvre les yeux et une silhouette familière est debout près de mon lit et me regarde d'un air curieux.
"Toshio!" Appelle la voix de ma mère, elle apparaît derrière lui avant de lui dire quelques mots que je ne comprends pas, l'enfant se retourne pour me jeter un dernier coup d'œil puis fuit la pièce.
Je sais que j'ai encore un autre frère, ses cheveux sont plus longs que Toshio -j'ai cru qu'il était une sœur au début- et son regard orange est plus perçant mais celui-ci ne me rend quasiment jamais visite. Je ne l'aime pas vraiment, il a un regard ennuyé, néfaste. Ses mots sont graves et coupants lorsqu'il s'adresse à Toshio, je n'apprécie pas. Je peux l'entendre échanger des cris avec ma mère certains soirs, les murs sont fins ici et je ne supporte pas ce garçon.
J'aimerais comprendre ce qu'ils se racontent mais il faut d'abord que j'apprenne la langue. Et la compréhension est encore difficile, je regrette de ne jamais avoir pris de cours de japonais auparavant. On ne me parle malheureusement pas très souvent et mon manque de mobilité n'aide pas particulièrement à tromper mon ennui donc je passe mon temps à dormir, au moins jusqu'à ma première année.
Le fait d'avoir déjà marché auparavant aurait dû être un avantage dans l'apprentissage de la marche mais que nenni, si mon corps n'était pas prêt à marcher, je n'irai nulle part, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Lorsque mes jambes sont devenues assez solides pour me soutenir je n'ai pas hésité à fuir la chambre le plus possible pour découvrir un peu mon monde et surtout trouver de quoi me distraire. La réalisation que je ne pleure pas lorsque je suis en présence de Toshio fait de lui mon baby-sitter attitré. Il est distrayant et il essaie toujours de jouer avec moi, comme si j'étais une peluche vivante. Mon frère est encore petit, je ne lui donne pas plus de quatre ans et il ne demande de moi qu'un compagnon de jeu et ça ne me dérange pas de lui céder au moins ça. Il a un vocabulaire réduit mais au moins lui me parle avec des mots que je peux deviner et avec ça je peux commencer à apprendre.
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"To-shi-o"
Je le fixe avec un sourire amusé, ça fait quinze minutes qu'il essaie et il n'a toujours pas abandonné.
"Nii-nii!" Je lui réponds mais je sais déjà que cela ne lui suffit pas. Il persévère, il m'a appris pas mal de mots, ma compréhension est bien meilleure qu'auparavant mais ce n'est pas assez si je suis incapable de parler.
"Toshio, allez Machi steuplait". Son expression frustrée est amusante à observer mais si je lui donne ce qu'il veut il retournera à ses jouets et je veux profiter de sa présence un peu plus.
"To-nii" Je babille, l'ennui est que ce n'est pas tout à fait ce que j'ai tenté de dire. Ce corps ne m'obéit toujours pas comme je veux.
"Alleez presque, To-shi-o!" Il insiste avec espoir.
Toshio est un gamin adorable, non seulement il prend la tâche de s'occuper de moi très au sérieux mais en plus il y met toute son âme. Toshio est le premier nom que j'ai appris en sachant que je connaissais déjà Kaa-san à regarder des anime dans une ancienne vie.
Le petit brun adore jouer les grand frères. Il m'arrive encore de croiser, Shoda, mon autre frère mais comme je l'ai mentionné il m'ignore avec force. J'ai cessé de me demander pourquoi. De toute façon j'ai déjà les mains pleines de mon adorable grand frère avec ses yeux jaunes brillants essayant de m'arracher mes premiers mots. Il y en a peu que je suis vraiment capable de prononcer, ma langue est trop grande, ma bouche trop baveuse, être muette ne me sied pas mais je ne peux rien y faire. Au moins le petit Toshio est capable de répondre à mes caprices sans difficulté. Si je ne peux pas communiquer avec la parole au moins je peux lui faire comprendre mes besoins avec des gestes.
"To-nii!" Mon frère gonfle ses joues à l'énième écorchement de son prénom et voyant ma gestuelle -mon poing contre ma gorge- il me donne mon biberon. L'empoignant de mes petites menottes, je mords dans l'embout espérant diminuer l'inconfort de mes dents qui poussent et je regarde mon frère et sa moue impatiente. J'ai assez tôt décidé de garder ma précédente vie un secret auprès de Kaa-san, certes je ne pourrais probablement pas agir comme un enfant de mon âge supposé à la perfection -également parce que je risque de mourir d'ennui avant-. Mais même si je racontais que j'ai été réincarnée à celle-ci, il y a peu de chance qu'elle me croie, surtout que je suis toujours incapable de m'exprimer correctement.
Cependant, j'envisage d'en parler à Toshio, au moins pour me vider le cœur, c'est peut-être égoïste mais je suis pas au delà de ce genre de stratagèmes pour me préserver de la folie. M'échapper reste une option qu'il m'est trop facile à envisager.
Je repose le biberon, laissant ces pensées déprimantes de côté et tire mon frère par la manche pour attirer son attention. Il me faut pas mal de concentration pour placer les bonnes syllabes au bon moment et surtout force ma langue à prendre les bonnes positions.
"Too-shiii-o!" Il me fixe pendant une seconde de plus avec surprise puis un énorme sourire éclaire son visage comme un soleil. Sa réaction extatique est assez gratifiante, il me prend dans ses bras, absolument ravi avant de trottiner vers le couloir, probablement pour parler à Kaa-san dans la cuisine, me laissant seule dans la pièce.
J'ai à peine un an, nous avons fêté mon anniversaire la semaine dernière, avec seulement Toshio et Kaa-san présents. Shoda s'étant absenté et Tou-san toujours travaillant. Je ne sais pas exactement en quoi consiste son emploi mais lorsqu'il rentre il pue la sueur et la terre malgré qu'il ait l'air de s'être lavé. Je ne le connais pas bien, et je préfère largement la présence de Kaa-san et Toshio à la sienne. Il est un peu froid avec Shoda mais ils s'évitent comme la peste tous les deux.
Je me lève avec difficulté et je trébuche vers la cuisine pour rejoindre Toshio et Kaa-san. La porte s'est malheureusement refermée derrière mon frère et j'envisage de pousser une chaise vers la porte pour l'ouvrir. Je parviens à réaliser cette première partie non sans difficultés quand la porte s'ouvre depuis le couloir et je fais face à Shoda alors que j'étais déjà à moitié accrochée à la chaise.
Un moment de flottement passe, je ne suis pas sûre de savoir comment réagir. Lorsque soudainement son expression change, de la fureur entrant ses prunelles jaunes.
L'air se remplit de… quelque chose. Avec ses cheveux longs et clairs flottants, il a l'air dangereux, il me veut du mal. Il m'attrape par le dos de ma grenouillère. Je perds prise sur la chaise, le tissu s'enfonce dans ma peau, ma respiration est légèrement coupée, on est pas supposé traiter un bébé ainsi.
Je me sens menacée, je suis tétanisée. Dans un éclair de folie et sentant ma fin proche, je retiens mes instincts effrénés qui me demandent de hurler pour attirer l'attention de ma mère.
Ce n'est pas ce que je veux, qu'il ne cesse surtout pas ce qu'il a commencé. Serait-ce si terrible qu'il me tue ici et maintenant? Serait-ce si dramatique? Je ne me souviens pas de ma mort mais ici et maintenant ça ne m'effraie pas, j'aimerais presque qu'il en finisse. Je le fixe d'un œil vide, mais son nuage de rage semble s'évaporer alors qu'une voix féminine me surprend.
Je ne comprends pas tout ce qu'elle crie mais cela parvient à convaincre Shoda de me lâcher, je chute incontrôlablement sur mes jambes et mon bras, j'ai un peu mal et les larmes me montent aux yeux alors que des sanglots m'échappent enfin.
Qu'est-ce qu'il m'a prit? Est-ce que je viens d'essayer de... Je vois la forme Toshio courir dans ma direction à travers mes larmes et je parviens à me calmer un peu. Les cris de Kaa-san n'aident pas mon état mental mais après avoir essuyé mes yeux je me concentre sur la réponse de Shoda et je tente d'y mettre du sens.
"Et qu'est-ce tu crois qu'on accomplit dans ce trou à rats? Il y a la guerre dehors! Ça fait trois ans qu'on se cache depuis que t'es devenue sa femme, t'es plus rien! Le pays de la pluie a besoin de nous et j'en ai ras le cul de toi et tes monstres d'enfants!"
Malgré mes efforts, je ne comprends pas tout, il parle vite mais il parle de Nagisa Mozoshi -je devine le nom de ma mère- de danger, de guerre, mais je ne peux pas en comprendre plus lorsque Toshio m'enveloppe de ses bras et cherche maladroitement à nous éloigner du conflit. Nous arrivons dans sa chambre à temps pour entendre les pas colériques du départ de Shoda et Kaa-san qui le suit. Après quelques secondes, elle ne se montre toujours pas, elle l'a peut-être suivi.
J'observe Toshio, mon chagrin est sous contrôle mais il est celui qui pleure maintenant. Il tente de cacher son visage mais ses sanglots sont bruyants, il ne retient rien, il n'est pas comme moi, c'est un vrai enfant, il a l'air terrifié.
"To-shi-o" Je tente doucement -pas pratique avec le nez bouché- et un rire mouillé me répond alors qu'il finit de s'essuyer le visage. Mon bras me fait un peu mal mais je ne dis rien, je n'ai en réalité jamais vu le petit Toshio pleurer. Habituellement je suis dans mon berceau lors de ces fameuses disputes entre Kaa-san et Shoda, parfois Tou-san se joint à eux mais il est de moins en moins présent. Toshio est le seul autre enfant ici, il subit tout ça bien plus que moi. Est-il toujours aussi malheureux? Toujours aussi triste?
Je prends conscience de la décision égoïste que j'ai pris i peine quelques minutes. Cet enfant à besoin de moi. Dans cette famille brisée il s'accroche à moi comme il peut, c'est tellement plus de poids que je ne peux en porter. Je n'ai pas fini mon deuil, c'est injuste, je ne veux pas… Je ne veux pas l'abandonner, si Toshio est seul il risque d'être malheureux et je ne sais pas quoi faire.
Lorsque Kaa-san revient elle me prend de ses bras gentiment et me ramène à ma chambre, son visage est baigné de larmes aussi mais elle est silencieuse. Elle prend un moment pour m'ausculter, vérifier que je n'ai rien de cassé, elle fredonne une triste mélodie comme pour me calmer -pour se calmer elle-même peut-être?- Mon bras est douloureux mais je ne pense pas avoir plus d'un bleu, j'ai du avoir de la chance que mes jambes aient amorti la majorité des dégâts. Elle me dépose à mon berceau avec douceur et pose un baiser sur mon front. Elle ferme la porte de la chambre et le silence m'enveloppe.
~ 0 ~
Deux semaines après le départ de Shoda, je ne pense pas qu'il reviendra, il n'était jamais parti aussi longtemps. Toshio est inconsolable, évidemment, et avec ça je suis laissée toute seule avec Kaa-san la plupart du temps. Je ne peux pas lui en vouloir, pas après ce qu'il s'est passé, il est encore dans sa chambre, probablement encore en train de pleurer comme il l'a souvent fait ces derniers jours.
Immanquablement cette situation me tord le ventre, je mordille ma tétine pour apaiser la gêne de mes dents. Shoda, notre grand-frère est parti de notre vie comme je suis partie de celle de mes petites sœurs. Je ne peux pas imaginer leurs peine, je n'en ai pas besoin, j'ai en direct la réalité de la réaction de Toshio et je ne peux pas le supporter. Je veux partir, je veux tellement m'échapper mais comment? La mort est-elle encore une option?
Je trébuche jusqu'à une de nos fenêtres pour me hisser sur la chaise placée juste devant et me coller à la vitre.
Le ciel est gris, il pleut encore et tout l'horizon est couvert de grattes-ciels tout aussi gris, toute couleur lavée par la pluie qui a l'air de ne jamais s'arrêter. On est trop haut pour voir le sol mais les bâtiments sont bien plus proches que ceux donc je me souviens et sont reliés par des câbles ou des parcelles en métal. Des rayons de lumière passent parfois mais sont loin d'être assez pour éclairer les rues en bas, je m'interroge sur l'existence ces projecteurs mais je n'ai pas de réponse plausible.
Je me demande dans quel pays j'ai atterri, on a certes l'eau courante et l'électricité dans notre appartement, mais on sort rarement dehors. Je n'ai jamais été particulièrement claustrophobe, mais pouvoir sortir me manque, l'année depuis ma naissance a été longue et je n'ai pas vu le moindre coin de verdure depuis que je suis ici. Trop dangereux, nous a toujours dit Nagisa. Je commence à me demander si j'ai atterri dans le même monde duquel je suis partie. Auquel cas…
Le sol est vraiment loin en bas, si seulement il était possible d'ouvrir la fenêtre.
Des mains m'attrapent par les aisselles et je suis presque surprise, je ne l'ai pas entendue arriver, comme toujours. Kaa-san a toujours été très silencieuse quand elle marche.
Elle s'installe sur la chaise et m'assoit sur ses genoux, contemplant la vue avec moi. Comment réagirait-elle si je partais? Probablement pas bien, mais c'est une adulte, elle pourrait le supporter je pense. Alors que Toshio...
Je m'allonge contre elle, mordillant ma tétine. J'entends les pas légers de Toshio et je tente de me tourner vers lui alors qu'il nous rejoint. Nagisa me pose assise à ses pieds et j'ouvre mes bras en sa direction. Il a les yeux un peu rouges, mais n'a pas l'air aussi mal en point qu'auparavant. Il s'assoit sur le plancher et je m'accroche à lui.
"Shoda va pas r'venir… e-et Tou-san non-pu" murmure Toshio, j'enroule mes minuscules menottes autour de son cou pour une étreinte et la main de Nagisa se pose sur nos têtes à tous les deux.
"Tou-san va revenir, il travaille dur tu sais? Sans lui nous ne serions pas ici, en sécurité. Shoda ne voulait plus attendre ici en attendant que la situation se calme."
Je ne comprends pas tous les mots mais je suis très attentive à ce qu'elle raconte.
"M-mais moi j'veux pas être en s-sé-s'cuté. Je veux Shoda e-et Tou-san" déclare Toshio avec une voix plus faible que précédemment.
"Oh Toshio, je ne veux pas qu'il vous arrive quoique ce soit. Est-ce que tu t'imagines tout seul dehors? Est-ce que tu imagines Machi-chan dehors?"
"M-machi…" il murmure en me fixant, je me glisse contre lui. Je ne sais pas quel genre de conflit il y a dehors, mais si Nagisa est convaincue que l'on est en sécurité ici, ainsi soit-il. Je ne veux pas qu'ils soient blessés, ils sont ma nouvelle famille, ils ont pris soin de moi et je ne peux pas l'oublier.
~ 0 ~
Une année de plus passe. Durant celle-ci Tou-san ne rentre qu'une dizaine de fois et assez brièvement à chaque fois, même Toshio a cessé de l'attendre. Je commence à suspecter que les apparitions de Tou-san sont liés aux dangers de dehors, que Nagisa nous cache de quelqu'un ou quelque chose parce que l'on est toujours pas autorisés à sortir et le peu d'indices que je suis parvenue à écouter de leurs conversations indique de plus en plus cette possibilité.
Ce matin, Kaa-san est partie faire des courses et j'ai décidé de me familiariser avec les livres d'images de Toshio, celui-ci dessine à mes cotés. Ses cheveux encore ébouriffés, -il s'est réveillé après que Kaa-san soit partie- il semble très concentré dans son oeuvre. Il a l'air d'avoir oublié Shoda, au moins jusqu'à ce qu'il ait entendu son nom dans les conversations de Kaa-san et Tou-san. Il est en vie et prend sa nouvelle vie de shinobi très au sérieux. Exactement, shinobi, ninja du pays de la pluie. Je n'ai plus pu ignorer les indices. Kaa-san a certes mentionné des shinobi auparavant dans des histoires mais je n'ai mis les pièces du puzzle ensemble que lorsqu'elle a parlé de notre pays, celui de Pays de la Pluie, a mentionné Ame. Je commence à comprendre le pire.
Je suis une enfant de deux ans, fille de Kei et Nagisa Mozoshi vivant à Ame, le Village Caché de la Pluie. C'est dommage que ce ne soit pas Konoha, mais ça aurait pu être pire me dit une partie de moi, tu aurais pu finir à Kiri. Oh certes Ame est mieux que le pays qui a activement tué une bonne partie de sa population, mais pas de beaucoup, Ame c'est les conflits, c'est l'Akatsuki, c'est des shinobi criminels de rang S, c'est le terrain de la Seconde grande guerre Ninja.
Bon sang tout l'univers de Naruto est fait de guerres et de batailles, des conflits où de simples civils n'ont pas leurs place. Où un shinobi est capable de raser une ville entière avec un jutsu -putain de Madara par exemple-. Oh je pourrais essayer de fuir sur un bateau dans l'océan en attendant que la Quatrième Guerre Shinobi se termine mais je ne sais même pas si les bateaux moteur sont un truc qui existent dans ce monde, sans compter que j'ai zéro talent en navigation, ce n'est pas l'option idéale.
Je ne sais même pas à quel moment de l'histoire je suis née, peut-être avant l'histoire de Naruto, ou après, peut-être même à un point de l'histoire que je ne connais pas. Au moins l'existence de l'électricité est un indice important que je ne suis pas trop loin par rapport à la timeline du manga.
Qu'est ce qu'une gamine de mon âge peut y changer de toute façon? Je n'ai pas de raison de participer aux événements de Ame non plus. Est-ce que se contenter d'une vie civile nous sauvera ou est-il mieux de chercher l'éducation ninja pour survivre? (Notons aussi que ce serait vraiment super cool, sans déconner).
Rien ne me dit que ma famille voudra être impliquée de toute façon, je n'ai eu aucune indication que Nagisa ou Tou-san soient des shinobis donc il serait peut-être mieux de ne pas nous impliquer du tout, Toshio et moi.
Dans tous les cas, je ne peux rien faire sans information, je sais toujours pas écrire et à peine lire. Il faut que je puisse me souvenir des événements et de l'ordre dans lesquels ils se sont déroulés dans l'histoire. Une chance que j'ai été une fan relativement assidue, au moins en terme de gros événements généraux de l'histoire. J'ai bien peur de ne pas avoir suivi tous les omake ni tous les films, espérons qu'ils n'aient pas d'importance dans cette histoire.
C'est nouveau, je remarque, abandonnant mon livre d'images. Mes intentions ont changé, j'ai envie de vivre ici, j'ai envie de survivre, j'ai envie que Toshio survive. C'est inattendu. Je ne suis pas convaincue que ça va durer.
Je me concentre sur mes souvenirs, la bande de l'Akatsuki est originaire d'ici, que Nagato, Konan et Yahiko viennent de ce pays et ont été entraînés par Jiraiya pendant la guerre civile.
Ils ont ensuite essayé de prendre le pays au dernier dictateur qui contrôle Ame. Son nom m'échappe mais je sais que ça a mal tourné et que Yahiko est mort. La scène où il s'était jeté sur le kunai de Nagato m'avait assez marqué au point que je m'en souvienne encore. Je ne sais plus comment les deux derniers orphelins ont bien pu réussir à devenir les "Dieux" du pays mais c'est comme ça que l'organisation criminelle s'est formée telle que je la connais, il me faut vraiment plus de renseignements à ce sujet. Si ces événements se sont déjà déroulés, je suis sûre que Kaa-san sait quelque chose. Je lui poserai la question lorsque je serais mieux capable de parler. En attendant, apprendre à lire les divers livres dans la bibliothèque de la chambre de Toshio, comme celui que je lui ai déjà emprunté -puis celle-ci Kaa-san si je parviens à les atteindre- devrait être ma priorité. Si j'ai l'intention de rester, autant en apprendre le plus possible, sait-on jamais si ça pourra me servir.
