Bonjour, bonjour ! Tout d'abord un petit mot avec de commencer ce premier chapitre.
Il s'agit de la première fic sur Sherlock que j'écris, j'essaie de la soigner au mieux alors j'espère qu'elle vous plaira. Je suis ouverte à toutes remarques constructives/correction orthographique bien entendu, et même aux discussions en général, je n'ai jamais encore mordu personne ;)
John
Comme chaque année, en hiver, le climat londonien alternait entre pluie battante et petits flocons. Si bien que le sol s'était transformé en une pataugeoire de boue. Pas tellement flatteur. John Watson venait tout juste de sortir de son cabinet, affrontant, parapluie à la main, ces forces élémentaires. Il ne lui fallut que quelques minutes pour rejoindre sa voiture, mais elles suffirent à tremper totalement son manteau et à le décoiffer sauvagement. Le blond soupira, rabattu le pare-soleil du siège conducteur et se détailla dans le petit miroir qu'il abordait.
Il semblait fatigué. Terriblement fatigué. Ses yeux bleus étaient cernés, ses cheveux blonds tiraient de plus en plus vers le blanc à son plus grand désarroi, quant à son teint, il avait perdu sa couleur rosée, terni et tendu par le stress. À vrai dire, depuis la mort de Mary (c'est-à-dire il y a presque exactement un an à ce jour), John n'avait pas encore tout à fait sorti la tête de l'eau. Pas du tout même. Rosie grandissait à vue d'œil, et lui, il semblait encore figé à cet instant où le cœur de son petit bout de femme avait cessé de battre. Comme s'il avait, depuis tout ce temps, un boulet accroché à la cheville qui le tirait vers les abysses et l'empêchait de remonter tandis que la petite fille, sa petite fille, s'amusait sur la plage. L'élever seul devenait de plus en plus difficile.
D'ailleurs, en parlant de Rosamund, c'était elle qu'il était censé aller chercher avant d'être aspiré dans ses pensées. Le médecin inspira la totalité de sa capacité pulmonaire et démarra le véhicule, direction 221B Baker Street.
Sherlock
Le salon était plongé dans un silence presque mortuaire. « Presque » car perturbé par le clapotis de la pluie contre les fenêtres et les gazouillis de la chose potelée perchée dans une chaise haute dans la cuisine. Cette « chose potelée » répondait au nom de Rosamund Mary Watson (Mais le qualificatif de « potelée » lui allait bien, parce qu'elle avait beaucoup de peau, de plis et de petits bourrelets que le brun trouvait un peu disgracieux. Mais d'après ce qu'on lui avait dit, tous les bébés étaient gros, même lui l'avait été selon Mycroft. C'était signe de bonne santé, soit.) Ses conversations n'étaient pas encore très riches et assez peu développées, il fallait l'avouer. Mais elle avait le mérite de remplacer son idiot de père qui préférait aller soigner des cancéreux condamnés plutôt que de résoudre des enquêtes plus que passionnantes avec son exceptionnel et meilleur ami de détective, Sherlock Holmes.
Cela faisait maintenant plusieurs mois que John s'était enfin décidé à lui laisser la garde de Rosie. Non pas qu'il l'attendait avec impatience (au contraire), mais il avait l'impression d'être traité comme un gamin irresponsable à qui l'on ne pouvait confier un enfant à peine capable de marcher. Au cours de ses premiers mois de vie, Molly avait été sa nourrice officielle, et Sherlock le comprenait. Il aurait eu bien trop peur de lui casser un os tellement elle semblait fragile à cette époque. Sans compter qu'elle avait le chic pour régurgiter ses repas et remplir sa couche toutes les heures (au moins). Mais maintenant qu'elle était… Potelée et qu'elle n'était plus chauve comme Oncle Fétide dans La famille Addams (film qu'elle appréciait tout particulièrement et heureusement puisque c'était l'unique DVD un tant soit peu convenable pour un enfant que le détective possédait), c'était une autre histoire. Puis ainsi, Molly pouvait aller travailler, John aussi, tandis que les petites réunions pokeriennes entre Madame Hudson et ses amies du 3e âge n'étaient pas perturbées. Quand Lestrade lui trouvait une enquête à se mettre sous la dent, il arrivait en général à la démêler depuis son appartement (avec l'aide de Watson n°2 bien évidemment), et quand ce n'était pas le cas, Mycroft se faisait une joie de garder le monstre rose, pour le bien de l'Angleterre disait-il.
Il se trouvait donc dans la cuisine, concentré sur une expérience visant à déterminer l'âge et la composition d'un genre de plâtre retrouvé sur une scène de crime, tandis que Watson n°2 tapotait sur la tablette de sa chaise haute avec un erlenmeyer en pirex, quand la sonnette du 221B Baker Street retentit. « Ah. Papa arrive. » Commenta le détective-chimiste en ne quittant des yeux son microscope. Il savait que c'était lui parce que John sonnait toujours à la porte, même s'il avait les clés de l'appartement, comme pour prévenir de son arrivée. « Sherlock si tu es en train de faire une connerie, arrête ça immédiatement, je monte. » L'entendait-il dans ses pensées. Soudain, il leva un sourcil et jeta un œil à Watson n°2 et son erlenmeyer suspect. John venait d'entrer.
« - Bonjour. » Lança le médecin en se dirigeant vers le canapé du salon où étaient regroupées les petites affaires de sa progéniture. « - Mauvaise journée ? » Questionna le détective en détaillant du regard son meilleur ami. Doucement, il s'approcha de la blondinette. « - Rosie a fait une sieste de 2 heures cet après-midi. » John serra les dents et reprit sèchement. « Pas envie d'en parler. Elle a réellement fait la sieste où tu l'as encore mise devant… La famille Addams pour avoir la paix ? » Il dirigea le menton vers la jacket du DVD encore ouverte. Sherlock n'eut pas le temps de retirer des mains du bébé l'erlenmeyer qu'elle tenait que son père s'en était déjà emparé. « Et ça, c'est quoi ? » Il porta le récipient à son nez.
« - De la soude. Sherlock. Tu laisses ma fille jouer avec… De la soude.
- Il était vide, se défendit le détective. Ce sont simplement des résidus.
- Des résidus, répéta le médecin d'un air harassé. Tu es fou ? C'est un bébé. Qu'est-ce qu'il te dit qu'elle ne l'a pas mis dans sa bouche ?!
- Elle est plus intelligente qu'il n'y parait, je t'assure. »
Le médecin se frotta le visage, visiblement énervé. Sherlock n'ajouta rien, il décrocha simplement la petite combinaison d'hiver dont la capuche était ornée d'oreilles de lapin du porte-manteau. Il trouvait son ami particulièrement irrité en ce moment, et particulièrement irritable, surtout quand il s'agissait de lui-même. Pourtant, il ne pensait pas avoir changé quoique ce soit dans son comportement habituel.
« - Ne touche pas à ça ! » Pesta le docteur en lui arrachant des mains le manteau de sa fille. Il sortit la petite de sa chaise haute et alla l'habiller plus loin dans le salon. « Whélock ! » Piailla la gamine en voyant que son père s'éloignait du détective. John se stoppa net, stupéfait.
« - Elle a dit son premier mot, bafouilla-t-il.
- Je ne sais pas si l'on peut vraiment appeler ça un mot.
- Elle a dit son premier mot, répéta Watson Et c'est ton nom, Sherlock. »
Au regard du blond et à son intonation particulièrement rigide, Sherlock en déduisit que la nouvelle ne ravissait pas particulièrement son ami. L'ancien militaire remonta la fermeture éclair du manteau de Rosie jusqu'à son menton et la plongea dans son cosy, il attrapa le sac absolument proéminent qui contenait les affaires de la petite et se dirigea vers la sortie en grommelant un « bonne soirée ». Sherlock trouvait que dans cet accoutrement, John ressemblait vraiment à un papa poule, un papa poule un peu trop tendu, pour une raison qui lui échappait encore.
Les relations sociales n'étaient toujours pas son fort, et encore moins la compréhension des émotions humaines. Le brun attrapa son violon et son archet. Lui-même avait encore du mal à croire qu'il se retrouvait à jouer les babysitteurs trois fois par semaine. Le manque d'enquête avait dû lui plomber le cerveau… Il fallait qu'il envoie un message à Lestrade, c'était le seul qui pouvait lui fournir l'antidote contre ce mal. Sauf qu'en attrapant son portable, celui-ci affichait déjà « 1 nouveau message de John ». Quoi ? Il avait oublié le paquet de couche de sa protégée ? Son biberon qu'elle refusait catégoriquement de boire ? Le hochet baveux qu'elle ne cessait de balancer de sa chaise haute ? La peluche puante qui lui servait de doudou et qu'il avait essayée de brûler au moins 10 fois en simulant sa perte sans succès ? À son grand dam, rien de tout ça, c'était pire.
« Demain on fête l'anniversaire de Rosie. Je te rappelle que tu es invité. »
