Cet OS a été écrit à l'occasion de la soixantième nuit du FoF et rédigé en une heure sur le thème « Mirage ». Pour plus d'informations, contactez-moi par MP.


Ce monde est une illusion.

Une illusion faite de rêves et d'espoirs. Faite de vœux de bonheur. On n'y voit que ce qu'on veut y voir. On y croit juste parce qu'on peut y croire.

Homura le sait depuis longtemps.

Le bonheur est un mirage.

Derrière les sourires factices et les éclats de rire, derrière les exclamations de joies et les regards échangés, on ne trouve que du vide.

C'est un voile qui ondule et derrière lequel on ne trouve rien d'autre que le néant absolu. Une malédiction. Des images qui dansent en un ballet monstrueux. Un baiser de sorcière.

Derrière le voile ne se trouve que la peine, le désespoir et la mort.

Des brins de ténèbres qui contaminent lentement tout ce qu'ils touchent, s'insinuent au cœur des âmes de celles qui se battent, la pourrisse jusqu'au plus profond d'elles-mêmes, la transforment en un monstre que d'autres devront détruire, encore et encore, un cycle qui ne s'arrête jamais.

Un petit être qui agite sa queue blanchâtre dans la nuit et dont les deux yeux rouges fixent sa prochaine victime avec une satisfaction dénuée de la moindre compassion. Un pacte scellé pour un destin à l'instant perdu.

L'entropie.

Et encore et encore, elle regarde l'illusion voiler les yeux de la jeune fille aux joues roses et à la robe bouffante. Elle l'observe se perdre dans ses rêves, espérer encore et encore qu'elle arrivera à changer le monde, à devenir quelqu'un de spécial, à aider ses amies, à sauver sa famille. Elle la voit y croire encore et toujours, sans se douter de la vérité, incapable d'accepter la réalité crue et sale qui se cache derrières ses espoirs ; combattant les sorcières, celles qu'elle était, celles qu'elle deviendrait bientôt. Et à chaque fois que la Nuit de Walpurgis approche, à chaque nouvelle tentative, Homura peut voir la lueur s'échapper des yeux de Madoka comme s'envolent ses convictions, oasis au milieu du désert qui disparaissent lorsqu'on s'en approche trop.

Et toujours il ne reste que l'échec, le désespoir et la mort. Chaque fois elle échoue à protéger celle qui l'a menée jusqu'ici, jusqu'à la voir mourir dans ses bras, son cœur être consumé par la malédiction qui forme le monde et irradie de l'âme des gens.

Chaque fois elle pleure, prend sa main, jure qu'elle changera le cours des choses et que tout finira par s'arranger, la prochaine fois ou celle d'après, dans cent ans ou mille ans, autant de fois qu'il le faudra. Elle jure qu'elle lui offrira le bonheur qu'elle mérite, qu'elle ne laissera personne détruire ses illusions, qu'elle ne laissera personne faire disparaître le sourire qui s'étire sur ses lèvres.

La prochaine fois.

La prochaine fois.

La prochaine fois...

Le bonheur est illusion.

Alors que ses genoux s'écorchent contre les ruines de la Nuit de Walpurgis, elle comprend.

Elle ne peut pas y arriver. Elle échouera encore et encore jusqu'à ce qu'elle ne soit plus capable de le supporter. Elle ne peut pas empêcher la lumière de quitter le cœur de Madoka. Elle ne peut pas empêcher les ténèbres d'envahir le sien.

Elle ne peut pas atteindre le bonheur parce que le bonheur n'existe pas.

Elle le sait depuis longtemps.

Les larmes coulent le long de ses joues. Mais ce n'est pas grave.

Elle recommencera autant de fois qu'il le faudra. Jusqu'à ce qu'elle finisse à son tour dévorée par la malédiction. Jusqu'à ce qu'elle ne soit plus capable de se relever. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus revenir en arrière – mais elle le peut encore.

Alors elle se redresse.

Le temps s'arrête. Le désespoir et la mort disparaissent à nouveau. Refont place au voile factice qui recouvre le yeux des jeunes filles destinées à le détruire.

Mais ce n'est pas grave.

Si le bonheur n'existe pas, Homura le créera pour elle.


Excusez-moi pour cette qualité moyenne, mais c'est compliqué d'écrire à une heure du matin. TT