Ils vécurent malheureux et eurent beaucoup d'argent

Harry Potter et son univers appartiennent à leur auteur JK Rollins.

Résumé : Il était une fois un ex-mangemort qui ne voulait pas finir en prison et une moldu qui avait besoin d'argent. Un mariage de conte de fée parti pour finir par ''ils furent malheureux et eurent beaucoup d'argent''.

Nda :

Salut, salut c'est Coconut'crush!

Cette fan-fic est ma première. Mon objectif était d'introduire un personnage original qui serait le plus éloigné possible de la Mary-sue lambda. Une fille ordinaire, réservée et sans l'ombre d'un pouvoir magique. J'espère que le résultat vous plaira.

Comme j'appartiens à l'espèce de ceux qui ne boudent jamais les préliminaires le premier chapitre risque de paraître un peu long à démarrer, désolé ...

Un grand merci à snappy 49 pour son aide.

Chapitre 1:Veux-tu devenir mon animal de compagnie?

Le spectacle n'avait commencé que depuis une vingtaine de minutes mais les coulisses du chapiteau étaient déjà en pleine effervescence, chacun étant afféré à préparer les numéros suivants. Parmi les forains, assise devant une veille coiffeuse, une jeune femme mettait la touche finale à son maquillage. Sa performance était la suivante et comme à son habitude elle était en retard.

- On va être en retard... Je t'avais dit que tu aurais dû commencer à te préparer avant. Grinça une voix familière dans son dos.

La jeune eurasienne accorda un sourire coupable à son frère dans le coin du miroir. Bien qu'il soit de sept ans son cadet avec Alphonse, elle avait toujours l'impression que c'était elle la gamine. Il lui dédia un regard sévère qui aurait sans doute fait bien plus d'effet s'il n'avait pas été en costume. Avec son costume trois pièces short en satin baby blue, et son haut-de-forme il ressemblait à la version miniature d'un Lord du Londres Victorien.

Délaissant enfin le miroir la jeune femme ramassa son ombrelle et lui fit une révérence.

-Votre Marionnette est prêtre jeune maître. Sourit-elle.

Les yeux noisette d'Alphonse s'attardèrent sur elle un instant. Une robe à jupon rose sale s'arrêtant aux genoux, des bas de soie blanche, de longues boucles de jais ornées de rubans, une peau immaculée et des joues rosies par le fard. Son garçon-manqué de sœur était méconnaissable. Elle avait été remplacée par une poupée de porcelaine démesurée.

- Le maquillage est une chose terriblement effrayante. Murmura-t-il pour lui-même.

Un air gai et entraînant s'éleva soudain dans les airs, avertissant le public que le numéro en cours prenait fin. Le garçon ramassa le sac de velours noir qu'il avait laissé sur une chaise un peu plus tôt et ils rejoignirent ensemble le rideau séparant la piste des coulisses.

Le brouhaha du public qui jusqu'ici n'avait été qu'un bourdonnement se fit plus présent aux oreilles de Mia qui, comme de coutume, se laissait gagner par le trac. Peu importe les centaines, millier de représentations auxquelles elle avait participées depuis son enfance à chaque fois qu'elle était sur le point d'entrer en piste elle ne pouvait s'empêcher de mordiller anxieusement l'articulation de son index. Le tic lui valait d'ailleurs deux petites cicatrices de part et d'autre de la phalange.

Alphonse écarta les tentures, juste assez pour voir trois clowns quitter la piste pour être aussitôt remplacés par le monsieur Loyal de la troupe. Maxence, blondinet débonnaire d'une vingtaine d'année, pourvut d'un haut de forme aussi démesuré que son porte-voix rouge sourit à l'audience. Avec une verve ensorcelante il commença le boniment qui introduirait leur numéro. Mia qui n'avait jamais su se départir de son bégaiement enfantin observait avec envie l'aisance avec laquelle il déversait son éloquence sur un parterre d'inconnus.

Si seulement elle pouvait parler comme ça. Si seulement elle avait ce charisme, cette prestance. Elle pourrait... Elle ferma les yeux pour s'imaginer sur la piste vêtue d'un costume queue de pie rouge et or. Elle s'y voyait presque, faisant rire le public avec ses...

- Si tu ne te concentre pas tu vas rater ton entrée. Fit remarquer Al.

- Par-pardon, bégaya-t-elle honteusement en rouvrant les yeux.

Maxence en était justement aux présentations:

- … avorton qui a pour habitude d'utiliser ses frères et sœurs comme des jouets. Mesdames et Messieurs une ovation pour Alphonse le diabolique marionnettiste.

Sans un mot Al plaqua un immense sourire sur son visage et s'élança. Il fit rapidement le tour de la piste, saluant chaleureusement chaque partie des gradins, faisant de temps à autre une révérence exagérée. Là encore Mia était envieuse, même Al du haut de ses treize ans avait prestance qu'elle n'en aurait jamais.

- Alors Al, dit moi qui sera ta victime aujourd'hui ? Questionna le blond alors que son jeune frère le rejoignait finalement au centre de la piste.

Le brun s'anima d'un sourire diabolique en ouvrant son sac de velours de façon à ce le Loyal soit le seul à en voir le contenu. Celui-ci feint un sursaut de stupeur.

- Tu es sure que c'est une bonne idée ? Ça m'a l'air plutôt dangereux.

Le gamin haussa vaguement les épaules en sortant une craie de sa poche. Sans un regard de plus pour le blond il traça une longue ligne blanche au travers du chapiteau. Maxence fit mine de réfléchir un moment.

- Honnêtement Messieurs Dames je me demande si je dois laisser ce sale gosse faire comme il l'entend. Qu'est-ce que vous en pensez ?

Un « Oui » plutôt vague s'échappa de l'ensemble du public.

- Je n'entends rien !

Le public cria oui un peu plus fort. Le blondinet porta le porte-voix à son oreille à la façon d'un vieillard.

- Hein quoi ?

Cette fois c'est un véritable rugissement qui anima le chapiteau. Le Loyal s'enflamma d'une énergie nouvelle.

- Vous l'aurez voulu! Jeune, belle, et surtout célibataire ! Mesdames et Messieurs ovation pour la marionnette du jour, Euphemia !

Mia se raidit d'un bloc, toute sa concentration était partie en fumée. Ses joues étaient devenue écarlate, sa respiration chaotique. Pourquoi cet idiot faisait-il un commentaire pareil dans son introduction ?

Elle fila entre les rideaux comme une fusée sans oser lever les yeux vers le public, oubliant de sourire ou même de saluer. Alors qu'elle n'était plus qu'à un mètre de sa marque elle trébucha et s'étala de tout son long. Son cœur se tut de honte face à l'éclat de rire général.

- Finalement c'est peut-être plus dangereux si Alphonse ne la manipule pas, en rajouta le blond.

Prenant ce qui lui restait de courage à deux mains la jeune femme sauta sur ses pieds pour traverser en un éclair la distance qui la séparait de sa marque. Quand un silence approximatif se refit dans l'assistance Al se glissa derrière elle. Il ôta lentement le ruban bleu qui nouait le col de sa chemise.

- Bien, M'sieurs Dames afin qu'Alphonse puisse correctement établir son contrôle sur sa marionnette je vous demanderais dès à présent le silence le plus total.

Mia sursauta légèrement quand son jeune frère passa le ruban autour de sa tête.

- Fait bien attention à ne pas bouger de ta marque. Ordonna-t-il tout bas en nouant le tissu sur ses yeux.

Devenue aveugle, elle tenta tant bien que mal de se vider l'esprit pendant que derrière elle le garçon révélait le contenu de son sac : une marionnette de bois vêtue d'une robe à jupon rose. Le pantin lui étant absolument identique du ruban au sommet de son crane à la pointe de ses ballerines.

Maxence interpella une spectatrice.

-Vous là, la charmante demoiselle en jaune au premier rang, si vous voulez bien donner le top à notre marionnettiste. Sans un son bien entendu.

Mia focalisa toute son attention sur la musique répétitive jouée par l'orchestre. Contrairement à ce que Maxence avait affirmé, Alphonse n'était qu'un pantin de plus. Le véritable maître de leur théâtre de marionnette était le son du violoncelle.

La spectatrice en jaune fit un signe de la main. L'instrument manqua discrètement une note. Alphonse tira sur les fils de son pantin pour lui donner vie et exactement au même moment Mia mimait la possession, adoptant la même posture que l'objet.

Une note de trop et d'un même mouvement Mia et la marionnette se mirent à marcher dans des directions opposées. Leurs pieds frappaient le sol au même rythme comme deux automates réglés sur une fréquence identique. Le son du violoncelle chuta, les deux patins s'arrêtèrent d'un même mouvement. Mia se trouvait devant une échelle, la marionnette à la base du trait tracé au sol un peu plus tôt.

Un léger murmure parcouru le public tandis que la plupart réalisaient ce qui allait se passer. Maxence demanda à un autre spectateur de ''donner le top''. Celui-ci hésita un moment avant d'obéir et une fois encore violoncelle transmit son ordre à Alphonse et Mia.

Le brunet tira sur ses fils pour faire grimper sa créature de bois à une échelle imaginaire et parfaitement synchrone à celle-ci Mia gravissait une véritable échelle. Treize barreaux et six mètres trente plus tard la jeune femme, toujours aveugle, faisait face au sommet du chapiteau.

Ses oreilles étaient brusquement devenues sourdes tant aux bruissements du public qu'aux mélodies de l'orchestre. Il n'y avait plus qu'elle et la ligne d'acier qui traversait le chapiteau. Quand bien même elle était incapable de le voir elle savait que le fil était devant elle, elle le sentait. Pour la première fois depuis qu'elle avait quitté les coulisses du cirque son cœur reprenait un rythme usuel. Sereine elle expira lentement, rien ne lui apportait autant de calme que cette douce proximité avec le vide.

Comme pour la rappeler à l'ordre des roulements de tambour s'élevèrent. Alphonse l'attendait elle ne devait pas lui faire faux bon. Il serait ridicule à faire exécuter un numéro de funambulisme à sa marionnette sur un fil de craie si elle ne la singeait pas depuis les airs.

Les tambours redoublèrent pour cesser aussi tôt. Le cœur de Mia manqua un battement. Elle ouvrit les bras et s'élança sur le fil. Synchrones comme deux horloges, elle et le pantin exécutaient le numéro avec une précision mécanique.

Avancer sur la ligne. Demi-tour. Pas chassé. Ouvrir l'ombrelle. La tenir haut dans la main droite pour s'équilibrer. Lever lentement la jambe gauche jusqu'à la verticale. Tenir le grand écart debout 15 seconde. Fermer l'ombrelle. Tour de ballerine. Saut de chat. Saut de biche. Faire tomber l'ombrelle. La rattraper du bout du pied. Arabesque. Marche arrière. Faire la roue pour atterrir les deux pieds sur la plateforme.

Quand les pieds de Mia quittèrent le fil, le son revint brusquement à ses oreilles. Les applaudissements, la fanfare, son cœur… ce n'était plus que les notes d'une même mélodie.

La soirée fila comme toutes les autres dans un cirque, à la fois extraordinaire et banale. Vers onze heure trente, alors que le soleil estival achevait de disparaître, les ''parents'' allèrent ranger l'équipement en vue du départ du lendemain. Les plus petits étaient couchés depuis longtemps déjà et les plus âgées des ''gamins'' veillaient à ce que les autres ne transforment pas la veillée au coin du feu en bacchanale.

Mia souriait bêtement en regardant la bananière rapiécée qui flottait au-dessus de l'entrée du chapiteau. « Le cirque des enfants perdus » on n'aurait pas pu trouver un nom plus approprié. Dans la communauté des itinérants le petit cirque avait une réputation tout à fait unique : Si pour une raison ou une autre vous vouliez abandonner un enfant il y serait accueilli à bras ouvert. Les forains ne posaient jamais de questions. Des enfants de filles mères, de réfugiés, de gens du voyage, de clochards, de migrants...ça n'avait aucune d'importance. Tous ceux laissés sur les bancs du cirque trouvaient la famille dont ils avaient besoin.

Elle-même fut abandonnée sous les gradins avant d'avoir sa première dent, Mia aimait à dire qu'elle venait d'une famille très nombreuse avec pas moins de quarante-deux frères et sœurs. Peu lui importait qui étaient des enfants naturels et qui étaient les fruits d'adoptions frauduleuses. À ses yeux ils étaient tous des enfants du cirque et les seize paires d'adultes qui veillaient sur eux étaient tous leurs parents à égale mesure.

Son rire se figeât quand elle distingua une silhouette longue et osseuse, bien trop familière à son goût. Un homme s'approchait précautionneusement du groupe de jeunes gens. Ils ne connaissaient tous que trop bien ce teins cireux qui luisait à la lumière du feu : Sillas Gronchot, le percepteur que leur adressait régulièrement les cirques Duval.

Les jeunes forains étaient soudainement, très silencieux. La présence du vieil homme n'avait semble-il échappé à personne. Maxence qui devait à son charisme impertinent la place de leader des gamins singea une révérence qui relevait de la prosternation.

- Monsieur Gronchot que nous vaut l'immense déplaisir de votre visite. Vous savez que pour saigner de notre recette il faut venir le matin.

Le vieil homme jeta aux enfants qui riaient un regard glacial accommodé d'un rictus méprisant.

- Et bien j'aurais dut arriver avant le spectacle de ce soir pour vous annoncer le démembrement de votre troupe de petits plaisantins. Mais j'ai été retardé par l'embouteillage sur la N7.

Le Monsieur Loyal arrêta là ses singeries, un voile sombre obscurci ses yeux azurs.

- Comment ça?

- On ne vous a pas dit?! Il y eut un horrible accident à une cinquantaine de kilomètres au sud de Lyon. Un pont qui enjambait la nationale s'est effondré. Le premier week-end des grandes vacances inutiles de vous dire que les bouchons ont...

- Au sujet du cirque. Le coupa le Loyal avec humeur.

- Ah... ça... souri sinistrement le percepteur. Même en gelant les intérêts qui s'accumulent depuis presque quinze ans et en continuant à prélever 40% de vos recettes il vous faudra encore au moins dix ans pour rembourser mon employeur. Il est naturel que sa patience soit à bout, d'autant plus que votre directeur refuse obstinément de vendre. Aussi dès demain il exige que le matériel qui n'a pas encore été remboursé lui soit rendu. J'ai avec moi tous les papiers nécessaires. Les huissiers arriveront à 9h.

Maxence fit taire les insultes et les mouvements de rages qui montaient déjà parmi les enfants perdus. D'un geste inquiet, qui lui fit prendre dix ans, il passa la main dans ses cheveux blond roux.

- Vous voulez récupérer quoi au juste?

Gronchot étira son rictus malsain en un sourire ignominieux.

- Le chapiteau, la confiserie ambulante, la sono, un camion et quatre caravanes.

Le Loyal blêmit, Duval ne se contentait pas de les dépouiller de leur source de revenu, il demandait une partie de leurs logement avec. Ils en étaient déjà à faire dormir les petits à deux ou trois par lits, comment feraient-ils avec quatre caravanes de moins ?

- A moins, naturellement que vous puissiez nous reverser cents-soixante-seize-mille euro pour être définitivement propriétaire de ces biens.

Le feu de camps qui, il y a encore quelques minutes grouillait de rire, crépitait à présent dans un silence absolu.

- Tout le monde au lit ! ordonna brusquement Maxence avant de demander à Emily et Bastien d'installer Gronchot dans le bureau directorial et d'aller prévenir les ''parents''.

Bon grès mal grès la troupe d'adolescents et de jeunes adultes se dispersa en quelques minutes. Seule Mia resta assise sur sa souche à fixer le vide devant elle. Elle sentit tout juste le Loyal s'asseoir à ses coté. Sans un mot il la tira dans ses bras. Elle ignorait lequel d'entre eux il espérait rassurer par ce geste.

- Ne t'inquiète pas, lui chuchotât il en plaquant un baiser au sommet de son crâne, comme il le faisait avec les petits qui avaient peur du noir.

La seule famille qu'ils avaient jamais eu menaçait d'être disloqué et tout ce que cet abrutit trouvait à lui dire c'était ''ne t'inquiète pas''. La jeune femme ne put s'empêcher de rire. Pas d'amusement, mais de désespoir.

Elle se dégagea de son frère pour pouvoir s'adonner de tout son saoul à cette hilarité malsaine qui très vite se changeât en sanglot. Gronchot ne bluffait pas, c'était une certitude. Ça faisait des mois que la directrice avait l'air préoccupé. Maintenant ils savaient pourquoi. Duval avait dû la menacer avant de passer à l'acte.

Les sanglots s'éteignirent presque aussi vite qu'ils étaient arrivés. Un vide immense leur succéda. Max tenta de la ramener contre lui. Elle se dégagea avec violence, le faisant presque basculer sur le sol. Elle n'entendit que vaguement ses protestations alors qu'elle se levait pour partir.

D'un pas décidé, elle prit la direction de la sortit du camp. Elle respirait lentement, ses membres ne tremblaient pas mais le calme qui semblait l'habiter n'était que pure illusion. En elle-même Mia était en proie à une panique sans précédent.

Si le cirque était obligé de se sédentariser les services sociaux ne métraient pas longtemps à leurs mettre la main dessus. Les gamins recueillis n'ayant pas atteint la majorité seraient envoyé ici et là dans des orphelinats, des familles d'accueils, des maisons de corrections. Les adultes seraient certainement emprisonnés pour avoir élevé et emmené sur les routes des enfants sur lesquels ils n'avaient aucun droit. Leur famille serait brisée.

Elle devait faire quelque chose. N'importe quoi. Elle ne pouvait pas laisser une chose pareille se produire sans rien faire. Cédant à un désespoir total elle s'enfonça dans les rues de Marseille à la recherche du quartier du vieux port.

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Le blond passa lentement la pointe de sa langue entre ses dents. Ce tique reptilien ne traduisait que trop son humeur massacrante. Il toisa le fond de son verre avec dédain, s'efforçant d'ignorer au mieux l'ambiance environnante qui était à des années lumières de son standing habituel. Une gourgandine outrageusement maquillée lui envoya un baiser depuis le bar, il serra les dents à s'en fissurer les mâchoires.

- Je vais éviscérer Marcus. murmura-t-il avec hargne en songeant à celui qui lui avait recommandé les bas quartiers Marseillais pour mettre la main sur le spécimen rare qu'il recherchait.

Les spécimens ne manquaient certes pas, mais jusqu'ici il n'avait rien vu qui s'approche un tant soit peu de ce dont il avait besoin. Il commençait à se demander si son oncle ne s'était pas tout simplement foutu de lui.

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- Mais t'es cinglé ma parole ! Hurla un vieux bonhomme avant de s'éloigner en crachant une pléiade d'injures des plus originales que Mia ai entendues.

Voilà le troisième homme qui partait alors qu'elle annonçait son prix. Il fallait dire que la passe à cents-soixante-seize-mille euro c'était plus qu'un peu excessif. C'était carrément surréaliste.

Mia sentait des larmes de hontes lui monter aux yeux. Elle s'accroupit mettant la tête dans ses genoux. Il ne restait à présent que huit heures au cirque des enfants perdus et elle choisissait de les passer dans cette ruelle sordide.

Se vendre pour sauver le cirque était bien l'idée la plus stupide qui soit. Aucune prostituée au monde ne pouvait rassembler la somme qu'il lui fallait en une nuit. Elle le savait mais elle ne supporterait pas d'aller tranquillement se coucher avec ses frères et sœurs en sachant que bientôt ils seraient séparés. Elle n'avait pas non plus la force de rester au camp à regarder les siens sombrer dans le même désespoir que celui qu'on devait lire sur son visage. Sur ce pavé miteux elle pouvait au moins se bercer de l'illusion qu'elle faisait quelque chose pour lutter contre la fatalité.

Une voix couinante la tira de ses pensées.

- C'est mademoiselle qui demande deux-cent-mille euro ?

Mia ne prit même pas la peine de se retourner vers l'homme qui sortait d'impasse dans son dos.

- Allez-vous m-moquez de quelq-qu'un d'autre!

- Moby ne pas se moquer mademoiselle! Faire affaire.

Se retournant pour identifier le propriétaire de la voix Mia ne put contenir une grimace de dégoût. C'était sans doute l'homme le plus repoussant qu'elle n'ait jamais vu. Il avait la taille d'un adulte mais sa tête immense, son buste court et ses membres trop longs auraient davantage suggérés des proportions enfantines. Pire, ses traits n'étaient qu'un enchevêtrement de ridicule et d'horrible mal dissimulé par l'ombre environnante.

- Venez mademoiselle, on va faire affaire, reprit-il plein d'un enthousiasme inquiétant.

- j-je… non! Balbutia la brune

Vêtu d'une guenille hideuse, couverte de crasse, l'homme ne pouvait qu'être un SDF rendu fou par le soleil méditerranéen. Mia esquissa un mouvement de recul. Comprenant qu'elle comptait s'enfuir le gueux rompit d'un bon la distance qui les séparait et la saisit par le coude. Indifférent tant à ses cris qu'à la vigueur avec la qu'elle elle se débattait il la traîna vers le fond de l'impasse.

Malheureusement pour elle, ni les prostituées du bout de la rue, ni leurs clients qui titubaient de ci de là ne semblèrent s'intéresser à ses appels au secours. On distingua une légère lumière rouge s'échapper de la ruelle et les cris se turent à jamais.

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C'est d'abords la musique de fond qui la ramena sur terre. Très vite l'odeur du mauvais tabac et du whisky premier prix achevèrent de la réveiller complètement. Ouvrant péniblement les yeux elle constata qu'elle était assise dans un sous-sol aménagé en bar miteux. Elle se redressa sur la banquette crasseuse où elle était couchée, personne n'était attablé avec elle.

Elle crut un instant avoir rêvé sa rencontre avec le SDF fou mais les gigantesques yeux marrons qui se tournèrent vers elle de l'autre côté de la salle eurent tôt fait de la détromper. Celui qui l'avait vraisemblablement assommé avant de la traîner ici parlait à un homme dissimulé par un pilier au fond du pub sordide. Si juste une dizaine de pas les séparaient, elle ne parvenait pourtant qu'à saisir des bribes de mots. Elle ne comprit qu'une chose : ils parlaient une autre langue.

Elle jeta un regard circulaire sur la salle, le pub était vide. Mais à en croire les mégots fumant et les verres sur le bar il avait été déserté il y a peu. Les précédents occupants avaient peut-être fuis en voyant son ravisseur. Elle en aurait bien fait de même s'il n'avait pas été juste devant l'entrée. Elle ne songea même pas à hurler, l'expérience venait de lui prouver que même si sa voix portait jusqu'à l'extérieur, les gens du voisinage n'étaient pas de ceux qui viennent en aide aux jeunes femmes en détresse.

L'homme fit une révérence à son vis à vis avant de lui faire signe de les rejoindre. Elle ne bougea pas. Il claqua des doigts et ses membres se mirent à se mouvoir d'eux même la poussant à se lever et lui obéir. C'était étrange, comme si elle n'avait plus aucun contrôle sur son corps. Était-ce son instinct de survie qui prenait le dessus ? Qui l'obligeait à obéir à son ravisseur de peur qu'il ne s'énerve ?

- Le jeune maître vous attend. Murmura-t-il comme pour l'encourager.

Elle ne pouvait détacher son regard de ce visage grotesque. Ses oreilles et son nez énorme étaient immonde. Sans parler de ses dents verdâtres et son unique sourcil touffu. Il lui tira une chaise. Au prix d'un effort considérable, ses yeux se détachèrent de lui pour se fixer sur celui qu'il appelait son maître.

Le contraste entre les deux hommes n'aurait pas pu être plus différent. Si le serviteur avait tout d'un monstre son maître lui avait le visage d'un ange. La ou le premier n'était que grossièreté et servitude le second dégageait une élégance et une prestance rare. Ses yeux gris givre se fixèrent sur elle, lui arrachant un frisson. Plus leur froideur ou le dégoût qu'on y lisait, la fascination que ses pupilles inspiraient avait quelque chose d'inquiétant.

- Go home, adressa il à son disgracieux serviteur.

Les prunelles cyan de Mia tremblèrent légèrement de surprise, à en juger de la blondeur fantomatique des cheveux du jeune homme elle l'avait pensé scandinave.

L'ordre n'eut pas besoin d'être réitéré, la présence du SDF s'effaça aussitôt dans le dos de Mia. Elle l'aurait volontiers suivit des yeux jusqu'à ce qu'il passe la porte mais les perles grises qui la scrutaient le lui interdisaient. La funambule avait la désagréable sensation qu'elles pouvaient voir jusqu'au fond de son crâne.

- Exactly what I need. murmura-t-il pour lui-même.

- I I d-don't spea-speak v-very well the en-english. Articula la jeune femme pensant visiblement qu'il s'était adressé à elle.

Il lui accordât un regard dédaigneux qui eut tôt fait de lui faire comprendre qu'elle aurait mieux fait de se taire.

- Évidement je ne m'attendais pas à ce qu'une moldue ramassée dans ce genre de voisinage puisse faire autre chose que baragouiner franglais avec un accent épouvantable. La piquât-il dans un français ne soufrant qu'un léger accent.

Les joues de Mia se teintèrent d'embarras tandis qu'il l'écrasait de tout son dédain.

- Tu demandes réellement deux-cent mille euro? Demanda-il dans un sourire sardonique.

Elle se mordit la lèvre inférieure pour contenir une bouffée de honte. Il dut attendre un moment qu'elle se remette du choc de la question.

- C-cent-soi-soi-soixante-seize-m-mi-mille… bégaya honteusement la jeune femme.

- Une nuit avec toi est très loin de valoir une telle somme. Il ne faisait même pas l'effort d'être incisif ses mots sonnaient comme une froide constatation

Mia vissa ses yeux sur ses genoux le visage rouge d'indignation. Il lui dédia un sourire satisfait, faisant éclore un bouton de fureur dans son estomac. Que lui voulait-il au juste? Persécuter les prostituées débutantes constituait une activité touristique distrayante outre-manche ?

- Dis-moi pourquoi veux-tu cet argent. Reprit-il du ton d'un adulte s'adressant un enfant qui réclame.

Mia ne voulait pas parler de ses problèmes avec ce parfait inconnu mais cet homme l'avait fait traîner dans un endroit vide par un SDF et quelque part elle se réjouissait que ce soit seulement pour discuter de ses choix de vie...

Elle bégaya un récit à peine audible pendant qu'il la scrutait avec un mélange d'ennui et de supériorité. Après qu'elle eut finit il la toisa longtemps comme si il était persuadé d'avoir affaire à une nouvelle espèce de moisissure.

- J'ai un marché à te proposer. Dit-il finalement

Un mélange d'espoir et d'inquiétude étreint le cœur de la demoiselle.

- Je vais payer la dette de ta famille.

Un silence inquiétant s'installa après cette affirmation tant et si bien que la brune se sentit contrainte de reprendre la parole.

- Et en é-éch-échange ? Demanda-t-elle d'une voix à peine audible.

- Jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Mia accueillie ses mots avec autant d'effrois que de stupéfaction. Qu'est ce qu'il entendait au juste par ''jusqu'à ce que la mort nous sépare'' ?

- Il me semble que c'est la formule adéquate pour une demande en mariage. Précisa-t-il en devinant à son expression qu'elle n'était pas sure de le comprendre.

Elle ouvrit les yeux si grands qu'on aurait raisonnablement pu penser qu'ils allaient tomber de ses paupières. Elle fouilla son visage à la recherche d'une quelconque trace de plaisanterie. Elle n'en trouva aucune. Il était de marbre. Manifestement il prenait sa proposition très au sérieux.

La surprise et le doute de la brune furent rapidement remplacés par un étrange sentiment de malaise. Cet homme était beau et visiblement riche. Il n'aurait aucun mal à se trouver quelqu'un. Alors pourquoi lui proposait-il de l'épouser elle ? Plus elle y réfléchissait plus ça paraissait louche.

- P-pour-quoi ?

Il fixa le fond de son verre un moment, comme si il réfléchissait intensément à la façon dont il allait formuler sa réponse.

- Pour être honnête j'ai besoin de rapidement mettre un terme à des rumeurs qui sont nuisibles à ma réputation et mes affaires.

- Q-quels genres de rum-meurs ?

- Le genre qui fait qu'il ne serait pas sage de fréquenter publiquement quelqu'un davantage enclin à mes inclinations. Le genre qu'un mariage avec quelqu'un tendrait à dissiper.

Mia sentit ses sourcils se lever en signe de compréhension.

-Tu es...

- En résumé je veux surtout un mariage fantoche. La coupa-t-il précipitamment comme si il ne voulait pas l'entendre l'associer au mot fatidique. Ce que j'attendrais de toi s'apparenterait moins à ce qu'on espérerait d'une épouse qu'on demanderait à un chien de garde : qu'il protège nos secret, obéisse et soit loyal.

La funambule ne put que tiquer à l'entente de l'analogie mais elle voyait ou il voulait en venir.

- Évidement, accepter signifierait quitter définitivement ta famille et cesser tout contact avec elle. Ajouta-t-il.

Un courant électrique remonta le long de la colonne vertébrale de Mia. Quitter le cirque ?! En vingt années d'existence elle n'avait jamais rien connu d'autre. Tous ceux qu'elle connaissait et aimait y vivaient. Elle n'avait jamais même envisagé une autre vie que celle de foraine... Ses mains commencèrent à s'agiter nerveusement. Comment pouvait elle ne serait-ce qu'imaginer couper les ponts avec sa famille ? C'était hors de question tout simplement hors de question. Elle était sur le point de refuser quand une évidence la frappa.

Elle avait quitté le camp sachant ne rien pouvoir faire pour sauver sa famille. Son plan débile de sauvetage n'avait été qu'un moyen d'échapper à une réalité désespéré en luttant contre son sentiment d'impuissance. Mais cet homme... cet inconnu avec ses vêtements sur-mesure, ses manières soignées, son sérieux indiscutable... C'était peut-être stupide mais elle ne doutait pas un instant qu'il pouvait sauver le cirque. A travers lui elle avait les moyens de garder sa famille unie, ses frères et sœurs en sécurité... Comment pouvait-elle dire non à ça ? Même si ça voulait dire abandonner les siens. Elle plaçât dans sa réponse toute l'assurance qu'elle n'avait pas.

- D-d'accord.

L'espace d'une fraction de seconde le visage du blond afficha une expression de pur soulagement. Puis il sortit des poches de sa veste un parchemin qu'il déroula face à la jeune femme. Trop bouleversée par la décision qu'elle venait de prendre s'interrogea sur l'utilisation d'un tel support pour dresser un contrat prénuptial. Il griffonna quelques lignes dans la section contre partit du document avant de le lui tendre.

- C'est pas vraiment le modèle standard mais ça reste plutôt simple. Affirma-il. Tu t'engages à vivre avec moi, participer aux événements sociaux nécessitant la présence de mon épouse, représenter ma famille dignement, m'être fidèle etc... En bref à t'acquitter de toutes les obligations habituelles d'une épouse. En plus de protéger le secret de la nature véritable de notre union et rompre toutes relations sentimentales, familiales ou amicales préexistantes. De mon côté, je m'engage à régler les dettes et à veiller à la pérennité financière du ''cirque des enfants perdus'' et à veiller à ton confort matériel.

La jeune femme hocha la tête et saisit la plume qu'il lui offrit. Juste quand la pointe de l'objet allait effleurer il ajouta :

- Avant de signer ça, dis-toi bien que je n'aurais pas d'affection pour toi que pour un animal de compagnie. Si tu es docile et sage tu seras traitée avec égard mais je ne tolérerai aucun écart de conduite.

Mia hocha la tête une fois de plus et griffonna son nom sans se laisser le temps de changer d'avis.

- Euphemia Dravel déchiffra le blond comme ci il avait s'agit du nom d'un d'insecte.

- J-Juste M-Mia. murmura la jeune femme comme pour s'excuser du peu commun de son prénom.

- Après la cérémonie ce sera Lady Draco Malfoy, poursuivi le jeune homme en couchant à son tour son nom sur le document.

- Draco Malfoy, répéta la jeune femme dans un murmure

Elle n'avait jamais entendu ce prénom mais son étymologie ne laissait pas de place au doute. Il n'aurait certainement pas pu trouver porteur plus digne que le blond. A l'instar du reptile mythique il exhalait fierté, froideur et puissance. Mia secoua la tête pour faire disparaître la pointe de crainte qu'elle sentait l'envahir alors que ses lèvres ré-articulaient silencieusement le nom de son promis.

Il se tira de sa chaise et lui offrit la main pour l'inviter à faire de même. Mia la regarda un instant avant de la saisir. A peine debout il lui enserra la taille et l'entraîna contre lui. Elle devint instantanément écarlate mais avant qu'elle ait pu dire quoi que ce soit un bruit de pétard retendit. Elle fut prise d'un étrange vertige, comme si on la tirait par un crochet dans le nombril. Instinctivement elle clos les yeux, sa main resserra sur la sienne. Et soudain il la lâcha et s'éloigna brusquement comme si son contact l'avait salit. Elle n'avait fermé les yeux qu'une demi-seconde mais quand ils s'étaient rouvert le bar miteux avait disparu.

Ils étaient dans ce qui semblait être l'entrée d'une grande demeure. Parée de marbre blanc et éclairée de chandeliers de cuivre, cette pièce était sans doute ce qu'elle n'ait jamais vu de plus grandiose. Mais l'heure n'était pas à l'émerveillement. Une large porte à double battant s'ouvrit sur une demi-douzaine de petite créature vaguement humanoïde.

- Bonsoir Lord Malfoy, Mademoiselle. Couinèrent les elfes de maison à l'unisson.

La demoiselle en question étouffa un cri de stupéfaction. Malfoy la gratifia d'un sourire assurément sadique.

– Aurais-je oublié de mentionner le fait que je suis un sorcier?

NDA:

Voila voila !

Des réactions ? Je continue ? Je vais me pendre ? Un petit coup de Bescherelle dans ma face peut être?