Bonjour !

Oui, encore une nouvelle fiction mais celle-ci est différente : Il s'agit de la suite de L'oiseau blessé, ma seconde fiction terminée (que vous pouvez retrouver sur mon profil).

J'me suis dit qu'il y avait tellement de choses à écrire sur le sujet et hop...!

Cela dit, ça ne reprend pas juste à la fin de Lob mais 4 ans après, Emma a donc 14 ans.

Je vous laisse avec le prologue, en espérant que ça vous plaise !


The water girl


L'espoir, léger comme une plume,

Se perche sur l'âme,

Chante sans prononcer un mot

Et ne s'arrête jamais.

Emily DICKINSON


Prologue :

Elle n'avait jamais été comme tout le monde, à son plus grand dam. Tandis que toutes les filles aimaient le rose, elle aimait le bleu. Tandis qu'elles s'habillaient court, elle portait jean et autres pantalons. On lui avait toujours dit que la différence, c'était bien. Sauf quand on est cette différence, avait-elle aussi appris. Elle donnerait son cœur pour que quelqu'un d'autre vive à sa place, puisqu'elle ne trouvait pas la sienne. Perdue entre un chagrin continuel et une allure si pétillante, elle dégageait une gentillesse et une douceur presque palpables. Elle était ce genre de personne à qui tous secrets peuvent être dévoilés. Jamais elle ne jugeait, elle avait toujours le bon mot au bout des lèvres. Elle n'était pas du genre à se faire remarquer. La solitude était son royaume, une prison dorée. Elle se renfermait, chassait les autres. Elle ne voulait plus qu'on lui fasse de mal. Parfois, souvent, elle aimerait être comme toutes ces filles : insouciantes et idiotes. Juste pour ne plus être aussi différente, à comprendre les choses trop vite, à mieux les analyser et tout ressentir de façon décuplée.

- Il est temps d'y aller, Emma.

Et Ambre l'aidait à y parvenir, à s'ouvrir un peu plus au monde. Elles étaient très différentes, tandis que l'une était toute en retenue, l'autre n'hésitait pas à se lâcher. Ambre menait la danse et Emma se trouvait sur ses pieds jusqu'à pouvoir reproduire les pas.

- Une seconde, demanda cette dernière dans un chuchotement.

Emma Lawson, avant Mayer, se tenait là, au milieu du salon, à mémoriser la pièce, à tenter d'inscrire ce moment au plus profond de son âme. Ce soir, au milieu de la nuit, elle quittait cet endroit confortable. Peut-être pour toujours. Elle partait à la recherche de son morceau de cœur manquant, perdu entre passé et présent. Son sac sur l'épaule, elle serrait entre ses mains la lanière de cuir, lèvres pincées. Et comme souvent, les larmes affluèrent dans son regard émeraude. Une main brûlante se posa sur son épaule et elle ferma les yeux, lèvres désormais tremblantes.

- Allez, petite brune, on y va.

Elle prit une grande inspiration, entrecoupée par des sanglots, et ses épaules se relevèrent légèrement. Emma hocha la tête, tournant toujours le dos à son amie, puis déposa sur la table du salon une simple lettre. Noyée dans les eaux de son âme, elle fit face à Ambre et ses dernières barrières manquèrent de s'écrouler.

- Tu peux le faire, lui murmura l'oiseau chantant.

L'ancienne Mayer et jeune Lawson esquissa un léger sourire, trouvant le courage nécessaire dans les yeux chocolats de sa meilleure amie. Cette dernière lui frotta le bras, le cœur au bord des lèvres.

Un bruit à l'étage les alerta puis la lumière des escaliers s'alluma. Elles prirent peur et s'enfuirent vers la noirceur de la nuit, sans fermer la porte de leur ancienne vie.

- Emma ? demanda la voix qui descendait. C'est toi ?

Une bourrasque, un papier qui s'envole. Elle se précipita pour fermer la porte, bravant ce froid d'hiver puis ramassa la lettre, soudainement fébrile et inquiète.


Chère Tessa,

Je ne me suis pas encore endormie durant une escapade nocturne. Non, cette fois, je suis réellement partie. Peut-être pas définitivement mais j'ai besoin de me retrouver. Parce que oui, je me suis perdue entre hier et aujourd'hui. Ambre m'a fait prendre conscience que je ne pouvais continuer à me voiler la face ainsi, que j'y laisserai beaucoup trop de plumes. Ne lui en veux pas, tu sais comment elle est.

Peut-être que je saute tout simplement dans le vide à retourner sur les pas de mon passé mais... je crois qu'il faut que je le fasse. Et avec Ambre à mes côtés, je me sens assez forte. J'en ai assez de fuir, de faire semblant... de me mentir. Je veux briser ces liens et cette carapace. J'agis certainement de façon égoïste mais j'ai besoin de faire tout ça... pour vivre, pour espérer. J'espère que tu comprends, Tessa. Tout cela n'a rien avoir avec toi, je t'apprécie tellement... je m'en veux de partir.

Tu vas sûrement penser : qu'est-ce que deux gamines de 14 ans vont faire toutes seules ? Je connais des gens, des policiers, qui nous protégeront des dangers de la vie. Il faut que tu ai confiance en moi, assez confiance pour ne pas appeler les services sociaux ou la police. Je vais retrouver celle qui m'a sauvé et me sauvera peut-être encore.

Surtout, ne t'inquiètes pas, tu me connais : je suis assez prudente et responsable pour deux.

Je t'embrasse Tessa, et pardonne-moi.

Petite aile.


Une perle vint s'écraser sur le papier, créant alors une auréole pleine de regrets et de peines. Tessa soupira, soudainement abattue, puis déposa la lettre à sa place initiale, aussi déchirante et innocente que l'était Emma. Elle fit tourner entre ses doigts la plume qui accompagnait ces explications, ces excuses couchées sur papier.

P.S : D'après Ambre, mon bonheur ne se tient qu'à une planche à roulettes et deux billets de train. Et pour la première fois, j'ai envie d'y croire.

Dehors dans ce froid mordant, Ambre Swan débutait doucement, d'une voix clair et abîmée, ce petit bout de poème qu'Emma avait écris un jour.

J'ai le moral à plat,

J'ai ce mur qui s'élève.

Je suis au plus bas,

Des ombres règnent sur mes lèvres.

- C'est joli, New York ? demanda Ambre.

- C'est grand, et bruyant.

- Mais c'est chouette ?

Emma imita un hululement dans un éclat de rire, puis se mit à courir en battant des bras... ou peut-être des ailes. Alors, souriante, la jeune Swan reprit, son souffle virevoltant devant elle.

Plus les sentiments grandissent,

Plus j'ai l'envie de me taire.

Ce ne sont que les prémices

D'un autre hiver.

- Tu vas être morte à la moitié du chemin si tu continues.

- Je m'en fiche ! Je suis liiiiiiiibre, hurla-t-elle un peu plus loin.

Elle ouvrit les bras, sa tête renversée en arrière, et tournait encore et encore jusqu'à ce que joie s'en suive. Son sac en bandoulière s'enroulait entour de son corps. Ambre savait que son amie cachait sa peine derrière ce masque souriant, des éclats de rire en confettis. Mais ce soir, elle sentait aussi une certaine sincérité dans le comportement plein d'innocence d'Emma et son cœur s'allégea d'un poids lourd d'inquiétudes.

J'ai envie de vivre dans tes yeux,

J'ai le moral à plat.

J'ai envie de danser entre vous deux,

Mais j'ai le moral à plat.

- Je suis contente que tu sois avec moi, lui fit-elle d'une petite voix lorsqu'elle l'eut rattrapé.

Ambre observa son amie qui, sa bouche dissimulée dans son écharpe, souriait. Ses grands yeux étaient plissés. Elle sentit ses lèvres faire de-même.

- Je le suis aussi.

- Je n'aurai pas pu le faire toute seule, je crois.

- Bien sûr que si, mais ça aurait été moins drôle.

Enfin elle put voir son sourire, ses yeux riaient et son nez était rougis par le froid. Puis le silence se fit, les confessions, du moins orales, ne duraient jamais longtemps avec Emma.

Petits bouts de mots

D'une âme qui désespère.

Le cœur en morceaux,

Tout envoyer en l'air.

Ambre sentit une petite main glacée se glisser dans sa poche, en quête de chaleur.

- Brrrrr, fit-elle en feignant un tremblement.

Puis, pour l'embêter, Emma joignit ses doigts à ceux brûlants et réconfortants de son amie.

J'ai le moral à plat

A me demander où je vais.

Tomber un peu plus bas,

Le futur, jamais je ne m'y risquerai.

La glace contre le feu, l'espoir contre le désespoir, la lune face au soleil... Ambre serra un peu plus fort sa main dans la sienne puis, petit-à-petit, une douce chaleur envahit les doigts froids d'Emma.

- Tu as dit quoi à ta mère ?

- Que je partais en voyage scolaire.

La jeune Lawson éclata de rire.

- Et elle t'a cru ?

- Non, mais elle a fait comme si, s'amusa-t-elle. Et puis, j'ai dit que tu m'accompagnais, c'est fou, ma mère a plus confiance en toi qu'en sa propre fille...

Elles se sourirent puis Ambre continua.

- Elle t'adore, tu sais.

- Je ne comprends pas pourquoi, marmonna Emma dans son écharpe.

Swan posa les yeux sur elle, un sourire tendre et magnifique sur les lèvres.

- Moi si, je comprends tout à fait.


Cette fiction me tient vraiment à coeur, j'espère qu'elle vous fera voyager dans des contrées inconnuuuuuuuuuuuuues !

Hum, bref. Reviews ? :D