Chapitre 1: Jeudi

- Comme je le disais hier en fin de cours, qui soit dit-en passant n'a pas été écouté car la cloche avait déjà sonnée, je me permet donc de vous le ça le professeur en réajustant ses lunettes. Nous allons étudier la littérature japonaise à travers les siècles.

- En même temps, on est en cours de littérature japonaise classique donc c'est un peu logique. Marmonna une élève de façon ironique.

- Elle est divisée en trois périodes principales: la période ancienne, la période médiévale et la période moderne. La littérature japonaise ancienne, antérieure au XIIe siècle comprend entre autre…

- Je m'ennuie … ajouta une autre étudiante en s'affalant sur la table. Tu te fais pas un peu chier Jun? Jun? Mais réveille-toi! C'est pas l'heure de dormir!

-P'tain elle a de la chance elle arrive à dormir malgré le prof qui n'arrête pas de parler! Continua sa voisine tout en mangeant des céréales qu'elle avait caché dans son sac.

- La littérature japonaise moderne date du XIXe jusqu'à nos jours. Elle correspond à l'ouverture du Japon et à son exposition au monde occidental. Mais c'est pas bientôt fini là-haut ?! -s'écria-t-il, réveillant au passage une bonne partie des étudiants.

Son regard lançait des éclairs en direction des trois jeunes filles du dernier rang. La première, qui se prénommait Rin, fit mine de n'avoir rien entendu et tenta de se tourner vers les autres étudiants, montrant ainsi qu'elle ne se sentait nullement concernée. Petite, blonde avec des lunettes, elle tenait parfaitement le rôle de l'élève modèle adorée des professeurs.

La deuxième, à peine sortie des bras de Morphée, jeta un regard assassin en direction du professeur. En effet, la règle numéro une à toujours respecter est de ne jamais réveiller Jun en sursaut: sous peine de signer son arrêt de mort dans la minute qui suit. Diverses caractéristiques semblaient indiquer la mort chez cette étudiante. Tout d'abord ses cheveux noirs comme les ténèbres puis son teint d'une pâleur cadavérique et enfin ses yeux aussi rouges que le feu ardent des enfers ou le sang, mais pour ce dernier détail, personne n'a jamais su si elle portait des lentilles de couleur ou non. Rin voyant la tempête arriver, la retint par le bras.

Sango quant à elle, affichait toujours son sourire moqueur et pencha la tête en arrière afin d'enfourner une plus grosse bouchée de céréales. Elle se redressa ensuite, faisant agiter ses cheveux multicolores naturels (car oui, jusqu'à sa mort elle affirma n'avoir jamais fait de couleur à ses cheveux) et fixa son interlocuteur situé tout en bas de l'amphithéâtre. Habituée à ce genre d'interpellation des professeurs, elle essaya de faire de l'humour. Une erreur.

- Kamijou-sensei! Vous voulez manger des céréales n'est-ce-pas? Tenez il m'en reste un peu, bon je vous l'accorde, le paquet n'est pas très grand mais je suis déjà bien gentille de vous en donner! Tiens fait passer.

Elle fit alors passer le paquet à son voisin de devant, ce dernier exécutant ensuite le même geste et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il arrive sur le bureau de l'enseignant Kamijou. Une aura terrifiante dansait autour de lui et elle s'accentua quand il vit que le paquet était périmé depuis deux mois, puis quand Sango explosa de rire, suivit de près par ses amies (en effet son rire est contagieux). Aussitôt, tout l'amphithéâtre fit de même et fut mitraillé de craies, de livres, en bref: tout ce qui passait sous la main du professeur tyrannique n'ayant aucune autorité.

- A la fin du cours, je vous attends toutes les trois dans mon bureau. Maintenant taisez-vous! Je continue. Une seule forme littéraire tend à se développer dans cette période: le shishosetsu. Ces courtes histoires ont pour personnage principal l'écrivain lui-même…

ooo

On frappa à la porte. Miyagi posa son journal sur le bureau et grommela, n'ayant pas fini de lire son horoscope. Il ouvrit la porte et tomba nez à nez avec une étudiante. Elle lui arrivait au milieu du torse et avait les cheveux blonds. Elle prit une inspiration, réajusta ses lunettes et entama la conversation.

- Le professeur Kamijou nous a convoqué.

- Je vois, mais il est en cours pour l'instant. Vous pouvez entrer en attendant.

- Pas la peine on repassera! Dit Sango faisant déjà demi-tour lorsque Jun l'attrapa par le col et la traîna dans le bureau.

Elles s'engouffrèrent alors dans le bureau qui était en un mot: minuscule. Des livres étalés à même le sol, des papiers négligemment posés en vrac sur les deux bureaux, ainsi qu'une demi-douzaine de cartons empilés semblaient rendre la pièce encore plus petite.

Miyagi soupira lorsqu'il alluma sa cigarette: « Encore des étudiantes qui ont bavardé sur les nouveaux potins pendant son cours… c'est la troisième fois cette semaine! » pensa-t-il en exaltant quelques volutes de fumée. Cependant sa curiosité le tiraillait. Elles ne ressemblaient pas aux autres ou tout du moins ça ne devait pas être le genre de filles à parler de ces sujets-là. Il abandonna cette idée et reprit son journal afin de lire son horoscope.

- Au fait, pourquoi vous a-t-il convoqué? Interrogea le professeur après avoir cédé à la tentation.

- Sango lui as donné un paquet de céréales périmées. Répondit Jun, le ton las et étouffant un bâillement.

- Quel était le but de cette manœuvre? S'enquit-il, assez perplexe à propos de cette réponse.

- Son cours est bien plus amusant quand il s'énerve! Dit Sango, hilare.

- En plus il fait une tête assez mignonne dans ces moments-là… ajouta discrètement Rin.

C'est à ce moment précis que Hiroki Kamijou, enseignant à l'université de Mitsuhashi, entra dans le bureau les bras chargés de copies. Il fusilla les étudiantes du regard ainsi que Miyagi qui commençait à esquisser un sourire moqueur.

- Bon mesdemoiselles, au sujet de l'incident de tout à l'heure, une punition adéquate vous sera infligée. Je veux que vous nettoyiez l'amphithéâtre après les cours et j'espère qu'il brillera comme un sous neuf sinon c'est l'université entière que vous astiquerez avec une brosse à dent!

- Quoi?! Mais c'est injuste! S'exclama Jun.

- En plus l'amphi est immense… songea Rin, désespérée à l'idée d'imaginer sa soirée gâchée.

- Peu importe vos protestations, le sujet est clos. Ce soir la femme de ménage vous ouvrira les portes pour que vous puissiez rentrer.

- Ok… soupirèrent-elles en cœur.

D'un geste de la main, le professeur leur indiqua la sortie. Quelques secondes plus tard, il était affalé sur sa chaise, visiblement épuisé par sa journée. Miyagi, resté en retrait, réfléchissait tout en regardant le paysage à travers la fenêtre. Soudain il fit les yeux ronds en voyant les trois étudiantes discuter avec le jeune Misaki. D'après le dossier scolaire du garçon, il vivait au même endroit qu'un certain Akihiko Usami, qui n'était autre qu'un ami d'enfance de son collègue…

Un immense sourire se dessina sur ses lèvres. Une idée de génie venait de lui traverser l'esprit. Il prit sa veste, inventa une excuse auprès d'Hiroki et sortit en vitesse, claquant bruyamment la porte du bureau derrière lui. Il courut dehors et arrivé à une centaine de mètres derrière les quatre étudiants, il ralentit le pas puis prit un air décontracté. Soudain, il prit une inspiration et cria à l'encontre d'un certain étudiant :

- Misaki Takahashi ! Il est formellement interdit de jeter son chewing-gum sur la voie publique!

- Hein? S'interrogea l'étudiant qui n'avait rien fait.

- Tu nies? Très bien, ce soir deux heures de colle t'attendent! Tu nettoieras l'amphithéâtre avec trois autres étudiantes! Rajouta-t-il en jetant un regard entendu aux trois amies qui se tenaient non loin de Misaki.

Sur ce, il tourna les talons, entendant des protestations telles que « ce prof est un tyran! » ou « Tout ça pour un chewing-gum? » dans son dos. Il s'en fichait royalement car pour l'instant son plan marchait comme prévu.

ooo

Un concours de manger du lait?! Hurla Sango en haut de l'amphithéâtre.

Non! Un concours de lancer de craies ! Répondit Rin qui se trouvait quant à elle à l'autre bout de la pièce.

Cela faisait une heure que les quatre étudiants tentaient tant bien que mal de nettoyer la salle de cours. Il n'en voyaient pas la fin. Car entre Jun qui imitait le professeur Kamijou, Sango qui pestait à voix haute, Rin qui chantait en prenant son balai pour un micro et Misaki qui se lamentait, autant dire que leur travail n'avançait pas beaucoup. Mais au bout d'un moment, Jun commença elle aussi à bougonner contre son portable qui ne marchait pas, ce qui énerva notre étudiante à lunettes. Elle envisagea alors de faire ce concours afin de détendre l'atmosphère. Personne ne s'y opposa et il débuta.

Très bien, le but est de se placer là où le professeur Kamijou fait son cours et de lancer la craie le plus loin possible. Le gagnant recevra un paquet de bonbons de la part des trois autres. Expliqua Rin.

Parfait je commence! Répondit Sango en dévalant les marches et alla à l'endroit indiqué.

Elle prit la craie rouge et tira de toutes ses forces. Elle n'atteignit même pas la première rangée.

Eh bien alors Sango qu'est-ce-qui t'arrives? C'est parce que tu viens d'avoir un an de plus hier que tu as perdu toute ta force?

La ferme! J'aimerais bien t'y voir, c'est plus dur que ça en a l'air!

Attends je veux essayer! Dit Misaki en prenant une craie verte.

Eh bah putain je pensais pas qu'on pouvait égaliser Sango au niveau des tirs ratés! Ajouta Jun un brin moqueuse.

Elle prit alors à son tour une craie, bleue cette fois-ci et tira. Tous furent ébahis devant cet exploit. Avant-dernier rang.

Eh bien tu vois? Ce n'est pas si compliqué... bon allez Rin c'est à ton tour!

Sans un mot, elle s'empara de la craie violette posée sur le bureau, cette dernière fût surnommée ensuite la "craie magique". En effet, l'étudiante la lança et elle alla s'exploser sur le mur du fond de l'amphithéâtre, la réduisant alors en miettes. Ses trois autres amis la regardèrent, choqués de voir qu'elle possédait une telle force alors qu'elle faisait une tête de moins qu'eux.

Mon père est prof d'histoire en fac et un jour il m'a montré...

Ca explique bien des choses. Ajouta Sango, émerveillée. Moi mon abruti de frère ne m'a jamais appris!

Je pensais que tu étais fille unique. Il est professeur? Ajouta Misaki.

Ouaip. Il m'énerve tellement vous ne pouvez pas savoir! Je me demande si un jour il trouvera quelqu'un avec qui vivre!

Il est si casse-pieds que ça? Demanda Rin

Emmerdeur est un mot faible pour le décrire donc imagine...

Bref ! J'ai d'autres choses à faire ce soir donc si on pouvait se remuer un peu et finir tout ça? Finit par dire Jun en reprenant son balai.

Tous repartirent alors faire leurs tâches attitrées avec plus ou moins d'engouement mais un élément imprévu vint tout gâcher. En effet, la porte d'entrée s'ouvrit violemment, laissant apparaître sur le seuil un homme âgé d'environ trente ans.

Bonjour à tous ! Lança-t-il joyeusement à l'assemblée.

Vous êtes qui? Demanda Sango qui avait du mal à voir de qui il s'agissait depuis le haut de l'amphi.

C'est vous qui m'avez collé!

Exact Takahashi. Je suis le professeur Miyagi et j'ai besoin de votre aide.

Ne comptez pas sur moi! S'exclama Misaki, éprouvant toujours une certaine rancune.

Très bien. Dans ce cas, ce week-end, sept heures de colles t'attendent.

Pourquoi avez-vous besoin de nous? S'enquit le jeune homme ayant soudainement changé d'avis.

Eh bien voilà, j'organise une petite fête...

Pervers! Hurla Rin, choquée.

Ce n'est pas ce genre d'invitation! En fait j'ai besoin que vous...

Il est 20 heures! Nous avons rempli notre tâche en nettoyant la salle en deux heures. Sur ce, au revoir! Coupa Jun en enfilant son manteau et quittant la salle.

Elle fût suivit de près par Misaki qui en avait ras le bol, puis par Rin, s'étant excusée auprès de Miyagi au préalable. Seule Sango prenait son temps et descendit lentement les marches. Arrivée au niveau du professeur, elle se planta devant lui, les bras croisés sur la poitrine et le fixa d'un regard noir.

Qu'est-ce-que vous manigancez encore comme plan foireux?

Tu es toujours aussi aimable à ce que je vois! Et je t'avais demandé de me tutoyer. Mais bon, pour ce qu'il s'agit de mon plan, tu ne crois pas si bien dire...

Un sourire apparût sur les lèvres du professeur avant qu'il ne lui indique de venir dans son bureau.

ooo

Pendant ce temps-là, les trois autres étudiants respiraient l'air frais de ce début de soirée. Arrivés au bout de l'allée, une magnifique voiture rouge attendait. Misaki, devenu légèrement cramoisi, se tourna vers les filles.

Je vais lui demander si il peut vous ramener chez vous car c'est pas prudent de rentrer seules le soir.

C'est gentil. Répondit Rin en souriant.

Il courut donc vers la voiture et demanda au conducteur. Ce dernier sortit alors, le prit par le col, le flanqua sur la banquette arrière et démarra la voiture dans un bruit de moteur assourdissant. Rin et Jun restaient toutes les deux sur le trottoir, encore incrédule par la rapidité de la scène.

Il s'est passé quoi? S'interrogea la plus petite des deux.

Aucune idée. Répondit la seconde juste avant qu'elles n'entendent une petite sonnerie.

Un sms?

Elle regarda son portable et montra ensuite le message à Jun. Il disait ceci: "Désolé. Mon colocataire est pressé. On se rejoint lundi devant la grille de la fac?". Ce à quoi Rin répondit par un simple OK.

Bon je te raccompagnes?

Hein? Nan mais c'est pas la peine de te déranger! S'exclama Rin en agitant les mains.

Tu habites dans le quartier de Beika si je me souviens bien?

Oui mais toi tu n'habites pas par là.

Je dois rejoindre quelqu'un là-bas au restaurant Poirot.

Vraiment? Serait-ce un amoureux secret? Demanda l'étudiante à lunettes avec un grand sourire.

Hpmf! Même pas!

Ou une amoureuse?

Je ne suis pas de ce bord là!

Mais alors c'est qui ?

Tu le connais pas.

Mais dis !

Non!

S'il-te-plait?

Même pas en rêve. Soupira Jun en commençant à marcher.

Il est mignon?

C'est quoi cette question à la con?!

Ca veut dire qu'il est beau vu comment tu deviens rouge écarlate!

T'as de ces idées... en tout cas ce n'est pas mon petit ami et je n'en voudrais pas!

Pourquoi?

Il est trop fleur bleue à mon goût.

Tu peux le décrire physiquement? Je suis sûre qu'il a des muscles à en faire baver plus d'une!

Mais arrête avec ces questions bizarres tu me fais peur!

Jun dû alors supporter pendant dix bonnes minutes les interrogations incessantes et indiscrètes de Rin, pour son plus grand malheur. Une fois devant le portail de la maison de l'étudiante, les questions cessèrent enfin. Ou tout du moins réduisirent en nombres.

Bon à lundi! S'exclama Jun en tournant déjà les talons.

Attends! Je voulais savoir, tu vis seule dans ton appartement?

C'est le cas. Pourquoi?

On a une chambre de libre et maman me demandait ça l'autre jour. Elle me disait que tu aurais pu venir vivre à la maison. Tu aurais payé certes un loyer, mais nettement moins cher que pour un appartement et puis surtout tu ne serais pas seule.

Oh tu sais je suis assez indépendante, je n'aimes pas trop vivre à plusieurs dans un espace restreint. Par exemple être à quatre dans un appartement je trouve ça trop.

C'est vrai que j'ai déjà trois frères et sœurs. Bon bah tant pis. Tu veux qu'on t'amène en voiture au restaurant?

Pas la peine ce n'est pas loin. Répondit Jun en souriant. A plus tard !

Tu ne veux toujours pas me dire qui est ton mystérieux rendez-vous?

Bon allez je suis gentille je vais te révéler un truc.

Jun revint alors sur ses pas et fit face à Rin qui se trouvait déjà derrière le portail de sa maison. Elle se pencha légèrement en avant et chuchota à l'oreille de son amie:

Ce soir, je ne rentrerais pas chez moi. Il m'a proposé de dormir chez lui.

Quuooii ?! Manqua de s'étouffer la plus petite des deux.

Mais c'était déjà trop tard, Jun avait pris ses jambes à son cou, poursuivie par une Rin qui lui hurlait de revenir s'expliquer et courant, malgré ses talons et ses cheveux blonds qui lui revenaient devant le visage, afin de la rattraper. En vain. Son amie avait déjà disparu au coin de la rue.

ooo

Ce fût à bout de souffle, ayant couru à perdre haleine pour semer Rin, qu'elle arriva devant le restaurant Poirot. Vingt et une heures sonnait quand elle s'installa sur la banquette au fond de la salle. Un jeune homme l'attendait en souriant et posa sur un elle un regard bienveillant.

Le teint de la jeune étudiante d'habitude si blafard vira au rouge écarlate. Elle l'embrassa sur les deux joues puis reprit sa place, un peu gênée. Cela faisait un an qu'ils ne s'étaient pas vu! Il lui avait tant manqué! Heureusement pour elle, la serveuse coupa le silence qui régnait entre eux.

Que commanderez-vous?

Des yakitoris s'il-vous-plait. Répondit-il

La même chose. Ajouta Jun.

Parfait je vous amène ça tout de suite!

Elle tourna les talons laissant les deux jeunes gens dans un silence gênant. Elle ne savait pas par où commencer. Tant de questions s'enchaînaient dans sa tête!

J'ai appris que tu es à l'université de Mitsuhachi?

Exact. Les cours sont un peu ennuyeux. Répondit-elle en soupirant.

Vraiment? Pourtant tu adores étudier d'habitude!

Mais mon prof est nul c'est un tyran !

Ca ne doit pas être si terrible que ça...

Arrête avec tes stupides politesses! Pourquoi es-tu partis pendant un an sans me donner de nouvelles?! Heureusement que Mme Yakota m'a dit où tu étais partis! Parce que Monsieur n'a pas jugé utile de me le dire! Je te croyais mort! Explosa Jun et en se relevant, attirant sans le vouloir l'attention de toutes les personnes présentes dans le restaurant.

Calme-toi. Je te l'avais dit mais tu ne m'as écouté que d'une oreille distraite. J'ai voulu vous écrire mais je n'y arrivais pas. Combien de fois je me suis demandé si vous alliez bien...

Elle le gifla. Tous la regardèrent ahuris. L'étudiante, leur lançant un regard assassin, leur intima l'ordre de retourner s'occuper de leurs affaires. Peu à peu, l'ambiance revint dans le restaurant et on pouvait entendre un homme moustachu appuyé au bar, totalement ivre mort, en train de chanter.

Tu aurais pu téléphoner.

J'essayais de me concentrer sur mes études pour rentrer le plus tôt possible. Désolé. Répondit-il avec un air penaud.

Bon pour cette fois je passe l'éponge mais t'as pas intérêt à me refaire un coup pareil!

Ne t'en fais pas, cela ne se reproduira plus. Au fait, je dois t'annoncer quelque chose.

Quoi?

A partir de ce soir tu es sous ma responsabilité donc tu viens vivre chez moi.

Heiinn?! Mais j'ai mon appartement ce n'est pas la peine! Et pourquoi tu décides ça tout à coup?

Madame Yakota a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts et ne peux plus payer ton appartement, malgré le salaire de ton petit boulot qui en paye une partie. De plus, avec tes frais de scolarité c'est difficile. Du coup, vu que je suis plus vieux que toi j'ai demandé à être ton tuteur.

Mais tu n'as que six ans de plus! Et puis je ne te considère pas comme un parent mais plus comme un frère.

Tu me l'as déjà dit, même qu'une fois madame Yakota avait sous-entendu qu'il y avait plus que de la fraternité entre nous! Elle et ses idées tirées par les cheveux... ça me manque un peu.

Donc je dois emménager chez toi? Demanda-t-elle au bout d'une longue minute. Je croyais pourtant que tu vivais avec quelqu'un la dernière fois qu'on s'est vu.

C'est exact. Mais il n'est pas contre je lui ai demandé.

Je vois. N'empêche c'est bien que tu es trouvé un compagnon.

Oui, en plus il très gentil tu verras.

En tout cas, je comprends mieux pourquoi tu m'avais dit que je dormirais chez toi. Cependant je pensais que ça ne serait que pour une nuit!

Voilà votre repas ! S'exclama la serveuse en arrivant au niveau des deux jeunes gens.

Merci !

N'hésitez pas à demander si il vous manque quoi que se soit. Ajouta-t-elle avant de tourner les talons.

Bon appétit Jun!

Allez, mangeons pour notre future colocation qui s'annonce joyeuse! Sur ce, bon appétit Nowaki.

ooo

Sango, un grand sourire plaqué sur les lèvres, descendit les escaliers de l'université. Il était

21h30 et la lune brillait tellement qu'elle pouvait voir parfaitement là où elle se dirigeait. Hélas, cela lui permit de voir aussi une voiture qui l'attendait devant le portail et elle ne la connaissait que trop bien.

Tout d'abord, elle fit mine de ne pas l'avoir remarqué et continua tranquillement son chemin vers la maison familiale, située à trois pâtés de maison d'ici. Cependant un bruit de klaxon lui indiqua qu'elle ne pouvait plus faire semblant de n'avoir rien vu ou entendu. Elle se retourna alors et vit le regard énervé du conducteur. "Bah, après tout il pourra me ramener à la maison." songea-t-elle en s'engouffrant dans la voiture.

Nan mais t'as vu l'heure qu'il est ?!

C'est pas de ma faute si mon abruti de prof m'a collé ce soir! Cria-t-elle sur un ton de reproche.

C'était censé se finir à 20 heures! Ca fait une heure que je t'attends!

Si tu es si pressé, ramène-moi vite fait à la maison et n'en parlons plus.

Tiens, parlons-en. Maman est tellement furieuse après toi qu'elle m'a obligé à t'accueillir chez moi!

Elle a osé faire ça? Demanda Sango en jetant un regard choqué à son frère.

Oui et crois-moi cela ne me plaît pas non plus. Bon, attache ta ceinture on y vas je suis fatigué.

Ah mon vieux pépé fait attention à pas rouler trop vite tu risques de te blesser... ajouta-t-elle d'un ton ironique.

La ferme Sango!

C'est ainsi qu'ils rentrèrent tout les deux dans leur appartement commun, et ce dans la joie et la bonne humeur.