DISCLAIMER : Tout cet univers, les lieux fictifs, les personnages appartiennent aux merveilleux mangaka Masashi Kishimoto.

Résumé :

J'étais insignifiante. Simple dans ma manière de m'habiller et de me porter vis à vis des autres.
J'étais seule. On aimait bien jouer avec mes cheveux. On les tirait, les arrachait. Puis aussi mon visage, qu'on maquillait de bleus et de sang.
Ceux pour qui je croyais être une amie sont partis. Je les vois, dès fois. Ils n'osent pas m'approcher car ils me prennent pour une folle.
J'étais faible. Je n'étais pas naïve. Je me débattait sans cesse. Mais le mal venait toujours un moment ou un autre.

C'est sûrement la mort de mes parents qui l'a déclenché. Cet accident.
Dans des moments comme celui-ci, j'ai toujours voulu avoir de la force, pour pouvoir frapper, cogner, sans m'arrêter. Mais en y repensant, j'aurais préféré avoir la force de trouver une limite.
Cette force... Si seulement on pouvait m'emmener loin d'ici. Dans un monde différent. Dans un monde où j'aurais une famille, des amis, une raison de vivre.

Si j'avais l'occasion de tout recommencer à zéro... Serait-ce la meilleure des choses?


Prologue : I hate loneliness, but she loves me.

« Elle regarde en l'air, pour espérer voir voler ses rêves, mais la pluie les fait retomber chaque fois, pour les enfoncer sous terre afin qu'ils ne refassent plus jamais surface. »


Douceur.

D'un regard, d'une parole, ou juste d'un mot, d'une sucrerie, d'un paysage, de cheveux, d'une peau, d'une caresse, d'un baiser…

Cette émotion agréable, délicate, créant un sentiment indescriptible mais réel.

La jeune femme ne les connaît plus.

Les seules douceurs, chez elle, ce sont celles de sa couette et de sa musique. Rien d'autre. Du moins, quelques musiques. Elle déteste particulièrement cette petite mélodie qui la décroche sans pitié de ses rêves, ou cauchemars. Tantôt elle l'aime, tantôt elle la hait.

Soudainement ce son retentit dans toute sa tête. Blottie sous ses draps, énervée, elle se tourne avec une grâce complètement minable, puis lève mollement sa main jusqu'à son portable.

-Putain de réveil…

Elle l'éteint et se retourne, cachant sa tête sous ses draps et essayant de se replonger dans son monde…

Merveilleux ou pas.

Dix minutes plus tard, ne trouvant plus le sommeil, elle décide de se lever. Elle ouvre la fenêtre puis décroche les volets. Une première lueur apparaît, puis au fur et à mesure, la pièce est inondée de lumière. L'adolescente plisse les yeux et jure, encore une fois, contre ce soleil qui l'éblouit trop.

Elle prend une grande bouffée d'air, pivote, trébuche maladroitement, puis ouvre la porte de sa chambre. Elle progresse dans les escaliers qui grincent parfois sous ses lourds pas. Une fois au rez-de- chaussée, elle se tourne et arrive dans une cuisine donnant sur un grand salon. Elle s'affale sur une chaise, en constatant que la table était pleine de nourriture. Elle s'empare d'un jus d'orange, d'une brioche, de céréales puis d'un bol de chocolat chaud.

Eh oui, l'adolescente mange beaucoup. En même temps, elle peut se le permettre : elle arrive à garder une taille parfaite pour une fille de son âge.

Alors qu'elle mange, une personne âgée se présente devant elle :

-Bonjour, ma grande.

Avec un temps de réaction phénoménal –atteignant les quinze secondes- elle articule à son tour deux mots :

-Bonjour mamie.

Un simple échange, extrêmement banal et lassant, mais habituel chez elles. Car pour ainsi dire, le dialogue ne passe plus vraiment entre les deux. C'est surtout que la jeune femme ne parle pas souvent. A part pour des phrases comme celle-ci.

-Il est ou, papi ?

-Il se douche. On s'en va voir ta tante, jusqu'à ce soir. Je ferais à manger une fois rentrée.

-…

Et elle continue de manger sans s'arrêter. Finalement, ses grands-parents s'en vont. La vieille femme laisse un dernier regard à sa petite-fille, empli de questions et de chagrins. Elle se doute sûrement qu'une fois de plus, elle n'ira pas en cours. Elle passera sa journée à traîner on ne sait où, avec comme seul partenaire, sa musique, qui ne la quitte pas.

Elle n'est plus la fille innocente, heureuse et pleine de vie d'autrefois.

Elle est devenue solitaire, enfermée dans sa bulle, n'en laissant sortir uniquement son caractère froid et insolent.

Et si ça continue, elle va vraiment mal tourner.

Elle s'en va. Le temps d'une journée. Le temps d'essayer de se ressaisir, de se comprendre elle-même, de faire la paix avec son âme, son cœur.

Elle ne sait plus. Elle ne s'en sort pas. Elle perd encore espoir. Alors, elle quitte sa maison pour chercher quelque chose, qu'elle ne trouvera pas.

Il pleut. Le ciel est recouvert de nuages sombres, tellement épais qu'aucun rayon de soleil ne peut y passer. Elle pose un premier pied sur le sol trempé. De la boue atterrit sur ses vieilles converses, cachées par un pantalon de survêtement trop large. Elle met sa capuche et cache ses mains pâles dans son sweatshirt.

Et puis elle marche.

Ses pas la mènent vers un parc silencieux. Normal, avec ce temps, il n'y a personne. Alors elle en profite puis elle s'assied sur une balançoire trempée à l'abri d'un arbre.

Elle pense à son avenir… Mais elle n'y voit rien. Elle avait beaucoup de projet futurs à l'époque : devenir enseignante, architecte, puis finalement médecin. C'est d'ailleurs un métier qu'elle aimerait vraiment faire. Or, avec des résultats catastrophiques, et un découragement éternel, c'est pas comme ça qu'elle y parviendra…

Elle le sait, mais n'y change rien. Elle a perdu l'envie de tout. Elle regarde en l'air, pour espérer voir voler ses rêves, mais la pluie les fait retomber chaque fois, pour les enfoncer sous terre afin qu'ils ne refassent plus jamais surface.

De sa poche, elle sort une cigarette, puis un briquet. Elle ne fume quasiment jamais. Mais elle fait une exception cette fois-ci, par ce qu'on dit que ça enlève le stress, et qu'on se sent mieux.

Alors elle pense à sa vie de tous les jours, et prend une première bouffée.

Elle pense à toutes ses personnes qui la détestent, qui l'évitent comme la peste, et en prend une deuxième, en abritant la cigarette de sa main. Elle recrache la fumée, en créant un nuage, semblable à ceux qui abritent le soleil. C'est ça qu'elle aime bien. Elle a l'impression d'inhaler une seconde vie meilleure, puis de recracher l'ancienne en lui faisant prendre la forme quelle souhaite.

Mais cette fois-ci, ça ne marche pas.

Alors elle la jette par terre, sans en finir le tiers.

Elle se lève lentement, puis elle s'en va sans se retourner vers un bar ou elle s'offre un café recouvert de crème, comme elle les aime, en espérant qu'il pourra réchauffer son corps trempé, ainsi que son esprit chamboulé.

Evidemment, rien n'y fit. Elle s'assied devant une table dans un coin reculé du petit bar et elle n'arrête pas de repasser en boucle dans sa tête cet accident qu'elle a commis. Et machinalement, elle fouille la poche de son sweatshirt et en sort un couteau.

Il est entièrement argenté, petit et parfaitement aiguisé. L'adolescente se met à jouer avec le manche du couteau, puis avec sa lame. Elle manque de se la rentrer dans l'index, ce qui coupe son fil de pensée et qui la fait lâcher prise sur l'objet retombant lourdement sur sa sous-tasse. Elle lance un bref regard aux alentours. Quelques personnes se sont retournées. Elle baisse la tête. Sa capuche cache la moitié de son visage. De cette façon elle espère ne pas se faire reconnaître.

Quelques minutes passent. Puis elle croise les bras sur la table, laisse sa tête se reposer à l'intérieur, et elle réussit à s'endormir une dizaine de minutes après. Un rêve ou un cauchemar… Personne ne le saura. Même pas elle, car sa vie en est déjà un.

Quelqu'un secoue doucement notre jeune femme, toujours en train de dormir.

Elle bâille tout en se découvrant. Puis, elle s'exclame, toujours endormie :

-Hayate !

-Salut, ma belle. Ca fait des heures que tu dors, faudrait pas tarder…

-Hn… Mais il est quelle heure ?

-Trois heures.

-Waaah… Je savais pas que j'allais dormir si longtemps.

-Faut croire que si !

Mais elle n'écoute déjà plus : ayant totalement repris ses esprits, elle cherche de vue le couteau qu'elle croyait avoir laissé sur la table. Prise de panique, elle cherche à ses pieds, puis en dernier dans sa poche de sweat : il y est rangé. La tension se relâche un peu avec son long soupir de soulagement.

Hayate fait mine de ne pas avoir remarqué la panique de l'adolescente et déclare :

-Je te ramène quelque part ? J'ai fini ma journée.

-Non merci, ça ira.

Le garçon tourne la tête vers la vitre : la pluie ne cesse de tomber. L'orage retentit de temps à autre, ce qui donne des frissons à la pauvre. Du bar à chez elle, il faut une demi-heure à pied, et elle risque de tomber malade en restant sous la pluie battante.

-Finalement, si ça ne t'ennuie pas…

-Pas le moins du monde. Je ne suis pas pressé, personne ne m'attend.

Elle non plus, elle sait que personne ne l'attend. La tristesse reprenant le dessus, elle se lève et part du bar pour monter le plus vite possible dans la voiture du jeune homme.

Le début du trajet se passe sans un mot. La jeune femme essaye de ne pas sombrer dans ses souvenirs et pense alors à l'homme qui conduit.

Hayate… Cheveux bruns, longs, yeux verts foncé, la vingtaine, gentil, serviable et très mignon.

C'est lui. Le seul qui ne l'a jamais évitée. Le seul qui l'a comprise dans les nombreux moments difficiles. Le seul sur qui elle puisse compter. Elle doit en avoir de la chance, sa copine… Enfin, s'il en a une.

Le brun la tire de ses pensées en la questionnant :

-Qu'est-ce qui t'arrive, princesse? T'as pas l'air dans ton assiette…

-C'est rien. Ne t'inquiètes pas pour moi, ça passera.

-Tu sais, si tu ne te confies pas, tu n'iras jamais mieux ! Tu dois parler, faire face à tes émotions pour devenir plus forte… Alors à ce moment-ci, tu feras une croix sur le passé pour reprendre à zéro.

Si seulement il savait… Reprendre à zéro signifie pour elle de partir loin, là où personne ne la connaîtra. C'est aussi changer cette foutue personnalité qui la submerge depuis bientôt deux ans.

-J'ai… J'ai fait une connerie la semaine passée… Mais pour l'instant, je ne peux pas trop en parler…

-Me dis pas que t'es enceinte !?

- Imbécile, si je l'étais, je ne pourrais pas encore le savoir ! C'était au lycée. Non, chez moi… Je me souviens plus ! C'était rouge… Rouge… Ce bruit de choc me revient sans cesse… Elle criait, puis plus rien. Rouge… Est-ce que… Je l'aurais…

Tuée ?

Elle pense son dernier mot, qu'elle n'arrive pas à prononcer. Elle se met à paniquer. Elle serre nerveusement la ceinture de sécurité dans la paume de sa main. Aucun son ne sort de sa bouche ouverte. Ses yeux écarquillés s'embuent de larmes. Elle tremble.

-NON ! Impossible ! Ce n'est pas moi ! Elle l'a fait toute seule… Et puis… Tant mieux ! Elle n'avait qu'à pas le dire…

Ses pleurs et hurlements redoublent de volume.

-TANT MIEUX ! HAHA ! TUEE ! ELLE N'AVAIT PAS QU'A DIRE-

Hayate avait recueilli sa tête entre ses mains après avoir arrêté la voiture. Avec un regard exprimant sa compassion, il sèche ses larmes, qui continuent de se frayer un chemin parmi les autres sur ses joues rouges.

-Ne te force pas. Fais-le petit à petit. Mais c'est déjà bien. Reviens me voir la prochaine fois, je t'écouterais.

-Mais…

-Je suis là, ne t'en fais pas. Va te reposer, tu en as besoin.

-… Nous sommes arrivés ?

-Oui. Je te laisse ici.

Il caresse une dernière fois sa joue humide, puis l'adolescente ferme les yeux. Elle les rouvre quelques secondes après avoir profité de la douceur réconfortante de sa main, puis elle ouvre la porte de la voiture.

-Je te remercie pour tout, Hayate. Tu sais… Tu es la seule personne en qui j'ai confiance. Sans toi, je suis seule. Je… Je suis tellement heureuse de t'avoir comme ami… Je ne peux imaginer comment je m'en serais sorti sans toi.

Hayate se contente d'écouter. Elle sort de la voiture, puis avec un sourire forcé, elle murmure ces quelques mots :

-Au revoir, Hayate. Et merci…

-Au revoir, ma belle. Je serais toujours là pour toi.

Après s'être échangé un dernier regard, il démarre la voiture puis il s'en va, laissant ce petit bout de femme fragile livrée à elle-même, en espérant qu'elle ne se brisera pas, comme un objet précieux se cassant sous le poids de la haine, la tristesse…

Ou encore la folie.