I walk alone, the night wears a shadow
Painted the silver, painted in gold
The moment ends in silence, and the moment grows old.
And when she smiles, a thousand dreams surround her.
Dressed in secrets no one can hold,
The fire dies in the distance, as the embers grow cold..
Sing for me now
All the world is a stage
Smile take a bow
From your gilded cage..
Behind the glass,
she's safe where no one can reach her,
Roses with thorns just make her bleed.
A fragile Porcelain angel breaks so easily.
Sing for me now
All the world is a stage
Smile take a bow
From your gilded cage..
The restless heart cries when no one is listening
She's waiting for someone, waiting for you
To want, love and need her to help her make it through.
As the moment grows old,
in her Gilded Cage...
Gilded Cage - Blackmore's Night
In A Gilded Cage
Le soleil se tenait haut dans un ciel aussi clair que bleu, réchauffant de ses rayons une douce journée de printemps comme tant d'autres. Les ombres s'étiraient au fil des heures, insensibles au souffle du vent, qui balayait de sa fraîcheur tout ce qu'il caressait. Le chant des oiseaux se mêlait au murmure du vent, leur vol semblable à un incessant ballet dont l'histoire ne serait que l'éloge de la renaissance du monde que représentait le printemps.
Bien sur, cela ne traversait guère l'esprit de ces innombrables passants, qui marchaient anonymement dans la rue, perdus dans les dédales de leur vies, leur téléphone portable à l'oreille, le visage fermé, pressés par le temps qui ne faisait que glisser inlassablement de leurs mains avides, à la recherche d'un bonheur utopique qu'ils s'évertuaient à poursuivre, aveuglément.
Cela ne traversait pas non plus l'esprit de Bella, qui était bien trop occupée à regarder où elle mettait le pied pour établir une quelconque réflexion sur le sens de la vie. Elle aurait bien fermer les yeux de contentement, sous l'effet de ce soleil qui lui chauffait doucement la peau, mais elle avait bien trop peur que ses pieds ne se prennent une plaque d'égout ou un pavé un peu trop aventureux pour oser ainsi se laisser aller. Aller elle gardait le regard baissé, pour éviter tout accident.
Mais cela ne l'empêchait pas de garder ses autres sens en éveil, sans en concentrer l'attention. Elle pouvait ainsi sentir la chaleur de la pierre qu'elle frôlait de ses doigts, s'effritant doucement contre sa peau. Elle pouvait ainsi respirer la douce odeur de boulangerie qui flottait dans le quartier, signe que des pains à la croûte dorée venaient de sortir du four. Elle pouvait entendre les rires des touristes sirotant un café sur une terrasse ensoleillé d'un des nombreux cafés du quartier atténuant le vrombissement sourd des voitures. Et c'était donc un sourire aux lèvres que ses pas la conduisaient vers le parc qu'elle avait maintenant l'habitude de fréquenter.
Son sourire ne fit que s'étirer davantage encore tandis qu'elle parcourait les allées ombragées, suivant distraitement du regard les enfants qui se chamaillaient joyeusement, sous le regard affectueux d'une grand-mère aux cheveux blancs. Bella aurait bien soupirer à la naïveté de ses pensées, mais elle était trop occupée à respirer cette euphorie passagère dont elle comptait bien profiter. Ce n'était pas tous les jours qu'elle se réveillait d'aussi bonne humeur, et elle n'était pas prête de laisser passer cette occasion.
La jeune fille secoua légèrement la tête, comme pour se remettre les idées au clair, avant de poursuivre sa marche, pour trouver un banc à l'abri d'un saule, près du petit lac qu'offrait le parc. Elle soupira longuement, sans vraiment savoir pourquoi, laisser son regard balayer les alentours, avant de baisser les yeux quelques instants. N'autorisant pas un seul instant de faiblesse prendre le dessus, elle s'installa plus confortablement sur le banc, assise en tailleur, retirant son gilet dans l'espoir de se rafraîchir un peu, avant de chercher dans son sac son carnet.
Ecoutant le piaillement joyeux d'oiseaux s'ébattant un peu plus loin sur le chemin de terre, elle se mit en condition en posant sur papier les paroles de la chanson qu'elle avait entendu le matin même et qui la hantait depuis lors. Une fois son poignet et son stylo en état de fonctionnement, et son esprit libéré, elle se décida enfin à s'attaquer au problème du moment.
Une des phrases de la chanson tournait dans sa tête depuis le moment où elle l'avait entendu, et elle avait étrangement envie d'écrire en partant de ça. Elle lui inspirait des idées de scénarios, d'histoires, de développement. Un mot en inspirait un autre, une phrase en inspirait plusieurs, et elle se retrouvait avec des paragraphes, des bouts de textes, certains plus abstraits que d'autres, mais qui lui tenaient toujours à coeur. Quand elle écrivait, elle pesait le poids de chaque mot, les assemblant avec soin, prêtant attention au sens, mais surtout à la sonorité. Quand elle relisait ses écrits, avec plus ou moins de recul, elle arrivait toujours à retrouver et ressentir l'état d'esprit dans lequel elle était quand elle l'avait pu le mettre sur papier. Car écrire revenait finalement à se confier, à se libérer. Une sorte de journal intime, finalement. En des mots un peu plus abstraits, et de manière bien moins officielle.
Ce n'était pas la première fois, et certainement pas la dernière. Et elle n'échappait donc pas à cette règle. Et c'était donc pour cela qu'elle se trouvait une fois de plus sur ce banc, à fredonner la chanson en question pendant que la mine de son stylo grattait le papier de son carnet, corrompant le blanc des feuilles par son encre noire. Car tandis que la chanson lui trottait dans la tête, et que les mots s'y mélangeaient dans un désordre pourtant si clair, elle ne pouvait s'empêcher de la chanter. Oui, la sonorité avant tout.
Le fait qu'elle soit située dans un endroit un peu à l'écart des chemins les plus pratiqués du parc l'y aidait sans doute un peu aussi. Car elle n'écrirait pas, ni ne chanterait, si librement si elle se sentait observée ou écoutée. Ce qu'elle avait été à chaque fois qu'elle s'était installée sur ce banc, son carnet sur les genoux. Mais bien sur, elle ne l'avait appris que bien plus tard. Elle avait été bien trop absorbée par ce qu'elle faisait, enfin, écrivait et chantait, pour avoir remarqué cet homme qui était passé devant elle, ralentissant notablement sa foulée quand il s'approchait d'elle, avant de reprendre sa marche normale quand il ne pouvait plus s'attarder en toute discrétion.
Il avait fallu que l'homme en question se décide un jour à l'approcher de façon directe pour qu'elle s'interroge sur sa présumée intimités.
"La place est libre?"
La voix grave l'avait interrompue dans sa réflexion, laissant sa propre voix s'éteindre. Bella leva la tête de son carnet, pour croiser le regard sombre d'un homme particulièrement grand, aux cheveux foncés et au teint pâle, tirant vers l'olive. Et par regard sombre, elle parlait d'yeux au noir si intense qu'elle s'en sentait presque chamboulée. Comme s'il l'étudiait, elle et son âme. Elle tenta cependant de mettre de côté l'étrange sentiment de malêtre qu'elle ressentait pour répondre à cet homme.
"Je suppose, oui…" proposa-t-elle, la voix hésitante, se déplaçant vers l'extrémité droite du banc pour laisser plus de place à l'inconnu.
Autant dire que son sentiment de malêtre ne s'atténua pas, loin de là. De tous les bancs disponibles dans le parc, il fallait qu'il choisisse le sien. Ravalant l'exaspération qui voulait naître en elle, elle essaya de se concentrer sur son texte. Se mordant la lèvre, elle se forçait à poser son stylo sur le papier, mais son poignet était comme figé. Son esprit semblait paralysé, sans doute par la proximité de cet inconnu dont elle sentait le regard sur elle. C'est à ce moment là qu'elle sut qu'elle n'arriverait plus à écrire pour la journée qui commençait.
"Ca fait plusieurs fois que je vous vois assise sur ce banc, et je ne peux m'empêcher de m'interroger à votre sujet…" L'homme brisa le silence pesant qui s'était installé, et la jeune fille s'était tournée vers lui, aussi surprise que mortifiée.
Mais tout cela était du passé, et c'était avec un petit sourire que la jeune fille se remémorait la discussion qui avait suivi cette rencontre. Elle avait toujours été gênée de parler avec des inconnus, surtout d'elle même. Elle se souvenait encore de son hésitation, ne sachant pas vraiment comment réagir face aux questions que l'homme lui posait. Elle ressentait encore cette curiosité qu'il avait su provoqué par ses phrases énigmatiques qu'il laissait volontiers en suspens, et par ses interrogations dont elle n'arrivait pas à voir le sens.
Mais tout cela était révolu, et désormais, elle savait là où il avait voulu en venir. Révolu était le temps où elle pouvait glaner paisiblement dans les parcs sous un doux soleil de printemps quand bon lui plaisait. Désormais, tous ses faits et gestes étaient prévus, surveillés, attendus. Chaque apparition était programmée, et toute entorse à planning était à ses risques et périls. Et malgré tout cela, elle ne regrettait pas.
Elle ne regrettait pas d'avoir écouté Eleazar lui expliquait qu'il l'avait plusieurs fois entendu chanter pendant qu'elle écrivait. Elle ne regrettait pas d'avoir répondu avec cette modestie qui tournait parfois même à de l'auto-dépréciation, qu'elle n'y faisait pas vraiment attention, et qu'elle ne pouvait s'empêcher de fredonner. Et elle ne regrettait certainement pas d'avoir d'avoir prêté attention au discours de l'homme tandis qu'il lui apprenait qu'il était Eleazar Denali, aussi connu comme étant le chasseur de tête d'Aro Volturi. Ou le roi incontesté de la musique, à la tête d'une des maisons de disques les plus prisées et fructueuse du moment. Peut être Bella regrettait-elle légèrement l'expression de surprise, d'admiration et d'incompréhension qui était alors apparu sur son visage, sous le rire de son voisin de banc.
Mais certains jours, elle songeait sérieusement à regretter d'avoir accepté la proposition émise par Eleazar de rencontrer Aro, qui était à la recherche d'une nouvelle voix. Car de cette rencontre, qui l'avait profondément impressionné, et c'était peu dire, avait été signé un contrat, qui la liait désormais à la maison d'édition pour la sortie de minimum deux albums, sur une durée minimum de trois ans. Et si elle ne regrettait pas l'opportunité sur laquelle elle avait bondi de pouvoir se voir autorisée de vivre un bout de rêve par le billet de la chanson, elle regrettait la vie qu'il lui avait été imposée par le même occasion.
"Bella, tu es avec nous?"
La voix blasée de son manager tira le jeune femme de ses souvenirs. D'un soupir, elle se redressa, ses yeux quittant le paysage exceptionnellement lumineux de Seattle pour se poser sur le visage lassé de la femme qui l'accompagnait.
"Oui, Chelsea, je t'écoute…" soupira la jeune fille, sous le regard perplexe de son interlocutrice.
"Alors pourquoi est-ce que je ne t'entends pas te plaindre?" interrogea Chelsea en remettant d'un mouvement de la tête ses longs cheveux châtains en place.
"Comme si on allait m'écouter…"
Et ce fut sous le sourire satisfait de Chelsea que la jeune fille se leva pour la suivre.
Chelsea était la manager qui lui avait été attribué dès la signature du contrat. Elle était là pour gérer la carrière de la jeune fille, et s'assurer de la rentabilité de la dernière petite recrue d'Aro. Et pas forcément pour le plaisir de la concernée. Car on n'avait pas toujours ce qu'on voulait, aimait-elle à répéter quand Bella se plaignait, lui rappelant alors la chance qu'elle avait.
Grande, un corps de rêve, les cheveux châtains clairs, même ses yeux gris métalliques pourtant si froids la rendaient particulièrement attirante et désirable aux yeux du commun des mortels. Ce dont elle savait joué pour obtenir ce qu'elle voulait. Un simple sourire en faisait plier plus d'un.
Pas comme Bella, qui se considérait plutôt comme une adolescente moyenne. Adolescente car bien que la vingtaine passée, dans son corps si frêle, et ses traits si jeunes, elle ne se sentait pas si adulte que ça. Ses cheveux bruns lui semblaient banaux, et ses yeux marrons sans grand intérêt. Discrète, donc, guère remarquable, si ce n'était pour sa voix, ne cessait de répéter Aro. Et l'intention de Chelsea était donc de la rendre mémorable de bien d'autre façon.
Au plus grand désespoir de la jeune fille.
Car plus d'un an était passé depuis son accord avec Volturi Organizzazione, ou VO, pour faire court, et après un premier album qui s'était révélé plus que prometteur, en matière de recettes, il s'agissait de préparer le retour de la jeune fille, avec un nouvel album. Après avoir touché un public pré-adolescent, en majorité féminin, Chelsea désirait désormais touché un public un peu plus âgé, et légèrement plus masculin.
C'était donc pour cela que la jeune fille se retrouvait présentement avec le script qui la rebutait depuis qu'on le lui avait mis dans les mains, à savoir une semaine plus tôt, et qu'elle avait déjà lu, plusieurs fois, tentant à chaque fois d'y voir du positif, échouant lamentablement à chaque tentative. Mais comme la bonne petite employée qu'elle était, elle suivait les ordres, ou les scénarios en l'occurrence, renonçant à se plaindre, sachant pertinemment que cela serait inutile.
Car elle avait bien tenté de raisonner sa manager, de lui expliquer qu'elle rechignait entre autres à se balader en tee-shirt blanc et leggings sous la pluie avant de devoir danser de manière suggestive entourée d'autres jeunes femmes, toutes plus avantagées physiquement les unes que les autres. Histoire de faire oublier le 'désavantage' de Bella. Sans succès. Etonnamment.
Elle soupira une nouvelle fois. Elle suivit la foulée rapide de Chelsea, qui l'emmenait maintenant vers l'entrée du bâtiment, pour rejoindre une voiture généreusement fournie par la maison de disques. Celle-ci les amena d'une conduite précise mais quelque peu agressive vers une des nombreuses criques entourant Seattle. A proximité de la rade en question, Bella put constater la présence de barrages, et de badauds, barrages que le véhicule passa avec faciliter sur la présentation du badge du conducteur. Quelques minutes suffirent alors pour que les passagers puissent poser le pied sur le sable frais et vierge de la petite plage aussi vide qu'en plein hiver pluvieux. Alors que l'on était en plein été.
Le trajet jusqu'à la petite loge qui avait été installé sur la grève fut encadré par deux gros bras, Bella n'ayant toujours réussi à assimiler et admettre qu'elle était désormais entourée de gardes du corps lors de sorties à ce point officiel, et ce fut presque avec soulagement qu'elle pénétra dans la cabine. Jusqu'à ce que Chelsea rejoigne les deux jeunes femmes déjà présentes pour discuter tenues et maquillage. Bella contint un nouveau soupir, se contentant de laisser ses épaules et ses yeux tombés, essayant de se rappeler pourquoi elle était là.
Elle rejoint, sans gaieté de coeur, la brunette qui l'attendait près du portique surchargé de cintres eux-mêmes noyés sous les vêtements. La styliste, quant à elle, ne tarda pas à la noyer de paroles. Elle entendit distraitement la porte se refermer à l'autre bout de la cabine, signe que Chelsea était sortie, sans doute pour rejoindre les danseuses et le chorégraphe, et elle ne put retenir ce soupir. Elle écouta d'une oreille absente la jeune femme lui expliquer avec entrain quelles tenues seraient mises à quel moment. Bella savait qu'il n'aurait pas été mal de prendre connaissance de ces détails tant qu'il en était encore temps, mais au fond, cela lui importait peu. Au plus vite elle s'en débarrassait, au mieux elle s'en porterait.
C'est ainsi qu'elle se trouva affublée d'une petite robe bustier rouge qui semblait tenir par la volonté du Saint-Esprit. Elle ne pouvait s'empêcher de la remonter toutes les trente secondes, de peur que celle-ci ne chute. Après tout, il était plus que flagrant qu'elle n'avait pas la poitrine nécessaire au maintien naturel d'une telle tenue. Au moins ce détail la détournait d'un autre problème, à savoir la longueur de la robe en question. Ou plutôt l'absence de longueur de la robe.
Elle se retint de se mordre la lèvre, pour ne pas abimer le rouge à lèvres qu'on avait pu lui apposer, et se convint de ne pas passer une main dans ses cheveux si longuement et difficilement travaillés en de larges boucles. Elle eut cependant une once de reconnaissance, tandis qu'elle sortait de la cabine pour rejoindre Chelsea, du fait qu'on ne l'ait pas forcé à enfiler des talons, mais simplement des tongs. Non pas que l'environnement ne laisse d'autres choix, mais tout de même.
Une fois au côté de son manager, la jeune fille attendit patiemment les instructions. Elle n'avait plus rien d'autre à faire, à ce stade là. Enfin si, chanter et danser, mais bon, elle préférait ne pas y penser tant qu'elle pouvait l'écouter. Elle fut donc particulièrement passive tandis que l'équipe technique se mettait d'accord avec le chorégraphe, le directeur artistique et Chelsea, décidant des vues, plans et autres détails qui n'intéressaient guère Bella que d'un point de vue strictement concret. Après tout, elle avait lu le script, elle savait ce qu'elle aurait à faire. Le reste, ce n'était que du détail.
"Bella, je te présente Alec, celui qui va diriger le tournage de ce clip, et qui fera de quelques images un chef-d'oeuvre visuel" finit par introduire Chelsea, tirant la jeune fille de ses pensées, en lui indiquant de la main un homme étonnamment jeune, au visage très angélique et aux cheveux bruns "Et Felix, l'auteur de ces magnifiques chefs d'oeuvres vivants que peuvent être les chorégraphies qu'il nous a concocté!" reprit-elle en lui montrant l'homme particulièrement imposant qui lui faisait face, aux cheveux noirs et au regard déterminé.
D'un bref signe de tête, la jeune fille salua les deux hommes avant de nouveau prêter attention à Chelsea.
"Ce seront eux qui nous suivront pour tous les autres clips que l'on sera amené à tourné, eux et leurs équipe - apprends donc à les connaître et les supporter dès maintenant!" conseilla-t-elle sur le ton de l'humour, bien que Bella sut y trouver une part de vérité. "Et pour votre information" continua la jeune femme "C'est le premier clip auquel Bella n'ait jamais participé, soyez donc indulgents!" prévint-elle, une nouvelle fois comme une blague, qui n'en fit pas moins rougir la jeune fille, baissant le regard pour éviter les sourires des deux hommes.
"Bon et maintenant que les présentations sont faites, passons aux choses sérieuses…" conclut Chelsea, se frottant les mains pour faire bonne mesure.
Et conformément à ce qui avait été écrit puis confirmé, Bella se retrouva donc à descendre joyeusement la dune de sable aux bras de deux jeunes femmes blondes en short et bikini, sous un soleil de plomb et une légère brise, rejoignant un autre groupe de personnes, sous le regard attentif des caméras et sur un fond de musique que la jeune fille ne connaissait que trop. Si elle ne savait pas mieux, elle se serait cru au tournage d'un film tandis qu'on lui demandait tantôt de rigoler avec des danseuses, ou de faire semblant d'en pourchasser d'autres dans le sable. Seuls les passages de playback lui rappelaient qu'elle était avant tout là pour une chanson.
Le temps défila plus vite que la jeune fille ne l'aurait imaginé, entre les différentes prises, et les différents playbacks, et déjà on annonçait une pause plus conséquente que les quelques minutes précédemment accordées lors des changements de positions des caméras.
"Bella, il est temps de retrouver Jessica pour ton premier changement de tenue!" indiqua distraitement Chelsea tandis qu'elle discutait de certains détails avec Alec.
"Elle a donc un nom…" marmonna Bella en se dirigeant vers la cabine, profitant de la sensation du sable sous ses pieds.
"C'est fantastique comme ambiance, le tournage d'un clip, tu ne trouves pas?" l'assaillit immédiatement la stylise une fois la porte passée. "C'est pour ça que j'adore ce travail, c'est tellement riche en émotions et en découverte! Et puis on rencontre des gens si fantastiques que c'est un vrai bonheur de se lever chaque matin pour travailler!" s'émerveilla la jeune femme tandis qu'elle sortait un autre cintre du portique, le jetant dans les bras Bella, qui ne put que l'attraper, sans un mot, impuissante.
La jeune fille se glissa derrière le modeste paravent qui la dissimula des yeux du monde extérieur, et se changea le plus rapidement possible, sous le débit incessant de paroles de la brunette. Elle quitta pour son plus grand soulagement la robe bustier, qui n'était finalement pas tombé, aussi incroyable que cela puisse paraître, pour se retrouver en short en jean et en débardeur, avec comme seuls sous-vêtements un bikini, une nouvelle fois rouge. Comme quoi cela ressortirait bien sur peau avec ses cheveux. A vrai dire, elle ne se posait pas la question. Enfilant de nouveau ses tongs, elle rejoint Jessica pour une nouvelle mise en beauté, comme cette dernière l'appelait, avant de pouvoir ressortir, après un bref merci, pour retourner auprès de Chelsea.
"Rappelle moi pourquoi je vais devoir m'humilier, au fait?" demanda amèrement Bella, tirant désespérément sur son short dans l'espoir futile qu'il s'allonge.
Chelsea lui tapa sèchement la main, avant de lui répondre avec un sourire qui se voulait rassurant. "Tu ne vas pas t'humilier, tu vas danser."
"Tu ne m'aides absolument pas, là…" marmonna la jeune fille sous les rires de Chelsea.
"Fais simplement ce que tu as toujours fais lors des répétitions et tout ira bien!"
"Tu parles de la fois où j'ai écrasé le pied de mon partenaire, ou de celle où je me suis étalée de toute ma longueur?" ironisa-t-elle, avant de se mordre la lèvre tandis qu'elle observait les danseuses se préparer près de l'eau.
"Tu n'es pas si grande que ça, ça n'a pas du faire mal!" proposa Chelsea pour la taquiner. "Et contente toi juste de la dernière séance, où tout c'est bien passé!" Et elle décida de ne pas attendre la réponse de la jeune fille pour la tirer en direction du groupe, rejoignant bientôt Felix.
"Alors, fin prête?" interrogea le chorégraphe à l'intention de la jeune fille.
Le grognement de Bella fut étouffée par la confirmation de Chelsea, sous le sourire de Felix, avant que celui-ci ne reprenne. "J'ai déjà tourné la scène des danseurs, on n'attendait plus que l'artiste!"
"Tant mieux, comme ça, on n'aura plus qu'à attendre la nuit…" réfléchit Chelsea tout en feuilletant le feuillet qu'elle avait dans les mains. "Et bien, Bella, qu'est-ce que tu attends? Vas te jeter à l'eau!"
Ce fut avec un dernier regard noir que la jeune fille se résigna à rejoindra la mer, trempant d'abord un orteil timide dans l'eau glacée, avant d'inspirer fortement et d'y entrer plus profondément. Profondeur limitée pour le moment à la hauteur de son short, fort heureusement, mais cela ne l'aidait pas beaucoup, vu la longueur de celui-ci. Heureusement, elle n'eut plus le temps de penser à tout ça puisque les autres danseuses la rejoignirent, la saluant au passage d'un sourire ou d'un signe de la main. Face aux caméras, la jeune fille se concentra sur les dernières instructions de Felix avant que la musique ne démarre.
Au bout de quelques prises, et d'une tenue complètement trempée, de gesticuler ainsi dans les vagues, Alec mit fin à la scène, annonçant qu'il fallait maintenant attendre quelques heures avant de poursuivre. En effet, le soleil avait entamé depuis un certain temps maintenant sa descente, offrant ses magnifiques couleurs rougeâtres durant les précédentes scènes, mais il ne faisait pas encore assez nuit pour les dernières prises. Il fallait donc attendre. Ce temps ne fut cependant pas perdu puisque l'équipe put ainsi préparer le feu qui brûlerait plus tard, pour l'usage de plusieurs scènes, ainsi qu'un dispositif qui permettrait de simuler la pluie. Passage qu'elle était loin d'attendre. Et pourtant, c'était bien ce qui l'attendait, et qu'ils attendaient patiemment.
Le regard perdu dans l'horizon, la jeune fille suivit la disparition du soleil et l'apparition de la lune sans vraiment sans rendre compte, profitant de ce spectacle qu'elle n'avait plus observé depuis si longtemps. Elle entendait au loin les rires des danseurs qui plaisantaient entre eux, ou le feu commençant à crépiter, mais elle préférait se concentrer sur le doux murmure des vagues qui s'écrasaient inlassablement les unes sur les autres, tordant le reflet de la lune.
La nuit était maintenant profond, si ce n'était pour le grand bucher et les projecteurs de l'équipe de tournage, quand elle reconnut la voix de Jessica, au loin, l'appelant à se changer pour la dernière fois. Elle se leva lentement, époussetant le sable de ses vêtements, avant de rejoindre la cabine et de se débarrasser du short et du débardeur, glissant à la place un long tee-shirt blanc, sur demande de la styliste. Pieds nus, là encore sur recommandation de Jessica, elle retourna auprès du feu, et du reste de l'équipe, où on lui rappela une dernière fois l'organisation des prochaines minutes.
"Ton partenaire pour le final ne sera pas Mike, celui avec qui tu dansais pendant les répétitions - il ne pouvait pas être là aujourd'hui! Mais ne t'inquiètes pas, on t'a attribué un autre danseur, tout aussi bon, voire meilleur! Tout se passera bien!" lui assura Felix en coup de vent avant de filer parler à d'autres danseuses.
Annonce qui ne rassura pas la jeune fille. Elle avait déjà du mal à danser, avec confiance, avec une même personne pendant une semaine, mais alors avec un parfait inconnu… Pas de quoi l'aidait à se concentrer. Elle espérait juste qu'elle ne se raterait pas.
Une première session de prises fut consacrée aux vues du pseudo groupe d'amis s'ébattant joyeusement autour du feu. Au bout de quelques prises, Bella dut même admettre qu'elle s'amusait vraiment. Mais ça, elle ne le dirait jamais à Chelsea, au risque de passer pour une gamine capricieuse. Puis vint le moment de tourner un peu de playback, où elle se retrouva assise auprès du feu, profitant de sa chaleur, sa chanson résonnant alors sur la plage. Les genoux repliés contre sa poitrine, elle chantait doucement, un petit sourire aux lèvres, comme on pouvait le voir dans de nombreux clips. Sauf que pour une fois, elle n'était pas la spectatrice, mais bien l'actrice.
Quand la caméra fut finalement coupée pour cette dernière prise auprès du feu, toute l'équipe se concentra alors sur les derniers réglages concernant la séquence sous la pluie. Les danseurs furent une dernière fois concertés, la jeune fille prenant alors pour la première fois de la journée conscience de la présence des éléments masculins de la troupe de danse, n'ayant vraiment tourné jusque là qu'avec des filles, mais ne put en apprendre davantage puisqu'il faisait relativement sombre. Une lumière fut cependant réglée dans les quelques minutes qui suivirent afin d'éclairer de manière suffisante les visages et les corps. Une fois les derniers tests furent conclus, l'équipe quitta le champ visuel de la caméra, pour laisser place aux danseuses.
"Et…Action!" annonça une voix de l'équipe technique, qui lança le début de la chanson.
Bella tenta donc, aussi consciencieusement que possible, de réaliser la chorégraphie qu'elle avait tant de fois répété la semaine précédente, essayant d'avoir un minimum de grâce et de sensualité, puisque c'était l'effet désiré par Chelsea, mais sans vulgarité. Pas évident, à son gout, puisque tout mouvement d hanche lui paraissait osé. Certainement pas au goût de Chelsea, en tout cas. Une fois la prise jugée correcte aux yeux d'Alec, une nouvelle séquence de cette danse fut prise, mais avec les danseurs masculins en plus, Bella découvrant alors pour la première fois son partenaire pour le clip.
Enfin, si découverte il pouvait y avoir. Puisqu'il se trouvait derrière elle, pendant une bonne partie de la chanson. Et quand elle apercevait son visage, c'était bien trop bref pour pouvoir en discerner un quelconque trait. Mais elle put cependant sentir ses mains sur ses hanches, au travers de son tee-shirt, ou son souffle sur son cou. Détails dont elle tenta de faire abstraction, pour ne pas se déconcentrer davantage. Mais l'assurance avec laquelle le danseur la tenait lui procurait des sensations dont elle se serait bien passée à l'instant. De même que son corps particulièrement solide, aux muscles plus que présents, à l'origine de gestes précis, l'accompagnant dans sa danse, aide dont elle fut plus que reconnaissante pour certains mouvements. Quand il la faisait virevolter, son visage frôlait son torse, et elle pouvait inhaler les effluves masculines qu'il pouvait dégager, un mélange de sueur et d'une flagrance qui lui semblait propre, masculine, envoutante. Un autre détail dont elle se serait bien passée, pour l'intérêt de sa concentration et donc de sa prestation.
La chanson prit fin, et elle se trouvait serrée dans les bras du danseur, son dos étroitement collé au torse de l'inconnu, presque intimement, son souffle chatouillant son oreille à chaque inspiration et chaque expiration.
Sa transe fut brisée quand une voix annonça une pause de cinq minutes, la chaleur du danseur disparaissant soudainement tandis que celui s'éloignait pour rejoindre les autres danseurs, un peu plus loin, où quelques personnes les attendaient avec des rafraichissements et autres petites attentions. Elle soupira, rejoignant un fauteuil libre pour s'asseoir quelques instants. Jessica ne tarda pas à la rejoindre, pour réarranger le maquillage, à savoir l'enlever pour le remplacer par d'autres produits résistants à l'eau. A l'écœurer du maquillage. Non pas qu'elle ait le choix.
Le tee-shirt remis en place, une de ses épaules mise à nue, Bella se redressa, et ses pas la guidèrent près de Chelsea.
"C'est vraiment pour toi que je fais ça…"marmonna la jeune fille, observant Felix donner ses dernières instructions à sa troupe.
"C'est pour toi que je fais ça!" lui rappela malicieusement, quoique justement, la blonde, sans pourtant lever les yeux de ses papiers.
La jeune fille soupira du non soutien qu'elle reçut, faisant une dernière fois pivoter sa tête de par et d'autres dans l'espoir de l'étirer, avant de se diriger là où elle était attendu, à savoir face aux caméras, devant les autres danseurs et danseuses, à proximité du dispositif permettant de simuler la pluie. Quelques tuyaux d'arrosage, dont l'arrangement semblait plus que aléatoire. Du moment que ça ne lui tombait pas sur la tête pendant qu'elle dansait…
"Bon, on va essayer de le faire en une seule prise, si c'est possible!" demanda Alec, couvrant les voix des techniciens qui réglaient les lumières. "Et Bella, essaye de regarder davantage la caméra dans les yeux, si tu vois ce que je veux dire…"
La jeune fille ne put que mordre sa lèvre, se réfrénant de commenter cette demande, et tentant d'exorciser, au passage, cette peur irrationnelle de la caméra. Quoi de plus perturbant que de fixer pendant près de quatre minutes un objectif? Bon, peut-être dramatisait-elle un peu, mais il n'en restait pas moins ce malaise, qu'elle essayait de mettre de côté le temps d'une journée.
Elle n'eut plus le temps de réfléchir à ses états d'âme que déjà vu le signal retentissait, suivi par le déclenchement de la pluie, aussi artificielle qu'elle puisse être, et de la musique. Pas une seconde ne s'écoula avant qu'elle ne sente les gouttes s'écraser sur sa peau, son tee-shirt ne tardant pas à se coller à chaque centimètre carré de son corps, des frissons la parcourant sous le contraste entre la fraicheur de l'eau et la chaleur de l'air.
Frissons qui redoublèrent encore d'intensité quand elle sentit de nouveau les mains rugueuses du danseur sur sa taille. Le regard sur la caméra, essayait-elle de se rappeler, pour se reconcentrer, le regard sur la caméra. Hélas, cela ne l'aidait pas à oublier les bras de l'homme contre son ventre, son visage contre le sien, ou ses mains sur ses jambes, au fil des différents mouvements et figures. Ses mains plaquaient davantage encore le tissu trempé au corps de la jeune fille, amplifiant chaque contact, chaque sensation, la rendant à bout de souffle et sans voix. Heureusement qu'on ne lui demandait qu'un playback, et encore. Elle se retrouvait impuissante sous la direction de l'homme, qui jouait d'elle comme on manipulait une marionnette. Et il ne lui venait même pas à l'idée de s'en plaindre.
La dernière note de la chanson résonna dans un silence presque religieux, la jeune fille revenant finalement à ses sens, pour se retrouver accrochée au cou du danseur comme si sa vie en dépendait, leurs visages si proches que leurs souffles se mélangeaient, la poitrine écrasée contre son torse, une jambe dénudée remontée contre sa hanche, des bras musclés la maintenant fermement contre lui, une main placée dangereusement bas dans le dos de la jeune fille, avec pour seule barrière entre leur deux corps deux couches de tissus rendu transparent par les gouttelettes d'eau. Mais ce n'était pas ce qui la troublait le plus.
Non. Ce qui la troublait le plus, c'était les yeux vert dans lesquels les siens venaient de se plonger. De se noyer, pour être plus précis.
Bonjour/Bonsoir à tous, et merci d'avoir lu jusque là.
Oui, je publie une nouvelle histoire, pour ce qui me connaisse déjà. Oui, 'Another Page is Turned' est toujours en attente, pour ce que ça intéresse, mais j'avais besoin de travailler sur quelque chose d'un peu plus léger pour réussir à surmonter le petit blocage que je connais sur l'autre fiction... Je sais où je veux venir, et connais une majeure partie du chemin - je suis juste à un carrefour dont la signalétique serait défectueuse...J'y travaille toujours, lentement, mais surement!
Une nouvelle fiction donc, que je veux plus légère que ce que j'ai pu écrire jusque là... Autant vous dire que ce n'est pas gagné, mais je vais essayer. Bien que cela semble reprendre les mêmes thèmes que 'The Fallen Angel', j'ai l'intention et l'espoir, voire l'arrogance, d'affirmer que ce n'est pas le cas. L'avenir nous le dira!
Sur ce, bonne lecture, pour les prochains chapitres - là encore, je ne promets aucune régularité dans les publications, qui ne seront par ailleurs pas très nombreuses. Quelques chapitres - une dizaine, tout au plus, je pense.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!
