Un steak et des petits pois

Prologue

Le vent glacial souffla vers l'est pour la première fois de la journée. Les personnes présentes, recouvertes d'un fin manteau de laine, frissonnèrent. Les nuages noirs encerclaient le ciel, rendant impossible la traversée du soleil. Quelques gouttes tombèrent. Les villageois s'étaient tous rassemblés sur la place principale, aux côtés des représentants de la marine. Un vieillard recourbé par le temps cachait ses traits crispés sous son chapeau de paille. Une imposante silhouette était assise sur un tonneau et regardait la scène, le visage fermé.

Quelques gouttes tombèrent sur les joues de la jeune femme qui posa son regard sur les oiseaux qui fuyaient l'île.

-Nous sommes ici présent pour le procès de

L'amiral en chef Akainu se tenait, fier, imposant, sur l'estrade centrale. Le bourreau à ses côtés. Au loin, la silhouette d'un magnifique navire pointait à l'horizon, étendard pirate flottant au vent, voile ramassées.

-Vous avez été déclarée coupable d'avoir aidé une personne coupable de piraterie.

Les villageois frissonnèrent une fois de plus alors que la pluie se faisait de plus en plus intense. Seul le bruit de la pluie mourant sur le sol et le discours de l'amiral en chef résonnaient dans l'île silencieuse.

-Par décret, votre droit à vous défendre devant un tribunal impartial vous a été retiré.

Le vieil homme assit sur son tonneau, son manteau de vice-amiral devenant sale avec le mélange de pluie et de terre, se frotta le visage de sa main gauche, reniflant discrètement.

La jeune femme, les mains menottées sur l'estrade, le visage fermé, se contenta de fixer la forêt en face d'elle. Elle était dos à la mer. Le vent vint éparpiller quelques mèches vertes de sa chevelure, les collants contre son visage.

-Votre droit à un verdict par un jury vous a été retiré.

La femme, coiffée d'une simple tresse, ferma les yeux. Sa respiration se fut de plus en plus lente. Les civils présents fermèrent les yeux et crispèrent leur mâchoire, de rage. Le maire de la ville semblait cherchait une personne du regard avec frénésie. Personne qu'il ne trouva pas.

-Vous êtes condamnée à la pendaison, jusqu'à ce que mort s'en suive.

La corde glissa doucement sur le cou de la femme qui tressaillit, sa mâchoire tremblante, essayant de réprimer ses sanglots avec dignité.

L'amiral en chef, le visage dur, quitta l'estrade. Il se retourna vers l'horizon où il scruta pendant quelques secondes le navire pirate au loin. Il avança finalement, un fin sourire sur les lèvres, et lança un regard au bourreau.

Le bourreau s'approcha minutieusement de l'échafaud et, dans le silence le plus complet, tira sur le levier.

Le corps se balança pendant de longue minute, de légers bruits s'échappant de la bouche coincée par la corde de la femme, qui ne mourut que quelques minutes plus tard.