Intro :

Bonjour, je m'appelle Selijah, j'ai dix-huit ans et je ne sers à rien. Non mais c'est vrai, toi qui est en train de lire, vraiment à rien. Enfin peut-être à faire chier mon petit monde de temps en temps et à donner aux gens des envies de suicide ou de meurtre, mais on ne peut pas dire que ce soit utile. En gros, je prend de la place. Beaucoup de place, et pour pas grand-chose au final. Mais bon, c'est la vie ! Ou plutôt, c'est ma vie, mon rôle dans cette société. Je suis un peu comme les derniers bouts de pomme quand on fait une tarte aux pommes : je bouche les trous.

Ceci n'est pas mon histoire. Je ne suis pas assez prétentieuse pour raconter ma vie de preneuse d'espace alors qu'il n'y a rien à dire. Ceci est mon histoire hypothétique, ce qu'il se passerait si le monde, mon monde, était bien fait. Ou plutôt, ce qu'il se serait passé le jour d'un certain évènement… un certain 26 juin 2010.

Chap 1 :

Aujourd'hui, c'est le grand jour, le jour-J comme on dit chez nous, D-day ou n'importe quoi d'autre pourvu que ça veuille dire la même chose. Je me suis levée assez tôt. J'ai passé la matinée dans le train. Je me suis perdue dans Paris. J'ai attendu quatre heures en plein soleil sur du bitume et sans rien à faire. Je suis une survivante en fait. Mais rien n'est trop. La folie est le strict minimum, du moment qu'on le fait pour Green Day. Et oui, aujourd'hui, c'est le concert de Green Day au Parc des Princes. LE concert, quoi ! Les deux premières parties sont passées. C'était pas mal, on va pas leur casser la baraque, mais quand mon groupe préféré aura fait son show ben… je crois que j'aurai un peu oublié Billy Talent et Paramore. Ça y est, après tout ce temps, le lapin rose arrive enfin. Non, je ne suis pas droguée, il y a toujours un lapin rose avant les concerts de Green Day ! Et vas-y que je me bois cul-sec deux bières… Sérieux, ce lapin, il est pas de la même espèce que celui que j'ai mangé à Noël, on aurait tous fini bourrés sinon. Je m'accroche à la barrière. Les choses sérieuses commencent. Vu que j'ai un peu LA place stratégique parfaitement située (mais non j'en fais pas trop, c'est une fic de toute façon j'écris ce que je veux), des gens seraient près à me tuer pour l'avoir. OK, je met mon gilet pare-balles et mon casque intégral (nan je déconne). Et attention…

Trois…

Deux…

Un…

C'est parti Billie !

Je ne peux pas vous décrire ce qu'il se passe vu que je suis en transe et que je suis incapable de dire des choses censées quand je repense à ce moment… que dis-je 'ce moment', cette consécration ! Par exemple, une des choses qui me vient en tête, c'est 'j'ai vu le cul de Billie Joe Armstrong' mais enfin bon… je vais pas aller raconter ça à mes parents. En bref donc c'est juste comme si un petit bout du paradis (le paradis comme je l'imagine bien entendu, pas cet endroit tout blanc et qui craint parce que y a vraiment rien à faire - y a même pas facebook -) était tombé sur Terre. C'est de la folie, c'est du génie, normal, les deux vont ensemble. Moi dans tout ça, dans ma petite personne, je saute, je crie, je chante, je danse et je me tiens à la barrière. J'ai la foi, je crois en Green Day, la divine trinité du rock'n'port'nawak, un concept qui dans la réalité n'existe pas mais qui décrit très bien ce groupe.

Et puis PAF! Quand ça finit, j'ai juste l'impression de me prendre un coup de poêle en pleine figure. Ça ne peut pas être fini, je refuse de croire à cette ineptie, je demande la présence d'un avocat ! Mais si, c'est vraiment fini… (bon je brise le suspens -hum hum quel suspens ?- c'est une fic, alors forcément que c'est pas fini mais à ce moment, je ne suis pas voyante donc je nage dans la purée de poix en ce qui concerne le futur)

La tête un peu dans les nuages, je rejoins mes admirables camarades avec qui je suis venue. Je me colle à mon amie Marie en pleurant qu'ils nous ont abandonnés snif comment ils pu faire ça ? Elle me décolle de son épaule, vu que même dans la fic, je fais chier le monde. Donc ensuite, on s'en va, on va pas rester là des années. On décide d'aller se poser au champ de Mars (je vous le déconseille, c'est humide et malfamé, mais on était pas au courant). Il y a le petit groupe qui s'émerveille devant la tour Effel, et il y a moi qui essaie de communiquer avec les derniers pigeons pas encore couchés. Si bien que je finis sans le vouloir par m'éloigner. Et là, j'aperçois un type avec un pigeon sur son épaule et en plus, ils se parlent… il faut absolument que je lui demande son truc, parce que moi, j'y arrive pas du tout. Alors je m'approche et là… tadam tadam! Je découvre que Billie Joe Armstrong parle aux pigeons (NDA : anecdote stupide issue d'une vraie interview). Car c'est bien le chanteur de Green Day qui est assis, un peu bourré, sur ce banc du champ de Mars, avec un pigeon sur son épaule.

Alors moi, je fais ni une ni deux, pas de caprice de groupie, je suis une fan, et je fais ce que j'étais venue faire à la base.

-Hey Billie ! Dis-moi… comment tu fais pour communiquer avec le pigeon parce que j'ai essayé et vraiment, j'ai obtenu aucun résultat (-en fait je lui parle en anglais, mais les fics bilingues c'est le bordel et ça fait trop genre 'oulala faut que ce soit bien réaliste' et moi ben pour le réalisme, c'est déjà mort!)

En réponse, il me tend une bouteille pas bien grande, mais en général, plus la bouteille est petite, plus c'est fort. Et vu la taille de cette bouteille… comment vous dire… Au final je me décide à boire une gorgée. C'est terrible. Oui, je parle aux pigeons, mais je parle aussi au banc ainsi qu'à la tour Effel. Je parle à tout ce qui bouge et à tout le reste, j'ai enfin décrypté le secret de la communication absolue, je parle. Wow.