Introduction:
C'était la fin de l'hiver mais il faisait suffisamment beau et bon pour se promener dehors si bien sûr on portait un manteau et une écharpe. Viktor était rentré de Russie la veille et dès qu'il avait été debout il était venu rendre visite à sa mère. Voilà cinq mois qu'il ne l'avait pas vu à cause des compétitions de patinage. Il les avait passé en Europe et même s'il l'avait appelée presque tous les soirs ce n'était pas la même chose. Il avait été inquiet tout le long de son voyage, il savait qu'elle était entre de bonnes mains et ce n'était pas la première fois qu'il partait aussi longtemps mais cela ne l'empêchait pas d'être préoccupé.
Elle avait tellement été heureuse de le voir à son arrivée qu'il avait été enfermé pendant une bonne minute dans un câlin chaleureux et tendre. Il avait été surpris en découvrant que ses cheveux qu'elle avait fait coupé. Il ne l'avait jamais vu autrement qu'avec de longs cheveux ondulés et blonds. Maintenant, ils lui arrivaient aux épaules et étaient parsemés de mèches blanches et grises. Néanmoins, ils sentaient toujours autant le miel et le coton.
_Faisons un tour dans le parc, lui avait-il proposé.
Sa mère avait accepté avec enthousiasme. Elle avait eu peu de visite depuis son départ pour l'Europe et elle n'avait pas quitté beaucoup sa chambre pendant tout ce temps. Viktor et les médecins avaient beau lui répéter qu'il ne fallait pas s'isoler et se retrancher sur soi-même, mais Roza Nikiforov était têtue. Plus on lui recommandait de faire quelque chose, plus elle se démenait pour faire le contraire. Là dedans, Viktor reconnaissait bien sa mère. Elle n'était donc allée que peu de fois dans le parc en cinq mois, alors qu'elle adorait s'y promener avec son fils à chaque fois qu'il venait la voir. Autant dire que leur balade ce matin-là avait été agréable, malgré l'air encore frais.
Le parc derrière le centre était assez grand, avec différents arbres et même un étang avec des canards. Roza adorait aller les nourrir. C'est pour cela que Viktor ramenait du pain à chaque visite.
_Comment se sont passés les championnats, solnyshko?
_Je t'ai déjà dit que j'avais eu la médaille d'or.
_Je sais, mais j'aimerai que tu me racontes tout. Qui as-tu affrontés? Tu t'ais fais des amis? Je veux savoir quels sauts tu as effectué.
_Ok, rit-il en resserrant son bras autour de ses épaules. Je reviendrais avec les vidéos des compétitions quand je les recevrai.
Ils se promenèrent une bonne heure dans le parc en parlant surtout du voyage de Viktor en Europe. Roza, malgré sa tristesse de ne pas retourner en Russie était particulièrement friande des anecdotes que son fils pouvait lui raconter lors de son séjour là-bas. Il était né à New York et n'était allé en Russie que trois fois, dont deux par le biais des compétitions. Elle-même n'y était retourné que deux fois depuis qu'elle avait immigré aux Etats-Unis et son pays d'origine lui manquait malgré tout. Viktor était resté deux semaines à Saint-Pétersbourg et entre ses entraînements, il avait fait beaucoup de tourisme. Il avait été heureux de pouvoir découvrir le pays dont il était natif.
Ils allaient faire demi-tour quand Viktor l'a vu au loin. Il s'était arrêté, étonné, obligeant sa mère à faire de même. A quelques mètres plus loin, derrière les arbres, un jeune homme dansait. Ils étaient trop éloignés pour qu'il se rende compte de leur présence mais de là où il se tenait, Viktor pouvait apercevoir qu'il avait des cheveux foncés, des lunettes et portait écouteurs. Il dansait une sorte de ballet et c'était vraiment magnifique. Ses mouvements étaient si gracieux et fluides que son corps ne semblait pas peser plus qu'une plume. Ses membres se déplaçaient et ses pieds prenaient appui sur le sol comme s'ils ne devaient pas répondre aux lois de la physique et de l'attraction de la Terre.
Viktor avait pris des cours de ballet pendant ses premières années de patinage, il était doué mais pas autant que sur des patins. Cependant, là, c'était un tout autre niveau. Viktor se basait énormément sur l'élan que lui procurait le patinage pour réussir à effectuer de belles positions, sur la terre ferme il était plus difficile de lever une jambe car les membres étaient bien plus lourds sans vitesse. Cela ne sembla pas être le cas pour le jeune danseur. Il était rapide, élégant et souple à la fois, comme si ces trois choses étaient tout ce qu'il existait de plus naturel. C'était tout simplement impressionnant.
_Il est arrivé la semaine dernière, lui expliqua sa mère.
_Tu le connais? demanda son fils, sans quitter l'autre garçon des yeux.
_Je crois qu'il s'appelle Yuuri. Il est très timide et parle peu mais il a l'air très gentil. Je ne savais pas qu'il savait danser. C'est impressionnant.
Ils restèrent encore quelques secondes à le regarder jusqu'à ce que Roza lui dise qu'il était temps de rentrer.
_Je commence à avoir froid, et je crois qu'il serait très gêné s'il se rendait compte qu'on l'observe.
Il hocha la tête et ils rentrèrent à l'intérieur de l'hôpital.
~O~
Viktor arriva au Docks alors qu'il commençait à faire nuit. Il trouva immédiatement Yuri, Mila et Georgi qui étaient assis à leur table habituelle au fond du bar. Il alla chercher un verre au comptoir avant de les rejoindre. Georgi était complètement affalé sur la table parce qu'il venait de se faire plaquer, encore, et Mila se plaignait de ne pas avoir encore l'âge pour boire de l'alcool. Ils étaient toujours pareil, Viktor avait l'impression que rien n'avait changé depuis qu'ils se connaissaient.
Ils discutèrent pendant un bon moment des championnats auxquels ils avaient tous les quatre participé. Georgi ne semblait pas plus dépité que cela de ne pas avoir fini sur le podium, au contraire de Mila qui était déçue de n'avoir atteint que le troisième place. Yuri, lui, n'arrêtait pas de se vanter de sa première place et quand les autres lui répliquèrent qu'ils en reparleraient quand il se présenterait dans la catégorie adulte une chaise fut renversée et il commença à s'égosiller qu'il le battrait tous à plate couture.
_Vous allez tous voir! Je me présenterai dans la catégorie senior et je vous dégommerai tous, les viocs! Je serai le premier à remporter la médaille d'or à quinze ans et je pulvériserai ton score, Viktor! hurla le blond, à moitié debout sur la table et le doigt tendu vers le quintuple champion. Je vais vous exploser!
Quelques clients s'étaient retournés vers eux, surpris par les cris en russe du garçon, cependant le barman n'intervint pas. Il avait l'habitude de leur comportement et même s'il leur avait déjà plusieurs fois demandé de se calmer, il ne les avait jamais viré. De un, car ils venaient consommer au moins trois fois par semaine, et de deux, il arrivait que leur présence rameute des fans ce qui était une énorme aubaine pour leur recette. Cela lui rapportait bien plus de clients que ce qu'il aurait pû espéré qu'un si petit et discret établissement comme le sien pouvait avoir.
_Comment va ta mère? demanda Georgi, une fois la tempête Yuri un peu calmée.
_Très bien, merci! D'ailleurs, Yuri elle attend avec impatience de te revoir!
Le plus jeune se calma instantanément à la mention de Rozalinda Nikiforov et balbutia qu'il ira la voir le lendemain, aujourd'hui ayant été réservée à son grand-père. Roza avait été ce qui se rapprochait le plus d'une mère pour lui. Dès le jour où elle l'avait accueilli chez elle pour une soirée, il était devenu un membre de la famille. A tel point que Roza l'appelait son fils ou encore zolatka. Quand elle avait été admise au Manhattan Psychiatric Center il avait été tout autant touché que Viktor et allait la voir toutes les semaines.
_Je viendrais avec toi.
_Tu viens de la voir, Viktore.
_Mila, il ne l'a pas vu pendant plus de cinq mois, la réprimanda Georgi.
_Nous avons beaucoup de temps perdu à rattraper, sourit Viktor. Entre autre.
_"Entre autre", hein ? releva la rousse en plissant les yeux.
Il ne rajouta rien et se contenta de sourire, ce qui n'était pas difficile quand le souvenir du jeune homme dansant dans le parc lui revint en mémoire. Il n'en revenait toujours pas d'avoir été aussi subjugué. Son corps se déplaçait avec tellement de grâce et ses pas avaient été exécutés magnifiquement bien. Il fallait absolument qu'il le voit demain et qu'il puisse lui parler.
_Oh, ce sourire veut tout dire, renchérit Georgi. Comment s'appelle l'heureux élu?
_Je ne suis pas sûr. Je n'ai pas encore pu lui parler.
_Où l'as tu rencontré alors? rit sarcastiquement Mila.
_Il dansait dans le parc quand je me promenais avec ma mère. Je n'ai pas pu voir son visage mais il dansait si bien. C'était magnifique, il était tellement gracieux et...
Yuri simula un bruit de vomissement, s'attirant les regards outrés des clients à la table derrière eux.
_Vous êtes tous tellement ennuyants avec vos histoires d'amours à deux balles! Vous me dégoûtez!
_Dis celui qui ne lâche plus son portable depuis qu'un certain patineur lui a donné son numéro, railla la rousse en essayant d'attraper le portable du plus jeune. Combien de messages as-tu envoyé à ton petit ami kazakh, hein?
_Otabek n'est pas mon petit ami!
Il tordit son bras tout en leur lançant un regard énervé pour maintenir son téléphone hors de la portée de la patineuse qui essayait toujours de l'attraper. Cependant personne ne faisait attention à ce qu'il disait et, tout excité et euphorique, Viktor passa un bras autour de ses épaules. Il l'attira à lui pour un câlin.
_Mon petit frère chéri à un amoureux!
_Lâches-moi crétin! Et je ne suis pas ton petit frère chéri!
Yuri essaya de se débattre mais Viktor le tenait trop fermement et le balançait dans tous les sens, lui faisant tourner la tête et voir rouge. Mila en profita pour lui dérober le portable des mains et fouiller dans ses données personnelles avec Georgi. Même s'il voulut protester, il ne réussi pas à placer un mot tellement le quintuple champion le secouait et le sommait de lui en dire plus sur ce garçon. Ces trois-là étaient pires que des enfants et pourtant ils étaient plus vieux que lui. Bonjour la maturité.
~O~
_Merci de m'emmener, Nikolaï. D'avoir gardé Makkachin pendant mon absence, aussi, sourit Viktor au regard que lui donnait le grand-père de Yuri dans le rétroviseur.
_Pas de problème, Viktor. J'ai appris que tu avais encore remporté l'or, félicitation!
Viktor le remercia en se passant une main dans ses cheveux argentés, faussement gêné. Les victoires lors des championnats étaient tellement devenues ordinaires pour lui que cela en devenait lassant. Tout le monde passait son temps à le féliciter et à l'applaudir alors que plus personne n'était surpris. C'était assez ennuyant, d'ailleurs. Maintenant, il se rendait aux compétitions sans la moindre appréhension ou peur de perdre son titre. Tout était devenue une telle routine. Il s'entraînait une dizaine de mois, perfectionnait ce qu'il maîtrisait déjà depuis plusieurs années, puis remportait les médailles. La seule chose qui lui avait permis de continuer les compétitions, ou plutôt l'avait poussé à continuer, était l'effet de surprise qu'il aimait créer chez ses fans. Il renouvelait à chaque championnat ses thématiques, il se dégotait toujours de nouvelles musiques plus diverses les unes des autres, mais surtout, il travaillait ses chorégraphies comme personne. Il les créait toutes lui-même et elles étaient si différentes à chaque fois qu'elles ne semblaient pas provenir d'un seul et même patineur. Néanmoins, voilà cinq années consécutives qu'il battait les autres participants à plate couture, autant dire qu'il ne s'y plaisait plus. Mais que pouvait-il faire d'autre? Sa vie entière tournait autour du patinage artistique.
Le problème était également qu'il n'était pas le seul à se poser la question. Les journalistes lui avaient bien montré durant sa conférence de presse il y a quelques jours que tout le monde voulait savoir quel futur était réservé à sa carrière de patinage artistique. Il n'avait pas su quoi répondre quand on le lui avait demandé. Après tout, il avait bientôt vingt-huit ans, il était déjà rare qu'un athlète aussi âgé participe toujours à des compétitions et en plus qu'il les remporte. Beaucoup de clubs du monde entier lui avait fait parvenir des invitations pour qu'il les intègre et même si celle de la Russie était alléchante il ne pouvait pas quitter New York comme cela. Sa mère ne pouvait pas partir et il ne la laisserait jamais seule sans lui. De plus, il avait toujours été coaché par Yakov et le club était devenu sa seconde famille. S'il décidait de continuer de pratiquer encore un an ou deux, autant le faire avec des personnes chères à ses yeux que des inconnus.
Quand la voiture se gara devant l'hôpital, Viktor remercia encore Nikolaï de l'y avoir déposé et également d'avoir ramené Makkachin chez lui en venant le cherché. Il suivit Yuri jusqu'au hall d'entrée. Au début il voulait le laisser là mais il préféra aller voir sa mère immédiatement. Elle lui avait trop manqué en l'espace de quelques mois. Il en profita également pour se renseigner sur son état au près d'un des infirmiers avant qu'ils aient la rejoindre dans sa chambre.
_Bonjour! Yuri tu es venu aussi?! Ça me fait plaisir de te voir, zolatka.
Yuri n'échappa pas au câlin chaleureux que lui offrit Roza en le voyant, mais il n'essaya pas non plus de s'en défaire. Il considérait cette femme comme sa mère, elle lui avait énormément manqué aussi. La scène fit d'ailleurs sourire Viktor, il n'y avait que leur mère pour adoucir autant l'adolescent.
Ils décidèrent de se promener tous les trois dans le parc et bizarrement Yuri ne protesta pas trop pour une fois. Il grogna seulement quand Roza voulut l'habiller comme lorsqu'il avait sept ans. Il eut beau rouspéter, cela ne l'empêcha pas de l'obliger à porter "correctement" une écharpe.
_Ce n'est pas censé faire office de collier, avait-elle ajouté en la lui nouant autour du cou sous les ricanements de Viktor.
Encore une fois, le parc était très calme. Il ne faisait plus aussi froid que pendant le milieu de l'hiver mais les patients et les autres visiteurs préféraient encore rester à l'intérieur à cause du vent et tant que le printemps n'était pas complètement arrivé. Viktor avait toujours pensé que s'était peut être leurs gènes russes qui faisaient qu'ils supportaient mieux les températures basses. Il n'y avait qu'à regarder Yuri qui n'avait pourtant jamais vécu en Russie de sa vie et qui malgré tout trouvait le moyen de porter des débardeurs à Noël.
Ils restèrent moins longtemps dehors contrairement à la veille et Viktor fut déçu de ne pas apercevoir de nouveau le danseur. Lui qui se faisait une joie de lui parler. Sa mère sembla s'en rendre compte car alors que lui et Yuri allaient la quitter elle lui apprit qu'apparemment il était reparti la veille. Viktor s'était contenté d'hausser les épaules et de plisser les yeux alors que cette nouvelle l'irritait bien plus qu'il ne voulait le laisser voir. En fait, il ne comprenait pas pourquoi cela l'agaçait, il ne le connaissait même pas. Il n'était pas censé être aussi déçu pour si peu et cette pensée lui fit encore plus plissé les paupières.
Le soir, lorsqu'il alla s'enrouler dans ses draps avec Makkachin à ses côtés, il comprit qu'il n'arrivait pas à se sortir le jeune homme de la tête. La question, maintenant, était pourquoi?
~O~
Bonjour tout le monde! J'espère que vous allez bien et que cette introduction vous a plu. Si vous êtes ici c'est que normalement vous avez été comme moi charmé par l'anime Yuri!on ice ;) et peut-être que vous êtes tombé sous le charme du couple Victuri ou Victuuri et encore Viktuuri... et des autres. J'essaierai de publier la suite dans la semaine mais pour cela n'hésitez pas à mes mettre des reviews, histoire que je sache ce que vous pensez de mon travail. Même si je compte bien mener ce projet à bout cela fait toujours plaisir quand l'on sait que ce que l'on fait, et écrit dans ce cas-ci, est apprécié. Ou critiquer tant que vous respectez ce que je fais. N'hésitez pas non plus à me donner votre point de vue sur l'anime, les personnages...
À bientôt.
Willoh.
Précisions:
Le Docks est un bar en fait. Il existe réellement à New York mais dans ma fanfiction il est peu connu, pas très grand et il se trouve dans une ruelle derrière la patinoire.
Solnyshko: "mon soleil" en russe.
Zolatka: "petit or" surnom surtout donné aux enfants et entre amoureux. Il renvoit a une connotation de préciosité.
