Ab igne ignem capere

Le cirque brûlait après la révolte des esclaves menée par Spartacus . Ilythia était dehors , en compagnie de Lucretia et de Varinius . Son regard affolé cherchait son père partout sans que ses yeux ne puissent le trouver . Profitant d'un instant d'inattention de ses deux compagnons ,elle se dirigea aussi vite que le lui permettait son état vers le dernier endroit où elle avait vu son géniteur . Alors qu'elle allait pénétrer dans l'enceinte du bâtiment toujours en flammes deux bras puissants l'attrapèrent , l'empêchant d'aller plus loin . La romaine savait parfaitement de qui il s'agissait , ces mains qui la tenaient fermement , l'avaient touchées plus d'une fois . Elles appartenaient à Gaius Claudius Glaber son mari . Les premiers mots qu'il prononça lui brisèrent le cœur :

« -Ton père est mort , tué par Spartacus , lui annonça-t-il d'un ton grave .

Ses jambes qui avaient réussi à supporter les efforts qu'elle venait de faire , lachèrent sous le coup de la nouvelle .

Son père adoré était mort , cet être qu'elle aimait tant avait quitté le monde des vivants . Celui qui aurait pu rompre son mariage n'existait plus . Chamboulée par toutes ces émotions, des larmes coulèrent sur ses joues . Si les premières paroles de Gaius l'avaient anéanties ,les mots qu'il prononça ensuite lui glacèrent le sang .

-Nous y survivrons ensemble , en tant que mari et femme , affirma-t-il .

Elle leva les yeux vers lui , remarquant au passage qu'il était lui aussi par terre , la tenant fermement , lui faisant presque mal . Elle se retint de justesse de les baisser à nouveau , elle n'aimait pas ce qu'elle y voyait . Avant , elle aurait vu de la tendresse , de l'amour , de la sincérité .A présent , il n'y avait que colère , haine , mépris , vengeance , satisfaction , et d'autre choses qu'elle refusait de nommer . Elle détourna le regard ne pouvant plus supporter la froideur des iris du préteur , chercha du secours auprès de Varinius , mais elle n'y trouva que du regret et de l'impuissance . Ce dernier s'en alla rapidement n'ayant plus la possibilité de l'épouser . La future maman ne prit même pas la peine de chercher du soutien dans les yeux de son amie Lucretia , elle savait pertinement qu'elle ne trouverait que regret et compassion . La dernière phrase de son mari tournait en boucle dans sa tête , ce n'était pas ce qu'il pensait , elle allait souffrir , il allait lui faire payer très cher sa trahison , et pendant un instant , elle regretta presque de ne pas avoir couru assez vite pour mourir aux côtés de son père . Elle se sentit comme une esclave dont le destin dépendait de ses actions , et de son maître . Elle eut l'impression qu'on lui attachait des chaînes invisibles aux poignets, pour ne pas qu'elle s'échappe . Les dieux n'avaient pas apprécié qu'elle veuille tuer son enfant , et ,s'étaient vengés en tuant son père .Finalement ,elle posa ses yeux remplis de larmes sur le lieu où reposait le sénateur qu'elle adorait , sa respiration devint irrégulière , causée par la fumée pourtant lointaine .Si elle ne craignait rien du feu ravageant le cirque de Capou , elle redoutait le feu de la vengeance brûlant dans les iris froid de Gaius .