Résumé : Dans les pubs sorciers, dans les couloirs du ministère et même dans les journaux, on parle d'Alastor Maugrey. On cite l'auror exceptionnel pour donner l'exemple mais aussi du paranoïaque ridicule, pour faire rire les amis.

Mais on ne cite jamais ses cicatrices… Car lui seul sait raconter leur histoire.

Maman

Dès mon plus jeune âge j'ai dû appliquer mon meilleur conseil : la vigilance constante ! Afin de ne pas sombrer aussi bien moralement que physiquement.

Non pas que j'étais maltraité : mon père n'était ni un ivrogne complexé par ses proches, ni un de ces mages noirs ratés que j'arrête tous les dimanches matins. Ce n'était rien qu'un fonctionnaire qui faisait tout ce que le ministère lui demandait. Inoffensif, presque lymphatique même.

Pas un mauvais bougre, loin de là, mais pas un exemple non plus.

Non, si je me suis endurci, c'est à cause de ma mère.

Ce n'était pas une femme frustrée par sa situation sociale ou une dégénérée comme j'en trouve tous les deux jours dans mon bureau. C'était une femme bien. Vraiment bien. Elle était forte, fière, gaie.

Mais bon sang, Merlin l'aurait transformé en manchot qu'elle n'aurait pas été plus maladroite !

Elle ne pouvait pas faire léviter une assiette sans la fracasser contre un mur, alors je ne vous dis pas l'entraînement digne des plus grands aurors que je subissais pour des moments tels que le bain ou les courses.

Les contes de Beedle le Barde me sont tombés tant de fois sur la tête durant les histoires du soir, je ne m'approchais plus des balançoires après avoir failli mourir étranglé et je suis presque certain d'avoir été constamment bercé trop près du mur… Ironique lorsqu'on sait que bon nombre de poltron murmurent exactement ce genre d'âneries dans mon dos après que je les ai pris en train de commettre un délit. Tss, quelle bande de couards !

Cependant, je me demande encore comment j'ai pu garder assez de neurones pas trop défectueux pour passer mes diplômes.

Bah, peu importe.

Bref, j'ai grandi vite afin de pouvoir me débrouiller sans elle, et ainsi survivre. Ma mère est quelqu'un que je respecte et notre lien n'était en rien abîmé par sa maladresse… C'est juste qu'à sa vue, je ressentais une terreur sans nom m'envahir. C'est comme ça qu'on apprend le courage !

Et puis, un jour, il fallait qu'on descende des meubles de l'étage. Je savais comment procéder : ne surtout pas me mettre devant elle dans les escaliers : elle risquait de tomber et m'emporter avec elle. Je le savais.

Alors pendant les longues minutes à transporter ses chaises et ses tables et les déposer dans le hall, pas une seconde j'ai baissé mon attention.

Puis une fois cela terminé, j'ai décidé de retourner dans ma chambre, soulagé.

Là était mon erreur : j'ai relâché ma surveillance. Je croyais qu'une fois les meubles descendu, il n'y avait plus de risques.

Ma mère avait posé une petite cassette en bois devant les escaliers avant de monter à l'étage afin récupérer la clé pour l'ouvrir.

Au moment où elle m'a dépassé, sa jambe a heurté mon buste et j'ai atterri sur la cassette.

Je m'en suis sorti avec quelques bosses, deux dents de laits en moins ce qui n'est pas si grave vu ce qu'il me reste aujourd'hui et une belle balafre sous le menton.

C'est la première cicatrice qui m'a marqué.

Depuis, je fais très attention aux femmes : on ne s'en rend pas compte, mais elles peuvent être terribles… Surtout quand elles sont tête en l'air.