Perdue.
Voilà ce que je ressentais à ce moment précis. Je me sentais perdue. Face à cette équipe de 5 officiers en habits de civil m'expliquant tant de chose que jamais je n'arriverai à retenir. Je ne comprenais mot. La fatigue, la peur, la tristesse avaient eu raison de moi. Tellement d'émotions et pourtant si peu de choses s'exprimaient sur mon visage.
Il était environ 6 heures du matin, je n'avais pas dormis depuis… 36-40 heures environs, je ne comptais plus. La seule chose que je savais encore était que ma vie était devenue vide de sens. La douleur qui se dégageait de ma poitrine ne s'estompait pas, au contraire elle grandissait de minutes en minutes.
Les cernes sur mon visage étaient devenue des gouffres montrant à qui me regardait la détresse de mon état. La pâleur de ma peau ainsi que le terne de mes yeux ne faisaient office que de confirmation.
Etait-il encore possible pour moi de réfléchir? Je n'en était pas sûre. Pas même les choses évidentes ne coulaient de source tel que mon nom, mon âge, mon adresse. Tout s'effaçaient peu à peu. Les optimistes auraient dit tant mieux: des risques en moins de faire un faux pas. Oui les optimistes auraient trouvés du bon…
…. Je ne suis pas une personne optimiste.
- Lexa?
Cette voix rauque me tira de mon monologue interne. Je relevais la tête faiblement et vit les cinq officiers me regarder fixement.
Depuis combien de temps me regardaient-ils? Sûrement assez pour comprendre que je n'écoutais mot de leurs explications.
Je sursautai alors lorsqu'une main se déposa sur mon épaule. Une main pourtant chaude et aimante qui ne voulait que m'apporter un peu de chaleur humaine. Mais mon corps ne ressentit pas cela. Au contraire, il ressentit un membre potelé encercler mon épaule devenue frêle.
Mon interlocuteur comprenant son erreur se recula de quelques centimètres et leva sa main en l'air en signe d'excuse.
- Excuse-moi. Me dit-il sincèrement. Je ne voulais pas te faire peur.
Peur? Etait-il sérieux? Après tout ce temps? Toutes ces épreuves? Toutes ces personnes perdues? Tous ces conflits? Pensait-il vraiment que je pouvais ressentir de la peur. Il y a encore 2 jours de cela cette remarque m'aurait faire rire. Mais plus aujourd'hui.
Je ne répondis pas. Il repris alors après quelques secondes de silence.
- Lexa je sais que ce que tu traverses est terriblement dur et tu nous as vraiment aidé, grâce à toi les damons ne séviront plus je te le promets. Maintenant il faut que tu nous laisses t'aider à notre tour. On veut vraiment te protéger et Anya est une agent plus que qualifiée tu peux me croire. Mais pour qu'elle puisse te sortir de tout ça il faut absolument que tu collabores avec nous.
- Marcus, arrête avec ta psychologie à deux balles.
Une femme aux mèches blondes, à l'allure rebelle et au maquillage bien trop appuyé venait de le couper. Son ton glacial m'interpella, alors que je n'avais connu que douceur et miel depuis deux jours, c'était la première fois que quelqu'un me reparlait ainsi.
- Anya… Essaya-t-il
- Non je prends le relais. Coupa-t-elle. Ecoute la rockeuse tu as deux solutions: soit tu y mets du tiens et on te sort de ta galère, soit tu restes muette comme une tombe, pardon pour la métaphore, et on te retrouve décapitée dans une ruelle dans disons cinq jours. A toi de voir. Mais moi je ne perdrai pas mon temps, chaque seconde passée ici à L.A est une seconde d'insécurité.
Il est vrai que ces deux propositions laissaient à réfléchir. Après tout pourquoi se battre? Les Damons étaient dissout et cela grâce à mon témoignage. Mais j'avais payé le prix fort et à présent que me restait-il? Rien. Pas une seule raison de continuer, de rester encore sur cette terre.
C'est à cet instant que je compris. Je n'étais pas perdue non. je n'étais absolument pas perdue. J'étais vide, que cela soit dans ma tête ou dans mon coeur. Il n'y avait plus rien.
Je ne valais rien.
- Lexa laisse nous t'aider repris encore Marcus avec son refrain interminable alors qu'Anya soupirait. Je te connais depuis combien de temps? Cinq, six ans?
- 7 soupirais-je. sept ans.
- 14 ans et déjà un vol à main armée. Rit-il doucement. Mais tu sais ce que j'ai vu ce soir là alors que tu rentrais à peine dans l'adolescence et que tu étais assises à l'arrière de ma voiture de police?
Je mimais la négation d'un signe de tête.
- J'ai vu du sang froid, une rage de vaincre incroyable et une envie de pouvoir insoutenable pour toi. La fille qui était sur la banquette arrière de ma mustang rêvait de conquête, de ne manquer de rien, elle transpirait la sûreté et l'envie de protéger ses proches.
- Quels proches? demandai-je le regard dans le vague.
- Tu sais Lexa, ce n'est pas parce qu'ils ne sont plus là physiquement que tu dois dire adieux à qui tu es.
- Ne me sors pas tes conneries de « ils sont toujours avec toi. »
- Je ne le dis pas. Mais crois-tu réellement qu'ils aimeraient te voir si faible? Sans envie de conquête?
Encore une fois, je me tus. Et encore une fois Anya intervint.
- Crois-tu que Costia…
- Ne prononce pas son nom! Criais-je en tapant du poing sur la table.
- Ok ok pitbull. Au moins t'as pas perdu ta rage.
Un silence s'installa, seul le bourdonnement d'une télé en veille se faisait entendre paisiblement. Anya se rassit en face de moi et bidouilla son téléphone d'un air blasé tandis que Marcus faisait les cents pas. Pour les autres officiers c'était la même chose personne n'osait parler ou personne ne savait quoi dire.
Les mots de Marcus me revenaient sans cesse en tête. Il est vrai que j'avais toujours été une battante, j'aimais l'affrontement, j'aimais la bagarre, j'aimais me battre pour mes idées parfois idéalistes mais je ne laissais jamais rien au hasard. J'était maître de ma propre vie et je faisais ce que je voulais quand je le désirais. Et rien ni personne ne pouvait m'en empêcher. Certes je n'avais pas toujours pris les bonnes décisions et certaines m'avaient values de m'empêtrer dans de sérieux ennuis mais j'allais toujours au bout des choses que cela soit une bonne idée ou non. Je ne revenais jamais sur mes décisions.
Et je pense, du moins j'ose espérer que c'était cela qui lui plaisait. Qu'elle aimait cette partie de moi qui ne reculait devant rien. Que dirait-elle alors? La Lexa du passé n'aurait pas tergiverser des heures, elle aurait pris une décisions de sang froid. Je devais essayer, après tout j'étais encore cette Lexa non? Au moins pendant quelques heures.
Doucement je pris le document qui était posé devant moi et l'inspectai: une photo de moi trônait en haut de la page, ils l'avaient prise dans l'après-midi après que j'eus fait ma déposition. Ma tête avait beau faire peur, cette photo allait m'accompagner dans mon futur et il était trop tard pour changer.
Je lu alors les quelques informations reposant sur le bout de papier. Une nouvelle date d'anniversaire - Adieu le 9 juillet 1997, bonjour le 17 mars 1994. Une nouvelle origine - australienne… comme si mon teint pouvait y convenir… je n'aurai qu'à dire que je n'ai vécu là bas que durant les premiers mois de ma vie. Des traces d'études que je n'avais pas réalisées, un diplôme de lycée que je n'avais pourtant jamais obtenu et un nouveau… quoi?
- Sophie? Dis-je d'un air choqué. Vous voulez sérieusement que je m'appelle Sophie?
- La revoilà! S'exclama Marcus visiblement heureux de ma réaction.
- Quoi Pitbull? Un problème avec ton nouveau nom?
- Vous pensez que j'ai une tête à m'appeler Sophie? Je n'ai pas une tête à m'appeler Sophie. Il est hors de question que je m'appelle comme ça!
- Normalement les personnes rejoignant le programme ont la possibilité de choisir leur nouveau prénom. M'expliqua l'un des agent. Mais comme vous ne nous répondiez pas nous avons pris la décision par nous même. Mais nous pouvons très bien modifier les informations que vous désirez changer.
- Faites donc. Dis-je en serrant les dents.
Mon tempérament de feux montrait le bout de son nez et visiblement il avait fait peur à mon interlocuteur qui se dépêcha d'ouvrir le fichier sur son ordinateur.
- Moi je le trouvais pas mal ce prénom. Il était doux, chantant comme toi non?
J'avais l'impression qu'Anya se fichait de moi et jamais, au grand jamais personne ne se moquait de moi. Personne n'osait, je n'étais pas un agneau et elle ne devais vraiment pas savoir à qui elle avait à faire.
Marcus lui murmura quelque chose et elle garda un petit sourire pincé en se rasseyant sur sa chaise.
- Avez vous un prénom en tête? Me demanda l'agent à l'ordinateur. La plupart des gens ne changent que quelque lettres, ou gardent le radical de leur prénom. C'est plus simple et cela rend la transition plus facile. Je pourrais très bien vous proposer Alexandra ou Alexandria. Vous pourriez ainsi garder Lexa en diminutif pour vos proches.
- Je ne suis pas comme la plupart des gens. Et quitte à dire au revoir à ma vie autant tirer un vrai trait dessus.
- Bien… un prénom vous vient-il en tête?
Je réfléchis. Il y en avait bien un, mais je n'étais pas sûre. Etais-ce le bon choix? N'allait-il pas me rappeler tous les jours ma vie d'avant. N'allait-il pas me renvoyer à une histoire qui n'existerait jamais ?
- Ta mère s'appelait Hanna non? Intervint Marcus. C'est un très joli prénom et tu le porterais très bien.
- Le nom de ma mère lui appartient. Je ne l'usurperais pas, et je ne porterai pas le prénom de mes proches décédés.
- Ecoute ma jolie, ça fait 14 heures que je suis là et je commence à avoir une faim de loup. Les burgers ça va un moment mais la je rêve d'une bonne omelette baveuse avec du bacon. Donc plus vite on aura réglé tes papiers plus vite on sera en route pour ta nouvelle adresse et je pourrai m'arrêter en chemin chez Bob's pour me prendre sa spécialité avec supplément de bacon bien grillé comme je l'aime. Alors maintenant tu nous trouves un prénom on fini tes cartes d'identités et on s'en va.
Marcus s'approcha de mon oreille.
- Commence à t'habituer, c'est son état naturel et tu vas être amenée à la voir énormément. En tout cas jusqu'à ce que l'équipe qui s'occupe de toi change ou qu'elle soit mutée sur un autre cas.
Me voilà en veine. Une force suprême devait sûrement se jouer de moi. Elle devait même être morte de rire à l'heure qu'il était. Comme si mon malheur n'était pas assez gros j'allais me retrouver coincée avec cette pseudo agent comique bien à l'aise pour son âge. Je valais si peu aux yeux de la police? Ils ne me donnaient qu'une petite rigolote sans expérience pour me guider et me protéger? Je n'allais pas faire long feu j'en étais persuadée. D'ici moins d'un an les sbires saoulés par l'envie de revanche des Damons n'allaient faire qu'une bouchée de ma vie.
Pour le peu de temps qui allait me rester autant choisir le nom qui me tenait à coeur.
- Alycia. Je veux que mon nom soit Alycia.
- De tous les prénoms c'est celui là que tu veux? Me demanda Anya.
- Oui Alycia Wood.
J'entendis alors l'imprimante se mettre en marche et sortir les une après les autres les feuilles de ma nouvelle identité.
Alicia Wood, née le 17 mars 1994 à Redfern (Australie).
Père: Frédéric Wood, né le 3 juin 1965. Mort le 9 mai 2015
mère: Georgina Wood, née Brown, le 8 avril 1967. Mort le 14 juillet 2010
Pas frère ou se soeur connus
Reste de la famille vivant en Australie
