TITRE : Oméga
GENRE : Romance x UA
RATING : M
RESUME : C'était à croire à un gag. Une caméra cachée. Déjà, le simple fait de se retrouver enfermée à clé le jour même de la fête de fin d'année relevait du cauchemar mais l'être en compagnie de Draco Malfoy...le suicide était très clairement envisageable. UA.
NOTE : Pour tout vous expliquer, ce texte devait à la base être un petit OS tout mignon sans prétentions mais je me suis très légèrement laissée emportée par le courant...donc me voilà avec un document de la taille d'une mini fanfic ! Et c'est ce que sera cette histoire, au final : une mini-fanfic. Plutôt que de vous livrer un énorme pavé d'un seul bloc (eh non, nous ne sommes pas dans Le Contrat) j'ai décidé de sectionner cet OS en plusieurs petits chapitres qui seront postés toutes les trois semaines, si tout va bien, ou tous les mois – ça me donnera le temps d'écrire le reste (j'ai à peu près quatre chapitres d'avance déjà) et d'avancer sur mes autres histoires principales. Donc ça, c'était pour la forme.
Pour ce qui est du fond, maintenant, je voulais écrire une histoire de ce style depuis fort longtemps. La fin de l'adolescence, l'appréhension/excitation précédant le saut dans l'âge adulte, les derniers instants passés en compagnie de nos amis, la nostalgie des derniers jours, les souvenirs des années précédentes qui ressortent...ce sera globalement autour de ces thèmes – et de bien d'autres encore – que gravitera cette fanfiction. Je voulais également écrire un texte qui ne se focaliserait que sur Draco et Hermione et rien ni personne d'autres. Ils échangeront beaucoup de dialogues, joutes verbales, disputes et conversations diverses et variées au cours desquelles s'opèrera une évolution progressive de leur relation. Ce sera presqu'un huit-clos, en fait. Mais il n'y aura pas de morts, rassurez-vous.
J'ai écrit cet OS avec de la musique dans les oreilles et des couleurs pleins les yeux. Pour ce qui est de la musique, la playlist sera indiquée au début de chaque chapitre mais vous pourrez toujours retrouver les chansons au fur et à mesure de votre lecture parce que j'en cite certaines ici et là dans le texte. Quant aux couleurs, si vous êtes des lecteurs plutôt visuels, imaginez-vous celles du film Palo Alto de Gia Coppola ou encore Virgin Suicides de Sofia Coppola. Egalement « La Naissance des Pieuvres » de Célina Sciamma. Des teintes pastelles, douces et acidulées, un peu mélancoliques. L'esthétique de ces trois films m'a vraiment inspirée pour faire mes descriptions.
Oh et dernier truc – un peu insignifiant mais quand même – cette histoire est certes un UA mais j'ai gardé le système des Préfets en Chef en modifiant quelques petites choses : il y a quatre Préfets, un pour chaque maison. Et les quatre maisons représentent les filières du monde moldu, à savoir : ES, L, S et Arts. Je disais un peu plus tôt que cette modification est insignifiante parce que ça n'aura pas une place bien importante dans l'histoire, ça n'influencera pas son cours car ce n'est qu'un détail d'arrière-plan. Mais je tenais quand même à vous le spécifier, si jamais. De même pour les noms de personnages cités dans le texte : ce sont tous de vrais personnages issus de HP, je n'en ai inventé aucun (pour une fois me direz-vous, haha).
Enjoy !
xo,
IACB.
~ Playlist ~
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Chinatown x Alvan Project
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Ribs x Lorde
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Someone Like You x Revl9n
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CHAPITRE 1
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« Stop. » murmura Harry et dès qu'il s'immobilisa, tout le groupe d'étudiants à sa suite en fit de même.
Un faisceau de lumière apparut à l'autre bout du couloir suivi de la silhouette de Rusard. Le concierge de l'internat Poudlard tourna la tête en direction du corridor sombre, ses sourcils broussailleux froncés. Il avança de quelques pas et s'apprêta à diriger sa lampe torche sur la trentaine d'élèves qui retenait leur souffle, tapis dans l'ombre, quand soudain, la luminosité de l'ampoule se mit à osciller avant de rendre définitivement l'âme. Si ça ce n'était pas un miracle, Harry et ses amis ne savaient définitivement pas ce que c'était.
« Tss, foutues piles... » pesta le vieil homme tout en tapant plusieurs fois l'objet contre sa paume dans l'espoir de le faire marcher à nouveau. « Dire que j'ai déboursé de l'argent pour cette camelote...allez viens, Miss Teigne, on va essayer de trouver une lampe de rechange à la réserve. En espérant qu'il y en ait une, déjà... »
Mais le chat resta parfaitement immobile et se contenta de miauler, ses yeux de félins scrutant le groupe d'adolescents qu'il pouvait voir distinctement en dépit de l'obscurité.
« Allez ! » répéta Rusard, impatient. « Arrête un peu d'être désobéissante, à la fin. »
Miss Teigne adressa alors un dernier regard noir aux lycéens fugitifs avant de se résigner à suivre son maître.
« Et dire que je venais de les acheter, ces piles, en plus... » bougonna le concierge tout en s'éloignant.
Harry tendit attentivement l'oreille, écoutant le bruit de pas s'amenuiser peu à peu pour devenir inexistant. Le Préfet en Chef des Gryffondors leva ensuite son pouce en guise de feu vert et rouvrit la marche. Ron se trouvait juste derrière lui, une glacière remplie de bouteilles d'alcool à la main, de même pour Dean, Seamus et trois autres paires de bras supplémentaires appartenant à la Maison rouge et or. Hermione venait juste derrière et attachait à la va-vite ses boucles brunes tout en discutant avec Lee Jordan à voix basse. A leurs côtés, Lavender et Parvati se tenaient bras-dessus, bras-dessous et avançaient en pouffant de rires toutes les trois secondes. Le reste des Terminales Gryffondor fermait la marche.
Ils étaient tous pieds nus ou en chaussettes, un sourire aussi nerveux qu'excité aux lèvres, et regardaient constamment autour d'eux pour être bien sûrs de ne tomber sur aucun adulte susceptible de tuer dans l'oeuf leurs festivités. Quelques fois, un gloussement plus fort qu'un autre s'échappait de la troupe et Harry se retournait furtivement pour souffler « Chhh ! » bien qu'un rictus impatient étirait également les lèvres. Ils atteignirent le hall en moins de temps qu'il n'en fallut et y trouvèrent les Terminales Poufsouffles et Serdaigles déjà présents. A peine eurent-ils débarqué que les Préfets en Chef des deux maisons s'approchèrent de Harry.
« T'as ce qu'il faut ? » lui lança Anthony Goldstein, chef des futurs économistes de Serdaigles.
Le brun désigna les glacières que transportaient ses six camarades, derrière lui.
« Et vous ? » leur demanda-t-il.
« Musique. » répondit Anthony, en pointant du doigt les élèves chargés de porter les imposantes enceintes.
« Parfait. » hocha la tête Harry avant de se tourner vers le représentant des Poufsouffles. « Vous avez ce qu'il faut ? »
« Trois tables pliables. » répondit alors Ernie McMillan. « C'est suffisant pour y poser toutes les boissons, non ? »
« Amplement suffisant. » acquiesça Potter. « Il ne manque plus que les clés. »
« Ici. » intervînt alors une voix à leur droite.
Tout en faisant tournoyer le trousseau autour de son index, Malfoy s'avançait vers eux. Derrière lui, le groupe des scientifiques faisait enfin son entrée, tous vêtus aux couleurs vertes et argents de leur Maison. Le blond arriva au niveau de ses congénères, les dépassant tous d'une tête à l'exception de Harry.
« Tout est bon ? » s'assura-t-il.
« Tout est bon. » confirma Goldstein. « On a tout ce qu'il faut. »
« ...eh ben qu'est-ce qu'on fout encore ici, alors ? » demanda Draco avec un rictus bien à lui.
Très bonne question. Dans les secondes qui suivaient, ils avaient presque tous déserté le hall de Poudlard sur la pointe des pieds.
Quelques étages plus haut, Rusard venait enfin de mettre la main sur une lampe torche fonctionnelle. Ce n'était pas trop tôt ! Après avoir fermé la porte de la réserve bordélique à clé, il put regagner le couloir et continuer sa ronde, son fidèle petit compagnon domestique suivant sa trace à ses pieds. S'il s'était retourné ne serait-ce qu'une seule seconde vers la fenêtre, peut-être aurait-il pu apercevoir que les élèves qu'il traquait dans les couloirs couraient à présent sur la pelouse du dehors, en direction de la Forêt Interdite. La nuit noire ne semblait pas effrayer ces tout jeunes diplômés. Il n'y avait qu'à entendre les rires étouffés et chuchotements enthousiastes qui s'élevaient dans l'air chaud de cette nuit d'été. Ils couraient tous et Hermione courait avec eux, se laissant lentement mais sûrement gagner par l'euphorie du moment.
Au départ, lorsque Harry était rentré surexcité de la dernière réunion des Préfets pour leur exposer l'idée, à savoir organiser en catimini la fête de fin d'année dans le complexe nautique de l'établissement, Hermione avait été catégoriquement contre. Elle avait « fait sa Hermione Granger » – ce terme était employé par tant d'élèves à présent que la brune avait songé à en faire une marque déposée. Elle avait immédiatement envisagé le pire, jouant malgré elle les trouble-fêtes. Et s'ils se faisaient tous coincer ? Et s'ils se faisaient reprimander ? Et si l'un d'eux avait un accident ? Allaient-ils être poursuivis pour non-assistance à personne en danger ? Allaient-ils être poursuivis pour s'être introduits sur les lieux sans permission ? Marquerait-il cet écart de comportement sur leurs dossiers scolaires ? Et si l'un d'eux se faisaient électrocuter ? Qu'allaient-ils faire ? Hein ? Y avaient-ils pensé, à tout ça ? ! Mais Harry l'avait miraculeusement convaincue que tout allait bien se passer et qu'il n'y aurait ni accidents, ni morts, ni invasions martiennes. Et puis ne pouvait-elle pas lâcher un peu du leste, pour une fois ? C'est notre dernière soirée tous ensemble, Hermione, laisse-toi aller !, avait-il plaidé.
Alors la brune avait finit par consentir aux paroles de son meilleur ami et lâcher du leste. C'était la dernière nuit qu'elle passait à Poudlard. La dernière soirée qu'elle passait en compagnie de ceux avec qui elle avait grandi et qui l'avait vu évoluer. Les dernières heures qu'il restait avant que chacun ne se dispatche dans un coin différents du pays, ou même du monde. Peut-être n'allaient-ils se revoir que dans un an, cinq ans ou encore dix ans. Peut-être n'allait-elle même jamais revoir certains de ses camarades. Ne devait-elle donc pas plutôt savourer leur présence pendant qu'il en était encore temps et profiter de l'instant présent ? Au diable les craintes inutiles !
La piscine de Poudlard se trouvait derrière la Forêt Interdite, la haute cime des arbres cachant partiellement l'endroit de la vue des habitants du château. Ce qui était une très bonne chose car la façade extérieure du bâtiment n'était autre qu'un gigantesque dôme en verre qui laissait entrevoir absolument tout ce qui se passait à l'intérieur. Sans la colonie d'arbres se dressant par centaine entre Poudlard et le complexe, on aurait donc pu apercevoir depuis le château les lycéens se débarrasser à la va-vite de leurs vêtements pour sauter en maillots de bain dans le grand bassin. Les moins téméraires se contentèrent du bassin moyen juste à côté tandis que les plus rapides investissaient déjà le jacuzzi se situant quelques marches plus haut pour s'y prélasser. Pendant ce temps, les Poufsouffles déplièrent les tables sur lesquelles les Gryffondors disposèrent les bouteilles qu'ils avaient apporté et les Serdaigles placèrent stratégiquement les enceintes de sorte à ce que la musique se diffuse parfaitement dans l'habitacle sans pour autant qu'un fil ne se décroche pour tremper dans l'eau. C'aurait été dommage que la théorie d'hydrocution d'Hermione devienne vraie.
Cette-dernière les regardait justement faire, l'oeil distrait, tout en s'asseyant en tailleurs contre le mur en double vitrage du vaste hangar aquatique. Elle ôta son débardeur puis abaissa son short le long de ses jambes avec toute la précaution du monde, étant très pudique de nature. Son maillot de bain reflétait cette caractéristique de sa personnalité. Bien qu'il soit en deux pièces, il était tout noir et n'avait absolument rien de tape à l'oeil. Tous le contraire de ceux des autres filles l'environnant. Lavender portait un ensemble bikini rouge flash dont le haut faisait ressortir à outrance sa poitrine d'un bonnet déjà légendaire. Cho Chang était revêtue d'un maillot bleu ciel à franges qui, Hermione devait bien l'avouer, lui allait magnifiquement bien. Hannah Abbott portait également un maillot de bain noir mais avec si peu de tissu que les regards ne pouvaient que se tourner vers elle lorsqu'elle se dirigeait vers la table des boissons. Et si l'on se tournait du côté des Serpentards, Pansy Parkinson arborait un habit de bain vert foncé qui mettait en valeur ce qu'il fallait là où il le fallait et qui devait très certainement coûter le prix d'une scolarité toute entière à Poudlard. Bien qu'il fasse nuit et que les seules lumières de la salle proviennent des spots du fond des bassins, la brune arborait d'énormes lunettes de soleil marrons et ne cessait de les repositionner sur son nez tout en discutant avec Draco.
Draco qui fixait Hermione droit dans les yeux.
La brune en sursauta presque lorsqu'elle surprit son regard et surtout avec quelle intensité il était posé sur elle. Ils étaient chacun à une extrémité opposée de la piscine et le blond la dévisageait sans ciller, impassible. Ne comprenant pas la raison d'une telle attention – surtout venant de lui – Hermione haussa légèrement un sourcil, l'air de dire « ...un souci ? ». Draco soutînt son regard quelques secondes encore puis reporta son attention sur Pansy qui venait d'éclater de rire d'une voix exagérément aiguë.
Hermione resta troublée quelques secondes. Pourquoi venait-il de la fixer ainsi ? Avait-elle mal mis son maillot ? Son haut était-il tombé ? Baissant en urgence la tête vers le bas de son corps, la brune constata avec soulagement que sa poitrine était toujours couverte. Ouf. Relevant le nez, elle aperçut une main tendue. Celle de Luna, plus exactement. Vêtue d'un maillot de bain une-pièce – elle était d'ailleurs l'une des seules à en porter – avec des motifs de petits kangourous blancs et roses, la blonde aux yeux bleus rêveurs lui adressait un grand sourire.
« Tu viens te baigner avec moi, Hermione ? » lui demanda-t-elle de sa voix candide reconnaissable entre mille.
« Avec plaisir. » accepta immédiatement son amie
Les deux jeunes filles s'approchèrent alors du bassin et Luna fit le décompte de cinq jusqu'à zéro avant qu'elles n'y sautent à l'unisson. Elles émergèrent quelques secondes plus tard, les paupières closes et la respiration courte. Puis, lorsqu'elles rouvrirent les yeux et que leurs regards se croisèrent, les deux jeunes filles éclatèrent inexplicablement de rire.
La fête battit rapidement son plein. Le dôme vibrait au rythme de « Ribs » de Lorde que passait la sono à plein régime et les élèves dansaient dans l'eau, certains s'amusant à s'éclabousser entre eux ou faire la course. Il y avait des aller-retours constants entre le bassin et les tables des boissons. On nageait, on sortait quelques secondes pour boire une gorgée de Gin et puis on revenait plonger dans la piste de danse improvisée, plus en forme que jamais. Quelques uns préféraient rester assis en bordure, gobelets de cocktails en main, les pieds trempant paresseusement dans l'eau. Mais de temps à autres, l'un d'eux se faisait entraîner à l'improviste dans les profondeurs de la piscine par leurs petits camarades s'y trouvant déjà. Et c'était avec une mine furieuse qu'ils remontaient à la surface et partaient aussitôt à la poursuite du responsable qui s'éloignait déjà, riant entre deux brasses. Dans les gradins, quelques couples s'embrassaient en retrait tandis que cinq marches plus bas, des personnes qui ne s'étaient jamais adressées la parole en sept ans de scolarité discutaient à présent avec animation.
Ce devait être l'effet du dernier jour. Tout le monde prenait brusquement conscience qu'il s'agissait des seules heures restantes à passer ensemble et chacun essayait de racheter le temps en allant vers ceux à qui ils n'avaient que très peu parlé ou fait attention. Ainsi, Neville discutait à présent avec le Serdaigle Stewart Ackerley, près du jacuzzi, tandis que Ron coursait pour on-ne-sait-quelle raison Mandy Brocklehurst de la section Poufsouffle sous le regard désapprobateur de Lavender. Mais Ernie McMillan vînt rapidement la distraire en s'asseyant en bordure de piscine pour initier un début de conversation et la voilà qui affichait un grand sourire, sa poitrine bombée vers l'avant. Même Luna avait réussi à faire décrocher quelques mots à Blaise, bien que la maison de ce-dernier ne soit pas réputée pour être la plus sociable ni la plus aimable.
Mais Zabini n'avait pas l'air d'être comme ses autres collègues.
Il était réservé, certes, mais n'irradiait pas le mépris et l'hostilité comme ses congénères. Lorsqu'en Seconde Hermione avait été désignée pour être sa binôme sur un dossier commun à rendre sous trois semaines, la brune s'était préparée psychologiquement à ce qu'il soit une plaie du début jusqu'à la fin. Mais il avait été étonnament poli, sérieux et concentré. Et depuis lors, dès qu'ils se croisaient dans les couloirs, le métis la saluait toujours d'un signe de tête courtois. Hermione et ses stéréotypes en avaient pris un coup. Elle s'était réellement attendue à ce qu'il soit une copie conforme de Malfoy.
Malfoy qui la fixait toujours.
Son regard dérivant distraitement de Blaise et Luna aux élèves assis dans les gradins juste derrière, la brune se prit ses yeux arctiques de plein fouet. Pansy Parkinson avait déserté ses côtés, préférant apparemment le jacuzzi aux marches froides sur lesquelles elle était restée assise, et lui la dévisageait toujours. Tout comme il y a un quart d'heure, son visage n'exprimait aucune émotion particulière, comme s'il la regardait pensivement, sans vraiment s'en rendre compte. Mais ses yeux, eux, étaient fermement cimentés à elle, signe qu'il n'était ni en état de rêverie, ni distrait. Hermione ne put s'empêcher d'être légèrement déroutée. Quel était son problème, à la fin ? Pourquoi se mettait-il à l'observer aussi soudainement et avec autant d'insistance ? Avait-elle un énorme point sur la figure ? Un bouton qui se verrait de loin ? Avait-il quelque chose à lui dire ? Une énième insulte qu'il n'aurait pas eu le temps de lui lancer quelques années plus tôt ? Testait-il une nouvelle technique d'intimidation ? Quel. Etait. Son. Problème ?
« Hermione, Hermione, Hermione... » fit une voix à côté d'elle.
Rompant le contact visuel qu'elle entretenait avec le blond, la concernée tourna la tête pour apercevoir les boucles auburn et les grands yeux bleus de Terry Boot. Elle lui avait donné des cours particuliers de philosophie deux soirs par semaine durant tout le dernier semestre de l'année, les trois autres soirs de la semaine étant occupés par les séances de révisions collectives auxquelles elle avait forcé Harry et Ron à participer. Ils avaient eu beau traîner des pieds et inventer toutes sortes d'excuses bidons pour y échapper, le résultat avait été là aux examens ; tous les deux avaient décroché leurs bacs avec mention.
« Terry, Terry, Terry. » répondit Hermione, un petit rictus aux lèvres.
Le jeune homme vînt s'installer à côté d'elle, posant ses avant-bras à plat sur le rebord du bassin, le reste de son corps noyé dans l'eau.
« Je te dois la vie, en fait. » déclara-t-il.
Ce qui provoqua un petit rire chez la brune.
« Non...quand même pas. »
« Je te dois au moins mon 12,5 en philo. »
« ...tu as eu 12,5 ? » répéta Hermione en haussant des sourcils, enchantée. « Oh mon Dieu mais c'est génial ! »
« N'est-ce pas ? » acquiesça le Serdaigle. « Et je tiens à préciser que je l'ai eu sans tricher, cette fois-ci. » ajouta-t-il avec un petit rire.
Un sourire joyeux étira les lèvres de la brune.
« Je suis vraiment fière de toi, Terry. Tu le mérites. »
« Tu y es pour beaucoup. Je ne sais sincèrement pas comment tu as fait pour supporter ma débilité deux fois par semaine jusque tard dans la nuit...on devrait t'ériger une statue. »
« Pour la centième fois : tu n'es pas débile. Tu ne comprenais juste pas le raisonnement et la méthodologie de la matière. Ca ne fait pas de toi quelqu'un d'idiot ou d'inférieur. La preuve en est que dès que tu assimiles les rouages philosophiques, tu es capable de faire des merveilles ! »
« ...ça ne change pas le fait que l'on doit impérativement ériger une statue à ton effigie. » persista le jeune homme.
Hermione dodelina alors la tête en signe de capitulation.
« Très bien. » céda-t-elle. « Sculptez-la dans le marbre, alors. »
« Rien que ça ? » rit le brun.
« Quand on réussit l'exploit de faire passer quelqu'un de 5 à 12,5, je crois que cela mérite au moins une matière aussi noble que celle-ci. » fit remarquer à juste titre la lycéenne.
« Tu as entièrement raison. Va pour le marbre, alors. »
« A la limite, si cela représente un peu trop de travail, donnez cette tâche à Rogue. Ca lui fera de bons petits muscles. »
« Argh, Rogue. » grimaça Terry. « Il ne va pas me manquer, celui-là, c'est sûr. »
« La question est : à qui pourrait-il potentiellement manquer ? »
« Je suis prêt à parier que même sa chaise de bureau va soupirer de bonheur pendant ces deux mois de vacances. »
« Le sol de sa classe également... »
Les deux élèves restèrent à discuter et rire quelques minutes encore, installés sur le rebord du bassin, puis quelqu'un appela Terry depuis l'autre bout de la piscine. Le brun cria un « j'arrive ! » en guise de réponse puis se retourna vers son ancienne tutrice.
« Hermione, en tout cas...merci encore. Je...t'as vraiment été ma bouée de sauvetage, cette année. Je ne sais vraiment pas comment te remercier. »
« Le simple fait que tu aies eu une telle note pour ton bac me suffit déjà amplement, Terry. »
Le brun eut un large sourire. Il ouvrit encore la bouche pour rajouter quelque chose mais sembla se raviser à la dernière seconde. A la place, le Serdaigle lui tapota légèrement l'avant-bras en disant :
« On reste en contact, ok ? »
« Absolument. »
Il opina, sourit une dernière fois puis se retourna pour piquer une tête. Hermione le regarda nager dans la direction opposée, son sourire s'altérant peu à peu pour laisser place à une expression nostalgique. Peut-être était-ce théâtral ou mélodramatique mais elle le regardait partir comme une mère regarderait son enfant prendre son indépendance, à la fois fière du travail accompli et mélancolique à l'idée de le voir voler à présent de ses propres ailes. Parce qu'ils en avaient passées, des soirées à plancher. La table remplie de polycopiés, manuels, brouillons, ratures, tâches d'encre sur fond de soupirs désespérés de Terry qui s'arrachait les cheveux toutes les trois minutes en gémissant qu'il était plus nul encore qu'un élève de Cm2. A supposer que l'on étudie Nietschze et Schoppenhauer en Cm2. Hermione ne comptait plus le nombre de fois où elle avait dû trouver les mots pour le re-motiver. Alors forcément, apprendre qu'il avait dépassé la moyenne de presque trois points pour l'examen final remplissait la brune d'une grande satisfaction. Elle savait qu'il y arriverait. Décidant de marquer le coup, la brune choisit de s'offrir un petit verre, elle qui ne buvait quasiment jamais d'alcool.
Hermione nagea donc vers la petite échelle menant à la terre ferme et escalada les marches pour sortir de l'eau. Tout en rabattant ses longs cheveux mouillés dans son dos, elle marcha en direction du coin bar improvisé tout en bougeant distraitement la tête sur la chanson diffusée dans les enceintes – « Someone Like You » des Revl9n. Arrivée devant les diverses boissons, la Gryffondor prit un petit temps pour déterminer ce qu'elle voulait prendre, évaluant chacune des bouteilles une à une à la recherche de celle dont le packaging la séduirait le plus. Plongée dans son observation, elle remarqua à peine l'arrivée d'une personne à sa gauche. Elle fut cependant forcée de s'en rendre compte lorsque la bouteille qu'elle tenait en main lui fut soudainement chipée. La brune releva vivement la tête, prête à se plaindre, et resta incrédule en apercevant Malfoy en personne. Ce-dernier avait porté le breuvage à sa bouche et buvait quelques gorgées au goulot, sans aucun milligramme de gêne.
« Ne t'est-il pas venu à l'esprit que je m'apprêtais à me servir..? » siffla Hermione en dardant un regard noir sur lui.
Malfoy abaissa alors la bouteille, essuya sa bouche d'un revers de main puis la lui tendit. La jeune femme considéra le récipient avec un dégoût non-dissimulé, ce qui poussa le blond à rouler des yeux puis dire :
« Pour info, je n'ai pas le sida. »
Hermione resta profondément sidérée par sa réplique. Du Draco Malfoy grand cru. Elle entrouvrit ses lèvres pour répondre mais, sa machine à répartie n'ayant plus été très fonctionnelle depuis maintenant trois ans, elle ne trouva pas de meilleure réplique que :
« Le sida ne s'attrape pas par la salive, de toutes les manières. »
Draco émit un petit « Ha ! » moqueur puis reposa la bouteille sur la table.
« Granger un jour, Granger toujours. » constata-t-il avec moquerie avant de secouer la tête et s'éloigner.
Au loin, Pansy lui faisait signe de le rejoindre dans le jacuzzi. Hermione l'observa partir, son gobelet rouge toujours vide en main. Et elle se rendit compte d'une chose. Une chose assez hallucinante, d'ailleurs. Ils ne s'étaient pas entretués. C'était même la première fois en sept années de scolarité communes qu'ils échangeaient quelques mots sans que le ton ne hausse et que les insultes ne fusent. Du jamais vu dans l'histoire de Poudlard. Du jamais vu dans l'histoire du monde. La brune attrapa une bouteille au hasard, toujours pensive. Et c'est alors qu'elle se rendit compte d'une autre chose encore.
Ils ne s'étaient pas adressés la parole depuis la fin du collège. Pas une seule fois.
Et pourquoi ne se sont-ils pas adressés la parole depuis la fin du collège ? La réponse dans le prochain chapitre ;) Leur rapprochement y sera également plus concret.
En espérant que vous ayez aimé cette petite mise en bouche !
xo,
IACB.
