Hello!
Ca fait plus de 2 ans que je n'ai rien publié, et en faisant le ménage de mes fics, je me suis rendue compte qu'il y en avait certaines que j'avais laissées moisir pendant longtemps. Du coup j'ai décidé de mettre cette fic en ligne, petit a petit, vu qu'elle est un peu longue. Je pense qu'elle fera environ 5-6 chapitres.
Sinon, snk ne m'appartient pas, et l'univers dans lequel se passe cette fic est entièrement fictif.
P.S: Cette fic a été écrite il y a environs 2 ans, et ne contient absolument aucun spoiler.
:)
L'université de Trost était énorme. Elle était constituée de plusieurs bâtiments assez anciens mais très bien entretenus, éparpillés dans un grand espace vert et rempli de jardins. C'était un petit coin de paradis, réputé pour sa beauté architecturale et naturelle, mais il s'agissait surtout de l'une des plus prestigieuses académies d'art au monde. On y trouvait des studios très larges et des locaux suréquipés, avec des matériaux d'excellente qualité disponibles en quantité. Les professeurs qui y enseignaient faisaient partie des meilleurs dans leur domaine, et les élèves qui avaient y suivi une formation avaient, pour la plupart, beaucoup de succès dans leurs carrières.
Eren, Mikasa et Armin avaient été impressionnés la première fois qu'ils avaient mis les pieds sur le campus, pour le concours d'admission pour une licence en art, et plus particulièrement en danse. Ils avaient tous trois fait connaissance dans l'école de danse de leur village natal, à l'âge de 7 ans, et depuis, ils étaient inséparables. Armin rêvait de devenir chorégraphe, Mikasa était passionnée de danse de salon, et Eren aimait tout genre de danses, mais il ne savait pas dans quoi se spécialiser. Ils avaient dû présenter un examen oral et écrit assez exigeants, mais tout s'était bien passé, et ils étaient revenus une semaine avant la rentrée, afin de s'installer dans les dortoirs.
Les deux garçons n'avaient malheureusement pas pu être logés dans la même chambre, mais ils étaient au même étage. Quand Eren était entré dans la sienne, il y avait déjà des affaires sur l'un des deux lits, en désordre. La porte de la salle de bain s'ouvrit brusquement, laissant apparaître un jeune homme plutôt grand de taille, aux cheveux ébouriffés, de deux tons de brun différents. Ils sursautèrent tous les deux. L'inconnu tendit une main qu'Eren serra.
"Jean Kirstein. Première année. Danse. Enchanté."
"Eren Jaeger... Moi aussi je suis en première année de danse. Je vais m'installer sur l'autre lit, vu que tu as déjà choisi le tien..."
"Premier arrivé premier servi," s'exclama Jean avec un sourire victorieux.
"Ils sont pareils, les lits..." soupira Eren.
"Mais la fenêtre est plus proche du mien!"
"Et l'armoire aussi! Raison de plus pour que tu ne laisses pas tes affaires trainer" plaisanta Eren en désignant les objets sur le lit.
"Non mais je rêve, on dirait ma mère," se moqua Jean, qui était apparemment assez susceptible. "Qu'est-ce que ça te fait si je ne range pas mes fringues ? Je fais ce que je veux de mon espace!"
"Mais la chambre est partagée, donc... "
Ils furent interrompus pas de petits coups à la porte. C'était Armin. Il était accompagné par un garçon dont le visage était envahi de taches de rousseur.
"Tout va bien, Eren? On a entendu du bruit... ne me dis pas que tu as déjà trouvé le moyen de te disputer avec quelqu'un!"
"Non... Armin, c'est juste que je partage ma chambre avec une tête de cheval désordonnée!"
"Tête de cheval? Tu ne t'es pas vu?" s'écria Jean avec indignation.
"Ne me dites pas que vous allez vous chamailler comme des gosses... "réprimanda Armin. "En tout cas, moi c'est Armin Arlert. Je suis l'ami d'enfance d'Eren, et voici Marco Boldt, mon compagnon de chambre."
"Jean Kirstein," se présenta Jean, boudeur.
"Eren Jaeger. Tu fais aussi de la danse, Marco?"
"Non, moi je viens étudier la musique!" sourit ce dernier. "Je suis ravi de faire votre connaissance, et j'espère qu'on aura certains cours en commun... Même si nos formations sont différentes, les étudiants en première année ont pas mal de cours d'enrichissement artistique et de culture générale."
Marco avait vu juste. En tant que danseurs, leur promotion comptait une centaine d'élèves, qui se répartissaient en quatre groupes pour les cours pratiques, mais pour la théorie, ils étaient tous réunis dans un grand amphithéâtre. La plupart des cours abordait des généralités sur l'art, son histoire, sa place dans l'industrie et d'autres sujets divers.
Armin s'était vite senti à l'aise, puisqu'il était aussi intelligent qu'agile, et Mikasa excellait dans toutes les matières, mais elle appréciait particulièrement les cours de danse de salon. Pour ce cours, les élèves avaient été divisés en couples, et la jeune femme s'était retrouvée avec Jean, qui ne manquant pas une occasion de lui faire du charme. Cela mettait Eren en colère, mais ce dernier ne pouvait s'empêcher d'admettre que la 'tête de cheval' était un très bon danseur, et n'avait aucun geste déplacé envers son amie d'enfance. Sa partenaire à lui était aussi douée, et il profitait de chaque moment pour en apprendre plus sur la danse et sur les différentes techniques. Durant les week-ends, les studios se libéraient, et certains élèves s'y entraînaient ou dansaient de manière libre entre eux. Cela se terminait souvent en soirées dansantes et animées, durant lesquelles se rassemblaient des étudiants de toutes les formations.
Ainsi, le trio inséparable s'était retrouvé dans un groupe d'amis qui s'était naturellement formé. A part eux, il y avait Jean et Marco, qui restaient avec eux depuis le premier jour, Annie, la compagne de chambre de Mikasa, qui étudiait la photographie, Sasha et Connie, les deux rigolos du groupe, qui se chamaillaient souvent quand il s'agissait de nourriture, mais qui dansaient en harmonie parfaite, Krista, qui était passionnée de théâtre, Reiner et Bertholdt, amis d'enfance et étudiants en littérature, et enfin, Ymir, qui voulait devenir réalisatrice.
Ils passaient tous pas mal de temps ensemble, comme ils logeaient tous dans les dortoirs de l'université, et entre eux, les discussions étaient souvent animées, ponctuées par les engueulades entre Eren et Jean, qui, malgré le fait qu'ils se comportent de manière très immature l'un envers l'autre, s'entendaient plutôt bien. Quand le ton montait, Marco tentait de les calmer, et quand il ne réussissait pas, Mikasa les faisait taire avec un regard assassin dont elle avait le secret.
"Quels sont vos projets pour les vacances de noël?" avait demandé Ymir, durant un repas au début du mois de décembre.
"Je suppose que tout le monde va rentrer chez lui, non?" lui avait répondu Krista. "Pour ma part, j'ai hâte de retrouver ma famille!"
"Non, moi je reste ici," intervint Marco.
"Tu ne vas quand-même pas passer noël tout seul!" s'indigna Sasha, après avoir avalé d'un coup une boulette de viande qu'elle avait volée dans l'assiette de Connie.
"Ne vous en faites pas, les amis!" rassura le brun avec un sourire. "Je ne suis pas le seul à rester ici. Et puis il y a pas mal de fêtes organisées dans les environs, et j'ai déjà prévu d'assister à l'une d'entre elles."
La conversation repris son cours, et ce n'est qu'en se dirigeant vers les chambres des garçons que Jean aborda Marco.
"Je sais très bien que tu n'irais jamais seul à ce genre de fête. Personne de notre groupe ne sera là. Quelque chose ne va pas?"
Ils s'étaient beaucoup rapprochés, vu que leurs compagnons de chambre étaient eux-mêmes très amis. Marco eut un rire gêné, sachant que Jean n'avait pas été dupe tout à l'heure. Il balbutia:
"T'inquiète... de toute façon, je suis habitué à passer noël tout seul... c'est la troisième année. Je ne suis pas vraiment... en très bon terme avec mes parents."
Jean le regarda avec surprise, et renchérit:
"Je ne sais pas quels problèmes tu passes avec ta famille, et je suis prêt à t'écouter, si jamais tu as envie d'en parler, mais dans tous les cas, cette année, tu ne vas pas passer noël tout seul. Tu viens avec moi!"
"Merci beaucoup, Jean, mais je déran..."
"Il n'y a pas de 'mais'. Tu ne déranges pas, au contraire, et on a un prix spécial étudiant pour le billet de train... et je peux t'aider si tu..."
"Oh non Jean, ne t'en fais pas, j'ai assez d'économies... Je ne veux pas m'imposer..."
"Mais puisque je te dis que tu ne déranges pas, et si je te propose de venir, tu n'es pas du tout entrain de t'imposer. Dans tous les cas, ma mère prépare toujours beaucoup trop de bouffe, et on a de l'espace à la maison. Et puis... tu nous joueras des chansons de noël... on a un piano au salon."
Jean avait prononcé la dernière phrase sur un ton timide, en souriant à son ami, qui acquiesça en rougissant. Jean était totalement admiratif devant le talent de musicien qu'avait Marco. Ce dernier maîtrisait parfaitement un grand nombre d'instrument, et il avait l'oreille absolue. Il excellait dans tous ses cours et se faisait souvent complimenter par ses professeurs et par les personnes qui l'écoutaient jouer, mais il restait néanmoins très modeste et discret il n'avait pas assez confiance en lui. Il était de nature calme et timide, et la première fois que ses amis l'avaient vu jouer, ils avaient été très surpris.
C'était durant l'une des fois où ils s'étaient retrouvés tous dans un studio de danse un soir pendant le week-end. Ce jour-là, le système stéréo était en panne, et il y avait un piano dans la salle. Ne voulant pas que la soirée tombe à l'eau, Marco avait improvisé une mélodie entraînante et joyeuse. Les autres avaient été tellement étonnés que personne n'avait bougé au début. Jean fixait le pianiste, comme hypnotisé. Il contemplait son regard rêveur et ses mains qui bougeaient sur le clavier avec tant d'assurance et de grâce, qu'il se demandait où était passé le jeune homme timide et maladroit qu'il connaissait. Il avait été tiré de ses pensées par Mikasa, qui lui tendait la main pour l'entraîner dans une danse freestyle.
Depuis, leur groupe faisait en sorte d'avoir une salle avec un piano durant les week-ends. Ils avaient eu également l'occasion de voir Marco jouer de la guitare et de la flute, et ce dernier rougissait tellement sous leurs commentaires et regard admiratifs, que ses taches de rousseurs devenaient de plus en plus prononcées, lui donnant un air tout à fait adorable. Jean l'encourageait beaucoup, et ne manquait pas une occasion de le complimenter sur son talent, afin de l'aider à avoir plus confiance en lui. Il recevait en retour des éloges sur sa manière de danser, et les deux amis finissaient par avoir des fous rires, se comparant à des groupies désespérées.
Le 22 décembre était le dernier jour avant le début des vacances. Après avoir terminé les cours pour la journée, les étudiants s'étaient tous dépêchés de quitter leurs facultés respectives, afin de se préparer pour les fêtes. L'ambiance générale était joyeuse et festive, et en fin d'après-midi, Eren, Mikasa et Armin s'étaient séparés de leurs amis à la gare. Ils s'étaient retrouvés dans le même train qu'Annie, Bertholdt et Reiner, dont les villages étaient dans la même direction que le leur. Ils avaient trouvé un wagon presque vide, et avaient donc pu s'asseoir dans le même compartiment.
" Quelle est la première chose que vous allez faire quand vous serez à la maison?" avait commencé Reiner, d'un ton enjoué.
"Moi, je passerai le plus de temps possible avec mes parents et mon grand-père," répondit Armin. "Ils m'ont beaucoup manqués!"
" Moi je vais aider ma mère avec les préparatifs pour le réveillon du 24 décembre," dit Mikasa.
" Pareil pour moi. Et je dois continuer mon projet de photographie. Mon village est l'endroit idéal pour prendre des photos. Vous pouvez venir si vous avez le temps."
"Je pense qu'on va tous voir nos familles," sourit Bertholt.
" Bof… mon père ne sera probablement pas à la maison," murmura Eren, d'un ton triste.
" S'il n'est pas là, tu viendras chez moi, ou chez Mikasa," le consola Armin. "Tu sais qu'on ne te laissera pas seul."
" Merci Armin. Désolé d'avoir gâché l'ambiance ", s'excusa Eren, avant de sourire et de changer de sujet.
Depuis la mort de sa mère, qui avait succombé à un cancer de sein quand il avait 13 ans, son père avait peu à peu changé, et était passé d'un homme chaleureux, tendre et énergique à un homme sombre, las et inexpressif. Etant médecin, il se sentait coupable d'avoir été impuissant face à la maladie de sa femme. Il s'était alors jeté à corps perdu dans le travail, ne rentrant presque pas à la maison, s'occupant à peine de son fils. Ce dernier avait heureusement des amis sur lesquels compter et une passion, qui l'avaient aidé à surmonter cette étape difficile de sa vie.
Comme il s'y attendait, il trouva une maison vide. Elle était propre et ordonnée _ une femme de ménage passait une fois par semaine_ mais l'atmosphère était froide et vide. Pas de décorations. Pas de sapin. Seulement un mot posé sur la table de la cuisine avec quelques billets: 'Bon retour Eren. Achète ce que tu veux avec ça. Je ne serai probablement pas de retour pour le réveillon. Joyeux Noel'
Se promettant de ne pas pleurer, le jeune homme froissa le papier et sortit se recueillir sur la tombe de sa mère. Il se dirigea ensuite vers son ancienne école de danse, afin de saluer son professeur, avant de se défouler dans une salle vide, en dansant jusqu'à ce que ses muscles soient endoloris.
Pendant ce temps, la maison des Kirstein était en effervescence. La mère de Jean était tellement ravie d'avoir un invité pour les vacances qu'elle ne tenait plus en place. Son accueil jovial et spontané mit Marco rapidement à l'aise.
" C'est la première fois que mon fils amène quelqu'un à la maison! Je suis vraiment contente! L'université a fait du bien à mon petit garçon. C'est fou ce qu'il a grandi vite! Fais comme chez toi, hein Marco? J'ai déplié le canapé-lit dans la chambre de Jean. Et j'ai mis des draps. Et un oreiller. Et une couverture. Tu lui feras un peu visiter les environs, Jean! Je vais vous préparer quelque chose de bon... Installez-vous en attendant! Je vous appellerai!"
Mme Kirstein détala vers la cuisine, laissant derrière elle un Marco tout sourire et un Jean agacé. Ce dernier grogna:
" Elle est toujours comme ça. Un vrai moulin à parole. Et vu que je n'étais pas à la maison pour une longue période, elle va être encore pire que d'habitude! Désolé si elle se montre un peu trop envahissante..."
" Ça ne me dérange absolument pas, au contraire. Tu lui manque, et c'est normal qu'elle ait beaucoup de choses à dire."
" Oui, mais elle me traite toujours comme si j'avais 5 ans."
" C'est sa manière de te dire qu'elle t'aime... "
Jean vit l'expression mélancolique de son ami, malgré le fait qu'elle n'ait duré qu'un instant. Ils déposèrent leurs sacs et se promenèrent un peu dans le village.
Ils étaient en train de déguster de délicieux morceaux de gâteau au chocolat quand M. Kirstein était rentré. Il salua sa femme et son fils, avant de serrer la main de Marco.
" Et tu es danseur comme Jean?"
" Non, répondit le jeune homme. J'étudie la musique!"
" Et il est très doué," ajouta Jean.
" C'est vrai?" demanda Mme Kirstein, en voyant Marco rougir. "Tu peux utiliser le piano du salon si tu veux. Ça fait longtemps que personne n'a joué."
" Il y a aussi mon vieux violon!" s'exclama M. Kirstein. "J'ai arrêté de jouer depuis plus de dix ans, mais je suis sûr qu'il est toujours utilisable! "
Sur ce, il se leva et monta au grenier afin d'apporter l'instrument en question. Effectivement, ce dernier était en bon état. Il était de très bonne qualité. Marco le manipula avec délicatesse, et l'accorda. Ne pouvant pas résister à la demande des trois Kirstein, il se leva, mettant le violon en position.
Une fois de plus, Jean était hypnotisé par le musicien. Il admirait sa manière de manier l'archet et la tendresse sur son visage légèrement penché vers le violon. La mélodie était joyeuse et entraînante. Et Marco souriait. Jean aussi souriait. Leurs regards se croisèrent, et ne se quittèrent plus jusqu'à la fin de la chanson. Les deux jeunes hommes eurent un léger sursaut quand ils entendirent les applaudissements de M et Mme Kirstein.
Ce soir-là, Jean n'arrivait pas à s'endormir. Il repensait à ce qui s'était passé, et essayait de comprendre quand ses sentiments avaient changés. Il était fou amoureux de Marco Bodt, et il se demandait s'il ne l'avait pas été depuis le début. Il savait qu'il était gay depuis la puberté, et ses parents étaient au courant, et l'acceptaient. Mais comment réagirait Marco, s'il apprenait qu'il était homosexuel, ET qu'il avait des sentiments pour lui? Non. Il ne pouvait pas lui dire. Il finit par trouver le sommeil tard dans la nuit, rêvant de violons et d'un ange avec des taches de rousseur.
La soirée du 24 décembre fut très agréable, entre les tantes et les oncles qui plaisantaient autour d'une table remplie de victuailles et les petits cousins de Jean qui étaient excités à l'idée de recevoir des cadeaux du père noël. De plus, pour le plus grand bonheur de tous, Marco joua du piano et du violon, enchaînant les airs joyeux et les chansons festives. Il était vraiment heureux de se retrouver dans une ambiance familiale pour noël, et ne manquait pas une occasion de remercier ses hôtes.
" J'ai trop mangé!" s'exclama Jean en s'asseyant sur son lit après avoir mis son pyjama, une fois la soirée terminée.
" Pareil pour moi! Ta mère est tellement bonne cuisinière, que je suis étonné que tu sois aussi mince!" Plaisanta Marco, faisant rire son ami.
" Oh mais tu ne peux pas savoir combien elle me gavait quand j'étais gosse. Elle me disait toujours que je devais bien manger pour être grand et fort. Si je ne faisais pas de la danse, je serai probablement devenu obèse! "
"Tu es un excellent danseur, et ta mère est tellement fière de toi! Quand tu l'as fait danser durant la soirée, elle avait l'air tellement contente!"
" Tellement contente qu'elle m'a fait danser avec mes tantes et mes cousines! Et certaines en ont redemandées..."
" C'est normal... Comme je le disais, tu es un danseur exceptionnel."
" Mais non!" rougit Jean.
"Mais si! Et puis tu as beaucoup de charme."
" Oh la ferme! C'est toi qui les as charmés. Quand tu ne jouais pas, tout le monde t'accaparait de questions! C'était drôle de voir à quel point tu étais embarrassé!"
" Ça t'amuse de me voir perdre mes moyens hein? Il faut dire que certaines questions n'étaient pas tout à fait discrètes!"
" Discrétion ne marche pas avec Kirstein, Marco. J'espère qu'ils ne t'ont pas trop gêné quand-même."
" Non, ne t'inquiète pas. J'ai beaucoup aimé ta famille. Ils sont tous vraiment adorables."
" Juste par curiosité... Quels genres de questions indiscrètes t'ont été posés?"
Marco rougit et balbutia:
" On m'a demandé si j'avais beaucoup de succès... auprès de filles... Et puis, comme je n'ai pas vraiment répondu... on m'a demandé si... plutôt... les hommes..."
" Oh Marco je suis désolé. Ça a dû être... très embarrassant pour toi..."
" Ne t'en fais pas... Ça m'a juste un peu étonné... Que ça ne leur pose pas problème... si... tu vois... Même que quand tu es parti t'habiller en père noël pour les petits...une de tes cousines...m'a demandé si... toi et moi... nous... n'étions pas..."
" Et tu lui as répondu?"
" Je lui ai dit que non, bien-sûr! Je lui ai dit que tu avais un faible pour ta partenaire de danse..."
" Ma partenaire de danse? Mikasa, tu veux dire... Ah..."
" Tu es amoureux d'elle, non? Tu es toujours aux petits soins avec elle. C'est vraiment mignon d'ailleurs. Et même si elle ne le montre pas, ça se voit qu'elle est touchée ... Vu qu'elle ne t'a pas rejeté..."
" Mikasa ne m'intéresse pas. Enfin... elle ne m'attire pas, quoi."
" Est-ce que tu es... attiré par les hommes?" murmura Marco sur un ton à peine audible.
" Je... qu'est-ce qui te fait dire ça?"
" C'est juste que... quand j'ai dit à ta cousine... pour Mikasa... elle m'a répondu que j'avais plus de chances avec toi que ta partenaire, et même plus que quiconque."
Jean déglutit. Cela ne servait à rien de mentir, à présent.
" Elle... elle avait raison..."
" Tu veux dire que..."
" Que je suis gay? Oui... Que tu as plus de chances que quiconque aussi... Je suis désolé si ça te dégoûte, et je comprends très bien si tu..."
" Jean. Ne dis pas ça," l'interrompit Marco d'une voix étonnement ferme, le visage grave. "Il faut que je te dise quelque chose. Tu sais... ça fait environ trois ans que je n'ai pas vu mes parents... En fait, je viens d'une famille traditionnelle et conservatrice. Le genre de famille qui décide à l'avance tout ton avenir, et t'impose une carrière et une fiancée dès l'enfance. J'ai toujours été obéissant et soumis, me pliant aux règles, suivant une éducation stricte. J'ai commencé la musique dès mon plus jeune âge, et mes enseignants étaient tous très impressionnés, m'encourageant à continuer. Ma première dispute avec mes parents a été au sujet de mon avenir. Je voulais à tout prix devenir musicien. Ils voulaient que je reprenne l'entreprise familiale. J'avais 15 ans. J'ai commencé à sortir en douce le soir, afin de jouer quelques-unes de mes compositions dans un piano-bar. Et c'est là que j'ai fait la connaissance d'un contrebassiste de jazz. Il était étudiant, et arrondissait ses fins de mois en jouant avec des amis à lui dans les bars. Je suis tombé fou amoureux, et j'ai réalisé alors pourquoi les filles ne m'avaient jamais intéressées. Ma famille n'a pas tardé à découvrir que je sortais tous les soirs. J'ai été enfermé dans ma chambre, et c'est quand mes parents m'ont menacé de m'envoyer en pension que j'ai craqué et que je leur ai dit toute la vérité. Tu devais voir leur expression, Jean. Moi, leur fils docile et obéissant, sortant de la maison tous les soirs afin de jouer dans les bars, et de retrouver un homme, avec lequel il commettait l'un des péchés les plus immondes qui soient. J'ai été mis à la porte. Mes parents n'avaient plus de fils."
Marco avait les larmes aux yeux. Jean le rejoignit sur le canapé, et posa sa main sur son épaule.
" Et ils n'ont plus essayé de te contacter?"
" Si... enfin plus ou moins... Quand j'ai été chassé de la maison familiale, je me suis réfugié chez mon amant, et j'ai continué à travailler dans le piano-bar. Quelques jours plus tard, j'ai reçu une lettre de ma mère, qui me disait qu'elle continuerait de payer pour ma scolarité, et qu'elle m'enverrait de l'argent chaque mois. Je ne devais absolument pas retourner à la maison, ni essayer de la contacter, car mon père n'était pas au courant. Quelques mois après cette lettre, elle m'a demandé d'ouvrir un compte bancaire pour faciliter le transfert, et maintenant, la seule chose qui me lie encore à ma famille est ce fichu carnet bancaire, qui affiche une augmentation du chiffre une fois par mois. Je n'utilise que le strict nécessaire de ce qu'elle me donne, et j'ai travaillé dans les piano-bars jusqu'à ce que je sois admis à Trost, avec une bourse."
" Et le contrebassiste... tu es toujours..."
" On a vécu ensemble pendant quelques temps, mais il ne m'aimait pas vraiment, et il a fini par partir tenter sa chance dans un autre pays. Nous nous somme quittés en bon terme, même s'il m'a brisé le cœur."
" Ouah... Et dire que je me plaignais des personnes qui me traitaient de pédé quand j'étais au lycée! Ça me fait de la peine que ta famille aie réagi ainsi..."
" Moi je me faisais discret à l'école. Mes parents sont beaucoup trop rattachés à leurs devoirs à la tête de la famille et de l'entreprise. Je n'ai jamais été plus qu'un héritier et successeur. Mais maintenant, à l'université, je commence à trouver ma place. J'aime beaucoup notre groupe d'amis... et je suis vraiment ravi de passer noël avec toi... Ça fait chaud au cœur de voir que ta famille est adorable et t'accepte tel que tu es."
" Tu es le bienvenu ici quand tu veux. Tu es chez toi...et puis... moi... je ...je ne suis pas contre... passer plus de temps avec toi..."
Ils se sourirent timidement, puis Marco se tourna vers Jean, prenant sa main dans la sienne.
" Tu sais, Jean, moi, je ne suis pas contre non plus... et puis si j'ai mes chances avec toi... plus que quiconque... je voulais te dire que... c'est réciproque..."
" T...tu veux bien être mon petit-ami, alors? "
Pour toute réponse, Marco hocha la tête et porta la main qu'il tenait toujours à ses lèvres, avant de se pencher et de déposer un chaste baiser sur celles de Jean. Ils s'embrassèrent plusieurs fois timidement, avant de se souhaiter un joyeux noël et de s'endormir chacun de son côté.
La journée du 25 décembre n'avait jamais été aussi joyeuse chez les Kirstein. Jean ne cachait pas sa joie et sa bonne humeur, et le sourire de Marco était solaire. M et Mme Kirstein regardaient les deux jeunes hommes d'un air attendri.
L'après-midi, quand ils sortirent tous sur la place du village, Marco portait les gants que Jean lui avait offerts _ 'pour ne pas que tes mains soit trop gelées pour jouer comme tu le fais si bien' lui avait-il dit en rougissant. Jean, lui, portait également le cadeau de noël de son petit-ami: une écharpe que ce dernier lui avait enroulée autour du cou, avant de l'embrasser sur le nez puis sur les lèvres, avant qu'ils ne sortent de sa chambre.
