Comme je vous l'avais annoncé dans le dernier chapitre de Du bout des lèvres, me voilà aujourd'hui pour vous présenter une nouvelle fiction intitulée Avant que l'aube ne nous rattrape, un titre bien nébuleux me direz vous.
Disclaimer : Les personnages de ce récit appartiennent à Hiro Mashima, tandis que l'avatar ainsi que l'histoire en elle-même m'appartiennent. Epoque contemporaine.
Rating M : Langage cru et quelques scènes explicites.
Résumé : 2 inconnus, un couloir de métro trop étroit pour s'éviter, trop bondé pour
apprendre à se connaître. 2 quotidien qui s'entremêlent l'espace d'un instant.
Les deux chansons apparaissant dans ce chapitre sont Creep de Radiohead et
Stressed Out des twenty one pilots.
Une recommandation de musique pour vous accompagner durant ce chapitre ?
Je dirai Sarari de Suneohair.
Assez de blabla, on se retrouve en bas de page. Bonne lecture.
Les jours défilent les uns après les autres
Paris - Métro Châtelet - 9h15
Un jeune musicien était assis sur le sol froid du métro, adossé à un mur carrelé et immaculé de blanc. Ses doigts glissaient inlassablement sur sa guitare sèche, sans conviction. Ses cernes démontraient une fatigue certaine, ses joues étaient amaigries, il semblait affamé. Comment en était-il arrivé là, à jouer jours après jours dans un lieu empestant l'urine ? Autrefois, il fut un élève brillant, admiré et respecté de tous, promis à un avenir radieux. Comment en était-il arrivé à gratter désespérément sur son instrument pour quelques euros par jours ? Comment en était-il arrivé à jouer au milieu de tous ses voyageurs du quotidien qui le méprisaient du regard ? Comment l'étudiant modèle d'hypokhâgne en était-il arrivé à écumer les bars et à dormir dans des foyers pour sans domicile fixe ? Après avoir passé avec brio les auditions de la RATP, il s'attendait à reprendre un semblant de dignité.
Mais tel ne fut pas le cas.
Ce matin, le musicien autodidacte devait être mal placé, très peu de personnes empruntaient le couloir dans lequel il jouait. Il décida donc de se lever pour chercher un emplacement plus stratégique, il le trouva enfin, à côté du distributeur. Avait-il le droit d'être positionné là ? Il lui semblait que non. Il fit donc demi-tour et prit place à l'embranchement entre la ligne 14 et le RER A, à la Gare de Lyon. Il serait remarqué à coup sûr et cette fois, il jouerait debout, pour ne pas être confondu avec un mendiant. Il saisit sa guitare, brancha son micro puis entama un morceau de Radiohead :
When you were here before
Couldn't look you in the eye
You're just like an angel
Your skin makes me cry
Alors qu'il chantait ces mots, son regard croisa celui d'une femme à la chevelure atypique, d'un bleu cyan. Elle s'arrêta dans cette foule de personnes impatientes qui ne pouvaient savourer l'instant présent.
You float like a feather
In a beautiful world
I wish I was special
You're so fuckin' special
Elle le fixait avec une attention particulière, savourant ses mots. Elle s'avança doucement vers lui, lui offrit un sourire timide et lui déposa une pièce de monnaie dans le chapeau prévu à cet effet. Puis elle disparut de son champ de vision aussi vite qu'elle y était apparue. Etait-ce une vision ?
But I'm a creep
I'm a weirdo
What the hell am I doin' here?
I don't belong here
Il eut l'irrépressible envie d'abandonner sa guitare juste de là et de la poursuivre. Qu'avait-il à y gagner à rester ici, alors qu'elle s'était éloignée de lui ? Il n'avait plus rien à faire ici.
I don't care if it hurts
I wanna have control
I want a perfect body
I want a perfect soul
Peu importe si elle le rejetait, s'il allait souffrir. Il ne parvenait plus à contenir le désir qui s'éveillait en lui. Il ne voulait plus faire qu'un avec elle. Être lié corps et âme avec cette femme.
I want you to notice
When I'm not around
You're so fuckin' special
I wish I was special
En un instant, elle était devenue si spéciale à ses yeux. Il espérait que ce sentiment soit réciproque. Il s'élança à sa suite mais s'arrêta net : il n'avait plus le courage de faire un pas de plus.
Le reste de la journée s'écoula dans le plus grand des calmes et Gray eut l'heureuse surprise de revoir la délicate anonyme le lendemain. Elle portait une de ses robes bustiers qui annonçaient l'arrivée de l'été. Ce jour là, le jeune homme chantait une célèbre chanson des twenty one pilots, il était certain d'attirer du monde :
Wish we could turn back time, to the good old days
When our momma sang us to sleep but now we're stressed out
Wish we could turn back time, to the good old days
When our momma sang us to sleep but now we're stressed out
Il voulu la saisir par le poignet et lui demander son nom mais se ravisa au dernier moment. Peu importe, il la reverrait le lendemain, il n'avait pas à s'en faire, il aurait d'autres occasions de connaître son prénom. Et comme il l'avait prédit, la belle inconnue était encore là le jour suivant et les autres. Leurs yeux se rencontraient quotidiennement excepté les week-ends et durant les vacances scolaires. La jeune femme devait être étudiante. Parfois, elle était accompagnée de quelques amis, à ce moment là, ils ne se contemplaient pas mais elle lui adressait un sourire discret.
Ainsi, ils passèrent un peu plus d'un an à se croiser su regard durant une fraction de seconde pendant laquelle ils se dévoraient des yeux. A jouer au chat et à la souris. La plupart du temps, elle lui laissait une petite pièce qu'elle avait sortie longtemps à l'avance, certaine de le revoir. Et il était là, chaque matin, toujours fidèle au poste. Pour Gray, cette rencontre avait été un véritable déclic et il avait commencé à chercher du travail en parallèle de ses concerts de fortune. Il avait retrouvé l'espoir de s'en sortir, il n'était pas trop tard pour rêver d'une vie meilleure. Et les jours défilaient les uns après les autres, ponctués par une brève rencontre qui les remplissait tout deux d'une joie incomparable.
Cependant, un jour leur routine se brisa, la jeune femme ne se présenta pas. Gray pensa tout d'abord qu'elle était malade, il espérait que rien de grave ne lui soit arrivé. Une semaine, puis deux mais la belle anonyme était toujours aux abonnés absents. Le musicien l'attendit durant des mois et les jours défilèrent les uns après les autres, sans qu'il ne la revoie un jour. Où était-elle ?
Finalement, il obtint un petit boulot de garçon de café qui lui permit de se payer une chambre de bonne exigüe où dormir. Dès lors, Gray ne se produisit plus dans le métro parisien. Il enchaîna les petits jobs et mena une vie un peu plus stable qu'auparavant. Cependant, cette vie ne lui convenait pas, il lui manquait une petite étincelle de folie et une dose d'adrénaline.
Il se mit alors à boire peu à peu jusqu'à sombrer dans l'alcoolisme. Cependant, il ressentait toujours cet immense vide dans son cœur. Un jour, en se réveillant d'un énième coma éthylique, il se décida à vaincre sa dépendance. Gray s'inscrit alors aux alcooliques anonymes et participa aux réunions hebdomadaires. Il y rencontra ainsi de nombreuses personnes souffrant du même problème que lui et il s'y découvrit une passion bien plus malsaine que l'alcool.
La jeune femme, quant à elle, revint plusieurs mois plus tard au lieu où elle avait rencontré cet homme. Néanmoins, il n'y était plus. Elle regretta alors de ne pas s'être manifestée plus tôt. Était-il parti à cause d'elle ? Avait-il trouvé un meilleur emploi ? Menait-il une vie plus saine ? L'avait-il oubliée ? Son cœur se contracta brutalement à cette idée. Pour elle, ça avait été le coup foudre, mais n'était-elle qu'une voyageuse ordinaire à ses yeux ? Elle ne connaissait même pas son nom. Le retrouver s'annonçait compliqué, avait-il ne serait-ce que l'envie de la revoir ? L'étudiante n'avait plus qu'à espérer que leurs chemins se recroisent à nouveau dans l'avenir.
Et ce fut le cas, quelques années plus tard, lorsqu'ils n'avaient tous deux plus qu'un vague souvenir de l'autre.
A suivre
Alors qu'en avez-vous pensé ?
**Spoiler Alert ! **: La jeune femme n'est autre que Juvia. Bon, je pense que vous vous en doutiez.
Sinon, vous vous demandez sûrement quel est le nouveau hobby de notre cher Gray ? Un peu de patience, vous le saurez dans le prochain chapitre.
J'espère que vous avez apprécié ce début, je ne vous garantis pas que je pourrais être régulière dans la publication de cette fiction, mais je ferai de mon mieux. Comme d'habitude n'hésitez pas à me laisser une courte review pour me faire part de vos impressions.