Euh... J'ai pas d'excuses, je sais pas pourquoi j'ai fait ça...
Bonne lecture quand même ?
Tout est à Square Enix.
Être ami avec Roxas Almasy vient avec plusieurs avantages (un meilleur pote surfeur, de la bouffe, des après-midis glandage, l'indéniable soutien) mais avec aussi de très nombreux désavantages. De beaucoup trop nombreux désavantages, si vous voulez l'avis dudit meilleur pote. Mais sachez bien une chose : si Roxas vous assure d'un truc avec un grand sourire confiant et l'air totalement honnête, même si vous êtes totalement tenté, ne le croyez surtout pas.
Hayner a fait cette erreur fatale quand Roxas lui a assuré prendre le train pour rentrer dans sa maison de campagne et lui envoyer un message quand le lieu sera sûr, comprenez sa surprise le lendemain en se réveillant dans sa voiture, en route pour ladite maison, bordel de cul.
Hayner a juste une trop mauvaise gueule de bois pour rager ce matin (après-midi ?), alors il mettra un tir à ce tocard dès qu'il aura retrouvé des forces, clairement pas avant.
XX
-Debout sac à merde, on est arrivés !
De la part de Roxas ? Même plus choquant. Le briquet dans la tête en guise de réponse ? Carrément gentil.
-Putain t'es con, ose-t-il répondre.
-T'as pris ma caisse, alors que tu devais tâter le terrain avant que j'arrive, tu te rappelles ?
-Mais c'est bon, c'est pas la mort non plus, on vient pas annoncer qu'on se bouffe le cul.
-C'est marrant que tu dises ça maintenant, c'est limite ironique en fait.
Parce que si ce n'était tant pas la mort que ça, Roxas aurait pu venir tout seul, mais visiblement ce fichu blond a été fini à la pisse. Hayner remonte les lunettes de soleil qu'il a sur le nez, mais plisse les yeux à cause de l'agression du soleil sur sa rétine.
-Mais putain ! On ne pouvait pas partir dans l'après-midi ?!
-Non, sourit Roxas, ce connard. Parce que j'aurais pas pu faire ça si t'avais été réveillé.
Hayner adore le côté profiteur de son meilleur ami, même si c'est lui qui en est la victime pour une fois. Il a une très haute estime des opportunistes au plus profond de lui et de la méchanceté gratuite.
-Tu fais chier, putain, se marre-t-il.
-Bon, tu descends ?
Est-ce qu'il a seulement besoin de lui pour descendre ? Hayner se redresse de la banquette arrière en le dévisageant, prêt à l'envoyer chier. Roxas a appuyé sa tête contre le volant, plus désemparé que jamais. Bon sang, il en fait des tonnes.
-Ce n'est qu'une réunion de famille, pourquoi tu fais autant ta flipette ?
-Parce que c'est chiant.
La maison de campagne de Roxas est au bord de la plage et pendant quasiment le mois de juillet, toute sa famille débarque pour profiter de cet endroit sur les îles du destin. Les vagues sont énormes, alors il a décidé d'inviter Hayner avec lui pour une fois, mais ils avaient convenu qu'il viendrait quand tous les autres auraient déserté. Toutefois ce crétin suprême a chamboulé tout leur plan, bordel.
-Ta gueule, soupire Hayner.
XX
Quand ils débarquent dans la maison (la villa ? le château ? la citadelle ?), il n'y a personne en vue. Roxas ne s'annonce pas, préférant la discrétion pour aller déposer leurs affaires en paix, savourant le silence avant la tempête.
-Putain, ça va être trop chiant, peste le blond.
-T'es un escroc : déjà t'étais censé arriver la semaine dernière, tu t'es échappé.
Roxas soupire longuement en roulant la tête, sur-jouant sa lassitude.
-Tu comprendras quand tu verras. Ces cons me les brisent, tu vas pas les aimer.
-J'ai envie de dire ta gueule, mais ça serait répétitif. Ils sont où, sinon ?
-Jardin, grommelle Roxas.
Ce gars transpire la nonchalance et la flemme, comment font-ils pour si bien s'entendre ? Ah oui, Hayner pue les emmerdes, ils sont faits pour aller ensemble.
Les mains dans les poches, Roxas l'emmène directement jusqu'à l'endroit désiré en passant dans les nombreux couloirs que forment ce labyrinthe à taille humaine. Comment est-il censé passer ses vacances ici s'il est incapable de savoir où il doit aller ?
-Comment ta famille peut avoir ce château alors que tu galères comme un porc à payer ton loyer ?
-Il tombait en ruine, mon grand-père l'a eu pour pas cher et avec ses huit bouffons, ma grand-mère l'a retapé.
-Sérieux ? Il en jette !
-Elle était hyperactive et insomniaque, fallait bien qu'elle s'occupe.
Le tout avec le maximum de désinvolture.
-C'est qui les huit bouffons ?
Roxas fait une espèce de grimace, mi dégoûté, mi soulé, profondément fatigué.
-Ma daronne et sa génération, là.
Ha. D'accord, ça pose l'idée.
XX
-Sora ? Qu'est-ce que tu fous là ? Je croyais que c'était une réunion de famille.
Ils viennent à peine d'arriver dans le jardin après la cuisine. Sora est un pote commun qu'ils ont, qui n'a pas les mêmes cours qu'eux, mais qui traîne souvent chez eux en fait. Il est debout, semblant observer quelque chose plus loin, à peine moins désespéré que Roxas. Qu'est-ce qu'il fout là, en vrai ?
-Tiens, vous arrivez enfin. Vous en avez mis, du temps.
-Yo, répond Roxas, même pas dérangé par sa présence. Me dis pas que t'es là depuis le début ?
-Tu connais ma mère.
-Sacrée Tifa…
Ils sont proches, mais pas à ce point, quand même. Attends, Roxas n'aurait pas oublié de stipuler quelque chose d'aussi gros quand ils ont vu Sora ensemble pour la première fois, quand même ?
-Vous êtes cousins !? Et tu ne m'as jamais dit un truc aussi évident, Roxas ?!
Maintenant Roxas le regarde comme si c'était sa faute, comme s'il est idiot et comme si c'était l'évidence même. Bordel, ce con.
-Bah ça change rien à ta vie au final.
Hayner a tellement envie de répondre quelque chose de crédible actuellement, mais les mots ne lui viennent absolument pas.
-Je croyais que tu le savais, continue Sora en dévisageant donc son cousin.
-Vous vous connaissiez déjà, pas besoin de dire que c'était mon cousin, essaye de se défendre Roxas.
-T'as d'autres trucs à m'apprendre ou ça ira ?
Roxas plisse la moue, l'air de rien, en détournant le regard. Donc ce garçon sait qu'il lui cache plein de choses concernant sa famille, mais ne va pas lui dire pour autant. Voilà, là, c'est parfaitement l'illustration de ce que Hayner disait plus tôt, l'un des désavantages à traîner avec ce type.
-Tu connais Caliméro ? Réplique Sora.
-Ouais ?
-Bah c'est Roxas dans la famille.
Hayner éclate de rire à cette comparaison, accompagnant le sourire amusé de Sora, tandis que le blond lâche un rire jaune, accusant la boutade habituelle.
-Tout s'explique Roxy, répond Hayner en tapotant son épaule.
-La ferme, soupire l'autre.
-Le vilain petit canard, c'est trop chou.
-C'est son frère, ça.
Sora soupire en se grattant l'arrière de la tête, embêté. Roxas lève les yeux au ciel, déjà agacé, laissant un Hayner incompris.
-Non, me dis pas qu'il est là, cet enculé.
-Bien sûr qu'il est là.
-Vous parlez de qui ?
Les cousins lui lancent un regard dubitatif, comme s'ils craignaient de lui expliquer la situation à laquelle il sera exposé pendant son séjour. Après un échange visuel, Sora cède :
-Déjà, tu ne prononces jamais son prénom, ça pourrait l'invoquer. Ensuite, c'est l'ennemi public de toute personne censée.
-Même Sora peut pas le saquer et tu sais qu'il aime tout le monde.
-Hé ! S'insurge le concerné. C'est totalement faux.
Hayner et Roxas ne répondent pas, parce qu'ils ont eu ce débat trop de fois pour encore accorder du crédit au déni de Sora.
-C'est un concentré d'émotions négatives, ce type est un connard. Il a pourri toutes nos réunions de famille.
Roxas réfléchit à ce qu'il va dire, choisissant avec soin ses prochains mots.
-De toute façon, t'as deux catégories dans cette famille : les gentils ou les méchants.
Alors que Hayner va répondre, Sora lui coupe l'herbe sous le pied :
-Pas besoin de s'étaler. Roxas, t'as dit aux autres que Hayner venait ?
Fuite du regard.
-Tu lui as fait visiter au moins ?
Pas de réponse.
-Tu fais chier.
XX
Sans surprise Roxas n'a rien dit à personne et manque à ses devoirs d'hôte. Ils se sont séparés au jardin, Sora et lui visitant la maison d'un côté, Roxas annonçant aux autres membres de la famille l'ami surprise de l'autre. De ce qu'il a compris, la citadelle est tellement grande qu'ils peuvent l'accueillir sans problème.
Leur grand-mère, Larxène, s'ennuyait terriblement et entre les reconstructions de la citadelle, elle a eu huit enfants. L'aîné se prénomme Braig, suivi des jumelles Linoa et Tifa, Luxord (35 ans), Marluxia (30 ans), Demyx (27 ans), puis enfin les faux jumeaux Xion et Ienzo (25 ans). Entre le premier et le dernier il y a plus de vingt ans d'écart, Hayner ne s'en remet pas encore.
Sur leur génération, ils sont tout juste huit. Bon sang, leur mère a eu à elle-seule autant de gosses qu'eux tous. Il y a donc Sora et son frère ; Roxas et son frère (dont il lui a parlé à la dérobée une seule fois en soirée pour se plaindre, juste parce que le type lui avait envoyé un message), leur cousine, un petit cousin et deux connards sans nom apparemment.
Hayner n'a pas une grande famille, alors c'est aussi dégrisant que surprenant, il aime déjà l'ambiance.
Quand ils ont fini leur tour, Sora lui laisse son plan de secours. Soit il le prend pour un con, soit il le connaît trop bien (Hayner a plus bayé aux corneilles en admirant les lieux, qu'il n'a essayé de retenir la route).
XX
En entrant dans la cuisine, Hayner surprend Roxas en train de farfouiller dans le frigo en chantonnant. Attends, c'est bizarre : Roxas ne chantonne pas, parce que ce type est trop plein de flemme et presque désabusé par le monde entier une partie du temps. D'autant qu'il s'est plaint de venir jusqu'ici trop longtemps, qu'il lui a trop cassé les oreilles pour finalement apprécier le séjour.
Ou alors il a changé d'avis, ce qui est tout aussi sympa. Hayner s'approche de lui, puis se laisse tomber sur une chaise du bar.
-Tu me files un truc à boire ?
-Oui, attends.
Tiens, il mâche moins ses mots que ce matin. Roxas a une excellente élocution, mais seulement quand il le veut, sinon il grommelle ou avale des morceaux de phrase. Hayner s'est habitué, mais c'est surprenant au début.
Roxas sort du frigo une canette de jus qu'il lui donne sans l'agiter avant ; une nouvelle.
-Merci mon pote. T'as pu dire aux autres que je venais ?
-Oui, t'inquiète.
Ha, il a l'air vraiment plus jovial, c'est presque suspect. Peut-être qu'il est juste content de pouvoir aller surfer dans l'heure qui suit, c'est une probabilité.
-Cool, on a aussi fini avec Sora. Ta baraque est énorme, c'est hyper stylé, mais on a croisé personne pour l'instant, tu sais où ils sont tous ?
Roxas plisse les yeux, réfléchissant à la réponse à donner. C'est bizarre, il aurait dû réagir comme ce matin, grogner et lâcher un "on s'en branle" pour changer. L'air marin lui fait vraiment du bien.
-Tifa est avec son second fils, en train de faire les courses.
-Celui qu'il ne faut pas invoquer, c'est ça ?
Le blond le dévisage pendant quelques secondes, avant d'éclater de rire.
-J'y crois pas… Oui, oui c'est lui. Xion est dans le jardin en train de jardiner avec mes petits cousins. Y a les autres connards qui traînent je ne sais trop où.
Tournure de phrase déroutante de la part de Roxas, mais l'insulte est trop familière pour qu'il relève.
-En gros, t'as toute la génération du dessus qui bosse sauf Xion.
-Et ton frère ?
Roxas a un sourire bien trop entendu pour qu'il ne se foute pas de lui. Il s'appuie contre le frigo pour jouer avec sa canette, sans l'ouvrir, comme s'il attendait que quelque chose arrive. Hayner fronce les sourcils.
-Allez, il ne peut pas être aussi horrible que ça. Après t'es pas super beau non plus, ça doit être génétique.
-C'est surprenant que tu saches quelque chose à son sujet.
-T'es drôle, t'as passé une soirée à rager juste pour un message, comment tu veux que je l'oublie ? Je dois rencontrer ce type fantastique. Puis je rencontrerai ton fameux cousin, tu m'as trop parlé de lui pour que je manque une occasion pareille.
Roxas rit encore, mais ce n'est définitivement pas de cette façon-là qu'il rigole d'habitude. Tout dans son apparence physique ou mental semble incohérent par rapport au garçon qu'il connaît depuis le lycée. L'air marin lui beaucoup trop de bien, quelque chose ne tourne pas rond.
Putain, non, Roxas n'aurait pas osé lui cacher ça quand même. Pas un truc aussi gros, bordel.
Hayner pose sa canette sur le bar, puis attrape l'orange qui trône sur la corbeille de fruits, pour la jeter en l'air, ricanant d'un air désabusé à cause de son meilleur ami.
-J'y crois pas, putain.
-Et oui, pas facile, hein ? Bon courage à toi, dit le blond en face de lui.
-Ha Ven, Hayner, vous avez fait connaissance ?
Roxas a dû être autant surpris de prendre une orange dans la gueule que Hayner vient de l'être. Les désavantages d'être ami avec Roxas, tout ça...
XX
Des cris retentissent depuis l'extérieur et une gamine blonde entre dans la cuisine via la baie vitrée. Un bambin entre à sa suite, tous deux suivis de Sora et une jeune femme brune. Ils s'arrêtent de discuter en voyant Hayner et Ven papoter tranquillement, à côté d'un Roxas qui maintient contre son front une poche de glace.
-Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? S'inquiète aussitôt la dame en allant à lui.
-Il a pris une orange, répond Ven en souriant.
-Tu lui avais pas dit que Ven était ton jumeau, comprend tout de suite Sora en riant.
Celle qui suppose comme étant Xion rigole à son tour en attrapant l'enfant de moins de trois ans dans ses bras.
-Tu ne l'as pas volé.
-Mais arrêtez de vous liguer contre moi, se plaint le blond.
XX
Pour le restant de la journée, Hayner et les autres se sont retrouvés embarqués dans les jeux de deux enfants de la famille, Naminé (la blonde de 10 ans, fille de Luxord) et Denzel (le gamin de 26 mois, fils de Demyx). Ils ont organisé un cache-cache pour leur faire plaisir dans la roseraie (mais qui a une roseraie bon sang ?), suivi dans d'un loup glacé et autres enfantillages. Roxas et lui se font traiter facilement quinze fois de tricheur, mais ce n'est pas leur faute s'ils forment un tandem de choc et que les autres sont tous de mauvais joueurs.
Ils prennent le goûter de dix-huit heures en faisant des coloriages (surtout Naminé) quand l'un des oncles arrive dans la baraque.
-Salut la compagnie !
Roxas, jusque-là avachi comme portant le poids du monde, se redresse de son siège et saute sur lui, avant que les autres n'aient le temps de bouger.
-Demyx ! T'es enfin rentré !
-Roxy, tu es enfin venu nous rendre visite, plutôt.
Il lui rend son étreinte avec autant de jovialité, l'urgence et de la détresse en moins. Si Hayner est déconcerté par son attitude, les autres membres de la famille n'ont pas l'air de réagir au soudain gain de vie de Roxas. Merde, qui est ce type ?
-C'est qui ? Demande-t-il en les observant.
Xion lui jette un regard, tandis que Sora continue de dessiner avec Naminé.
-Mon grand frère et le père de Denzel. Roxas a toujours été comme ça avec lui.
Sora lâche un soupir moqueur et le regarde dans les yeux.
-L'écoute pas, elle dit n'importe quoi. Tu connais le lolicon ?
-Lolita complexe ? Ceux qui aiment les fillettes, non ?
-Exact. Brocon ?
-Brother complexe, répond Hayner en fronçant les sourcils, craignant la réponse.
-Bah Roxas c'est pareil avec notre oncle.
Xion rigole parce qu'elle trouve cette analogie absurde, mais ne nie pas pour autant. Hayner acquiesce, mais jette un regard à Ven, qui n'avait pas parlé jusque-là. Ce dernier lui fait un signe de tête comme pour lui dire de le suivre, ce qu'il fait, très curieux.
XX
Il existe le premier genre : femme, homme, transe. Vient ensuite le second genre, propre à chacun, qui se manifeste pendant l'adolescence. Il y a le trio très connu alpha, bêta, oméga ; celui qui s'en rapproche le plus, gamma, delta, epsilon ; ensuite le duo sentinelle et guide ; parmi d'autres festivités.
Alpha, bêta, oméga est une dynamique basée sur l'injustice et la puissance, comme on peut le retrouver chez les loups. Gamma, delta, epsilon est un trio bâti sur l'autorégulation, surtout vu chez les renards. Si l'alpha pose sa domination sur le bêta, puis l'oméga, l'epsilon est soumis au delta, qui est soumis au gamma, qui se soumet à l'epsilon.
Pour les guides et les sentinelles, c'est complètement différent. Le guide ressent (et peut même comprendre pour certains) les émotions de toutes les personnes aux alentours. La sentinelle est une ancre, quelqu'un qui lui permet de concentrer toutes ses pensées, lui assurant protection et sécurité, et qui le comprend. La sentinelle s'apparente aux alphas sur beaucoup de points, la soumission du guide en moins.
Il existe d'autres liens, mais Hayner ne les connaît pas. Quand il a été en âge de présenter, sa mère l'a emmené faire une batterie de test basique dans la clinique de son village. Malgré tous les arômes et phéromones qu'on lui a fait sentir, il n'a réagi à aucun des groupes et n'a pas présenté.
Pour cent personnes, il y a trois alphas, huit bêtas, trois omégas, quatre gammas, quatre deltas, quatre epsilons, cinq sentinelles et cinq guides.
Pour cent personnes, cinquante ne présentent pas et sont dites ordinaires. Il en reste quatorze liés par des liens rares, parfois qui sautent des générations.
Le second genre est une chose dont les concernés parlent peu, qu'ils évitent consciemment d'évoquer. Seule leur famille au premier degré le sait (parents, frères et sœurs, parfois enfants, mais pas plus loin).
Hayner n'a pas présenté et n'a aucun regret.
XX
-T'es quoi comme second genre ? Lui demande Ven quand ils sont dans le jardin.
Hayner fronce les sourcils, surpris. Si les ordinaires n'ont aucun tabou avec ce sujet et le disent sans honte, ce n'est souvent pas le cas des autres.
-Ordinaire, répond-il.
-Donc tu ne le sentiras pas, mais Roxas est un guide.
-Lui ? C'est le garçon le moins empathique que je connaisse.
Ven soupire en se grattant la tête, presque embêté.
-Je sais, mais c'est un guide. Il bloque ses sentiments, il n'y a qu'avec Demyx qu'il peut ressentir sans perdre pied.
Si ses cours de genre ont porté leurs fruits, cela ne signifie qu'une chose :
-Demyx est une sentinelle ?
-Oui, mais il ne sent pas Roxas.
Les seconds genres se sont tellement mélangés au cours des derniers siècles qu'il arrive que des Non-ordinaires ne se reconnaissent pas entre eux.
-Je croyais que ça ne marchait pas en famille, ou pas très bien.
-Roxas n'a jamais pu s'ancrer sur moi, c'est pour ça qu'il ne peut pas me saquer.
-Demyx est son oncle, comment ils pourraient être une paire ?
Ven regarde aux alentours pour s'assurer encore une fois qu'ils sont seuls et que personne ne peut les entendre.
-C'est ça le truc, Demyx n'est pas notre oncle biologique. Luxord et lui sont frères, leur mère est morte quand ils étaient petits, alors ma grand-mère les a élevés au même titre que les autres. On n'était pas censés savoir ça, mais ça me dérangeait beaucoup trop.
Les sentinelles peuvent se montrer trop protectrices envers les guides qu'ils ont pris sous leur aile. Étant son jumeau, Ven a dû considérer Roxas comme tel, alors voir Demyx traîner dans son périmètre n'a pas dû lui plaire…
-C'est pour ça qu'il lui colle autant ?
-Oui. Ma mère le sait, mais tu veux vraiment qu'elle sépare une paire ? Elle ne réalise pas.
-Elle n'a pas présenté ?
-Non.
Ça doit venir de leur père alors.
-Et non, ça ne vient pas de mon père non plus. Tu n'as pas suivi les cours de second genre ?
C'était un module optionnel obligatoire, il ne s'en souvient plus. Et oui, optionnel obligatoire, chaque putain d'année tous les de lycéens sont obligés de s'inscrire à ce module de merde pour gratter des points parce que ce truc en rapporte cinq quand même. D'autant que si on ne le valide pas, il y a de trop grande possibilité d'être recalé.
Une option, mais oui bien sûr !
Ven tape sa main contre son front, abasourdi par sa bêtise.
-Putain, mon frère a vraiment le don de mal choisir son entourage. Sans offense.
-Heureusement que tu le dis, je suis absolument offensé !
XX
-Roxas, qu'est-ce que tu branles ? On ne va pas sur la plage ?
Demyx est en train d'accorder un instrument de musique sur le canapé, concentré plus que jamais et n'a pas l'air de l'entendre. Le truc c'est que Roxas le tient au niveau de la taille en étant avachi sur son dos, paisible et heureux comme il ne l'avait jamais vu avant.
-Dégage de là, tête de con, tu ne vois pas que je suis occupé ?
-Désolé de te déranger avec mon amitié, mange merde !
-Hé, arrête de crier, je me concentre, intervient Demyx.
Les notes commencent à retentir dans le petit salon ; Roxas ferme les yeux, semblant écouter tout ce qu'il entend avec attention. Hayner soupire de lassitude et de colère, sort le plan de sa poche et se casse.
Connard. Les désavantages d'être ami avec Roxas…
XX
Sur les coups de vingt-et-une heure, Sora, Hayner, Ven, Naminé, Xion et Denzel reviennent de la plage qui se trouve à seulement quinze minutes à pied de la citadelle. Hayner et Sora ont un peu surfé, avant d'initier Ven et Naminé, puis de promener Denzel sur une planche. Xion a opté pour un bain de soleil, soulagée de ne pas s'occuper des petits pour une fois.
En recevant un message de Linoa, ils ont décidé de rentrer. Ven plaisante avec Sora, tandis que Naminé raconte avec entrain son expérience à Xion, et que Hayner porte le petit Denzel sur ses épaules, une planche sous le bras. Hayner est affamé, il espère vraiment que le repas sera prêt quand ils rentreront.
Quand ils arrivent, ils montent tous directement dans l'aile les chambres pour poser leurs affaires et prennent tous des douches rapides pour se rendre au plus vite dans la salle à manger.
Un grand blond est en plein discussion avec la mère de son (faux) meilleur ami, Linoa.
-Bonsoir, lance Xion en se dirigeant directement vers le frigo.
-Papa !
Ha, voici donc Luxord, le fameux frère de Demyx. Hayner se demande bien quel est son second genre…
La vie anime bien vite la pièce, Hayner se retrouve perdu dans cette agitation dont il n'a pas l'habitude. Il salue Linoa, qu'il connaît bien à force d'avoir squatté chez Roxas (comment a-t'il pu manquer l'existence de Ven, sans déconner ?). Elle lui présente de loin Luxord, qui montre des tours de magie à Naminé et Denzel. Les trois plus jeunes se mettent aux fourneaux avec de grands soupirs, déboussolés que ce soit leur tour.
Sora s'étonne de l'absence de sa mère, mais Linoa lui rappelle que certains magasins viennent tout juste de fermer et qu'elle n'arrivera pas maintenant. Hayner se fait héler par Xion pour qu'il lui passe des ingrédients dans le frigo ou le congélateur. Les cris de surprise et de joie des petits parasitent sa concentration, il ignore sur qui se concentrer ou vers qui se tourner. Personne ne lui parle en particulier, son meilleur ami roucoule avec son oncle, et Sora n'a pas l'air de comprendre qu'il se sent de trop.
Hayner est fils unique, jamais autant de gens ne se sont tenus dans sa cuisine, ça lui donne réellement le tournis.
XX
-Yo mon pote, ça va ?
Hayner a décidé d'aller digérer sur la véranda côté cour de la maison, sur les transats. Xion lui a expliqué pendant le repas (quand elle a compris son malaise) que personne n'y allait jamais et qu'il serait tranquille s'il souhaitait du calme.
-T'as fini de conter fleurette à Demyx ?
Roxas soupire en roulant des yeux et crache un "Ta gueule", avant de se laisser tomber dans le transat à côté de lui, un sac dans les bras. Il s'installe correctement, profitant de l'air chaud et des derniers rayons du soleil sur sa peau. Malgré qu'il l'ait lâché, Hayner est content d'avoir pu tester les vagues sur les îles du destin. Le lendemain sera mieux, à n'en point douter.
-Au fait, par rapport à Demyx…
Roxas souffle avec lassitude et agacement, son comportement le plus naturel.
-Connaissant mon frère, je suis sûr qu'il t'a dit que j'avais présenté et que j'étais un guide, que Demyx était une sentinelle et toutes ces conneries. Je t'arrête là : je n'ai pas présenté. Je ne suis pas un guide, je suis un ordinaire.
Hayner fronce les sourcils, ne voyant pas d'où vient son problème.
-Mais… tu sais que je m'en fous, pas vrai ? Enfin, on n'en a peut-être jamais parlé, mais je ne suis pas comme tous ces connards qui vont se foutre de toi. Je suis cool avec ça, Roxas.
-J'ai quand même pas présenté.
- Si j'étais un truc, je n'aurais eu aucun problème à te le dire, d'accord ? Je n'en ai rien à faire de ce que t'es.
-T'es chiant.
Roxas lui jette un truc dessus, sans se départir de son air indifférent habituel. Hayner gaine ses abdos, avant de constater qu'il a reçu une bière en verre, ce qui le fait sourire. Quand la pression est redescendue, il l'ouvre avec un briquet et trinque avec cet imbécile dans le déni.
XX
-Putain, mon frère vient d'arriver.
Xion se laisse tomber sur le transat à côté de Roxas, à peine cinq minutes après lui. Eh bien.
-Ienzo ? Tente Roxas.
-Non, cet idiot de Braig, avec ces deux crétins de fils.
-Tiens, un remontant.
Il lui file une bière.
XX
-Putain, mon frère vient d'arriver.
Sora se laisse tomber dans le dernier transat à côté de lui, littéralement après Xion. C'est un défilé ?
-Fais chier, crache-t-elle.
-J'aurais dû prendre quelque chose de plus fort. En attendant, attrape.
Roxas lui lance une bière.
-C'est bon, on est au complet ? Personne d'autre ne va venir se plaindre ?
Ils dévisagent tous Hayner, avant de rigoler gentiment.
-À part si Xehanort ou Xemnas viennent se plaindre l'un de l'autre, on est tranquille, répond Roxas.
Sans doute les fils dudit Braig. Cette manie qu'ils ont pour les "X" dans cette famille…
XX
Alors qu'ils plaisantent et discutent tranquillement de choses et d'autres, la baie vitrée de la véranda se fait ouvrir avec empressement et brutalité. Ils tournent tous la tête vers l'intrus, prêts à l'envoyer bouler comme il se doit, avant de froncer les sourcils en voyant un garçon aux cheveux noirs, ressemblant en tout point à Sora.
Le fameux frère.
-Dégage, affirme Xion dès qu'il a ouvert.
- Je ne suis pas venu pour ta gueule.
Il les scanne tous avec des yeux perçants, avant de bloquer toute son attention sur Hayner. Il lui rend son regard méchant sans raison du mieux qu'il peut, soutenu par les trois autres. Après ce qui semble une longue minute, le garçon marche jusqu'à lui sans la moindre hésitation, avant de s'asseoir sur le transat, face à lui. C'est quoi l'embrouille ?
-C'est donc toi. Je m'étais toujours demandé à quoi tu ressemblais : tu t'en sors bien.
Hayner jette des regards d'incompréhension à l'ensemble des gens présents, parce que si c'est une blague, elle est vraiment loin d'être drôle. Ils ont l'air tout aussi surpris que lui.
-On… on se connaît ? T'es qui ?
Pendant deux secondes, Hayner peut voir dans ce regard doré tout un monde s'écrouler, tous les espoirs longtemps bâtis sur une chimère s'effondrer ; comme lorsqu'on apprend à un enfant qu'une chose à laquelle il croyait dur comme fer n'existe pas.
-Tu n'as pas présenté, crache-t-il en ressaisissant.
-Non… Mais quel rapport ?
-Mais putain, tu n'as pas présenté et t'as cette odeur ? Je rêve !
Il se lève avec colère, comme s'il en voulait à la terre entière, avant de rentrer en criant après un certain "Xe !". Ils le suivent tous du regard, jusqu'à ce qu'il disparaisse de leur champ de vision, puis s'observent dans l'incompréhension la plus totale.
-Sora, ta mère a vraiment déconné en l'ayant, réplique Xion en prenant une gorgée de bière.
-J'ai toujours su qu'il lui manquait une case, complète Roxas.
-M'en parlez pas, vous ne vivez pas avec lui.
Mais qu'est-ce qu'il vient de se passer ?
