La réécriture du Bel oiseau... gagne enfin de la matière, en voici donc le prologue! C'est une réécriture en profondeur, alors même si le fil rouge tend à rester le même, je vous recommande vivement de la lire pour découvrir Obito et surtout Sakura sous un tout nouvel aspect.
Sur ce, très bonne lecture à vous!
PROLOGUE - Et dans ses yeux se reflétait l'univers tout entier
« Kanpai ! », hurla gaiement Kotetsu en faisant raisonner sa chope ambrée contre celles de ses compagnons, provoquant une vague de bière qui mouilla ses doigts d'alcool.
Trois exclamations claironnèrent à sa suite, et quatre gorges s'activèrent à avaler goulument le contenu des verres à grosses lampées. On n'entendait plus que le bruit de leurs glottes qui s'affairaient, montaient et descendaient le long de leurs cous brillant d'une fine pellicule de sueur. Puis, les quatre bocks frappèrent le bois de la table en chœur avant que ne retentît un éclat de rire général.
Izumo s'essuya la bouche d'un revers de main tandis que Raido lui offrait une bourrade amicale.
Sakura regardait les trois hommes avec une expression paisible, en le cas présent un mélange de soulagement et d'euphorie douce due à l'ambiance feutrée de la taverne.
Hier à peine ils couraient à toute allure jusqu'à la frontière du pays du Feu pour enquêter sur une histoire sordide de pillage de tombes. Bien qu'ils ne fussent pas parvenus à découvrir l'auteur de ces crimes atroces, ils avaient pu mettre l'homme capuchonné en fuite aux abords du village destitué de ses morts en le forçant à abandonner les parchemins de scellement contenant les macchabées. Ils avaient ensuite procédé à la seconde inhumation de ces derniers, comblant les trous béants du cimetière – une épreuve psychologique, même pour des ninjas expérimentés, mais également l'honneur de restituer la paix en l'âme des défunts et de leurs proches demeurés ici-bas.
De retour à Konoha une heure plus tôt dans une humeur mitigée, les quatre Jônins s'étaient de suite rendus à la taverne usuellement fréquentée par les shinobis fraîchement rentrés de mission. Après s'être rempli l'estomac de quelques brochettes de viande, il leur avait semblé nécessaire de trinquer à la vie, comme si le son cristallin des verres qui s'entrechoquent fut doté de vertus magiques - de vertus d'amitié, de bonheur et de bonne fortune, non pas pour repousser la mort, mais pour se réconcilier avec elle.
Au silence du trajet de retour se succéda les babillages futiles d'une soirée entre amis.
Parcourant l'unique salle de l'enseigne de ses prunelles émeraude, Sakura écoutait la conversation de ses camarades d'une oreille et le bourdonnement environnant de l'autre. La taverne, réputée fiable, déliait les langues des shinobis les plus avisés et constituait de ce fait un nid douillet de renseignements sur les dernières informations importantes en rapport avec l'actualité. Ainsi, des bribes de dialogue, entamé par deux Tokubetsu Jônins bien éméchés juste derrière leur table, attisèrent sa curiosité.
Après le combat contre Sasori… retournés au repaire… Akatsuki… nouveau membre.
Haruno infusa une infime dose de chakra dans ses tympans pour affuter son acuité auditive – un vilain reflexe d'espionne dont elle avait peut-être tendance à user plus que nécessaire à l'intérieur de son propre village.
- Y avait encore l'blondinet sur place, t'sais, Deidara.
(Bruissement de l'air, sans doute un mouvement dédaigneux de la main du deuxième homme.) – D'jà connu d'nos services, on s'en fout.
- Ouais bah figure-toi qu'l'était salement amoché avec ses deux bras en moins !
- Ah, j'reconnais bien là Kakashi-senpai ! (Ricanement orgueilleux.)
- Y avait Uzumaki avec, 'l'est pas si mal que ça c'gosse ! Mais bref, c'est là qu'le type bizarre s'est pointé. (Boit une rasade de saké, semble ménager l'effet de suspense. Grincement agacé de l'interlocuteur. Claquement du bol de saké sur la table.) J'l'avais encore jamais vu, pour sûr ! I' portait un masque orange, l'genre ultra kitsch qu'un shinobi d'vrait jamais mettre. I' causait super fort aussi, en s'dandinant comme s'il avait la chiasse, j'te jure !
- Tu m'racontes que d'la merde, on parle d'l'Akatsuki quand même !
- Nan, j'te jure j'te dis ! (Rot écœurant dû à l'alcoolémie.) J'l'ai vu chiper la bague du rouquin mort là, Sasori machin-truc. Et 'l'a mis à son doigt !
- Mais t'rends compte de c'que tu racontes, mec ? T'imagines ? Un barjot pareil dans une organisation d'crime organisé ?
- S'tu veux mon avis, y a un truc louche derrière tout ça.
(Hochements de tête complices.)
- Ou alors c'est juste l'Akatsuki qui régresse, c'est possible aussi, ça.
(Eclats de rire gras.)
Satisfaite de sa collecte et jugeant qu'elle n'obtiendrait de toute façon rien de plus de leur part, Sakura dissipa son chakra et reprit une gorgée d'alcool dans son verre nouvellement servi. Izumo et Kotetsu étaient encore en train de se chamailler avec la tendresse dont ils avaient le secret – il était toujours bon pour le moral de voir les Inséparables à l'œuvre. Raido, un peu plus proche d'elle que ce dont elle se souvenait avant son moment d'absence, sirotait sa deuxième chope de bière sans la quitter du regard. Le confort que cela lui apportait la réchauffait de l'intérieur, même si ça n'était pas la première fois qu'ils s'adonnaient au jeu du flirt. La sensation de familiarité et de contentement face au désir dont elle était tout autant l'objet que le sujet se révélait agréable et vivifiante. Elle s'accouda donc à la table, menton élégamment posé au creux de sa paume, et darda ses pupilles langoureuses sur l'homme par-dessous ses cils épais. Raido effleura sa cuisse de ses doigts sous la table, juste là où le short noir n'avait plus d'emprise sur sa peau. Elle frissonna à ce contact et sourit, pleine d'une tension légère.
Sous un ciel nocturne si étoilé qu'on aurait cru que les étoiles – proches, si proches d'eux - étaient comme des milliers de petites lampes suspendues dans l'air, Raido raccompagnait Sakura chez elle, son bras collé au sien, ses doigts caressant par intermittence l'intérieur de sa main chaude.
Sous le porche de l'immeuble où résidait la jeune femme, il se pencha avec légèreté au-dessus d'elle, doucement, très doucement, si doucement qu'elle sut qu'elle ne trouverait pas meilleur homme dans le village avec qui partager un bout de sa vie. Tandis qu'il prenait ses joues agréablement rondes entre ses mains calleuses, il vit dans ses yeux non seulement le reflet de la nuit étoilée, mais il y décela également un aperçu de l'univers tout entier, de ses différentes galaxies, de ses multiples planètes, de ses infinités d'astres, dans un dégradé de rose se mêlant avec subtilité et délectation à des nuances d'orangé.
Il ferma les yeux pour sceller leurs lèvres dans un baiser délicat.
Dans la poitrine de Sakura, il n'y eut ni explosion d'amour ni soubresaut ridicule de son cœur. Il ne naquit qu'une petite flamme, chaude, apaisante, et elle eut le sentiment que c'était là tout ce dont elle avait besoin.
Lorsque Raido souleva ses paupières, l'univers persistait, et l'orange s'y satura davantage.
J'espère que ce début vous a plu, à bientôt pour la suite et n'hésitez pas à me laisser vos avis! :-)
