Disclaimer : Les personnages cités dans la septualogie (?) d'Harry Potter sont propriétés de son auteur, madame Rowlings, les autres sont de mon cru...
Pairing : Lily/James
Warning : Une fois n'est pas coutume, ça ne m'arrive pas souvent, mais il y a quelques beaucoup passages vulgaires ou sous entendus grossiers et crus. Donc, si vous êtes contre le fait de mettre dans la bouche et les actions de personnages aussi respectueux que James et Lily des termes qu'on est sûr qu'ils n'auraient jamais prononcés, mieux vaut ne pas lire celle-ci.
Résumé : Lily est perdue. Elle ne sait plus si ce qu'elle fait est ce qu'elle veut. Elle ne sait pas si quelqu'un voudra l'aider. Et sutout, elle refuse de faire confiance à James.
Notes : Ceci est la première partie de ce qui était à la base sensé être un OS, et qui portera deux parties, voir trois. je comptais le terminer pendant les fêtes, comme ça, vous savez qu'il ne faut pas s'attendre à la fin avant Noël. C'est différent de tout ce que j'ai déjà fait et j'ignore si ça passe ou pas... (Ceci est un manière déguisée de dire que j'ai hésité très longtemps avant de publier) J'attends vos impressions!
Bonne lecture !
It's gonna be love
Phase I : Ouvrir les yeux
25 Septembre 1977
Lily posa son sac sur la petite table de la salle commune et souffla douloureusement. Elle était actuellement en train de tester un tout nouveau sentiment : la honte d'elle-même.
« Bonjour Lily » Murmura une voix chaude à son oreille. Elle sourit et se laissa tomber dans le canapé à ses côtés.
Tout avait commencé vers la 4e année. Elle avait lu quelques bouquins moldus, sur la génération 'peace et love' de son époque. Et elle avait fait pour erreur de prendre ces adolescents déjantés comme modèle.
« Bonjour Sirius. Tu as passé une bonne journée ? » Demanda-t-elle au garçon installé à côté d'elle.
Dans ces livres, cela semblait tellement facile. Les gens ne prêtaient attention à rien. Ils s'amusaient, ils vivaient. Ils étaient eux même. Quelle saleté d'utopie !
« Quel ton austère, Lilounette ! Rupture ? »
Mais Lily avait cru que l'on pouvait vraiment vivre comme ça. A ce moment-là, une rumeur circulait dans Poudlard : une fille de dernière année était enceinte, elle avait dû quitter l'école. Il ne fallait pas oublier que cette génération 'cool' l'était surtout. Y compris dans les relations entre les sexes opposés… et le sexe tout court.
« Encore. Je l'ai bien cherché, non ? » Répondit-elle vaillamment, espérant de tout son corps (car coeur elle n'avait pas) qu'elle n'allait pas craquer et s'effondrer dans les bras de Sirius. Ce serait horrible.
Et puis, Lily venait d'avoir 15 ans, ses hormones la travaillaient, elle avait rencontré le petit ami de sa sœur pendant les vacances de noël et elle adorait vraiment ces bouquins.
Et elle avait fait comme elle en avait envie à ce moment-là.
« Pourquoi tu dis ça ? Un garçon qui largue une bombe comme toi est vraiment un enfoiré … et aveugle par la même occasion. »
Lily Evans, 15 ans, était devenue une mangeuse d'homme. Elle savait qu'elle était jolie, il suffisait de voir le regard assoiffé de ces mecs quand elle passait dans la cour. Ou bien le regard envieux des autres filles. Il suffisait de quelques clignements de cils et elle se 'faisait' qui elle voulait.
« Sirius Black ! » Grinça-t-elle en le tapant sur le sommet de la tête « Une relation amoureuse ne peut pas reposer uniquement sur le sexe ! »
Seulement voilà. Comme tout humaine qu'elle était, elle avait grandi, évolué, mûri. Elle voulait autre chose qu'un flirt, une passade, un crush de quelques jours. Lily avait 17 ans, quelques semaines encore et elle serait plus vieille d'un an. Aujourd'hui, elle voulait quelque chose de vrai, de durable, de stable. Avec un garçon qui ne la considérerait pas comme de la merde ou une salope. Parce que soyons clair, comment définiriez-vous autrement une fille qui s'est tapé la moitié du bahut ?
« Vraiment ? » Sirius mima l'étonnement, ce qui fit rire Lily. « Allons ma belle. On sait toi et moi que ce n'est pas une chose importante pour toi. Et puis, je croyais que c'est ce que tu voulais, non ? »
Et maintenant, après trois ans à ce régime, qui pourrait croire que Lily Evans n'avait qu'un fantasme : tomber amoureuse.
« Voulais Sirius. Pas veux. » Elle souffla et se cala un peu plus profondément dans le creux de son épaule. Sirius était celui avec qui elle avait le plus d'affinité. C'était plus que ça, de l'amitié en fait. Et puis, il possédait quelque chose d'infaillible pour la garder près de lui : une épaule confortable.
« Comment je peux… je » Il ne comprendrait sûrement pas. Peut-être devrait-elle en rester à ce qu'elle pensait ce matin. Tout était plus facile, avant qu'elle ne s'aperçoive quel type de fille elle était. « Je m'ennuie »
Sirius éclata de ce rire qui lui était si particulier et serra Lily par les épaules
« C'est à moi que tu veux faire croire ça ? » Demanda-t-il en lui caressant les cheveux « Je te connais Liloune, qu'est-ce qui ne va pas ? »
« Je ne veux plus Sirius » Répondit-elle timidement et elle ne put rien faire d'autre que sentir ses yeux s'humidifier.
« Et personne ne t'oblige » Répliqua-t-il d'un ton calme, tellement sage, que Lily eut envie de le croire.
« Tu ne comprends pas ! » A quoi servirait-il de s'énerver sur la seule personne avec qui vous pouvez vraiment discuter ? Elle respira, se calmant, pensant à toutes les choses qu'avait été sa relation avec Sirius jusqu'ici « Je veux plus qu'une partie de jambe en l'air. Je.. » Elle gémit, comment pourrait-elle lui expliquer un truc si niais ? Il se moquerait d'elle, assurément « J'aimerais ne pas te ressembler autant »
A nouveau, il rigola, puis se détacha d'elle et prit son visage en coupe entre ses mains. Etre avec Sirius avait quelque chose de rassurant. En l'observant un peu plus en détail, Lily put même comprendre la raison de tant de succès. Sirius s'adaptait. Il était l'ami confiant, réconfortant, joyeux, positif, rieur. Et quand il essayait, il parvenait même à être sérieux et compréhensif.
« Tu veux juste redevenir quelqu'un de normal ? » Tenta-t-il et il toucha juste « Tu aimerais une banale histoire d'amour et les garçons ici ne t'offrent que des bagatelles ? »
Lily sécha ses larmes, les empêchant d'encore couler le long de ses joues. « Et depuis quand tu es un expert en psychologie féminine, toi ? »
« Oh, tu sais » Il fit un vague geste de la main « J'ai eu beaucoup de ruptures – et beaucoup d'occasions d'entendre ces filles s'époumoner à me crier comme j'étais un salaud. » Il soupira et embrassa Lily sur le nez « Et puis, il y a Remus »
« Remus » Soupira Lily en se levant. Elle alla s'asseoir devant la fenêtre et fixa la lune d'un air consterné « Qui soupçonnerait ce qui se cache sous les dessous angéliques de Remus ? »
Sirius se tendit… Lily saurait-elle ? Mais elle ne lui laissa pas le temps de répondre et continua à se confier, profitant du vide de la salle commune.
« Après tout, sans Remus, je n'en serais pas là, non ? Si le gentil Remus ne m'avait pas traitée comme je le méritais, je ne me serais jamais posé de question, n'est-ce pas Sirius ? Remus. » Dit à nouveau Lily.
Ce fut comme une chute en balai de plusieurs mètres pour le jeune homme. Très dur à reconnaître que le traître avait été Remus « Tu » Il avala sa salive, essayant de ne pas employer un ton accusateur « Toi et Remus, vous avez »
« Bien sûr, pourquoi les garçons de Gryffondors échapperaient à la tornade Evans ? C'est vrai, toi et moi n'avons pas couché ensemble, pas plus qu'avec Potter ou Pettigrow… alors, finalement, pourquoi pas Lupin ? »
Il n'aima pas le ton cynique qu'elle employa mais il n'eut pas l'envie de s'en préoccuper. Remus qui rassurait James et lui assurait que Lily pourrait peut-être tomber finalement amoureuse de lui. Lunard qui réconfortait Cornedrue en lui confiant, après chaque refus, qu'elle n'en valait pas la peine. Lupin, qui couchait avec Evans, dans leur dos à tous.
Cela détruirait James plus assurément que ce que Lily et Rogue pourraient lui infliger en collaborant. Merlin sait pourtant qu'ils étaient forts pour taper sur les points faibles.
« salopard d'hypocrite d'enf- » Commença Sirius mais Lily l'interrompit avec un regard grave
« Arrête Sirius, c'était il y a longtemps. Il était même encore puceau » Elle rit, légèrement, d'une façon éphémère. « Tu devrais voir ta tête »
« Ce n'est pas drôle, Lily » Cracha Sirius avec verve « Cet enfoiré s'est foutu de nous »
« C'était en cinquième ! » reprit Lily sans prêter attention « C'était en octobre. Ton copain Potter n'avait pas encore viré obsessionnel »
« oh » Sirius se calma, bien qu'il n'ait pas pour autant pardonner à son ami. Il s'était bien gardé de dire la moindre chose ! « Alors, c'est quoi le problème Lily ? »
« Il est venu me voir ce matin » Elle alla s'asseoir dans un fauteuil, au coin du feu. Celui-là même que James choisissait toujours. « J'avais encore… enfin, un mec s'est échappé en courant du dortoir quand il a aperçu la fureur de Lupin. C'était pour une bête réunion de préfet mais… je ne sais pas, il a fait comme les autres, il m'a jugée. Mais lui, il me l'a lancé en pleine face. Il m'a fait prendre conscience de ce que je faisais de ma vie. Il m'a obligée à ouvrir les yeux. Mais c'est trop tard, trop tard »
Sirius vint s'asseoir par terre, devant elle, et la fixa un long moment dans les yeux, y cherchant une réponse, avant de déclarer « Qu'est-ce que tu veux vraiment, Lily ? »
Un larme coula le long de sa joue, puis une seconde… « Je veux quelqu'un qui m'aime. Je veux quelqu'un qui fasse attention à moi autrement que pour mon corps, je veux quelqu'un qui me comprenne, me chérisse, me protège. Je veux quelqu'un qui n'essaye pas de coucher avec moi à la première occasion. Je veux juste, quelqu'un qui me connaisse, vraiment, moi, Lily Evans, préfète, première de classe, rousse aux yeux verts. Pas Evans le bon coup »
« Et si je te dis que ce quelqu'un existe, ma puce ? » Murmura Sirius en lui offrant à nouveau son épaule et lui embrassant le haut du crâne.
« C'est impossible. Tout le monde a vu comment je me comporte, qui me ferais confiance ? » Lily essuya ses larmes d'un geste rageur. Elle se leva et fixa gravement Sirius. « C'est impossible, je le sais, tu le sais, je m'y ferai. Je l'ai bien cherché après tout »
« Ja - » Commença-t-il, mais une voix grave s'éleva du fond de la pièce. Une voix que Sirius ne connaissait que trop bien. Depuis combien de temps était-il là ?
« Moi, j'aurais pu l'être si tu m'avais laissé une chance, Evans »
Lily se retourna aussi vivement que si le feu l'avait brûlée. Et ce qu'elle vit la cloua. James Potter ne venait pas juste de sous-entendre ce qu'elle pensait qu'il avait sous-entendu, il l'avait fait alors qu'il tenait sa petite- amie dans ses bras. Petite- amie avec qui il était depuis au moins trois mois, si elle se souvenait bien.
La jeune file n'eut pas l'air d'apprécier non plus que son gentleman préféré fasse, en quelque sorte, des avances à une fille devant elle car elle se détacha de lui avant de le fixer avec des yeux furibonds.
« Qu'est-ce que tu viens de dire ? » S'énerva-t-elle mais le garçon n'y prêta pas attention, il fixait Lily du regard. « James, je te parle ! »
« Tu as très bien compris ce que j'ai dit » Se contenta-t-il de répondre, sans lui accorder un regard. Nathalie – ou Athalie ou quelque chose du genre – sembla mesurer la possibilité de lui retourner une gifle pour être ce bâtard. Puis, elle aperçut Lily qui la fixait aussi, se demandant comment on pouvait réagir dans une telle situation, et elle opta pour la solution de le taper sur le bras puis de partir se coucher comme une furie et sans un mot.
Potter sembla enfin se réveiller « Magali … » Puis, il haussa les épaules et se tourna vers Lily qu'il sonda d'un regard profond. Pour une fois, la jeune fille se sentit infiniment mal sous ses yeux qui semblaient lire en elle, elle détourna la tête et regarda dehors.
« Qu'est-ce que t'as entendu exactement ? » S'enquit Sirius, espérant vraiment qu'il n'était pas là pour la partie 'Remus'. Il était furieux contre le lycanthrope mais ce n'était pas une raison pour le jeter au visage de James.
« Je sais que Remus ne t'avait rien dit à propos de sa première aventure, en tout cas » Sirius accusa le choc, alors comme ça ? « Oui, je savais. Quand… quand j'ai commencé à poursuivre Lily, il m'a expliqué à quel point elle a été salope avec lui »
La jeune fille renifla bruyamment d'une façon rageuse et se retourna vers lui « oh, et c'est sûrement à cause de ça que je t'ai intéressé, non Potter ? une façon vite fait bien fait de s'en faire une autre ! »
« Hum » Il sembla réfléchir « Sûrement que ça m'a fait m'intéresser à toi encore plus, oui. Mais pas pour une histoire de cul ou quelque chose comme ça. J'ai voulu découvrir ce qui t'avait poussé à agir ainsi. Et je me suis fait avoir » Rajouta-t-il dans un murmure si bas que Lily se demandait s'il avait réellement dit cela. Et que voulait-il dire ?
« Je vais dormir » Grommela Sirius en montant les escaliers. James l'en remercierait plus tard et Lily l'égorgerait de la laisser en tête à tête avec l'amoureux de pacotille.
« Moi aussi » Ajouta la jeune fille mais il la retint durement par le poignet. A nouveau, leurs yeux se croisèrent, et elle y lut de la détresse. Beaucoup de détresse et des questions.
« Pourquoi moi ? » Demanda James bien qu'elle, ne comprenait pas encore « Pourquoi quand moi, je te demande de sortir avec moi, tu dis non et tu vas avec tous les autres ? » Sa voix était douloureuse et Lily, malgré elle, se retrouva à nouveau en cinquième, quand Potter la poursuivait, à corps et à cri, et qu'elle profitait des joies du vice corporel.
« Pourquoi quand je dis que je t'aime, tu rigoles ? Pourquoi quand je te regarde, tu dérobes ? Je te dégoûte à ce point Evans ? »
Elle souffla, se dégagea et alla se mettre devant le feu. Elle avait froid, James Potter avait mis un grand froid en elle, et elle savait pourquoi. Mais elle ne pouvait pas le dire. Il s'installa à côté d'elle et, à nouveau, l'obligea à le regarder. Lily n'avait jamais pu supporter la puissance de ce regard, la profondeur, sa signification. Elle se sentait si mal à chaque fois devant lui .
« J'étais amoureux de toi Lily. Je l'étais vraiment » Murmura James alors que pour la troisième fois, elle fondait en sanglots. Doucement, elle vint poser sa tête sur son épaules et il l'enserra de ses bras.
« C'est faux. Tu voulais juste coucher avec moi. Comme tous les autres » elle renifla et s'éloigna, puis se releva et commença à monter les marches.
« Je t'aimais vraiment Lily ! Un mot de toi et je ne prendrai même pas la peine de me faire pardonner de Magali. » Il semblait désespéré. Et si Lily le croyait ? Ils pourraient…
« Mais je ne dirai rien, Potter. Tu ne peux pas m'aimer, tu es trop vivant pour ça » Elle monta le reste des escaliers et s'engouffra dans sa chambre. James, resté au milieu de la salle commune, fixa longtemps cette porte. Tu es trop vivant
Lily était sûrement la personne la plus compliquée qu'il connaissait. Et c'est ce qui faisait son charme.
19 Octobre 1977
James était assis dans la salle commune, légèrement somnolant. Il revenait de l'entraînement de Quidditch, qui avait été une véritable horreur. Son gardien- Colander – était une véritable passoire.
C'était simple. James s'était bandé les yeux. Il était monté très haut et redescendu très vite pour se désorienter. Il avait attrapé un souaffle au vol et s'était laissé guider pars ses coéquipiers vers les anneaux. Et il avait marqué chaque point, en visant à chaque fois au même endroit, refaisant six fois de suite la même feinte et sans rien voir.
Il avait lu cette technique d'entraînement dans un magazine de Quidditch. Les champions du monde actuel – les kirghiz- l'utilisaient pour s'entraîner. C'était sensé renforcé à la fois le travail d'équipe (qui guide le poursuiveur à la voix) et la sensibilité du joueur aveugle.
Découragé, il avait fait joué ses deux autres poursuiveurs. Ils avaient tous deux marqués plus de la moitié des tirs. Sans rien voir. Et sans feinter. James grimaça. L'année était très mal partie, la saison de Quidditch définitivement perdue.
Il laissa son regard se promener autour de lui. Remus était assis dans un fauteuil avec une brune sur les genoux. Elle s'appelait Morgan. Pas Morgane, Morgan, avec un 'an' au bout comme dans combattants. Il ne souvenait plus du nombre de fois qu'elle l'avait repris. A croire qu'elle détestait l'idée d'avoir un nom de fille.
Plus loin était Sirius embrassant Magali et à côté Lily embrassant Augusto. Ils faisaient un concours de baisers. Au couple qui s'embrasserait le plus longtemps. Et en y mettant la forme.
Il dut détourner le regard. Il ne savait pas ce qui était le plus dégouttant. Voir Sirius triturer la gorge de son ex ou bien voir Lily rouler une pelle démente à ce rigolo. Il souffla, décidé que la soirée était définitivement morte, et décida de monter se coucher.
En passant à côté des couples, il trébucha sans le faire exprès sur le pied d'Augusto, qui s'éloigna de Lily pour crier, et fit gagner Sirius. La jeune fille sauta aussitôt sur ses pieds, essuya un peu de salive au coin de sa bouche et se mit face à lui.
« C'est quoi encore ton problème Potter ? » Demanda-t-elle agressivement. Tout le monde savait que si Lily détestait une chose, c'était bien de perdre.
« Je me disais juste que Remus ne t'avait pas remis les idées en place pour bien longtemps »
Il la contourna et monta, sans chercher à se défendre quand elle l'accusa d'être jaloux et de ne pas supporter de voir d'autres garçons obtenir d'elle ce qu'il ne pouvait qu'imaginer.
Il ne répondit rien. Il avait cru qu'elle allait changer quand il était en 5e. Quand il était tombé amoureux d'elle, il avait cru que son amour la changerait. Il n'en avait rien été.
Un mois plus tôt, il avait pensé que cette fois, ça y était. Elle s'était rendue compte. Elle allait arrêter de se comporter d'une manière lui ressemblant tellement peu. Cela avait duré deux jours avant qu'elle se trouve un nouveau mec pour la semaine.
Et encore, peut-être avait-elle battu là son record de longueur.
Comme un automate qu'il était peu à peu devenu au cours des 7 années passées au château, il rentra dans le dortoir et alla se doucher, puis s'étala dans son lit.
Il avait détesté la 5e et tous ses devoirs – comme si les profs croyaient qu'en leur laissant le moins de temps possible, ils allaient le consacrer à étudier pour leurs buses. Ce n'était rien comparé à la 7e. Même lui, qui était un as pour les devoirs 'vite fait, bien fait', était surchargé.
« Confronte là » La voix le sortit de ses pensées. Il releva difficilement la tête. Sirius se tenait dans l'embrasure, une épaule appuyée sur le chambranle.
« La confronter à quoi ? » il était inutile de demander qui, le nom d'une seule fille était prononcé dans ce dortoir – et c'était Lily. (En considérant le fait que Morgan était un nom de garçon, évidemment)
« J'ai discuté avec elle hier soir »
« Tu discutes avec elle tous les soirs, pat »
« Elle n'allait pas bien »
« Ca prouve qu'elle est quand même humaine »
Sirius soupira et s'installa par terre, le dos collé au lit de James. Celui-ci fixait le plafond, étendu sur le dos. Aucun ne parla pendant un moment.
« Elle ne s'en sortira pas sans toi » Confia Sirius
« Elle ne veut pas de moi » Cassa James. Il avait eu deux ans pour en prendre pleinement conscience. « Que j'essaie d'être son ami, son copain ou son ennemi, ça ne marcha pas- elle m'oublie. Elle ne veut pas de moi » répéta-t-il
« Alors oblige-la à te voir ! » Commença à s'énerver l'autre « Tu es le seul mec de tout ce fichu bahut à avoir suffisamment de morale pour la sortir de là. Prends toutes tes belles paroles à la noix et confronte-la. Oblige-la à t'entendre »
« J'ai essayé pendant quasiment deux ans Sirius » James souffla, se passa la main dans les cheveux pour se rafraîchir- il avait étrangement chaud « Je ne peux pas l'obliger à m'aimer »
« Tu peux lui faire comprendre que tu l'aimes »
Il s'étrangla à moitié. « Je lui ai dit des milliers de fois ! J'ai mis ma foutue fierté de côté et je lui ai avoué que j'étais amoureux d'elle – et elle a ri. Elle a ri, Sirius. »
« Elle ne t'a pas cru »
« Elle n'avait qu'à le faire. C'est elle que ça regarde, j'ai fait plus que ma part du boulot »
« Prongs »
« On est deux dans un couple » James ferma le rideau, se tourna sur le côté « J'ai déjà fait le travail d'une personne et demie »
5 Novembre 1977
« Et pouffsouffle marque à nouveau, creusant l'écart de 10 autres points. Ils mènent maintenant avec 150 à 90. Allez les Gryffondors, faut vous reprendre ! » La voix de Morgan s'éleva dans le stade tandis que James renonçait à déplorer son sort.
Deux fois seulement depuis le début du match, les tirs pouffsouffles avaient été arrêtés. La première car un des batteurs avait perdu ses lunettes et avait confondu souaffle et cognard. D'un coup de batte, il avait renvoyé la balle rouge de l'autre côté du terrain sous les rires de toutes l'assistance. La deuxième, c'est parce que lui, James, capitaine de la pire équipe que Gryffondor ait jamais porté, était passé par là à ce moment et avait cueilli la balle à la place du gardien.
Il fit signe à son attrapeur d'accélérer la cadence. Ils ne tiendrait pas longtemps encore, l'équipe adverse commençait à comprendre leur stratégie et bientôt, il serait encore plus dur pour Gryffondor de marquer. Le seul point positif du match fut que la technique d'entraiment à la Kirghiz marchait parfaitement, lui et ses coéquipiers étaient en parfaite osmose.
« Johanson attrape le souaffle, il effectue une passe vers Ackerley qui rattrape en beauté, il se place face aux anneaux – Vas y Colander, tu peux l'attraper !- lance mais son balai est touché par un cognard de Peakes qui sembla avoir retrouvé ses binocles et le tir finit dans les mains de Worpel qui passe à Potter qui fonce en direction des go- mais attendez, voilà Zograf qui est touché à la tête par un cognard qui semble s'être égaré. Il a l'air en mauvais état. Allez gryffondor, c'est votre chance, poufsouffle n'a plus de gardien ! »
« Miss Zeller ! » Interrompit la voix de Slughorn, dans le fond. « pas de favoritisme ! »
« pardon monsieur » Reprit la jeune fille « Et Potter marque ! réduisant ainsi l'écart de 100 à 150 en faveur des jaunes. Oh mais attendez, voilà Amanda Stewman qui effectue un plongeon en piqué vers le sol, talonnée de près par l'attrapeur gryffondor – pendant ce temps, Peakes lance un cognard à travers ses propres goals – voilà Cadwallader qui rattrape Stewman- Gryffondor-pouffsouffle côte à côte en direction du sol, elles sont à trois mètres, deux, un – se rétablissent et remontent en piqué – il semblerait que le vif soit d'humeur joueuse aujourd'hui.. Pendant ce temps, Colander laisse passer le score à 160 pour Pouffsouffle – Bande de blaireaux ! »
« Mlle ! »
« Mais monsieur, c'est juste le nom de l'animal de leur maison ! »
James cessa d'écouter le commentaire et se concentra sur le jeu en lançant un regard meurtrier à Colander. C'était décidé. Il passerait de nouvelles sélections dès demain pour un nouveau gardien – personne en pouvait être pire que ce mec ! Il vola en direction des buts pouffsouffles, apercevant son deuxième batteur – Lyndsay Lynch – attraper par hasard le souaffle et l'envoyer à Fenwick par une passe courte.
Celui-ci se mit en parallèle avec Worpel et ils effectuèrent à merveille la feinte de Scarpin embrouillant les idées des poursuiveurs Pouffsouffles par leur jeu de balle – il devrait penser à les féliciter pour maîtriser si bien la technique – Worpel fit une dernière passe à James qui s'envola, menant les pouffsouffles à sa suite puis entreprit une descente piquée vers les buts – les pouffsouffles étaient maintenant au dessus de lui – il envoya la balle vers le bas direct dans les main de Lynch qui marqua sans problème. Le gardien, Zograf, ne semblait toujours pas remis de son cognard sur la tête.
Mais Johansen reprit la balle et fila dans la direction inverse. Elle disposait d'un balai de course, pas pratique pour les manœuvre mais imbattable en vitesse – James savait qu'ils n'allaient pas la rattraper avant qu'elle marque. En effet, deux minutes plus tard,
« ce qui nous fait un score de 110 à 170 et … ça y est, Stewman attrape – et non, le vif s'enfuit à nouveau. Mais, attendez, voilà Colander qui semble prêt à tomber de son balai. » James releva la tête. Son gardien avait les mains dans le dos, ne tenant plus son manche. Il s'envola vers lui.
« Colander, qu'est ce que tu fous ! » Hurla-t-il.
Le jeune homme releva la tête et cria « Dans mon dos, il est dans mon dos ! » James aperçut le souaffle passer un des anneaux à ce moment – 110 à 180 – et se précipita vers Colander. Il essaya un moment de libérer son gardien d'une petite boule qui bougeait dans son dos puis, s'avisant que ce n'était pas possible, il se mit en équilibre sur son balai, lâcha ses mains, pria merlin de garder la stabilité de l'air – entendit à nouveau le souaffle passer les anneaux-
« Occupez vous d'eux ! » Cria-t-il à Peakes et Fenwick, ses batteurs, alors que tout le monde se demandait ce qu'il fabriquait exactement. Il espérait sincérement que son intuition était bonne. En effet, deux minutes et 10 autres points pour Pouffsouffle plus tard, il souleva un des pans de sa robe et sa main se referma sur le … vif d'or.
Paralysé un moment, James finit par lever le bras, tétanisé de stupéfaction. Peut-être que madame chance état avec lui, finalement ?
« Et James Potter brandit le vif d'or, sous l'œil indigné des Pouffsouffles criant au complot. Attendez, Madame Bibine nous signale que seul un attrapeur peut clôturer le match, Potter s'envole en direction de Cadwallader à qui il donne le vif et ça y est, c'est officiel, Gryffondor gagne son premier match 260 à 200 ! Score remarquable si l'on compte la présence de Colander et Peakes chez les lions ! »
La fête battait son plain dans la tour gryffondor. Tout le monde célébrait la victoire de Quidditch. James était assis sur un fauteuil face au feu de cheminée, une bierraubeurre à la main, riant d'une pitrerie de Peter imitant Colander face au Souaffle.
Soudain, il sentit un souffle chaud à son oreille et une voix sensuelle murmurer « J'ai un cadeau pour toi, Pote Potter »
Son sang se figea. Lily Evans était-elle réellement en train de lui faire une proposition – tout du moins, lui parlait-elle vraiment d'elle même ? « Viens ! »
Elle lui prit la main et le traîna hors de la salle commune. C'est en la voyant marcher et rigoler toute seule dans l'allée déserte que James comprit qu'elle était un peu éméchée, ce qui expliquait beaucoup.
« J'ai couché avec Adrew Vablatsky et Ken Towler tu sais » Confia-t-elle en entrant dans la première salle qui se présentait à elle. Il la suivit à l'intérieur et lui prit son verre des mains en grimaçant. Il ne fallait surtout pas laisser à son esprit le loisir d'imaginer ce qu'elle venait de dire.
« Où as-tu trouvé ça, Lily ? » Demanda-t-il en reniflant la substance qu'elle buvait- ce n'était sûrement pas les elfes qui leur avait donné quelque chose d'aussi fort
« ma réserve personnelle » Elle hocha la tête comme une petite fille qui vient de livrer son plus grand secret « Mais chut »
James souffla, se demanda quel quantité d'alcool elle avait ingurgité pour ne même plus se rendre compte de ce qu'elle disait. « Où as-tu trouvé ça, Lily ? » Demanda-t-il à nouveau patiemment. Il avait déjà assister à quelques beuveries, et il était parfois resté relativement sobre, suffisamment pour s'apercevoir que quand les gens sont soûls, mieux vaut les prendre avec des pincettes.
Elle tapota sa poitrine en souriant d'une air coupable et en acquiesçant « j'en garde toujours un peu sur moi » Elle sortit une flasque en métal de la poche intérieur de sa robe « pour me donner un peu de courage »
James la lui prit des mains également et renifla – ça sentait un peu comme du whisky pur feu, peut-être plus fort encore. Sûrement un alcool moldu qu'il ne connaissait pas. « Pourquoi as-tu besoin de ça ? »
« Pour tu sais » Elle fit un signe de tête qu'il ne comprit pas « me donner du courage avant »
« Avant quoi ? » Soupira-t-il. Il n'aimait pas vraiment la tournure que prenait les évènements de cette soirée. Lily voulut s'asseoir sur un bureau mais perdit l'équilibre et tomba dans ses bras. Elle commença à rire idiotement.
« Pour ça » Elle se remit debout et vacilla un peu avant de s'échouer sur une chaise. « les mecs sont tellement obnubilés par me retirer mes vêtements qu'ils ne s'aperçoivent même pas de mon haleine » elle se gratta le menton « ou alors c'est les bonbons qui masquent »
Il secoua la tête, empêchant des images de Lily et d'autres gars s'embrassant ou se déshabillant mutuellement de se former dans sa tête. « Ca fait longtemps ? »
Elle croisa les bras, serra les lèvres, apparemment en pleine concentration avant de s'exclamer, contente « Un peu plus d'un mois ! »
Elle avait ce sourire enchanté et ses yeux brillaient, exactement comme quand elle répondait juste à une question en classe ou quand un prof la félicitait pour son travail. James aimait la voir ainsi. Elle était encore sa Lily, innocente et gentille, cette Lily dont il était tombé amoureux.
« Lily » Soupira-t-il « Il ne faut pas » Il s'assit à côté d'elle. « Pourquoi tu continues si tu n'aimes pas ? »
« Je vois pas ce que je peux faire d'autre » Affirma-t-elle en relevant le menton. « je fais ce qu'on attends que je fasse »
« Ne peux-tu pas envisager de faire ce que tu veux faire ? »
Elle éclata de rire, mais bientôt, ses rires devinrent des pleurs et elle se réfugia contre l'épaule de James qui ne savait pas vraiment quoi faire. Quelques minutes plus tard, elle renifla bruyamment et s'écarta. Son visage était sillonné de larmes. Elle les essuya d'une main et sourit entre deux sanglots. « j'ai besoin d'air frais »
« attends une minute » Murmura James. Il sortit, alla récupérer sa cape d'invisibilité puis retourna à la salle où Lily l'attendait bien sagement assisse sur sa chaise, les pieds repliés en dessous d'elle.
« Viens » Lily se redressa et se mit sur ses pieds difficilement. James pouvait presque sentir la tête lui tourner à sa place. Il osait aussi à peine imaginer la tête qu'elle aurait en cours le lendemain, après avoir cuvé. Il faudrait vraiment penser à déplacer les match de Quidditch le samedi.
Il lui attrapa la taille et les couvrit de la cape d'invisibilité que lui avait confié sa grand mère avant de mourir. ( Ton père était bien trop sérieux pour que je la lui confie – il l'aurait donné au ministère juste pour les remerciements ) Il la guida à travers les couloirs, lui demandant de faire moins de bruit à plusieurs reprises.
Mais Lily semblait à peine s'en rendre compte. Elle trébucha plusieurs fois, parlait forte et riait souvent bruyamment alors que ses yeux étaient encore rouges. Ce fut un miracle qu'ils arrivent au parc sans s'être fait remarqué.
A peine eut-elle vu l'extérieur que Lily retira la cape et courut dehors. Levant les bras en l'air, comme remerciant le ciel pour un peu de fraîcheur. Il ne faisait pas froid. En fait, considérant le fait que l'on était en Novembre, il faisait même très chaud pour la nuit.
Elle se dirigea en gambadant gaiement vers un grand chêne et James grimaça. Se retrouver ici seul avec Lily faisait remonter quelques mauvais souvenir, dont le fameux après-midi au bord du lac, après l'épreuve des Buse de Défense contre les forces du mal. Il s'en souvenait particulièrement car Lily avait crié vraiment très fort et McGonnagal aussi. Il n'avait pas été nommé capitaine de Quidditch en 6e à cause de ça – puisque le temps n'avait pas permis ne lui donner de retenue avant le retour dans les familles.
Lily s'assit sous le chêne, elle regarda un instant la lueur de la lune se dessiner à la surface ondulante du lac puis elle lui sourit en tapotant la place à côté d'elle. Il prit docilement place et se sentait étrangement bien. La jeune préfète fixait le ciel d'une manière émerveillée, comme si c'était la première fois qu'elle le voyait. Il trouvait ça touchant.
« Regarde ! » S'exclama-t-elle soudain en levant le bras « Là-bas, à gauche, l'étoile qui brille le plus, c'est Sirius » Elle rit et abaissa son bras, laissant son regard se promener encore un peu autour d'elle. « C'est rare de la voir à ce moment ci de l'année, d'habitude, c'est fini en octobre »
James sourit et acquiesça. Il savait cela, comme tout bon élève qu'il était, il avait étudié ses leçons d'astronomie. Mais il était actuellement en train de se dire que les cours auraient été autrement plus intéressant si Lily les leur avait donné.
Il leva aussi son regard sur le ciel et, fut comme toute personne regardant les étoiles, émerveillé par tant de beauté, par le gigantisme de la nature, par toutes ces émotions écrasantes. « C'est une belle nuit » Chuchota-t-il.
Lily acquiesça et se blottit contre lui, la tête dodelinant légèrement. L'alcool qu'elle avait ingurgité ce soir commençait à avoir des effets secondaires. « J'adore boire de temps en temps – ça te rend lucide »
Il s'apprêtait à la contredire mais elle continua « Je n'ai jamais vraiment regardé le ciel, je suis dessous tous les jours et il faut que je boive pour me rendre compte à quel point c'est beau »
Il sourit, appuya sa tête sur le tronc. Définitivement bien. « Lily » Hasarda-t-il « je sais que je t'ai souvent posé la question mais »
« Tu vas profiter du fait que je n'ai pas les idées claires pour me faire sortir avec toi ? » Demanda-t-elle abruptement en se raidissant « Parce que je te préviens, je n'aurai peut-être pas la force de résister ce soir mais demain je te haïrai vraiment- je te détesterai plus que jamais »
« Ce n'était pas mon intention » Il ferma les yeux, se concentra sur sa question. Cette question qui le rongeait depuis deux ans. La question, pas dévier de sujet. Comprendre. « Pourquoi moi ? »
Elle soupira et s'assit en tailleur. « Pourquoi pas toi tu veux dire ? »
Il acquiesça, gardant les yeux fermés, serrés le plus possible, ne pas souffrir. Rester concentré. « C'est la guerre James »
Raté, il ouvrit les yeux, trop surpris. Et surtout, complètement perdu. « Hein ? » Demanda-t-il intelligemment.
« Tous les jours, il y a des meurtres, et nous, ici, on peut juste observer les élèves qui sont dévastés par la perte d'un proche » Sa poitrine se serra douloureusement. Oh que oui, il savait. Elle parlait de la Guerre. Dehors, où les gens étaient décimés à petit feux. Elle parlait du rituel matinal, quand tout le monde se rassemblait autour de Morgan en se demandant Qui ? Qui allait devenir orphelin ? Qui allait être avorté d'un frère, d'une sœur, d'une tante ? Qui était mort depuis la veille.
« ça m'est arrivé et ça t'est arrivé aussi. En troisième, je m'en souviens. J'avais oublié mon livre de sortilèges et je suis montée le chercher en vitesse. La salle commune était vide. Il n'y avait que toi. Tu pleurais. Je m'en souviens. C'est la seule fois où tu as pleuré. »
James acquiesça, grave. Il ne comprenait pas vraiment où elle allait en disant cela, mais il se souvenait de ce jour-là. Quand il était resté stoïque en apprenant la mort de son père. Quand il n'avait pas bronché en entendant ces idiots serpentards lui détailler les tortures qu'il avait subi. Quand il ne s'était pas permis de flancher, là où tous les autres s'effondraient. Il ne savait juste pas que quelqu'un l'avait vu pleurer.
« Et j'ai regardé comment réagissait les gens, James » Reprit Lily en levant le syeux vers les étoiles, comme si cela devenait moins dur ainsi. « Tout le monde se donne en spectacle, c'est le choc de l'annonce. La plupart du temps, l'endeuillé ne vient pas en cours pendant une ou deux semaines, puis il revient morose et sans vie. Et enfin, avec le soutien des autres, il reprend pied et recommence à vivre sa vie, doucement, comme s'il avait peur qu'en la brusquant, elle se casse. Et il oublie. Surtout, il oublie la douleur de la perte »
Il l'entendit renifler. Il ne s'était même pas aperçut qu'elle pleurait à nouveau, les yeux vers le ciel. Il sécha ses larmes du bout des doigts et elle sourit. Puis se dégagea de sa main. Elle ne voulait pas qu'il la touche.
« Toi, tu as réagi autrement. Tu as séché une journée, tu n'as pas flanché et, dès le lendemain, tu riais à nouveau. Sur le coup, je n'ai pas compris. J'ai cru que tu étais sans cœur, que la mort de ton père ne t'affectait pas. Je t'avais juste aperçu pleurer, silencieusement, une fois, tout seul. »
Il était prêt à objecter, à lui expliquer que c'était faux, que son père lui manquait horriblement, qu'il lui avait encore plus manqué les années suivantes, quand il avait grandi, ne sachant à qui s'adresser. Mais il la laissa continuer. Juste pour voir.
« Je n'ai pas compris jusqu'au moment où ça m'est arrivé »
Il redressa vivement la tête, observant Lily. Il ne savait pas qu'elle avait perdu quelqu'un.
« Ca n'est pas passé dans la gazette, après tout, on était plus à un moldu près. Mais ceux là, c'étaient mes parents. Personne ne savait. C'était en quatrième. Je m'en souviens. Je suis allée à l'infirmerie deux jours, je n'ai pas vraiment pleuré. Juste une fois. Le choc. Puis je suis retournée en cours, et tu sais, juste deux jours plus tard, je suis sortie avec un garçon »
Elle secoua la tête en souriant comme elle pouvait. Dérisoire. Cette conversation était complètement dérisoire. Et folle. James n'était pas sûr du terme à employer. Sans doute les deux.
« Là j'ai compris. Pourquoi toi et moi, on avait réagi si différemment des gens normaux. C'est bête à dire mais c'est parce que nous tenons à la vie » Elle lui jeta un regard incertain. « Enfin, moi je l'aime, je la saisis, je la croque à pleine dent. J'aime la vie, j'aime vivre et j'aime me sentir en vie. Je m'investis dans chaque chose que je fais et je ne fais que ce qui m'intéresse. Heureusement que l'école est intéressante à mes yeux. Quand mes parents sont morts, j'ai décidé de vivre avec. Je ne l'ai pas oublié, je l'ai accepté. Cette douleur est toujours là, présente, elle s'atténue tellement plus doucement que si je l'avais laissée prendre corps en moi dès le départ. Mais mes parents sont morts et moi, j'ai décidé de vivre. »
Soudain, sans prévenir, elle se releva et se mit à quatre pattes en gémissant. Puis James comprit que c'était un autre effet secondaire de sa petite beuverie. Elle venait d'être malade.
Comme absent de son propre corps, encore trop chamboulé par ce qu'il venait d'entendre, il se releva, se mit derrière elle et attrapa ses cheveux pour lui éviter qu'ils traînent par terre. Il lui murmura des mots gentils et lui maintint le front en place. Lorsqu'elle se redressa, soufflante et en sueur – Vomir est un effort bien plus intense qu'on en le croie – il la guida jusqu'au bord de l'eau où elle s'aspergea le visage, remettant de l'ordre dans son esprit.
« Merci » Dit-il du bout des lèvres sans oser rencontrer son regard. Ils se remirent debout, face à face, ne sachant que faire exactement. Il mit les mains dans les poches, elle fixa le sol. « Nous devrions rentrer » marmonna-t-elle. James ramassa sa cape et ils se mirent en route en silence.
« Tu avais raison » Dit-il au bout d'un temps, alors qu'ils pénétraient dans un couloir sombre. « La douleur est toujours présente. Elle s'atténue juste avec le temps. Mais elle ne doit pas t'empêcher de continuer et tu ne dois pas l'oublier pour continuer. Tu dois juste la ranger, bien au fond de toi, et la cacher aux autres. Parce que c'est ta douleur. Juste la tienne »
Elle semblait ailleurs, rêveuse. Elle posa un regard sur lui et sourit, acquiesça. « j'ai lu quelque part que c'était mauvais. De ne pas te confier. De ne pas laisser la douleur te submerger. Un discours de psy. Je ne supporte pas l'idée de laisser ma vie être dictée par un sentiment – même la douleur »
James acquiesça. C'était un rêve fun. Lily ne lui parlait pas pendant 7 ans, et quand elle le faisait, ils discutaient philosophie et beaux regards. Assurément, il planait grave. Ça ne pouvait être qu'un rêve. Lily ne pensait sûrement pas comme lui, n'est-ce pas ? ils se comportaient si différemment tous deux que ce serait impossible.
« Tu n'as pas répondu à ma question. Je veux bien, j'aime la vie, je me passionne de tout ce que je fais, ça explique pourquoi tu m'as dit que j'étais vivant l'autre jour. Mais pas pourquoi pas moi. »
La jeune fille sourit piteusement, évitant soigneusement de le regarder. « Parce que je suis moi. Parce que je n'aurais pas supporté de te voir souffrir à cause de moi. Tu l'as dit, tu es passionné. Je ne l'étais déjà plus seulement un an après avoir commencé. Tu n'aurais pas supporté de m'avoir seulement un soir, parmi tous les autres. C'est tout »
Ils arrivèrent à la salle commune. Elle était presque déserte à présent. Il ne savait pas vraiment pourquoi mais il avait envie de rire. Tellement dérisoire.
« Tu veux me faire croire que tu n'es pas sortie avec moi pour m'éviter de souffrir ? » S'étrangla-t-il presque avec un regard fou. Empreint de colère et d'incrédulité. « C'est une blague ? »
« Pas seulement ça mais si tu avais voulu de moi juste pour le cul, James, alors je n'aurais été qu'une expérience parmi d'autres. Je ne veux pas. Je veux être l'expérience. La grande, celle qui a un impact. Tu ne peux jamais arrivé à ça si tu fréquentes quelqu'un qui profite à fond de tout ce qu'il fait »
Elle s'éloigna, le remercia encore pour ce qu'il avait fait plus tôt, et commença à gravir les marches. Il était encore estomaqué de ce qu'elle venait de dire.
« Tu aurais pu tomber amoureuse toi aussi ! » Se reprit-il alors qu'elle se figeait.
Doucement, elle se retourna et le fixa. Ses yeux avec quelque chose de glacial, comme lorsqu'elle criait, mais il y avait aussi quelque chose de doux, comme si elle ne s'était jamais aperçue à quel point il était naïf.
« Et tu crois que je m'en serrais aperçue ? Franchement James, je suis incapable de démêler la moindre chose de ma vie quand je n'ai pas bu un peu. je n'y vois pas clair et demain, ce sera fini. Je saurai que je ne peux pas sortir avec toi, parce que cette petite voix au fond de moi me le dit, mais je ne saurai pas te dire pourquoi. Je sais juste que ce ne serait pas juste pour toi »
Elle passa la porte du dortoir, le laissant les bras ballant, plus qu'étonné. Bizarrement, un autre souvenir revint. La voix de Sirius.
Confronte-la. Oblige-la à ouvrir les yeux. Tu es le seul mec de tout ce fichu bahut à avoir suffisamment de morale pour la sortir de là.
Le seul mec avec suffisamment de morale…
C'est là que la réalité le frappa de plein fouet. Les images défilèrent à une vitesse fulgurante. Les aventures de Sirius. Les mines parfois déçues de ses petites- amies. Les aventures de Lily. Les mines parfois étonnées de ses petites- amies. Le respect avec lequel les filles le regardaient. Qui empêchaient les rumeurs. Il nous prend au sérieux, lui, James Potter, c'est un mec bien. Il l'avait entendu une fois. Une d'entre elles l'avait vraiment dit.
Non Lily. Ça n'aurait jamais été l'histoire d'une nuit. Je n'aurais jamais couché avec toi.
