Chapitre 1 : Izzie

2H00 – Quelque part entre Laughlin City et Xavier's Institute

La moto fendait l'air tiède de cette nuit d'août, son vrombissement seul troublant le clair de lune endormi ; il se fondait parmi les autres bruits de la nuit, et les pneus ne faisaient plus qu'un avec l'asphalte de la route.

Logan roulait vite, trop vite ; peut-être parce qu'il ne s'attendait pas à trouver quelqu'un à cette heure-ci dans un coin tellement paumé ; ou peut-être parce qu'il n'en avait rien à foutre de rouler trop vite. Il ne risquait rien.

Il regardait devant lui, mais il pensait à autre chose ; il pensait à Jean, au professeur Xavier, aux émeutes qui faisaient toujours rage dans certaines parties du pays, à Ororo qui gérait l'école toute seule, à Marie qui avait disparu de la circulation après son opération.

Il ne vit que trop tard la silhouette en plein milieu de la route. Il braqua brutalement et fit hurler les freins, mais la moto allait trop vite ; elle se coucha et dérapa pour aller se fracasser sur un arbre du bas-côté. Un hurlement épouvanté déchira le calme nocturne.

Logan se redressa maladroitement en se massant le crâne. Il était étourdi et des étoiles dansaient devant ses yeux, mais il sentait se concentrer dans ses blessures ce sentiment si particulier de guérison instantanée. Il ferma les yeux et attendit que le vertige disparaisse et que toute douleur ait disparu de son corps ; alors seulement il regarda vers la route.

Une jeune femme se tenait au milieu de la chaussée, pétrifiée. Elle paraissait indemne, mais horrifiée par l'accident qu'elle venait de provoquer. Par chance, l'obscurité avait caché la guérison « spéciale » de Logan ; ce n'était vraiment pas la peine de l'effrayer d'avantage.

Logan se releva péniblement et se dirigea vers elle. A mesure qu'il s'approchait, il observa la surprise remplacer l'horreur sur les traits de la jeune femme.

-Vous… vous n'avez rien ? bafouilla-t-elle finalement. Rien du tout ?

-Vu qu'on a faillit se tuer tous les deux, je pense qu'on peut se tutoyer, grommela Logan. Mais nan, j'ai rien.

-Ah.

Elle baissa les yeux et il en profita pour la détailler rapidement. Elle avait environ la trentaine, de longs cheveux blond clair, les yeux bruns. Elle portait un débardeur blanc, un jean délavé, troué, usé jusqu'à la corde qui tombait sur des rangers de cuir. Pour tout bagage, elle n'avait qu'une sacoche de toile qui pendait le long de sa hanche.

-Désolée pour ta moto.

-C'est pas grave. C'était pas la mienne. En attendant, on est bons pour attendre ici qu'il y ait une voiture qui passe, et c'est pas gagné à cette heure là.

Sans plus attendre, il alla se poser au bord de la route, s'appuyant contre la bordure du bas-côté. La jeune femme hésita un instant, ne sachant trop si elle devait continuer la route à pied, comme elle le faisait depuis un certain temps, ou bien rester là. Elle opta pour la deuxième solution, songeant qu'elle n'avait rien à perdre, et vint s'asseoir à côté de Logan.

-Alors, qu'est-ce que tu faisais là ? demanda-t-elle.

-J'ai des insomnies.

-Ah.

OK, normal. Il a des insomnies donc il fait de la moto à cent à l'heure à deux heures du mat'. Normal.

-Et toi, qu'est-ce que tu fous là ?

-Euh… ben c'est une longue histoire… qui s'est terminée quand t'as manqué de me renverser alors que je marchais tranquillement sur cette route.

-Tu peux tout raconter, on a le temps. Où t'habites ? Pourquoi t'es partie ?

-… à Chicago. Il y avait des « tensions » dans le quartier ; c'était

une sorte de guerre des gangs… enfin bref si je partais pas, ça allait mal tourner pour moi. Je suis partie. J'avais une moto, et puis j'ai eu un accident ; plus de moto. Depuis je marche.

-Et tu vas où comme ça ? questionna Logan.

Il n'en laissait rien paraître, mais il était intrigué. L'imprécision des raisons qui l'avaient poussée à partir laissait supposer qu'elles étaient autres que des « tensions de quartier » ; or il savait qu'il y avait eu des émeutes à Chicago. Plusieurs mutants avaient été tués.

-On m'a parlé d'un endroit… où peut-être qu'on pourrait m'aider.

Toujours dans le vague… elle ne l'informait pas en fait. Elle faisait tout pour ne pas l'informer, mais il voulait des détails ; il voulait comprendre.

-Comment ça s'appelle cet endroit ? Peut-être que je connais.

Elle hésita.

-Ben ça… ça s'appelle l'Institut Xavier.

Il la regarda longuement.

-T'es une mutante hein ?

-Nan !! s'insurgea-t-elle.

Mais ça crevait les yeux.

-Tu sais pas mentir, murmura Logan.

-Tu sais pas poser les questions avec tact, répliqua la jeune femme.

Elle fuyait son regard maintenant. Elle posait ses yeux partout, sur les étoiles, sur le sol, partout sauf dans les siens. Un silence pesant s'installa.

-C'est bon, finit-elle par avancer, relativement énervée, commence pas à me juger parce que je t'ai menti! C'est pas tes affaires si j'assume ou pas qui je suis et…

-T'inquiètes, la coupa-t-il. Moi non plus je le crie pas sur tous les toits.

Elle tourna brusquement la tête. Avait-elle bien compris ? Elle lisait que oui dans son regard.

-Je connais même pas ton nom, murmura-t-elle, détournant les yeux.

-Je connais pas le tien…

-Izzie.

-Logan. Enchanté.

-Pareil.

Après ça ils restèrent sans parler. Elle savait que dès qu'ils auraient un moyen de transport, Logan l'emmènerait à l'Institut ; peut-être y vivait-il lui-même. Elle ne savait pas qui il était et pour l'instant elle ne voulait pas le savoir ; il était là et c'était tout ce qui comptait.

La nuit était chaude, mais peu à peu le ciel s'obscurcissait, de gros nuages noirs se fondant avec la toile de fond pour masquer les étoiles. Une demi-heure plus tard, l'orage éclatait. Ils étaient en rase-campagne et, si ce n'est l'arbre qui avait arrêté la course de la moto, il n'y avait rien pour s'abriter, et mieux valait s'en éloigner. Ils restèrent donc assis au bord de la route, alors qu'une pluie diluvienne les assaillait brusquement.

En quelques minutes, le débardeur blanc d'Izzie devint trempé – et transparent par la même occasion. Ses cheveux dégouttaient dans le mini torrent qui s'était formé dans le bas côté et dévalait la route ; Logan la sentait grelotter sans même avoir besoin de la toucher. Il lui passa sans un mot sa veste sur les épaules, sans manquer de jeter un petit coup d'œil au débardeur en même temps.

Elle le remercia d'un sourire et d'un long regard, mais ça ne lui ressemblait pas de passer sa veste à une inconnue. Déjà le coup de la veste est un truc de jeune premier amoureux, et Logan était loin, très loin d'être un jeune premier. Il ne se rappelait même pas en avoir été un, un jour.

Bon y'a déjà pas mal d'autres chapitres qui sont prêts, mais je les publierai que si j'ai des reviews… alors vous savez ce qu'il vous reste à faire !! J'espère que ça vous a plu à bientôt tout le monde !!