Titre : The Hunter's Green (Le Vert du Chasseur)

Auteur : lucius_complex

Traducteur : Nordremo

Fandom : The Avengers

Rating : M

Pairing(s) : FrostIron, Loki/Tony Stark

Avertissement(s) : Aucun

Disclaimer : Les personnages sont la propriété de Marvel et de ses associés.

Résumé : Personne n'est vraiment sûr de qui est le plus impatient du couronnement de Loki le prince héritier de Jötunheimr, afin qu'il puisse enfin se débarrasser de l'assommant conseiller Midgardien que son père lui a imposé, ou ledit conseiller, afin qu'il puisse enfin rentrer chez lui.

Notes de l'Auteur : Ce travail entre bien dans le territoire UA, alors je prends des libertés artistiques extrêmes avec Jötunheimr, où les Jotuns ne sont pas des géants du givre mais juste une autre race de gens comme les Ases, juste plus axés sur la magie, avec les cheveux noirs et minces là où les Ases sont blonds et trapus. Le commerce et la diplomatie (une de leurs versions du moins) sont déjà bien établis entre Asgard, Midgard et Jötunheimr. La planète d'origine de Stark est perçue comme ayant une société génétiquement faible mais progressiste, bien vue pour son entreprenariat, ses artisans, et ses pics aléatoires d'époustouflante créativité.

The Hunter's Green

Partie 1

D'aussi loin que Tony Stark est concerné, les couloirs du Roi Laufey sont trop longs, trop froids, et trop vides. Ils n'étaient rien de plus qu'un long cul-de-sac tortueux de deux cents mètres de long ; sans meubles à empiler pour ériger une barrière ou auxquels mettre le feu si besoin s'en fallait, pas de recoins d'où surgir pour surprendre un ennemi, pas de statues depuis lesquelles lancer une tentative d'assassinat.

Il chassa l'irritation familière en avançant rapidement, passant les piliers nus et des murs arborant à peine plus que l'occasionnelle torche enchantée de seiðr. De nombreuses disputes avaient pris place entre Tony et le roi à propos de la maigre sécurité des halls de son palais, nombreuses et futiles. Tony ne prendrait pas la peine de les ramener sur le tapis quand tout ce que ferait Laufey serait de remonter sur son grand cheval et de rappeler à Tony encore une fois comment la puissance de Jötunheimr résidait dans leurs talents au seiðr et que tout le reste ne serait que des entraves.

Tony ne doute pas de cette déclamation. Il a eu un an pour apprécier lui-même la furtivité et le côté formidable des détenteurs du seiðr Jotun ; un an pour être complètement envieux de l'aisance apparente des miracles accomplis tous les jours. Mais par seul principe, il ressentait l'obligation de mettre en garde sur cette sur-dépendance.

Comme il l'avait une fois appris lui-même, à la dure. Toujours la confiance aveugle avant une lourde chute.

Cependant, Laufey avait une armée que même Asgard y réfléchirait à deux fois avant de défier. A l'intérieur même du palais habitaient les Gardes Impériaux, entraînés à la fois dans les plus hautes formes de combat physique et en magie. Au-delà de ça, maintenant la paix du roi était une armée si forte et à la réputation si redoutable que l'on murmurait à travers les Neuf Mondes qu'ils n'étaient pas des hommes normaux, que les détenteurs de seiðr de Jötunheimr avaient créé pour Laufey une armée non-humaine d'hybrides monstrueux connus sous le nom de 'géants du givre'. Tout Jötunheimr savait que ce n'était pas vrai, mais alors que les rumeurs couraient cela ne pouvait qu'élever la performance perçue de ses soldats, et de ce fait le roi était heureux de perpétuer la réputation assoiffée de sang de sa force militaire.

Et donc les couloirs demeuraient vides, froids, et dangereux. Absurde, en considérant le fait que tout ce que Tony avait à faire était d'installer quelques caméras de sécurité et tous ceux qui allaient et venaient, de même que leurs moindres murmures et gestes les plus inconscients, pourraient être révélés et neutralisés. Mais Laufey avait dit non.

Dans tous les cas, les choses en rapport avec la sécurité tombaient au-delà de la juridiction ou l'influence de Tony. D'aussi loin que le roi était concerné, le conseiller Midgardien n'avait qu'un seul travail, et c'était un qu'il n'avait jusque-là pas accompli de manière satisfaisante.

Mais alors même Laufey savait que la tâche de Tony, la seule raison pour laquelle il avait été forcé d'endurer ces impossibles hivers sans fin, était impossible. Par l'enfer, l'intégralité de la cour le savait, comme c'était habituellement le cas lorsque le prince héritier de Jötunheimr était impliqué.

Une phalange de soldats impériaux le dépassa dans leurs vestes bleues et leurs lances argentées, suivie par des groupes de jeunes étudiants et de domestiques civils d'âge moyen, leurs robes indigo bruissant. Quelques-uns inclinèrent la tête vers le Conseiller du Prince Héritier, mais la plupart des fonctionnaires Jotun avaient tendance à l'ignorer, voyant sa peau midgardienne et sa proximité d'étranger avec la famille royale comme offensante. Tony avait depuis longtemps cessé de se préoccuper de leurs rebuffades impuissantes. Il avait de plus grands défis entre ses mains que la perplexité de vieux membres du conseil moisis ou l'orgueil affligeant d'une poignée de maisons nobles qui s'étaient senties fourvoyées lorsque Laufey avait cherché au-delà de Jötunheimr l'aide pour contenir son seul fils et héritier.

En parlant de ça : le démon lui-même arrive, si le vacarme retentissant au-delà des couloirs était une moindre indication. Tony bougea sur le côté de la fenêtre du couloir alors que les portes s'ouvraient à la volée, laissant entrer un boucan plus approprié à un carnaval que des salles de réunion de rois. Autour de lui, les membres les plus faibles ou les plus réprobateurs de la cour se dépêchaient de sortir du chemin de l'envahissante procession, pendant que d'autres se retournaient pour regarder et spéculer. Tony, observant le spectacle de l'entrée de sa charge, put à peine se retenir de rouler des yeux. Le cortège de laquais du prince, de lèche-bottes, et de parasites assortis était exceptionnellement bruyant et extravagant, même pour des standards Ases semant chaos, outrage et soudain manque de virginité où qu'ils aillaient.

Le Prince Loki était, comme d'habitude, le plus visible parmi ses pairs dans sa cape de velours d'un vert vif parmi une mer de bleu. Il portait une coiffe de plumes aujourd'hui ; un triangle éclatant et verdoyant placé négligemment sur un œil, semant des plumes à soixante centimètres en l'air. En d'autres termes, Tony pensait qu'il avait l'air dandy, frivole, et complètement stupide ; une cible ambulante pour quiconque se souciant de l'abattre.

Tony grinça des dents et attendit que le prince héritier ne passe avant de sortir des rideaux et de se glisser à côté de sa charge. Loki se hérissa à sa présence soudaine à côté de lui, la charge péniblement prévisible qu'il était.

« -Ah, regardez-moi ça, si ce n'est pas le petit animal Midgardien favori de père.

-Je ne savais pas que vous requerriez autant de sujets pour vous sentir en sécurité dans votre propre château, mon prince. »

L'expression de Loki, à part un bref éclair d'agacement, demeura aussi lisse que de la pierre.

« -Un futur roi devrait avoir son entourage.

-Vous voulez dire sycophantes, fit dédaigneusement Tony. Devriez-vous les renvoyer, ou continuons-nous de parler en leur compagnie indubitablement digne de confiance ? »

Loki rit, librement et aisément, rejetant la tête en arrière pour révéler une gorge aussi lisse et blanche qu'une des montagnes recouvertes de neige de Jötunheimr.

« -Qu'ils me tiennent isolé de l'ennui de votre compagnie avec leur piaillements est purement motivateur. »

Mais il fit un geste obscur en direction du Jotun noble à côté de lui ; le troisième fils de la maison de Nelpeh si la mémoire de Tony était bonne, et à travers un quelconque signal discret, l'entourage de Loki se retrouva à deux pas derrière et finit par se rappeler d'un rendez-vous quelque part. A part Tony lui-même, personne d'autre ne sembla remarquer la nature délibérée de cette séparation.

Tony haussa un sourcil.

« -Impressionnant.

-Pas moins que ce que vous m'avez appris, ô mon cher professeur, fit le prince de Jötunheimr avec un rictus. Donc vous voyez, mon petit cirque a son utilité. »

Tony soupira. Le prince pouvait être aussi arrogant et intraitable que possible, mais au moins ses laquais étaient bien dressés.

« -Loki, tout ce que la glace touche aura une utilité –briques, épée, même le fumier. Je l'ai dit avant c'est facile d'être bon, mieux d'être bon à quelque chose, mais c'est le plus important d'être bon dans le contexte de ce qui est nécessaire.

-Oui comme vous l'avez dit avant, dit paresseusement Loki, et ses doigts inquisiteurs coururent comme la foudre le long de la bordure rouge sang du manteau aigue-marine et azur de Tony. Pourquoi étiez-vous caché derrière les rideaux comme une vulgaire vieille fille ? »

Tony inspira profondément à son impolitesse et à sa proximité et serra le poing. Bien qu'il savait que le prince était indifférent au fait de toucher sa personne –ou en effet n'importe quelle personne-, Tony lui-même ne s'y était jamais habitué, même au bout d'un an. Il supporta l'assaut sans se plaindre, mais cela aurait été sur Terre que Loki aurait osé être si familier, le prince se serait retrouvé à l'extrémité pointue d'un pistolet laser.

« -J'avais espéré que vous aviez acquis un peu de discrétion et auriez agi en conséquence, au lieu de déambuler à grands pas dans le château en annonçant votre présence bien avant que vous arriviez, mais je suppose que ce n'est que pensée hypothétique. »

Tony se mit au pas, adaptant parfaitement ses pas à ceux du prince malgré la plus grande allonge de Loki. Qu'il savait que Loki allongeait délibérément encore plus, pour mieux irriter son conseiller.

« -Il est un peu tôt pour un sermon, et je me faufile très bien.

-Seulement parce que vous vous appuyez trop sur votre magie, marmonna Tony. Et jamais assez sur votre esprit.

-Cela va bien à un mortel sans seiðr de dire cela. Je suis fier de ma magie…

-Et je l'ai dit encore et encore, à vous et à votre père, tous les deux ; Jötunheimr fait bien beaucoup de choses, mais elle a toujours fait une chose constamment mal en autorisant la sur-dépendance du seiðr. »

A cela Loki se redressa, l'arrogance dans chaque ligne de son port.

« -J'ai deux mille ans de plus que vous, mon père souverain sept fois plus que cela, notre civilisation est aussi puissante que celle Ase si ce n'est plus, et des centaines de fois plus astucieuse et auto-suffisante que les vôtres, humaines. Ne présumez pas remettre en question notre politique, en particulier un non-détenteur de magie comme vous.

-Plutôt dur, puisque j'ai été engagé spécialement pour ma capacité à critiquer. Allez vous en plaindre à votre père.

-Vous vous épargneriez un grand dépit si vous pouviez simplement accepter que c'est précisément nos talents au seiðr qui place Jötunheimr au sommet des Neuf Mondes pour ce qui est de la puissance et de la sophistication.

-Je vois. »

Tony pinça des lèvres.

« -Est-ce pour cela qu'une compagnie entière de soldats et une taverne pleine de civils ont vu le Prince Héritier de ce sommet sortir d'une maison de jeux dans une robe, poursuivi par de la racaille ?

-Des duplicités sans fondement, mentit Loki tranquillement et aisément, un talent qui n'échouait jamais à susciter en Tony des sommets d'irritabilité.

-Pas quand les rapports de témoin sont aussi nombreux que les melons roulant hors de votre ample derrière.

-C'était des pamplemousses, Loki eut l'audace de corriger avec un rictus. Les melons sont bien trop lourds pour s'échapper à cheval.

-Néanmoins, votre père a eu vent de ces…duplicités, et est en ce moment en train de vous attendre dans son bureau habituel pour que vous lui apportiez des nouvelles de la vérité. »

Les yeux de Loki se plissèrent suspicieusement.

« -J'espère que vous n'avez pas répandu des fables.

-J'espère pour votre bien que ce que nous avons entendu ne sont que des fables.

-Je le jure Stark, votre sermon devient plus long et plus fatiguant de jour en jour. Dites donc, y a-t-il un certain standard interne que vous mettez en place vous-même ? Un emploi du temps peut-être, comme un constitutionnel quotidien ?

-Je ne trouverais pas le besoin de traquer vos pas si vous preniez la peine d'appliquer votre esprit à vos leçons au lieu de sécher les réunions tous les jours et de patauger jusqu'à la taille dans la forme la plus proche d'ennuis que vous pouvez trouver.

-Mon cher Conseiller. Comme je vais être Roi dans une affaire de quelques jours, d'aucun penserait qu'un homme de votre calibre devrait savoir se garder de se moquer de moi.

-Une affaire de jours, oui. Mais pas aujourd'hui.

-Restez assuré que dès que le poids de la couronne touche mon front, Jötunheimr n'aura plus besoin de vos services. »

Le sourire de Loki était aussi pointu que des épines.

« -Et nous pourrons enfin être débarrassés l'un de l'autre, bon tuteur.

-J'organiserai une fête la semaine prochaine après votre couronnement, je le promets. »

Le sourire de Tony en réponse était juste aussi tranchant.

« -Maintenant on avance, avant que Laufey ne s'éclate une veine en attendant.

-J'aime vos vêtements, fut tout ce que Loki prit la peine de dire en guise d'au revoir. »

Le rictus que le prince lança à Tony alors qu'il tournait abruptement, se dirigeant vers le bureau de son père, laissa une sensation désagréable dans son estomac, les picotements du péril à être encore une fois entraîné dans l'une des machinations volage de Loki.

Tony baissa le regard sur ses vêtements, dubitatif, car Loki était parfaitement capable de les enchanter pour qu'ils deviennent roses ou qu'ils tombent à des moments importuns. Il pinça et toucha du doigt, mais ils restèrent de la même teinte pâle de bleu, beaucoup plus claire que ce qui était normalement préféré par les Jotuns. Les robes de Tony étaient presque de la couleur des murs du palais la couleur de la glace qui recouvrait Jötunheimr en de vastes champs de teintes aigue-marine. Tout Jötunheimr portait des robes de nuances de bleu variées, teintées en des degrés divers par la fleur Jatmar indigo qui était une des rares fleurs qui prospérait dans le monde gelé, inhospitalier du peuple du givre. Seuls les membres les plus pauvres de la société avaient une tendance à adopter des couleurs plus claires pour économiser en teinture, mais Tony aimait le fait que cela le rendait presque invisible parmi les environs du palais.

S'il devait être limité à ne porter que du bleu, il le ferait à sa manière, la mode pouvant aller au diable.

Cependant il n'était pas le seul.

Si Jötunheimr ne portait que du bleu, c'était avec une exception palpable. Le Prince Loki favorisait le vert, importé à grands frais depuis les terres d'Alfheim et travaillé par des tailleurs Midgardiens avant d'être envoyé à Jötunheimr. Les robes de Loki étaient des teintes de la forêt profonde de la terre natale de Tony, avec des concessions aléatoires de garnitures indigo et un manteau bleu marine qu'il portait avec souffrance à chaque fois que des dignitaires étrangers étaient là. Elles étaient fréquemment brodées d'or ou incrustées de pierres précieuses, parfois de fleurs même, et ses costumes étaient fréquemment le sujet et la délectation des secteurs les plus insipides de la société. Loki semblait tellement jouir de la décadence de sa réputation et de sa superficialité que tout le monde, incluant le Roi, avait depuis longtemps abandonné l'idée de convaincre le prince de se modérer.

Tony avait passé des mois à faire rentrer dans sa tête l'importance de ne pas faire étalage de ses privilèges, en particulier si près du couronnement, mais Loki avait toujours été insubordonné aux instructions. Voire, sa garde-robe était seulement devenue de plus en plus superflue durant les mois menant à son couronnement.

Le prince Jotun et son sens de la mode douteux étaient impossibles à contrôler rebelles, voyants, et complètement et joyeusement effrontés.

Tony se souvenait qu'une fois, il s'était même baladé dans le palais nu après une confrontation plutôt dure avec son père, contrariant les ministres du conseil et faisant crier les jeunes filles, les faisant aller se mettre à couvert.

Il allait sans dire que le Roi Laufey n'avait pas gagné ce round de dispute particulier.

De ce fait Loki continuait de gambader dans son vert de chasseur –des couleurs assorties à ses yeux et qui faisaient ressortir la qualité de pierre de lune de sa peau – des couleurs qu'il s'était tellement appropriées que certains avaient commencé à les appeler 'le Vert de Loki', et qu'il ne souffrirait pas d'être vu dans quoi que ce soit d'autre.


Le bureau favori du roi était une affaire humble et vide. Situé bas dans le ventre du palais, c'était à peine plus qu'une pièce caverneuse soutenue par des poutres et une large cheminée, avec de longues tables qui étaient plus souvent que non parsemées de dagues et de cartes.

« -N'as-tu donc pas honte ? demandait Laufey de manière stridente alors que Tony se glissait silencieusement par la porte. Ton couronnement est dans quelques jours, et pourtant on te voit cabrioler dans des tavernes crasseuses, habillé comme une femme -et vous… »

Le roi tourna son pilonnage à déchirer les tympans sur Tony.

« -Vous étiez supposé le surveiller. »

Tony croisa les mains.

« -Le prince peut être un paon la plupart du temps, mais il peut être aussi évasif qu'un moineau lorsque cela lui sied. »

Loki tourna son expression sardonique vers lui.

« -Votre zèle à me défendre me confond, cher professeur. »

Laufey n'avait pas l'air satisfait.

« -Peut-être que je devrais t'envoyer sur Midgard en tant que punition, pour mieux observer leurs façons de faire. Midgard a enduré ; pour toutes les faiblesses inhérentes à leur espèce, ils ont trouvé un moyen de prospérer.

-De même que la vermine, fit Loki d'un ton traînant. Mais vous n'êtes pas en train de suggérer que nous les imitions.

-Loki, tu pourrais prendre la couronne dans une semaine, mais tu tiendras néanmoins ta langue et apprendras des voix de l'expérience. C'est le seul moyen de gouverner.

-Père, vous êtes sur les nerfs. Ce n'était qu'une plaisanterie, et beaucoup ont eu lieu entre Anthony et moi. »

Il se tourna vers Tony, l'expression plus hautaine que jamais.

« -Je vous supplie en effet de me pardonner mon irrespect, ô détenteur de savoir.

-Pardon accepté. »

Tony autorisa une petite expression, ironique, à passer, laquelle le prince capta et rendit. Loki ne s'était jamais excusé sérieusement. Ils avaient joué à ce jeu tellement de fois que leurs mots n'étaient qu'habitude vide.

« -Père, Jötunheimr est à son apogée. Notre seiðr est plus avancé et puissant que jamais. En tant que Midgardien il n'en connaîtrait même pas le fonctionnement. Comment m'instruirait-il de quoi que ce soit ? Comment un étranger peut-il véritablement comprendre Jötunheimr ?

-Encore une fois, cela me fait de la peine de voir à quel point tu as peu appris. Tu formes tes opinions trop hâtivement, mon fils. Ce n'est pas bon pour un roi, et si Anthony a réprimé ne serait-ce qu'une fraction de tes préjudices toujours sur le qui-vive, cela serait dans les faits de bon aloi. Je pense qu'un temps loin de ceux avec lesquels tu passes habituellement ton temps fera à ton orgueil un monde de bien. »

Les sourcils du fils se haussèrent de mécontentement à cette déclaration.

« -Mais mon seigneur le sait très bien, je vais être couronné dans quelques jours…

-Puisque le reste de la cour est engagée dans les préparations de ton couronnement et que je te trouve toujours en train de paresser, à jouer des tours aux travailleurs alors même que tu fainéantes, tu suivras à la place Anthony dans sa dernière série de devoirs. »

Le visage de Loki commença à se réchauffer.

« -Père, je vous supplie…

-Tu accepteras cet ordre final comme étant ton dernier, Loki. C'est ma volonté. »

Tony intervint avant que cela n'escalade de nouveau en dispute entre eux.

« -Votre majesté… »

Loki tourna des yeux furieux sur Tony, étincelants d'un vert si féérique que le mortel perdit temporairement toute pensée.

« -Ne pensez pas que je ne suis pas conscient que cette intervention flagrante soit de votre fait. »

Tony eut un sourire tordu.

« -Oui eh bien, bien du monde et cetera –ne vous inquiétez pas mon prince, ce n'est pas une sentence permanente. Sans compter une affaire de quelques jours avant que je ne fasse mes bagages et n'assombrisse plus jamais votre porte. »

Il ne s'attendait pas à ce que les yeux de Loki deviennent encore plus froids à ce réconfort.

« -Très bien. Mais lorsque je serai roi vous pourrez garder vos conseils infernaux pour vous, aboya Loki avec un une révérence futile, avant de sortir et de claquer les portes derrière lui. »

Laufey soupira dans l'air antagoniste laissé derrière le réveil de son fils.

« -J'aurais dû me remarier après la mort de sa mère. Au moins j'aurais une femme à blâmer pour la façon dont il a tourné. »

Le roi tourna ses yeux argentés froids sur Tony.

« -Qu'en dites-vous alors ? Eh bien ? Parlez !

-Votre fils n'est pas prêt pour le trône.

-Je ne vous ai pas fait venir ici à grands frais pour me dire ce que je sais déjà. Votre tâche était de vous assurer qu'il soit prêt, et vous avez eu une année.

-Et il s'est beaucoup amélioré durant cette année, ne le diriez-vous pas ?

-Pas assez ! »

Laufey frappa du poing sur la table.

« -Pas suffisamment. Son cerveau est plein de facéties et de pitreries, et pas assez des affaires de l'état ! »

Et de qui est-ce la faute pour l'avoir gâté ainsi ? pensa Tony, mais il n'était pas assez stupide pour en faire part.

« -Je peux mener un cheval à un point d'eau, votre majesté, mais cela ne dépend que de lui d'apaiser sa soif.

-Alors c'est votre travail de le faire passer par des déserts afin qu'il boive plus hâtivement, fut la réplique du roi. »

Comme si c'était aussi simple, lorsque le cheval en question était de lignée royale. Un qui, une fois qu'il occuperait le trône de Jötunheimr, contrôlerait une des plus puissantes forces militaires dans les Neuf Mondes, et dieu seul savait ce que Loki ferait avec.

« -Vous pourriez toujours retarder son couronnement.

-Si seulement je pouvais. Notre 'cheval' rebelle a rongé la parcelle toute l'année. »

Laufey se renfrogna.

« -Et j'aurais mon fils couronné avant le rejeton doré d'Odin. Il vous reste une semaine pour l'influencer. Faites ce que vous pouvez. »

Tony eut un rire incrédule.

« -Qu'attendez-vous que j'accomplisse en sept jours que je n'ai pu faire durant les douze derniers mois ?

-Vous pouvez ne pas avoir de seiðr, mais vous n'êtes pas un membre normal de cette cour. »

Laufey haussa un sourcil.

« -Faites ce que vous devez, et laissez les pièces tomber où elles le peuvent.

-Et si le prix est élevé ? Si le prix est le sang ? »

Le roi de Jötunheimr fit une pause à cela, mais pas longtemps.

« -Alors nous aurons à le payer. C'est trop tard pour quoi que ce soit d'autre.

-Très bien. »

Tony inclina la tête.

« -N'oubliez pas, je vous ai donné une année de refuge. Vous savez ce que je veux en retour. »

Vous présumez beaucoup, pensa Tony, mais tout ce qu'il dit alors qu'il s'en allait fut :

« -Je m'efforcerai de faire au mieux, mon seigneur.

-Il fera un bon roi, soupira Laufey alors qu'il renvoyait Tony. Je le sais. Et pourtant il est temps et le garçon refuse d'admettre son propre potentiel, pour des raisons pour lesquelles je deviens moi-même trop vieux et impatient pour discerner. »

Finalement renvoyé, Tony se glissa hors du palais à travers la herse annexe, et vagabonda le long de la circonférence du chemin de ronde seul. Depuis l'extérieur, le palais de Jötunheimr était une chose monolithique, avec un minaret en forme de pentagone et des nefs tenant d'une basilique. Sa façade de briques était complètement enveloppée de glace pour lui donner l'apparence de s'élever hors de la neige une citadelle gainée en permanence dans l'hiver.

Il embrassa la vue, gravant ce qu'il pouvait dans sa mémoire car c'était sa dernière semaine. Il semblait à Tony que la vue devant lui devenait plus belle chaque fois qu'il la voyait. La majorité de l'entretien de la citadelle était entretenue par le seiðr. Contrairement aux terriens, les Jotuns n'aimaient pas voler et se téléportaient souvent à la place, mais ils étaient de grands appréciateurs d'une bonne vue. D'où les tourelles qui s'arquaient haut dans le ciel, avec des pignons et couronnées de frontons transparents qui fracturaient la faible lumière du soleil en des prismes cristallins à l'intérieur.

Cela aurait pu lui prendre un peu de temps pour l'apprécier, mais Jötunheimr était belle. Pour toute sa sophistication et sa magie, il y avait quelque chose de sauvage et de libre dans l'esprit Jotun, alors même qu'ils s'efforçaient de leur mieux de le dompter.

Les habitants du monde glacial favorisaient l'uniformité à l'unicité, la subtilité à l'ostentation de leurs voisins Ases, la magie à la mêlée. En ce sens, leur prince héritier était une anomalie, regardé par son peuple avec beaucoup de perplexité. Mais alors qu'il pouvait se permettre d'être un objet de stupéfaction et d'étonnement en tant que prince, davantage était nécessaire pour qu'un roi soit pris au sérieux.

Et malheureusement Loki ne prenait rien au sérieux.

N'importe quel imbécile pouvait voir que pour tous ses tours et ses ruses, Loki était adoré de son peuple. Il était maître de seiðr, avec une affinité particulière pour la magie visuellement dramatique. Il avait un port remarquable et se défendait suffisamment à l'épée pour mener la section substantielle des guerriers de glace de Jötunheimr sans honte. Être le fils unique d'un roi avait suscité en lui une assurance qui était proche d'inébranlable.

Loki avait un sens du théâtre qui lui irait bien au pouvoir ; un art qui engageait souvent les subtilités de l'interprétation, du discours, et la soigneuse application du timing des deux. Mais comme n'importe qui d'artistique et de gâté, il souffrait également d'hypersensibilité, de nervosité, et d'un célèbre tempérament. Et il devait encore faire montre ne serait-ce que d'une once de la responsabilité dont Tony le savait parfaitement capable.

D'une chose il était certain ; cela allait être une très longue dernière semaine pour Tony Stark.


D'aucuns diront peut-être que je suis productive en ce moment, ce qui n'est pas faux, et je vous présente donc une nouvelle traduction pour vous faire souffler un peu (et moi aussi par la même occasion), que vous preniez une pause par rapport à Shades of Green, qui n'est pas extrêmement joyeuse en ce moment… Ce qui ne veut pas dire que SoG est en pause hein ! J'alterne juste entre les deux quand je ne me sens pas d'humeur de traduire l'une ou l'autre, comme je le faisais avec Bend Around The Wind et Just a Rose on a Star, pour ceux qui se souviennent plus ou moins…(*voix chevrotante* c'était le bon temps !)

Je vous présente donc The Hunter's Green, un UA qui a eu son petit succès et que j'ai trouvé extrêmement bien fait, et qui d'une façon générale m'a beaucoup plu (Loki surtout, est…délicieusement insupportable XD), alors je vous le fais partager ! Elle n'est pas très longue, quatre chapitres qui eux-mêmes ne doivent pas dépasser la vingtaine de pages, donc je pense que je ne prendrai énormément de temps à la finir ^^

Enfin voilà, j'espère comme d'habitude que cela vous plaira, et que vous prendrez plaisir à la lire autant que moi !

A bientôt !