Noms: Sergueï Shepard
Sexe: homme
Historique : Terrien
Profil psychologique : Héros de guerre
Spécialisation militaire : Franc-tireur


Shepard était de nouveau descendu lui rendre visite dans sa planque, c'était une sorte de rituel entre eux il descendait la voir et puis ils parlaient, ou plutôt elle parlait et il écoutait. Il avait le truc pour la faire parler de son passé alors même qu'elle ne voulait rien lui dire mais elle était déterminée à lui rendre la monnaie de sa pièce. Cette fois-ci il avait emmené une bouteille de vodka et deux verres avec lui.

Elle l'observa en silence tandis qu'il lui versait l'alcool, de taille moyenne, à peine un mètre 75, plus nerveux que musclé, il n'était pas très impressionnant physiquement, mais il dégageait une espèce de magnétisme qui mettait ses interlocuteurs mal à l'aise. Cela venait peut-être de ses cheveux coupés courts blonds très clairs, presque blancs, ou de yeux gris qui semblaient toujours à la recherche d'une faille dans votre défense, ou bien encore de son sourire, il avait en effet une façon désagréable de découvrir ses canines en souriant qui lui donnait l'air d'un carnassier qui savoure sa proie d'avance, comme s'il savait quelques chose que vous ne saviez pas, que la came était coupée, qu'un sniper le couvrait, que ton arme était déchargée… très chiant.

Elle patienta quelques verres avant de poser la question.

- Sergueï?

Elle était la seule à l'appeler Sergei, les autres l'appelait Shepard ou Commandant, son prénom était la seule chose de personnel qu'elle connaissait à son sujet. Oh bien sûr elle avait entendu parler de lui, Shepard le héros d'Elysium qui avait repoussé à lui seul un assaut butarien, Shepard le sauveur de la Citadelle, le protecteur de Zhu's Hope… pas un jour sans qu'il ne sauve une planète de la destruction, démantèle un gang de mercenaire, un vrai chevalier blanc.

Pourtant elle sentait l'embrouille, la manière dont-il avait défenestré ce mercenaire d'Eclipse sur Illium, la facilité avec laquelle il avait infiltré les gangs d'Oméga, sa connaissance des bas-fonds de l'espace était celle de l'expérience, celle qu'on acquérait après plusieurs années de survie, elle avait entendu dire qu'il avait grandi sur terre, grattez le vernis du héros et vous trouverez le vaurien. Cela expliquait sans doute pourquoi il restait aussi évasif sur son passé.

Il leva les yeux de son verre.

- Да ?

- C'est quoi ton histoire ? Genre t'as grandi où tout ça ?

- Любопытство убило кота, pourquoi ça t'intéresse ?

- Je t'ai raconté la mienne non ? Pragia, la secte, la piraterie… A ton tour maintenant.

- Cela risque d'être ennuyeux, mon enfance à moi est nettement moins intéressante que la tienne.

- Rien à battre c'est donnant donnant.

- Oh et puis après tout pourquoi pas.

Il alluma une cigarette et tira une longue bouffée les yeux dans le vague tandis qu'il ressassait ses souvenirs.

Je suis né sur Terre en Russie, je ne sais pas quand je suis né, qui étaient mes parents, ou quel était le nom qu'ils m'ont donné à supposer qu'ils m'en ait donné un. J'ai été abandonné sur le seuil de l'orphelinat de la ville de Волгоград, ou Volgograd un soir de novembre, c'était chose courante, c'est l'une des villes les plus pauvres du pays et la plupart des enfants y sont abandonnés à la naissance. L'orphelinat était dirigé par un ancien militaire: Knut Petrovitch, un colosse gros comme une barrique et d'immenses bacantes, le colonel il voulait qu'on l'appelle. Un salaud qui avait sa propre idée de l'éducation : pas d'eau chaude, des dortoirs qui n'étaient jamais chauffés, même en hiver, et pour tout repas un bol de borchtch avec plus d'eau que de betteraves. Comme les aides de l'état ne lui suffisaient pas, il louait nos services dans les usines environnantes, parfois au contact de produits dangereux, certains ont développé des cancers à force de manipuler de l'élément zéro brut, quand ils commençaient à cracher du sang, on savait qu'ils n'en avaient plus pour longtemps à vivre. On étaient de la main d'œuvre pas chère et remplaçable les plus faibles crevaient de faim, de froid, d'épuisement, ne restait en vie que les plus forts et les plus vicieux, il appelait ça séparer le bon grain de l'ivraie.

J'y suis resté 10 ans, et puis un jour à l'usine où je bossait je suis tombé sur de la mort au rat, je suis parvenu à en glisser dans la gamelle du colonel. Il a agonisé pendant des heures sur le sol du réfectoire l'écume aux lèvres tandis que personne n'intervienne, après ça je me suis enfui.

Je me suis retrouvé à la rue, pour un garçon de mon âge il n'y avait que 3 façons de survivre, la mendicité, la prostitution, ou le vol… j'était pas assez pitoyable pour le premier, pas assez mignon pour le second, alors j'ai choisi le vol. J'était pas mauvais, j'ai vécu près d'un an de petits trafics et en faisant les poches de mon prochain. C'est comme ça que j'ai rencontré Viktor.

A ce niveau du récit il s'arrêta pour re-remplir les verres et allumer une nouvelle cigarette.

- Est-ce que tu as déjà entendu parler des Reds ?

- Un gang anti-alien qui trempe dans la drogue? Une étoile rouge avec un crâne ?

Shepard aquiesca.

- Ouais nos chemins se sont croisés, j'ai même du en butter quelque uns. Alors ce Viktor?

- Avant d'être des dealers xénophobes les Reds c'était un parti politique clandestin anarchiste. Viktor était l'une des têtes pensantes de la cellule locale.

Quand on s'est rencontré j'avais la main dans ses poches, quand il a voulu attraper son portefeuille il a été aussi surpris que moi. Il aurait pu me frapper, me remettre aux autorités, au lieu de ça il m'a emmené dans une gargote, et m'a dit de commander tout ce qui me ferait plaisir. Pendant que je mangeais il m'expliquait que j'étais le résultat d'une société égoïste centrée sur le profit, une victime de l'impérialisme sauvage, il m'expliquait qu'il se battait pour un monde nouveau sans inégalité et où personne ne serait lassé sur le carreau. Il m'a proposé de les rejoindre, de me battre pour mon avenir, "Привилегии не дают себя, они берут себя", les libertés ne se donnent pas, elle se prennent m'a-t-il dit.

Viktor utilisait des mots compliqués que je ne comprenais pas, mais ce que je saisissais, c'est qu'il m'offrait la certitude d'avoir le ventre plein et un toit au dessus de ma tête, j'ai tout de suite accepté.

Il m'a pris sous son aile, il a été le père que je n'ai jamais eu, il m'a appris à me servir d'une arme, à pirater un terminal, il m'a fait découvrir Bakounine, Kropotkine, Proudhon…

Il m'emmenait avec lui aux réunions du parti où il faisait des discours interminables sur « la cause du peuple ». Au cours des 6 ans qui ont suivis j'ai opéré pour le compte des Reds, sabotage, assassinats, attentats, j'avais même un surnom; « Лиса Волгограда » le renard de Volgograd qu'on m'appelait dans le milieu.

Il souri à l'évocation de ce souvenir avant de froncer les sourcils en plongeant son regard dans son verre. Et puis après les choses se sont gâtées.

Les Reds étaient en proie à des dissensions internes, certain membres ont commencés à s'éloigner de la ligne originelle du parti, Selon eux tout était la faute des aliens, que c'était eux les responsables, et qu'il fallait les chasser, ils préconisaient un rapprochement avec Terra Firma. Viktor n'était pas d'accord, il disait que désigner les extraterrestres comme bouc émissaire n'arrangerait rien, que les vrais problèmes venaient de la corruption du gouvernement. Mais ce qui à tout déclenché, c'est lorsqu'il a découvert que ces mêmes membres trempaient dans le trafic de sable rouge. Il était hors de lui, il leur a dit qu'ils trahissaient l'âme même des Reds, que la drogue était responsable de la fracture sociale, la peste du prolétariat, il a menacé de quitter le groupe, de faire sécession. Il est allé jusqu'à Москва où se trouvaient les chefs du parti. Trois jours plus tard j'apprenais qu'on l'avait retrouvé mort dans une ruelle avec six balles dans le dos.

- Merde alors.

- Да comme tu dis. Viktor était mon mentor, il était tout pour moi, je ne pouvais pas laisser sa mort impunie, j'ai mené mon enquête et puis j'ai traqué les coupables un par un. Quand j'en ai eu finit les Reds avait perdus une bonne partie de leurs chefs, mais c'était plus mon problème, ma loyauté allait à Viktor, pas au parti.

Il soupira.

Viktor voulait aider les gens, il était convaincu qu'un monde plus juste était possible. C'est pour ça qu'après sa mort je me suis engagé dans l'alliance, pour perpétuer ses idées et faire changer les choses.

Shepard se tu et ils restèrent silencieux, finalement s'avisant que la bouteille était vide, il se redressa.

- Bien je pense que je vais retourner dans mes quartiers.

Alors qu'il montait l'escalier elle l'interpella.

- Sergueï pourquoi moi ? Je suis pas une idéaliste ou une révolutionnaire, je suis une criminelle, je me bats pas pour les autres, seulement pour moi, alors pourquoi m'avoir pris avec toi ?

Peut-être parce que quand je t'ai rencontré j'ai cru revoir ce gamin famélique et transi de froid qui détestait les adultes et faisait les poches des passant pour survivre, et peut-être que moi aussi j'ai voulu lui offrir ce qu'il méritait.

Il lui adressa un sourire.

Allez bonne nuit Jack.

Il finit de monter les escaliers laissant l'ex détenue seule avec ses réponses.


Да: oui
Любопытство убило кота: la curiosité est un vilain défaut

Les traductions viennent de reverso, je n'en garantit pas la fiabilité.