Richard,

Quelle affaire pensais-je en rentrant chez moi. J'avais besoin de repos mais ai préféré rentrer à pieds pour faire le point sur tout ce qui venait de se passer. Kate et moi avions progressé dans le mystère autour de sa mère. Toutes les enquêtes étaient intenses, mais là dans la mesure où l'on touchait à un cas si personnel toutes les émotions avaient été exprimées et ressenties à leur paroxysme. Je retraçais les moments qui venaient de se passer. J'étais fou amoureux de cette femme et ne pouvais plus me le cacher. Ce n'était pas juste le baiser, bien qu'elle avait été très convaincante pour créer la diversion, c'était un tout. Mais ceci n'aurait pas du m'étonner, je le savais depuis le premier jour où nous nous étions rencontrés. Elle était atypique, plutôt froide et austère en apparence. Bien sûr je n'avais jamais été insensible à ce physique parfait, ce regard mais il y avait plus. Elle était provocatrice, sarcastique. Le lieutenant Beckett murait une grande fragilité derrière un air sévère, distant. Cela je l'avais bien compris. Tout ceci avait contribué à ce que j'entame l'écriture des romans dont Nikki Heat serait l'héroïne. Grâce à mon amitié avec le maire j'avais pu la suivre sur ses enquêtes. Mais comme je l'avais confié plus tôt dans la journée à ma mère, il y avait plus que les livres. A présent je me remémorais au ralenti notre baiser. C'était une diversion certes, mais il y avait eu autre chose. Dans les moments où deux êtres se battent, s'embrassent ou font l'amour ils déposent leurs masques et se montrent sous leur vrai jour. Et là durant cet échange j'avais ressenti de la complicité, de la passion, du désir. Kate n'était pas la première femme que j'embrassais, mais là c'était différent. Certainement car je n'avais jamais ressenti de tels sentiments, peut être sauf pour Kyra mais encore je ne me souvenais pas d'une telle intensité. Et puis Kate elle me résistait. Seulement le cadre n'était pas le bon, il s'agissait de tromper la méfiance du garde. En repensant à ce baiser je fermais un instant les yeux et pu me recréer la sensation que les lèvres de Kate sur les miennes avait été. Avais-je rêvé mais il me semble l'avoir entendu gémir alors que je l'embrassais plus fougueusement qu'au début. Ce cri sortait d'elle et le garde n'avait pas pu l'entendre. J'avais réussi de mon baiser à ce que Kate lâche enfin sa garde. Quand cet instant beaucoup trop court c'était achevé j'avais la bouche en feu. Comme lors de mon premier baiser j'avais pensé « je ne me laverai plus jamais » afin de conserver ce morceau de Kate.

- Bonsoir Monsieur Castle (dit le gardien de mon immeuble).

Pris dans mes pensées, je ne m'étais pas rendu compte que j'étais arrivé à destination. Ce fut la salutation du gardien qui me tira de ma rêverie.

- Bonsoir Michael.

J'arrivais enfin chez moi, aussi épuisé par les récents évènements qu'excité par mes pensées focalisées sur Kate Beckett. Dans le salon, je découvris avec bonheur les deux autres femmes de ma vie Martha et Alexis sur le canapé. Comme à son habitude Martha savourait un verre de vin.

- Comment va Kate ? demandèrent-elles à l'unisson.

- Vous connaissez Beckett elle ne veut rien laisser paraître. Disons que les moments ont été tendus, mais elle a enfin avancé sur le meurtre de Johanna.

- Tu as l'air étrange papa, m'interpella Alexis.

- Je suis fatigué ma puce.

- Si on mangeait ? suggéra Martha.

- Très bonne idée, répondis-je

J'essayais tant bien que mal de participer à ce moment de réconfort en compagnie de mes deux beautés, mais je l'avais dans la tête, dans la peau même. Alexis et Martha se rendirent bien compte que j'étais absorbé par quelque chose d'autre, mais elles préféraient me laisser en paix et attendre que je fasse part de mes pensées. Après nous avoir aidé à mettre de l'ordre dans la cuisine elle prit congés et nous souhaita bonne nuit, elle devait se lever tôt le lendemain.

Je me retrouvais avec mère dans la cuisine.

- Je l'aime maman.

- Ca mon cher fils ce n'est pas une nouvelle !

- Mais je ne te l'ai jamais dit…

- Je l'ai toujours su.

- Cela fait un moment que je le pense, mais là cette fois c'était différent. J'ai cru que j'allais la perdre plusieurs fois dans la journée, elle est vulnérable, elle a besoin de quelqu'un à ses côtés.

- Mais Richard tu étais avec elle.

- Oui mais je ne suis pas assez proche d'elle nous sommes partenaires, amis elle me confie beaucoup de choses - plus qu'à son petit ami pensai-je intérieurement moqueur. Je l'ai embrassé.

- Comment ça ? Enfin, c'est pas trop tôt, s'exclama-t-elle en levant les bras en guise de victoire.

- Je t'arrête tout de suite c'était pour faire diversion.

- Ah vous avez fait semblant ? demanda-t-elle impatiente d'avoir plus de détails.

- Ca non pas moi et je ne pense pas elle (dis-je en rougissant).

- Alors quel est le problème Richard ? bouge-toi cours chez elle…

- Il y a plus d'un problème : d'abord elle est avec Josh et ensuite elle n'est pas prête.

- Et il est où ce fameux Josh ?

- Il est en Afrique pour faire de l'humanitaire et sauver des enfants.

- Il ferait bien d'être aux côtés de sa belle et de la sauver, elle en a au moins autant besoin.

- Tu peux me croire que si j'avais le bonheur d'être avec Kate Beckett, je ne la quitterai plus…

- Avez-vous pu parler de ce moment ?

- Non, on était dans le feu de l'action il fallait libérer Ryan et Esposito. Une fois que le garde avait détourné les yeux grâce à notre stratagème Kate l'a attaqué par derrière. A peine ses lèvres avaient-elles quitté les miennes que l'autre gus était déjà par terre, quelle femme… dis-je songeur.

- Richard il faut que tu lui dises ceci, tu lui dois la sincérité.

- J'attendrai qu'elle soit prête. Bonne nuit mère.

- Bonne nuit mon fils, dit-elle en serrant ma main pendant que je lui touchais l'épaule.

Je pris la direction de ma chambre, mais je ne trouverais pas le sommeil. Je continuais de penser au lieutenant Beckett et cela ne m'aidait certainement pas à me calmer. Comment serait-elle demain au commissariat Nous nous étions parlé dans l'ambulance, mais voilà il s'était passé quelque chose entre nous, quelque chose de chimique et je ne savais pas ce qu'elle avait ressenti. Je m'endormis avec l'image du corps de Beckett que j'avais enfin pu palper de mes mains au moment de notre diversion.

Le lendemain j'entendis « Richard ? »

- Kate ?

- Non, mon fils désolé ce n'est que moi ta chère mère.

- Qu'y a-t-il ?

- Kate est au téléphone, elle t'attend au commissariat, vous avez une affaire (dit-elle en me passant le combiné).

- Hey Beckett, j'arrive tout de suite.

Kate,

Voilà le moment tant attendu, j'arrivais chez moi. En rentrant de la prison, j'avais fait un saut dans un traiteur italien afin de rapporter le dîner. Je posais mes affaires et me dirigeai vers la cuisine pour réchauffer le risotto pris quelques instants plus tôt. Pendant que ce dernier était dans le four, j'ouvris une bouteille de vin et me servit un verre. En étant appuyée devant l'évier, mes yeux tombèrent sur le bouquet de fleurs que Castle m'avait offert. « Castle…. » me disais-je intérieurement.

Je portais le verre de vin à proximité de mes lèvres, « Castle…. » me redis-je, posant finalement le verre et me pinçant instinctivement la lèvre inférieure. Je ne me souvenais même pas si j'avais remercié l'écrivain de ce qu'il avait fait pour moi. Il m'avait sauvé de la mort prenant un risque inconsidéré, il était auprès de moi depuis quelques temps maintenant, jamais il n'a voulu me laisser sur ce cas alors même que j'étais exclue de l'affaire et que ce cas dépassait le cadre des recherches qu'il entreprenait pour ses livres. « Castle…. » pensais-je encore.

Depuis qu'il était entré dans ma vie, je m'étais sentie changer peu à peu. Mon métier était difficile et les frasques de l'écrivain me permettaient de voir les choses autrement. Il m'avait poussé à m'ouvrir, il me perçait à nu mieux que quiconque. C'est grâce à lui que j'avais surmonté le chagrin en lisant les bets-sellers de Storm. C'est lui qui avait rouvert le dossier de ma mère, contre mon gré au risque de voir toute relation entre nous s'anéantir. Il avait pensé à mon intérêt avant le sien et ce ignorant les répercussions éventuelles. C'est lui qui avait payé 100.000 dollars pour entrer en contact avec le tueur à gages qui avait été engagé pour assassiner ma mère il y a douze ans. C'est vers lui tout naturellement que j'étais allée aujourd'hui suite à l'appel de Raglan. C'est à lui que j'avais montré mes recherches à mon appartement.

« Castle qui es-tu pour moi ? » me dis-je à haute voix m'emparant de mon verre de vin. Il était mon partenaire et mon ami pour sûr, et les évènements récents ne faisaient que confirmer ceci. Mais était-il plus ? Que ressentais-je réellement pour lui ? Je le revis aujourd'hui, à mon appartement n'essayant pas pour une fois d'inventer une théorie castellienne mais de m'aider. Sa présence déjà m'aidait, je ne lui disais pas mais l'avoir à mes côtés me rassurait. Je me remémorais l'inquiétude que j'avais lu dans ses yeux dans le café au moment du tir du sniper, il avait cru que j'étais blessée. Puis je revis la stratégie montée pour faire diversion, alors que je feignais de marcher difficilement comme trop prise par la boisson, me tenant à lui. Sa main forte et protectrice tombait sur ma hanche. Le garde ne semblait pas dupe et avançait vers nous avec un air menaçant. Alors que je m'apprêtais à sortir mon arme Castle m'avait brusquement pris la main, peut être avait-il vu quelque chose. Puis sa main se posant sur ma joue, il m'avait regardé de manière intense et il m'avait attirée au plus près de lui. Il me fixait de ses grands yeux bleus puis m'avait embrassé. Je n'ai pas tout de suite compris ce qu'il m'arrivait, quand nos lèvres se sont quittées je l'ai regardé, j'étais interdite, il me fixait toujours aussi intensément. C'est là que j'ai répondu à ce baiser le garde s'approchant de plus en plus dangereusement de nous. Mes sens se sont emballés. Cette étreinte était fictive, pour faire diversion mais ce que je ressentais était réel. Je devais néanmoins continuer à surveiller le comportement du garde. Je posais ma main sur l'épaule de Castle, les siennes étaient dans mes cheveux. Son baiser me faisait énormément d'effet, m'arrachant même un gémissement de plaisir. Mes œillades vers le garde étaient plus rares, mais l'ayant vu s'éloigner j'ai quitté la bouche de Castle et attaqué par derrière le garde. Etant de dos j'ai pu soupirer pour évacuer l'état dans lequel ce baiser m'avait mise. J'entendis Castle dire « C'était fantastique » et rajouter avant que mes yeux ne rencontrent les siens « la façon dont vous l'avez eu ». Dans un demi souffle je lui dis « allons-y ». « Castle… » redis-je en humectant ma lèvre songeuse.

La sonnerie de mon téléphone m'extirpa aussi soudainement que brusquement de ce songe. En me saisissant de mon cellulaire je vis sur l'écran « Josh ». Je n'étais absolument pas en état de le prendre tellement mes pensées étaient fixées sur Castle. Ainsi je laissais le téléphone sur la table et ignorais la sonnerie. Je n'allais pas réussir à m'endormir ainsi il fallait que je me change les idées. C'est pourquoi j'ouvris mon placard pour sortir mon équipement de moto. Après avoir enfilé la panoplie, j'enfourchais ma moto et mis mon casque. Le bruit de démarrage alors que je venais d'insérer la clé me fit vibrer comme le baiser de Rick quelques heures plus tôt. « Kate tu dois te le sortir de la tête » me dis-je à voix haute. J'abaissais la visière de mon casque et accélérais pour me retrouver dans les rues de New-York. Chaque accélération me donnait un peu plus d'adrénaline et libérait mon cerveau. La sensation de liberté que j'ai me procure un plaisir intense. Après avoir sillonné les rues, je finis par rentrer chez moi.

Arrivée dans mon appartement et débarrassée de mes affaires de moto je repris un verre de vin et m'installais sur le canapé. Mes pensées allèrent de nouveau vers Castle. J'avais voulu m'ouvrir à lui au début de l'été dernier. J'avais rompu avec Tom en m'avouant que je ressentais quelque chose pour Castle. Durant son pot de départ avant son séjour pour les Hamptons, j'allais me confier sur mes sentiments quand j'avais vu Gina arriver. Et là tout c'était effondré. Le couteau était entré encore plus profondément dans la plaie lorsque je les avais vus se tenir par le bras dans mon commissariat. Et Castle ne m'avait pas donné de nouvelles de tout l'été. J'étais en colère contre lui de se comporter ainsi, contre moi d'avoir pensé que quelque chose était possible aujourd'hui. Avant lui, j'avais pour règle fondamentale de ne pas m'attarder quand quelqu'un me décevait, je prenais généralement la poudre d'escampette assez facilement. Oui mais j'avais beau lui en vouloir j'avais besoin de lui. Mais le reconnaître vis-à-vis de lui aurait été trop jubilatoire pour cet être prétentieux, égocentrique, mégalomane et….si craquant.

Qu'allait-il se passer dorénavant ? Je ne savais pas comment je devais me comporter demain au commissariat. Comment allait-il réagir ? Ses réactions me font peur, elles sont toujours aussi imprévisibles. Castle est tellement capable de passer d'un homme charmant à un ado attardé en l'espace d'une phrase. Alors que j'eus finis mon verre de vin je m'avançais vers la chambre à coucher. J'étais tellement épuisée physiquement que mentalement que le sommeil ne tarda pas à avoir raison de mes pensées.

Au réveil j'ai prononcé « Richard… », j'étais en sueur, mon cœur battait vite. Alors que je passais ma main sur mes lèvres je me souvenus que j'avais rêvé du baiser mais cette fois il ne s'agissait plus d'une diversion et nous étions seuls face à notre désir. C'était un rêve. Une douche allait être nécessaire pour calmer mes ardeurs.